KI TETSE 5780

«  S’il arrive un nid d'oiseau devant toi, dans le chemin, … tu ne prendras pas la mère avec les petits. Renvoyer, tu renverras la mère, et les petits tu prendras pour toi, afin qu’il t’arrive du bien et tu ralongeras tes jours»
(DEVARIM, 22,6-7)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tetse. C’est une paracha “type” du dernier livre de la Torah. On y rappelle de nombreuses mitswot.
N’oublions pas que Devarim, le 5è livre de la Torah, constitue les recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.

La Torah nous demande de renvoyer la mère avant de prendre les oisillons (verset en entête).

Le Torah Temima nous apporte un éclairage très intéressant sur cette mitswa. Il rapporte que l’auteur des Choutes ‘Havot Yahir a commenté aussi la mitswa en posant une question. Avons-nous le commandement de renvoyer la mère des oisillons uniquement si je veux prendre les oisillons ? Ou bien, la Torah m’ordonne-t-elle de renvoyer la mère, et de prendre les oisillons, chaque fois que je rencontre un nid ?
Le Torah Temima s’étonne fortement des propos du Choutes ‘Havot Yahir. Comment peut-on envisager que la Torah me demande de prendre des oisillons, alors que je n’en ai pas besoin.
En effet, le Torah Temima explique que ce commandement de la Torah a pour objectif d’éliminer la cruauté qui est dans l’homme. On apprend ainsi à ne pas être cruel. Pour prendre, les oisillons, il faut prendre en considération la souffrance de la mère, il faut donc la renvoyer auparavant. Le but de la création, c’est l’homme, la nature peut donc être au service de l’homme. Nous avons le droit de consommer, mais nous n’avons pas le droit d’être cruel. Nous avons le droit de consommer de la viande. La Torah l’autorise, mais réglemente.

Il est donc clair, que le commandement de renvoyer la mère, et de prendre les oisillons, existe uniquement si je veux m’emparer des oisillons. Sinon, ce serait encore plus cruel de laisser les oisillons, et simplement de renvoyer la mère.
Celui qui ne veut pas de oisillons sera encore plus humain, lorsqu’il ne touche pas du tout au nid, et qu’il  laisse les oisillons avec leur mère. De la même façon qu’il est interdit d’égorger la vache et son veau le même jour, il n’y a aucune obligation d’égorger un des deux si je n’en ai pas besoin. Pour les oiseaux c’est la même chose, si je n’ai pas besoin des oisillons, je n’ai pas d’obligation de renvoyer la mère.

Le Torah Temima étaye sa position grâce au Ran sur ‘Houlin 140a. Le Ran dit que le commandement de renvoyer la mère n’existe que si je veux prendre les oisillons.
D’où l’étonnement accentué du Torah Temima : comment l’auteur des Choutes ‘Havot Yahir n’a pas cité dans son étude ce Ran !

Le Torah Temima termine en rapportant la guemara Bera’hot 33b : celui qui loue D. en disant “sur le nid des oiseaux tu as amené la clémence” on le fait taire. Alors pourquoi donc oser dire que la mitswa sur le nid des oiseaux est venue pour déraciner la cruauté qui est en nous ?

Le Torah Temima explique que les commandements de la Torah, nous devons les appliquer indépendamment de notre compréhension. Nous devons les appliquer comme les décrets du Roi. Sinon les appliquons parce que nous les comprenons, alors nous risquons de mal les appliquer. Nous risquons de faire des calculs erronés et sous-estimer la force de l’ego. En revanche, une fois que nous avons décidé de les appliquer comme des décrets du Roi, alors, nous devons tenter de comprendre, cela m’aidera à me corriger.

CHABBAT CHALOM
Stéphane Haim COHEN