BEHAR 5780

"Et quand vous vendrez à ton prochain, ou quand tu achètes de la main de ton prochain, ne vous lésez pas l'un l'autre."
(VAYIQRA 25, 14)

Cette semaine nous lirons 2 parachiot : Behar et Behouqotay

Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaire de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.
C'est cet instinct qui peut nous faire passer à côté de notre vie. Cet instinct peut nous faire croire que le bonheur c'est d'avoir. C'est cet instinct d'avoir qui nous fait oublier que notre vie c'est chercher à être. Avoir, ne sert à rien après 120 ans. En revanche, si je cherche à être pendant 120 ans, je continuerai à être pour l'éternité.

Après la chemita et le yovel, la Torah continue avec de nombreuses lois "sociales".

Le premier verset cité en entête fait référence au dol (onaa). Il est interdit de léser son prochain lors d'un échange. S'il y a un écart de plus de 1/6 entre le prix de la transaction et le prix normal, alors l'échange peut être annulé.

La guemara quidouchine 26a s'intéresse à la formulation « quand tu achètes de la main de ton prochain ».
De là, la guemara apprend que les biens mobiliers sont acquis en les tirant ou les soulevant.
Ainsi, si Reuven achète un kilo de pommes au marché, alors les pommes sont acquises au moment où il tire (ou soulève) son paquet.
En revanche, ce n'est pas au moment où Reuven a payé qu'il a acquis les pommes. C'est au moment où les pommes sont prises que l'acquisition est conclue.

Cependant, le Torah Temima sur le verset, rappelle que selon la Torah (contrairement à la dracha ci-dessus), l'acte d'acquisition est terminé lorsque l'argent est donné.
Dans l'exemple de Reuven, ce serait au moment où les pommes sont payées.
Nous tenons donc comme Rabbi Yo'hanane qui dit que selon la Torah, c'est le versement de l'argent qui constitue l'acquisition. Et ce sont les 'Ha'hamim (les sages) qui ont institué que c'est le fait de bouger la marchandise qui fait l'acte d'acquisition.

En effet, les 'Ha'hamim ont expliqué que si l'on applique la loi de la Torah, on risque de ne pas protéger l'acquéreur.
Imaginons en effet, que Reuven ait payé ses pommes, mais ne soit pas encore venu les chercher. C'est le vendeur qui en a la garde. Si un incendie se produit, le vendeur, ne se cassera pas la tête pour protéger les pommes de Reuven. En effet, les pommes ont déjà été payées, ce sont celles de Reuven. Le vendeur lui dira, tu as perdu tes pommes, c'est la faute à pas de chance !

Viennent, les 'Ha'hamim, qui amendent la loi de la Torah, et qui disent que désormais, l'acquisition se fait en tirant ou en levant les biens mobiliers. L'acquéreur est protégé. Si Reuven a payé, il n'est pas encore propriétaire des pommes, le vendeur, devra bien les garder tant qu'elles ne sont pas chez Reuven.

C'est cela la force des 'Ha'hamim de la guemara !

Pour celui qui veut approfondir le sujet de l'acquisition, la lecture du Torah Temima sur le verset en entête sera très instructive.


CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN