Chofetim 5780

"Elle [la Torah] sera avec lui [le roi] et il la lira tous les jours de sa vie afin qu’il apprenne à craindre l’Eternel son D. ..."
(DEVARIM 17,19)

Ce commentaire est tiré de l’ouvrage Sig VeSia’h du Rav Jonathan Sacks, l’ancien grand rabbin du Royaume Uni.

Cette semaine, nous lisons la Paracha Chofetim, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.
Dans la paracha, on trouvera une présentation de la séparation des pouvoirs : le roi, les cohanim (prêtres), les prophètes. C’est ce que l’on retrouve dans les maximes des pères : la couronne de la prêtrise, celle de la royauté, et celle de la Torah.

Le Roi, c’est le pouvoir de gouverner. Les Cohanim sont les dirigeants “religieux”. Ils tranchent aussi la loi sur tout ce qui a trait au domaine du saint et de la pureté (lois propres au Temple, …). Le prophète, quant à lui, vient remettre les pendules à l’heure, lorsque le pouvoir, la force a corrompu leurs détenteurs. Ils sont présents pour rappeler au peuple les principes de la Torah, quand on s’en est éloigné.
Cette séparation des pouvoirs, est peut être l’ancêtre de ce que formalisera Montesquieu au 18è siècle, et qui est le fondement des démocraties occidentales. L’homme étant homme, la concentration des pouvoirs est dangereuse. Il faut donc séparer le judiciaire, le législatif et l'exécutif.

La Royauté, dans le judaïsme, est perçue de différentes façons. Le Rambam considère que nommer un roi est une obligation de la Torah. Ibn Ezra pense que la royauté est facultative. Abrabanel pense que c’est une concession, un moindre mal. Rabénou Béhayé pense que la royauté est une punition pour le peuple.

La Torah nous dit peu de chose sur le roi. Elle nous dit ce qu’il ne doit pas faire : ne pas avoir trop de femmes, ne pas avoir trop de chevaux, ne pas avoir trop de richesses. La Torah met en place un cadre afin que le Roi se contente de servir le peuple et évite de se servir du peuple.

La Torah nous dit aussi ce que le Roi doit faire : écrire un sefer Torah, qui sera toujours avec lui (verset en entête). Il devra étudier tous les jours de sa vie. Cela lui évitera de prendre la grosse tête.
En fait, même si le roi a de nombreux conseillers, la Torah demande qu’il étudie aussi. En effet, si le Roi passe sa vie à agir, sans lire, sans réfléchir, ce sera probablement un mauvais roi.

Nous entrons ce soir, dans le mois de Eloul. Nous devons comprendre que nous sommes tous des fils de Roi. Nous avons une responsabilité. Est-il concevable de ne pas lire ou de ne pas étudier ? Peut-on passer sa vie à agir sans réfléchir ? Comme lorsque l’on veut progresser en sport, en maths, ou lorsque l’on veut garder la ligne, rien ne vaut la régularité. Lire et étudier tous les jours, c’est le secret qui n’est pas réservé qu’au roi !

CHABBAT CHALOM
Stéphane Haim COHEN