PARACHAT QORA’H 5780

"Il prit, Kora'h, fils de Yitshar, fils de Kehat fils de Lévi, et Datane et Avirame fils de Eliav, et One fils de Peleth les fils de Réouven"
(BAMIDBAR  16,1)

En dehors d'Israel on lit cette semaine Chela'h Le'ha (cliquer).

En Israel, on lit la paracha Qora'h.

La Paracha de la semaine expose la révolte de Qora'h et de ses acolytes. Qora'h revendique le poste de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Il reproche à Moshé d'avoir injustement nommé Aaron, son frère, comme Cohen Gadol.
Ils se révoltent donc contre l'autorité de Moshé et par voie de conséquence contre D.
Ces révoltés finiront engloutis par la terre.

Le premier verset est une intrigue. La premier verset nous dit Qora'h a pris… mais on ne sait pas ce qu'il a pris !
Rashi explique que Qora'h s'est pris lui-même. Il s'est mis en dehors de l'assemblée. Il a créé une scission, une dispute.

Peut être que le premier verset vient aussi nous dévoiler un autre grand secret.

Quel est le contraire de « prendre » ? La plupart des gens vont répondre «donner » !

Quel est le contraire de donner ? Nombreux sont ceux qui vont répondre « recevoir » !

Il y a donc un petit problème logique !

En fait donner et recevoir ne sont pas contraires ! Pour donner, il faut quelqu'un qui reçoit. En hébreu la racine du verbe donner (NaTaN) se lit dans les deux sens. On comprend que celui qui donne reçoit aussi. Le don c'est symétrique. Lorsque je donne, je me sens mieux, je suis plus heureux.

La Torah nous dit que tout a commencé parce que Qora'h a pris. Pour lui, la vie, c'est prendre. C'est ainsi que l'on rate sa vie !

Celui qui veut prendre, comment pourra-t-il réussir sa vie en couple ? Prendre signifie que le centre c'est moi, et l'autre est mon fournisseur ! C'est comme cela que l'on doit considérer sa femme ou son mari ?
En revanche, si je place l'autre au centre de mes préoccupations, forcément, ce sera une relation plus saine. Je remplace le verbe prendre par le verbe donner.
Et comme donner, c'est symétrique, en donnant, je recevrai, et plus je donnerai, plus je recevrai : je me transformerai, je grandirai.
L'enfant, naturellement n'aime pas donner. Il veut son jouet ! Mais nous sommes sur terre pour devenir adulte ! Il faut apprendre à donner. En ce sens, le mariage nous aide à grandir.

En affaires, on pourrait croire aussi que le but c'est prendre, mais c'est tout faux !
Un business sain est un business centré sur l'autre, sur le client. Et je dois donner au client. C'est le but premier. La suite logique c'est d'être payé pour cela.
Mais si je pense que mon premier objectif doit être de prendre au client, de presser le citron, alors  je ne pourrai pas m'épanouir professionnellement. Je pourrai peut être gagner de l'argent, mais je perds mon présent et mon monde futur. Et au bout du compte, celui qui veut presser le client, perd ses clients !

Pour diriger le peuple, c'est pareil. On peut PRENDRE le pouvoir. Mais c'est un coup d'état ! Le bon dirigeant est celui qui veut donner au peuple. Ce dirigeant, qui sert le peuple obtiendra la reconnaissance de tous.
Qora'h projette ses défauts sur Moshé. Qora'h reproche à Moshé de PRENDRE de par sa position. Il lui reproche d'avoir placé injustement son frère AARON au poste de Cohen Gadol.
Mais c'est tout le contraire, c'est Qora'h qui veut PRENDRE.

Comme Qora'h on peut croire que la vie c'est prendre ! On peut croire qu'on peut manger les autres et le monde ! Mais celui qui passe sa vie à prendre réalisera qu'au bout du compte il est bien seul au monde. Celui qui veut manger le monde finira comme Qora'h, englouti par la terre !
Celui qui vit pour prendre, tout seul, se prend sa vie. Tout seul il perd sa vie.

Chabbat Chalom.
Stéphane Haim COHEN