Vayechev 5781

« Elle [la femme de Putifar] le saisit par son vêtement en disant : dors avec moi. Il abandonna son vêtement dans sa main s’enfuit et sortit dehors »
Berechit (39,12)

La paracha de la semaine nous rapporte la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.
C’est à cause de la vente de Yossef par ses frères, que la famille de Yaaqov s’installera 20 ans plus tard en Egypte.
Yossef commence sa vie en Egypte en tant qu'esclave, puis devient l'intendant de Putifar. La paracha se termine alors que Yossef est en prison, suite à la dénonciation calomnieuses de la femme de Putifar.
Le verset en entête fait référence à la tentative de la femme de Putifar de séduire Yossef.


Une fois n’est pas coutume, le commentaire est issu du Netivot Shalom du Admour de Slonim.


La guemara Sota 36b rapporte que Yossef était prêt à tomber dans le piège tendu par la femme du Putifar. Seulement, il eut devant lui la vision de son père devant lui, et ainsi il fut sauvé.
Cette guemara semble être en contradiction avec les nombreuses paroles de nos maîtres qui louent la grandeur de Yossef “Hatsadik”, qui a su résister à l’épreuve. De même, on attribue l’ouverture de la mer devant les Bné Israel à la grandeur de Yossef. Il a su s’enfuir devant la femme de Putifar, la mer s’enfuira devant les Bné Israel.


Alors Yossef est-il vraiment si grand ? Pourquoi lui accorder tant de mérites, si c’est seulement grâce à la vision de son père, qu’il n’est pas tombé ?


Le Netivot Shalom explique que le mauvais penchant agit sur l’homme selon 3 axes.
1/ L’homme peut trébucher sur une faute particulière. Exemple : l’homme qui hume un plat qui semble délicieux, et qui tombe dans le piège, il  mange une viande interdite.

2/ Parfois certaines fautes, même si elles peuvent sembler insignifiantes, sont bien plus graves. Elles mettent en cause toute la personnalité de l’homme. La faute peut le faire tomber du mauvais côté de la barrière. Ainsi, dans la guemara Nedarim  9b, on raconte l’histoire de celui qui est devenu Nazir pour ne pas tomber dans le piège de la superficialité. Là bas, la guemara, dit que le mauvais penchant a failli lui faire perdre son monde. Ce n’est pas une faute particulière qui est visée, c’est l’action générale du mauvais penchant qui est en jeu.

3/ Parfois le mauvais penchant attaque encore plus que la totalité de la personne. C’est parfois, l’ensemble du Am Israel, qui est visé. C’est presque une action surnaturelle. En fait, si la personne compte pour le peuple, alors lorsqu’elle tombe, elle peut entraîner le peuple avec elle.

Yossef a subi une double épreuve.
Il a dû faire face à une attaque individuelle. Le mauvais penchant a voulu lui faire perdre son monde. Et là, Yossef s’est battu, il n’a eu besoin de personne pour s’en sortir. Il est assez grand pour ne pas perdre son monde. Il est armé pour se défendre. Et c’est son mérite, dont bénéficiera le peuple lors de la traversée de la Mer des Joncs.

Par ailleurs, Yossef, a aussi dû faire face à une épreuve qui le dépasse et qui concerne tout le peuple. Si Yossef était tombé dans le piège de la femme de Putifar, c’était la fin du Am Israel. Si Yossef avait trébuché, il aurait ouvert la voie au peuple d’Israel en Egypte. Et si le peuple a su conserver en Exil, ses valeurs morales, son identité, c’est grâce à l’exemple de Yossef.
Par l’intermédiaire de Yossef, c’est donc tout le peuple à venir qui est visé. Là, Yossef a besoin de la vision de son père Yaaqov, pour s’en sortir.

Le Midrach Raba rapporte que la femme de Putifar avait vu dans les astres que Yossef et elle même partageraient une même descendance. En fait, elle n’avait pas vu que c’est avec sa fille que Yossef s’unirait.
Yossef connaissait aussi sûrement cette prédiction. Il était donc dans le doute. Peut-être fallait il accepter les avances de la femme de Putifar pour continuer l’Histoire. La plupart des hommes qui fautent sont convaincus qu’ils font du bien… Rares sont les hommes qui se considèrent comme mauvais. Tout le monde faute “Le chem chamayim”, en pensant faire le bien.
Pour faire face au doute, Yossef a eu besoin de l’image de Yaaqov qui représente la vérité. Yossef a ainsi ouvert les yeux, et a chassé le doute pour voir la vérité.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN