Bamidbar 5780

 

" D. parla à Moshé dans le désert du Sinaï…"

(Bamidbar 1,1).
Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Puis jeudi soir prochain, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.
Le Midrach Raba nous explique que la Torah a été donnée dans 3 éléments : le feu, l’eau et le désert. En effet, comme le dit le verset en entête, D. a parlé du désert du Sinaï.

La Torah ne dépend pas du lieu où on habite ! La Torah n'a pas pas besoin de château, ou de palace pour être vécue ! Même dans le désert la Torah se vit.

Afin de profiter du don de la Torah, il faut aussi se considérer comme un désert. En effet, pour pouvoir atteindre la vérité, il convient de se vider de tous les parasites, qui nous égarent. Il faut oublier son Moi pour découvrir la vérité. Et c'est par des efforts, que l'on pourra réussir.

Qu'est-ce qui unit le peuple juif ? Qu'est-ce qui définit le peuple juif ? Qu'est-ce qui a permis au peuple juif d'exister encore aujourd'hui ? LA TORAH. Que signifie le mot TORAH ? LA LOI.

Nous nous soumettons à LA LOI écrite et à LA LOI ORALE.

C'est la Loi qui libère. On aurait pu croire que la loi contraint, et bien c'est tout le contraire. Si je n'accepte pas la loi, je deviens le centre du monde. Je deviens esclave de mon moi.

Mais qui accepte complètement la loi ? Qui n'a pas ses petites (ou grandes) incohérences ?

Dans tout le talmud (la loi orale), les discussions sont innombrables. Combien de fois avons des rabanim dont les avis divergent ? Mais ce n'est pas dérangeant ! Cela fait partie de la loi ! Je dois comprendre qu'il existe des avis autres que le mien. En revanche, ce qui est dérangeant, ce sont les incohérences. On n'acceptera pas qu'un même rav se contredise. Et on fera tous les efforts pour démonter la contradiction (souvent uniquement apparente).

Nous aussi, nous nous devons de limiter nos propres incohérences, c'est la dessus que nous serons jugés après 120 ans.

Limiter ses incohérences passe forcément par l'étude et l'application de la Loi. Et plus j'étudie, plus je réaliserai que la route est longue pour tenter de me parfaire.

Certains ont choisi une méthode radicalement différente pour limiter les incohérences. On réforme la loi, on la rend plus simple, plus actuelle…
On peut aller encore plus loin. On peut abolir la loi !

« Morale juive et morale chrétienne » du Rav Elie Benamozegh (réédité, et annoté par le Rav E. Zini) insiste sur la naissance du christianisme.
Il rapporte des textes de l'Epitre aux Romains :
« C'est par la loi que nous connaissons le péché ».
« La Loi produit la colère, car où il n'y a point de lois, il n'y a point de transgressions ».

C'est simple, s'il n'y a plus de loi, il n'y a plus de péché. C'est ainsi que le christianisme a mis de côté les lois de que nous appelons la TORAH, et que les chrétiens nomment l'ancien testament.
C'est une autre façon de voir les choses !

Le problème, s'il n'y a plus de loi, où est la limite ? Sur quoi va se fonder la morale ? Qui va décider ? Mon moi ?

La Torah vient donc m'expliquer : je dois me considérer comme un désert pour accepter la Loi. Je dois être modeste, et accepter que la loi, ce n'est pas moi qui la fixe. Et même si je ne la comprends pas, je l'applique.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN