Vayera 5781

 
«Avraham s’approcha et dit : vas-tu vraiment anéantir le juste avec le méchant ?»
(BERECHIT 18,23)

VAYERA est la Paracha qui nous raconte plusieurs moments clés de la vie d’Avraham. Parmi ceux-ci, nous trouvons plusieurs rencontres avec D. :

  • D. qui se révèle pour visiter Avraham malade
  • La négociation avec D. pour sauver les villes de Sodome et Gomorrhe
  • L’ultime épreuve : la ligature de Yts’haq.

Intéressons nous à la négociation entre Avraham et D.
D. annonce à Avraham qu’il va détruire  Sodome et Gomorrhe, et Avraham ne peut pas accepter. Il négocie, peut-être y-a-t-il 50 justes (dans les 5 villes concernées) ? Puis 45, 40, 30, 20, 10 ?
La réponse est négative à chaque fois. La négociation s'arrête. La sentence tombera. Les villes seront détruites. En revanche, Loth sera sauvé.

Aujourd’hui je me suis demandé :
Supposons, que face à moi se trouve le génie de la génération en Guemara, et qu’il explique un passage. Or, je ne suis pas d’accord avec son explication ? Oserai-je lui demander : peut-être a-t-il mal compris ?
Si le Rav, n’est pas devant moi, alors forcément, je vais me torturer l’esprit, pour trouver toutes les façons de concevoir le problème. Mais, s’il est devant moi … je n’argumente pas. Je m’écrase ! Et j’essaie de comprendre… en silence.

Imaginons un élève de classe de 4è (en France) ou de Kita ‘Het (en Israel) lors d’un cours de mathématiques. Le professeur présente une équation du second degré, qui n’a pas de solution “classique” (réelle). Le professeur dit : il n’y a pas de solution à cette équation. L’élève se lève et dit : peut-être qu’il y a une solution ? L’élève continue : ne pourrait-on pas faire un effort pour trouver une solution ?

Que penser de cet élève ? C’est un présomptueux ! Il croit mieux comprendre que le professeur !
En revanche, si l’élève est seul devant son cahier, il va cravacher pour trouver une solution. Il va tenter de résoudre le problème. Peut-être parviendra-t-il à prouver qu’il n’y a pas de solution à l’équation ? Peut-être qu’il échouera ?

Avraham est devant D.
Comment penser et dire à D. qu’il se trompe ? D. c’est la justice parfaite ! Avraham va-t-il expliquer à D. ce que c’est que la justice ! C’est comme l’élève de 4è qui veut enseigner les mathématiques à son professeur de maths !
On est donc contraint d’expliquer que le dialogue entre Avraham et D. ne doit pas être pris au sens propre. Avraham envisage le problème sous tous ses angles ! Les événements qui se produisent sont-ils vraiment justes ? Avraham se révolte contre ce qu’il croit être des injustices ? Va-t-on “anéantir le juste avec le méchant” ?
Et c’est en se révoltant contre ce qu’il croit être des injustices qu’Avraham va se retrouver devant D.
C’est cela le juif ! Avraham est notre premier père, c’est le début de notre peuple. Quel exemple nous montre-t-il ? Etre allergique à l’injustice, et aller jusqu’à se battre contre les injustices. C’est ainsi qu’il se rapproche de D.
Avraham ne se bat pas pour sa famille ou ses amis. Il négocie pour des inconnus. Les injustices qui sont révoltantes ne sont pas seulement celles qui me touchent ou qui touchent mon peuple. Si je veux être un bon juif je dois me révolter contre toutes les injustices !
Que D. nous permette de rester jeune (ou de le devenir) en dénonçant et en combattant toutes les injustices !

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN