TOLEDOT 5781

« Yits’haq aimait Esaw car la chasse était dans sa bouche, et Rivka aimait Yaaqov»
Berechit (25,28)

Ce texte est largement inspiré d’un commentaire du Rav Yonatan Zacks zal.


La paracha Toledot nous raconte une partie de la vie de Isaac et de sa femme Rivka. Au début de la paracha, Rivka met au monde des jumeaux : Esaw et Yaaqov. Ces derniers sont complètement différents : Esaw est un chasseur, un guerrier ; Yaaqov est un homme de Torah.
Dans cette paracha, Yaaqov achète le droit d’aînesse qu’Esaw dédaigne et méprise. A la fin de Toledot, grâce à la clairvoyance de Rivka, Yaaqov obtient toutes les bénédictions de son père Yts’haq, la bénédiction sur l’aspect matériel, puis celle du spirituel.


Le verset en entête nous présente un fait intrigant. Il semble que dans cette famille fondée par Yits’haq et Rivka, le patriache et la matriarche, il y a des préférences.
Yts’haq préfère le jumeau qui est sorti en premier, Esaw. La maman, Rivka, préfère Yaaqov.
Pourquoi de telles préférences ?
Pour Rivka, on peut comprendre. Lors de sa grossesse difficile, Chem lui a dit qu’elle aurait 2 enfants et que l’aîné servirait le plus petit. Elle préfère donc le petit. L’avenir, passe par Yaaqov, le peuple naissant, passera par Yaaqov, elle préfère donc Yaaqov.
Mais Rivka, n’a-t-elle pas raconté à Yits’haq ce que lui avait Chem ? Pourquoi Yits’haq préfère-t-il Esaw ?


Rashi apporte la réponse la plus connue. Esaw chassait son père avec sa bouche. Il le roulait. Il se présentait comme un grand juste… Rivka avait été élevée chez les rusés (Bétouel, Lavan), elle savait donc déceler les vices de forme. Yits’haq, ne connaît rien à ce monde. Il se laisse donc tromper par Esaw.


Mais il y a une autre réponse possible.


Un jour, un homme est venu voir le Rav Kook zatsal et lui a demandé un conseil en éducation. L’homme était brisé. Son fils s’était écarté de la Torah et de la pratique des mitswot. Bien que l’enfant ait reçu une éducation religieuse pendant des années, c’en était fini. Le fils ne se considérait plus comme un juif.
Le Rav Kook demanda au père : avant qu’il se détourne de la Torah, tu aimais ton fils ?
Bien sûr ! répondit le père.
Le Rav Kook enchaîna : et bien maintenant tu dois l’aimer encore plus !
Souvent, la force de l’amour est bien supérieure à la force du rejet. Il est donc possible que Yits’haq savait tout de la nature de Esaw. Il connaissait très bien les vices de son fils. Son rôle de bon père, c’était donc de lui montrer de l’amour. C’est ainsi que l’on montre le droit chemin.


L’amour de Yits’haq envers Esaw a-t-il porté ses fruits ? Il est évident que la relation entre le père et le fils était très forte. Raban Chimon Ben Gamliel a dit : “ je n’ai jamais vu quelqu'un qui a plus respecté ses parents que moi. Mais, j’ai trouvé Esaw qui a plus respecté son père que moi”. La Torah dans Devarim nous a d’ailleurs demandé de ne pas initier une guerre contre les descendants de Esaw. Esaw a eu quelques mérites.
Malgré tout, Esaw est resté Esaw, l’homme des champs, le roublard, …. Le flambeau sera repris Yaaqov. Mais les efforts ne sont pas perdus. Tout ce que Yits’haq a fait pour Esaw, ce n’est pas perdu. Tout ce que font les parents pour les enfants, ce n’est pas perdu… D. Lui aussi fait de même pour nous, Il nous aime, …. et souvent nous sommes ingrats.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN