PIN’HAS 5780

“ Pour [la tribu] nombreuse, tu augmenteras l'héritage, et pour [la tribu] peu nombreuse, tu diminueras son héritage …. (BAMIDBAR 26, 54). “

“Que D. nomme… un homme sur l’assemblée” (BAMIDBAR 27,16).

Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».

Cette paracha, c'est aussi la paracha, où l'on a partagé la terre d'Israel entre les 12 tribus.

C’est aussi dans la paracha que l’on donne les lois sur l’héritage. Juste après D. confirme à Moshé qu’il ne pourra entrer en Israel, et qu’il mourra, comme Aaron.

Ensuite, Moshé demande à D. de nommer un guide éclairé pour lui succéder. D. dit de nommer Yehoshua.

Rashi explique la succession de ces passages. Après le passage sur l’héritage, Moshé a cru que peut être, ce serait lui qui distribuerait la terre en Israel. D. lui rappelle qu’il ne pourra pas entrer.

Ensuite, Moshé prie pour que l’on nomme un successeur. Mais Rashi cite le midrach qui rapporte que Moshé espérait que l’on nomme un de ses fils pour lui succéder. Comme l’héritage passe de père en fils, Moshé espérait que le pouvoir passerait à sa descendance. D. lui répond que ce sera Yehochoua qui succèdera à Moshé : “il n’a pas quitté l’intérieur de la tente”.

Cette paracha parle donc beaucoup de lignée, de transmission de père en fils.

Au début de la paracha, c’est Pin’has qui va créer une nouvelle lignée de cohanim. Puis ce sera les lois de l’héritage, la transmission de père en fils (ou à défaut de fils, en fille).

Enfin c’est la transmission du pouvoir, mais là ce ne sera pas un héritage, c’est la méritocratie.

La Torah veut nous faire comprendre, que mener le peuple juif n’est pas une qualité héritée par les gènes. Yehochoua n’a pas quitté l’intérieur de la tente. Il a fait des efforts intenses pour comprendre le message divin. Il a aussi suivi Moshé assidûment. C’est pour cela que c’est le plus compétent pour lui succéder.

Etre “fils de”, n’est pas facile. Celui qui n’est pas “fils de” et qui se bat depuis son plus jeune âge est souvent bien meilleur que le “fils de”. Il muscle son cerveau et sa personnalité depuis qu’il est petit.

Mais alors pourquoi la Royauté, se transmet-elle de père en fils ? La Torah autorise la royauté, mais, on peut la lire comme un “ a posteriori”. Est-ce vraiment le régime idéal préconisé par la Torah? Il semblerait que la Torah valide plutôt une demande du peuple qui souhaite avoir un roi à sa tête. “Quand tu viendras sur la terre, …. et tu diras mets sur moi un Roi…” (Devarim 17,14).

Alors, si on considère que la Royauté est un système “a posteriori” on comprend que si on choisit ce système, pour en limiter les effets négatifs, il faudra que la royauté se transmette de père en fils. Le système doit, en autres, apporter la stabilité. Lorsque le fils succède au père, il y a déjà des guerres de successions, alors, si c’était un autre critère, cette lutte pour le pouvoir suprême serait encore plus terrible !

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN