A’HARE MOT et QUEDOCHIME 5780

"D. parla à Moshé après la mort des 2 fils de Aaron quand ils se sont approchés devant D. et ils moururent. "
(VAYIQRA 16,11)

Cette semaine nous lisons en Israel 2 parachiot, A’haré Mot et Quedochim. La première paracha est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.
Quedochim présente beaucoup de lois sociales qui régissent les relations de l’homme envers son prochain.

Aujourd'hui, dans le cadre de l'étude du Daf Hayomi, à la page 55a, de la guemara Chabbat, on a pu lire :
« Rav Ami dit il n'y a pas de mort sans faute ['het], il n'y a pas d'épreuve sans faute [Avone] ».

En clair, la guemara nous dit, que sur terre, il y a une justice.

Si la mort frappe, c'est qu'il y a eu une faute, même sans intention de fauter ['Het]. Si quelqu'un subit des épreuves, c'est qu'il y a eu faute [avone = faute intentionnelle].

Mais la guemara demande, et pourtant, Moshé et Aaron ont observé toute la Torah, et ils sont bien morts ! La guemara répond que même eux ont fauté.

La guemara objecte ensuite, 4 sont morts à cause du serpent [la faute originelle, le serpent a incité 'Hava à fauter, puis Adam a fauté] : Binyamine, Amram, Ychay et Kileav. Ils sont donc morts sans fauter !

De là, la guemara déduit que l'on rejette le principe de « il n'y a pas de mort sans faute ['het], il n'y a pas d'épreuve sans faute [Avone] ».
Si on s'arrête là on comprend que la guemara ne veut pas lier la mort ou les épreuves qui frappent sur terre au comportement humain.

Pourtant, alors que la guemara semble catégorique, le Rambam et le Méiri s'y opposent.
Ainsi, ils insistent pour nous expliquer, qu'il existe une justice sur terre. Même si je ne peux pas tout comprendre, même si je ne parviens pas à appréhender la logique des événements, il y a une justice.

Voici une traduction / interprétation des écrits du Méiri sur la guemara Chabbat 55a :

C'est un fondement de notre religion de croire que tous les événements qui touchent un homme, en bien, en mal, tout provient de la providence divine, et ils sont la conséquence des actes de l'homme.

Et si l'on voit un juste qui souffre, et un mécréant qui est heureux. Ce ne sont que des apparences. Nos yeux et notre intelligence ne sont pas assez perspicaces pour comprendre la justice divine.

Et le Méiri continue en repoussant l'idée de la guemara d'une mort à cause du conseil du serpent. Il est impossible de mourir sans faute. On ne peut pas mourir à cause de la faute originelle. La guemara, en parlant du serpent, a juste voulu nous faire comprendre que les 4 justes étaient des grands qui avaient très peu fauté.
Il n'existe pas d'homme qui n'ait jamais fauté !

Et le Méiri conclut : et si on vient m'objecter que la guemara semble catégorique, en terminant par « Tiyouvta », pour dire qu'il existe une mort sans faute, il y a une réponse fondamentale !
Les fondements de la foi ne dépendent pas de preuves de versets ou d'histoires de la guemara. Les agadot ne sont pas des preuves.

La foi, c'est la réflexion, et la tradition de la réflexion.

Le Méiri termine : si on accepte que Moshé et Aaron ont fauté, alors, tout le monde peut reconnaître avoir fauté !

Que D. protège toute l'humanité, et qu'il nous évite les épreuves !

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN