DEVARIM 5780

« Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.


Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Ces lieux sont une façon de réprimander les bné israel pour les fautes commises pendant les 40 ans dans le désert : le veau d’or, les révoltes contre la manne, ….
Comme le souligne Rashi, Moshé, par souci d’efficacité, a choisi de réprimander le peuple peu avant sa mort. C’est ainsi que Yaaqov avait fait, c’est ainsi que feront Yehochoua et Shmouel.


Ce chabbat sera aussi le chabbat ‘Hazon, celui qui précède le 9 Av de notre calendrier. Cette année le 9 Av tombera mercredi soir et jeudi. Ce jeûne a été institué à cause de la destruction des 2 Temples.
On dit souvent que le second Temple a été détruit à cause de la haine gratuite qui sévissait au sein du Temple. Le manque d’unité dans le peuple, c’est aussi l’indifférence. Si je n’ai pas le souci de l’Autre, je passe à côté de mon rôle.


Se soucier de l’Autre, c’est penser aux problèmes de l’Autre : matériels ET spirituels. Si je vois mon prochain qui s’éloigne de la Torah, je dois l’aider. Et parfois même, à l’instar de Moshé au début de la paracha, je dois le réprimander. Faire des réprimandes à l’Autre, si c’est bien fait, c’est aussi lutter pour unir le peuple autour de nos valeurs, autour de la Torah.

Avertissement : je donne pas ici la hala’ha à appliquer, pour savoir ce qui est permis ou interdit de nos jours, il convient de consulter son Rav.

Au Simane 339/3 du choul’hane Arou’h (Ora’h ‘Hayim), on apprend que l’on ne peut pas taper des mains ou danser pendant chabbat. Le Rama ajoute, que de nos jours on ne fait pas de réprimandes à ceux qui le font, car mieux vaut qu’ils transgressent la loi sans connaître la loi (chogueg), plutôt qu’ils la transgressent en connaissance de cause (mezid).

Au Simane 608/2 du choul’hane Arou’h (Ora’h ‘Hayim), à propos du temps chômé que l’on ajoute à l’entrée de Yom Kippour, on dit que les femmes qui n’ajoutent pas ce supplément de temps (avant le coucher du soleil), on ne leur dira rien. C’est le même principe, mieux vaut qu’elles transgressent cette loi par inadvertance et pas en connaissance de cause. Mieux vaut qu’elles soient chogueg que mezid.
Pourtant ajouter du temps à l’entrée de Yom Kippour est une mitswa de la Torah.
On apprend donc d’ici, comme le souligne le Rama, que pour tous les commandements rabbiniques, ou même pour les commandements de la Torah qui ne sont pas clairement  écrits dans la Torah, on appliquera le principe mieux vaut que les fauteurs fautent par inadvertance.
Maintenant, si j’ai l’espoir que le fauteur change son comportement, alors, il faut faire la réprimande.

En revanche, comme le dit le Rama, pour les interdits de la Torah, qui sont clairement écrits, alors, il y a l’obligation de faire la réprimande à mon prochain, même si je sais qu’il ne m’écoutera pas.

Alors de nos jours, si quelqu’un enfreint des commandements clairs de la Torah, par exemple, si je vois quelqu’un qui conduit une voiture, dois-je le réprimander ? Dois-je crier “Chabbat !!!”

Le Biour Hala’ha sur le même simane 608/2 explique que l’obligation de réprimander ne s’applique qu’à mon prochain. Or, celui qui profane chabbat, en voulant s’opposer à la Torah, affiche clairement sa volonté de ne pas faire partie du peuple, alors je n’ai pas à le réprimander. C’est un peu dur comme conception ….

Le ‘Hazon Ich explique que de nos jours, nous n’avons pas à réprimander celui qui par exemple transgresse chabbat (si je sais qu’il ne m’écoutera pas), uniquement parce que nous ne savons plus réprimander.
Pour faire une réprimande, il faut savoir enlever de soi tout l’ego, et penser vraiment à l’Autre …. ce n’est pas une chose aisée !

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN