‘Haye Sarah 5781

«...Si elle dit bois, et je ferai aussi boire les chameaux ... : »
(BERECHIT 24,14)

La paracha de la semaine commence avec le décès de Sarah. Moment terrible pour Avraham, qui suit un autre moment terrible: la ligature d’Its’haq.
Autrement dit Avraham vient de vivre 2 moments terribles. L’angoisse de la ligature, qui se termine bien, … mais juste après la mort de Sarah.


Le rav Lord Jonathan Sacks zal, qui vient de nous quitter, il y a moins d’une semaine, l’ancien grand rabbin d’Angleterre, explique que face à de tels évènements, on peut facilement tomber. On peut ressasser le passé. On peut regarder derrière, à l’instar de la femme de Loth.


Toutefois, après de tels traumatismes, la réaction saine doit être de regarder vers l’avant. Avraham va agir.
Le début de la paracha ‘Haye Sarah est consacré à l’achat du terrain de Ma’hpela par Avraham. Ce lieu, est celui où Adam et ‘Hava sont enterrés, et c’est aussi celui où reposent : Avraham et Sarah, Yts’haq et Rivka, Yaaqov et Léa.
Puis la paracha présente le passage où Avraham charge son serviteur, Eliezer, d’aller chercher une épouse pour son fils Yts’haq. Il ramènera Rivka.

Avraham regarde vers l’avenir. Avraham agit. Plus tard, si besoin, on tirera les leçons du passé. Mais, immédiatement on se doit d’agir. Celui qui s'apitoie sur son sort, ne peut pas s’en sortir sans FAIRE. Avraham s’affaire donc à l’achat du terrain pour enterrer Sarah, aux négociations. Puis l’étape d’après, il va s'occuper de trouver une épouse digne pour son fils Yts’haq.

La fin de ce commentaire m’a été rapportée par un ami, au nom d’un rav avec qui il étudie.
Avraham charge Eliezer de cette mission. Eliezer prie pour trouver une fille bien. Et que demande-t-il ? Une fille qui lui proposera de l’eau, et qui abreuvera aussi ses chameaux !
A quoi ressemble ce critère ? Chercher une jeune fille qui donne à boire à l’étranger, c’est bien. Cela veut dire qu’elle a le sens de la bonté. Elle a le souci du prochain. Mais est-ce juste pour une petite fille d’aller abreuver un troupeau de chameaux ? Il y a avait bien des hommes capables de porter ces lourdes cruches d’eau ! Alors, pourquoi attendre d’une petite fille qu’elle le fasse ?
Et cette petite fille, est-elle bien intelligente ? ne voit-elle pas que c’est trop lourd pour elle ? ne voit-elle pas qu’elle n’a pas à s’exténuer alors que de grands gaillards la regardent puiser de l’eau !

Dans le même ordre d’idée, la semaine dernière, dans Vayera, alors qu’Avraham est très fatigué, suite à la brit mila, il va lui même s’occuper de préparer le repas. En revanche, pour l’eau, il demande qu’on lui apporte.
Et Rashi de citer le reproche que l’on fait à Avraham. Il s’est occupé lui même du repas, alors ses descendants, auront la manne directement de D.
En revanche, il a demandé qu’on lui apporte de l’eau, alors ses descendants auront l’eau par un intermédiaire. Moshé devra frapper le rocher. Tout se passe comme si on reproche de ne pas s’être occupé de l’eau lui même. Pourtant, il est âgé, il est très fatigué ! Doit-on vraiment exiger autant de lui ?
Nos pères fondateurs, les patriarches, et mais aussi les matriarches, sont la matrice du peuple juif. Ils doivent ancrer en nous une façon d’être. On ne leur demande pas d’être seulement des gens qui font de la bonté avec leur tête.

Donner à boire à un assoiffé, c’est faire un acte de ‘hessed. Donner à manger à un étranger c’est faire un acte de ‘hessed.

Mais pour choisir une mère du peuple juif cela ne suffit pas. Si on veut inscrire le ‘hessed (la bonté envers le prochain) dans les gênes de ce peuple qui naît il faut faire plus. Il faut se sacrifier, il faut marquer les esprits. Une fille qui abreuve un troupeau de chameaux, c’est complètement irrationnel. Mais pour marquer la descendance, c’est nécessaire.
Celui qui veut transmettre à sa descendance des principes, doit montrer l’exemple. En se sacrifiant pour des valeurs, on montre par des actes énormes, plus que par les mots ce qui est important. C’est ainsi que l’on enrichira ses enfants !


Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN