CHELA'H LE'HA 5780

" Ils critiquèrent la terre, … c'est une terre qui dévore ses habitants... »

(BEMIDBAR  13, 32)

En dehors d'Israel, on lit cette semaine Beaalote'ha

La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent dans le désert avec de terribles nouvelles.

"La terre y dévore ses habitants. Les autochtones sont invincibles … ". Le peuple est désespéré et pleure quand il écoute le discours des 10 explorateurs qui font de la médisance sur la terre d'Israel (Sur les 12 explorateurs, seuls Yehochoua et Caleb n'ont pas fauté).
La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.

De toutes les révoltes dans le désert c'est probablement la punition la plus dure. L'idolâtrie (l'épisode du veau d'or) a été pardonnée plus rapidement !

Pourquoi une punition collective si terrible ?

Lorsque la Torah veut nous faire comprendre qu'un commandement est essentiel, elle le montre en fixant une sévère punition à celui qui ne le respecte pas. La peine de mort a rarement été appliquée dans le judaïsme, et pourtant nombreux sont les commandements passibles de mort.

Mais, si ce n'est pas appliqué, à quoi cela sert-il de dire, par exemple, que celui qui profane le chabbat est passible de mort ?
La Torah veut simplement que l'on comprenne que le chabbat est un élément constitutif du peuple d'Israel. Celui qui ne le respecte se met en dehors de la tradition et de la chaîne de transmission.

Pour la faute des explorateurs, la Torah a prévu une punition terrible. Pourquoi ?
Pourquoi la médisance sur la Terre d'Israel est-elle si grave ?

Nombreux sont les midrachim, où la terre d'Israel est mise en exergue. Nombreuses sont les paroles des maîtres du Talmud pour nous dire la grandeur de celui qui habite en Israel, et la détresse de celui qui n'y est pas encore.
Pourquoi ?

On peut trouver des réponses ésotériques, des réponses qui vont de haut en bas : D. a doté la Terre d'Israel de caractéristiques spécifiques.

Mais on peut aussi trouver des réponses plus terre à terre, des réponses qui vont de bas en haut : c'est une terrible erreur pour l'homme de ne pas profiter de la terre d'Israel.

Ainsi, lorsque les explorateurs ont médit la Terre, c'est uniquement parce qu'ils ne veulent pas entrer en Israel. Ils ont une vie bien réglée dans le désert, cela leur suffit.

La Torah vomit ce comportement de gagne-petit. Le peuple a la possibilité d'entrer dans une terre, de développer une société conforme aux lois de la Torah, d'essayer de créer un monde idéal … et on ne le fait pas ! C'est cela être gagne petit.

Le peuple a un potentiel à exprimer en entrant en Israel. Le challenge est compliqué, mais il a le mérite d'exister. Et au lieu de saisir l'occasion de grandir, en tentant le challenge, les explorateurs préfèrent inciter le peuple à rester gagne petit !

Le peuple a la possibilité d'augmenter son potentiel et de le réaliser, et pourtant, les explorateurs, des dirigeants, préfèrent que tout le monde reste dans la médiocrité.

Les Pirké Avot nous disent qu'il vaut mieux être à la queue des lions qu'à la tête des renards. C'est la même idée. Nous avons un potentiel à réaliser. Et ce potentiel, je peux le réduire, si je fuis les challenges.

Toute notre vie, c'est tenter de réaliser le potentiel exceptionnel qui est en nous. Je peux décider de me contenter de peu, de ne pas penser… de rester dans le désert physique ou intellectuel comme les explorateurs. Et cela, c'est du gâchis ! La Torah ne veut pas que nous gâchions notre potentiel, et notre vie !
Je peux en revanche, décider de quitter mon désert physique ou intellectuel. Ce ne sera pas facile.  Mais c'est ainsi que l'on grandit.

Chabbat Chalom

Stephane Haim Cohen