TAZRIA-METSORA 5780

« Et si le Zav crache sur celui qui est pur, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir. »

(VAYIQRA 15,8).

Cette semaine nous lirons la paracha Tazria ainsi que Metsora
Ces parachiot sont essentiellement consacrées aux problèmes de pureté est d’impureté. Plusieurs types d’impureté sont présentés, entre autres :
L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».

L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.

Le verset en entête parle du zav, l'homme qui a eu un écoulement de sa chair (ne pas confondre avec le baal kéri, qui est aussi devenu impur mais plus légèrement, également par un écoulement).

Les concepts de pureté et d'impureté sont difficiles à comprendre. C'est un système, un code à part entière. D'autre part, comme ce sont des lois qui sont souvent liées au service au Temple, elles nous sont bien moins familières aujourd'hui… L'impureté est un concept spirituel, on ne peut pas la toucher !
A nos yeux ces lois semblent donc très bizarres !

Illustration : Si le zav crache ou poustillone sur quelqu'un, alors ce dernier devient impur et doit aussi laver ses vêtements (verset en entête).

Si il y a 6 mois, on avait expliqué cette loi à quelqu'un qui n'est pas familiarisé à l'étude de la Torah, il n'aurait certainement rien compris ! Il aurait peut être ri en entendant ces rites très bizarres !

Mais aujourd'hui, avec le covid, quand on nous dit qu'il faut porter un masque, et que les postillons transportent le virus, ces lois de la Torah, nous semblent un peu moins étranges !

Quand on nous dit que le covid reste sur les vêtements, ces lois de la Torah résonnent différemment.

En fait, il faut utiliser les événements que l'on vit, comme une opportunité de réfléchir différemment.

J'ai entendu de nombreuses réflexions sur cette crise du Covid-19. On peut entendre tout et son contraire.
Par exemple, on peut dire que suite au Covid, les frontières se font fermées. On peut dire que c'est  parce que l'on a voulu gommer les différences entre les nations. On a cru à un ordre mondial. Les nations ont disparu à cause de la mondialisation. On peut voir ainsi le Covid comme « ah tu vois j'avais raison, on a voulu supprimer les frontières, et bien maintenant, on est obligé d'avoir des frontières hermétiques ».
Par le Covid, on va ainsi pouvoir justifier les particularismes nationaux.


Mais, avec le Covid, on peut comprendre, que nous sommes tous dans le même bateau. L'américain, le russe, le français, le chinois. Il y a des frontières, mais le virus ne s'arrête pas frontières.
On peut ainsi faire comprendre grâce au covid qu'il est devenu indispensable de créer un nouvel ordre mondial, en créant des lois supra-nationales. En effet, si tout le monde décide désormais d'interdire de manger des animaux vivants par principe de précaution mais qu'un pays continue … On ne pourra pas se protéger contre le prochain virus qui passera de l'animal à l'homme.
J'avais raison, dira le mondialiste, en créant plus tôt un ordre mondial, une loi supranationale, nous aurions évité cette crise !

En fait, du même événement on peut tirer des conclusions diamétralement opposées.

Aujourd'hui, j'ai eu la chance d'écouter un cours du Rav Benchetrit https://www.youtube.com/watch?v=7mQ9xrqEV_8

Il a parlé entre autres de la remise en cause.

Bien sûr, je ne parle pas en son nom.
J'espère ne pas trahir son discours en disant que celui qui est responsable, celui qui veut devenir mature, celui qui veut devenir adulte, c'est celui qui sait se remettre en cause perpétuellement.

Alors avec la crise du Covid, je nous invite à écouter le discours de celui qui ne pense pas comme moi.
Tout événement je peux le vivre comme « tu vois, j'avais raison ». Mais on peut aussi le vivre comme une opportunité de penser autrement. En se remettant en question (pas nécessairement pour changer d'avis), je réfléchis, je pense. Et en pensant, en écoutant des gens qui ne pensent pas comme moi je grandis. En pensant avec celui qui ne pense pas comme moi, je m'approche de la vérité.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN