Chemot 5781

« Les Egyptiens asservirent les enfants d’Israel avec dureté»
Chemot (1,13)

 
La Paracha CHEMOT, est comme son nom l'indique la première du livre de CHEMOT. Littéralement, CHEMOT = "noms", mais la traduction française a pris l'habitude d'appeler le 2è livre de la Torah "l'Exode", en référence au thème principal, la sortie d'Egypte.
La paracha de la semaine commence par nous présenter la dégradation de la situation des Bné Israel en Egypte. De la position d'invités privilégiés du temps où Yossef était vice-roi d'Egypte, les Bné Israel sont à présent des esclaves.


Mais est-ce juste ? Un concours de circonstances a précipité les pères en Egypte, et maintenant les fils se retrouvent esclaves !
D. avait déjà annoncé à Avraham : Ta descendance sera étrangère dans une terre qui n’est pas la sienne ! Est-ce juste ? un peuple naît, les bné israel, … mais ce peuple naît en qualité d’esclave !


En fait, si le peuple naît esclave ce n’est pas une punition, c’est simplement un passage obligé. Si le peuple veut devenir peuple, si le peuple veut recevoir la Torah et révolutionner l’humanité, il faut d’abord être esclave.
La liberté, on  ne peut la comprendre, on ne peut la mesurer que si on est esclave auparavant. C’est en passant par l’ombre que je pourrais découvrir la lumière.


Si je lis une page de guemara, et que je la comprends facilement, si je la lis sans me poser de question, c’est sûr, que je ne l’ai pas comprise. C’est par les embûches du chemin, que je pourrai découvrir les trésors de cette page.

C’est en faisant l’expérience du contraire de la liberté que je pourrais mesurer ce qu’est vraiment la liberté.
 

Lorsque le Rambam dit qu’on ne peut pas qualifier D., c’est un peu la même chose. D. on ne peut dire de lui que ce qu’Il n’est pas (exemple : Il n’est pas limité). Et à force de comprendre ce qu’Il n’est pas, on peut s’approcher de La Vérité.

L’obscurité est le passage obligé pour comprendre ce qu’est la lumière.
 

Ainsi, à la fin des temps, avant l’arrivée du Machia’h, la tradition nous dit qu’il y aura des temps difficiles.

De même avant que l’on assiste à la renaissance du peuple juif sur la terre d’Israel, le peuple juif a vécu la Shoah.
Le problème c’est que pour celui qui vit le moment difficile ce n’est pas simple de comprendre que c’est l’Histoire qui fonctionne ainsi. Comment dire à celui qui naît esclave, qui ressent les coups de fouets dans sa chair, que c’est le passage obligé pour devenir un peuple libre.

Aujourd’hui, nous vivons des temps qui semblent difficiles ! Chacun est enfermé chez lui. On ne sort plus, on ne voyage plus ! Les familles sont parfois séparées à des milliers de kilomètres !
Ceux qui avaient l’habitude d’aller au cinéma n’y vont plus ! Ceux qui fréquentaient les restaurants ou les théâtres en sont privés !
Et bien, c’est maintenant qu’il faut réfléchir au monde de demain ! Il semblerait que de nombreux virus ont disparu. Cette année pas ou peu de grippe, pas ou peu de gastro, pas ou peu de bronchiolite. Les gestes barrières, nos changements de comportement ont eu pour effet de faire quasiment disparaître des virus terribles, qui nous entouraient depuis des dizaines d’années. Sans la corona, nous n’aurions même pas su que “seul” on peut s’en sortir face à des virus comme la grippe ou la gastro. Nous étions tellement pris dans le quotidien que nous ne savions même pas que la solution était entre nos mains.
Cela ressemble à l’esclave qui est né esclave, et qui ne sait pas que la liberté est à portée de main.


Cela ressemble à l’esclave qui est devenu esclave sans s’en rendre compte. Chaque jour un peu plus…. et un beau jour on se retrouve esclave, et c’est naturel. Ces autres virus, nous en étions responsables, et nous ne le savions même pas … le Covid est arrivé et a remis les pendules à l’heure. Puissions en sortir vite, par le haut, et que l’on en tire toutes les leçons de vie !

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN