Bo 5781

 « ….Et D. frappa tout premier né dans le pays d’Egypte ….»
Chemot (12,29)

La paracha BO nous raconte les trois dernières plaies (les sauterelles, l’obscurité et la mort des premiers nés) ainsi, que la suite logique, la sortie d’Egypte.
C'est aussi dans cette paracha, la première fois où les Bné Israel, en tant que peuple, reçoivent des commandements divins (Mitswot).
La dernière plaie, le coup de grâce, c’est la mort des premiers nés égyptiens… depuis le premier né dans la maison de Pharaon, jusqu’au premier né du prisonnier qui gît dans un cachot !
Pourquoi une telle plaie ? Les punitions collectives, c’est juste ?


Pour comprendre le pourquoi de cette plaie terrible, revenons au début du Livre de Chemot.

Moshé est devenu Moshé parce qu’il a d’abord ressenti l’injustice de la situation des bné israel. Mais, Moshé est devenu Moshé aussi parce qu’il a décidé de se battre contre l’injustice. Il a accepté la mission divine.
Le peuple d'esclaves va s’affranchir. Le peuple d’esclaves va devenir le peuple juif parce qu’il décide de suivre Moshé et son exemple. Le peuple devra aussi se battre contre l’injustice. Mais quand on naît esclave, et que l’on est esclave, on n’est pas prédisposé à se battre contre l’injustice.

L’esclave est dressé pour tout accepter. L’esclave suit un chemin tout tracé. L’esclave est formaté pour ne pas se poser de questions. L’esclave accepte tout. La nature m’a créé esclave, c’est donc juste !
Les plaies qui ont frappé l’Egypte, comme nous l’avons expliqué la semaine, fonctionnent mesure pour mesure. Les plaies sont le révélateur de l’injustice institutionnalisée par l’Egypte. Non, il n’était pas normal de souffrir ou d’être esclave. Ce sont les plaies qui font éclater la vérité aux yeux des bné Israel. Petit à petit, on va enraciner dans l’esprit du peuple, que ce peuple devra être le peuple qui refuse l’injustice. Le peuple qui se bat pour atteindre La Justice.

Mais, lorsque l'on regarde le monde autour de nous, les injustices fourmillent ! Celui qui naît à La Courneuve dans le 93, a-t-il les mêmes chances de grandir que celui qui naît à Paris 16. Celui qui naît dans une famille où les parents valorisent les études, est-il l’égal de celui qui naît dans une famille où le rêve ultime c’est de gagner au loto ?


On pourrait croire que tout est joué à la naissance. On pourrait croire qu’il y a des injustices de naissance contre lesquelles on ne peut rien faire. Les Bné Israel vivaient en Egypte dans une société qui sacralise le statut à la naissance. Il y avait l’esclave face à l’Egyptien. Il y avait le premier né face aux autres. Le premier né avait le pouvoir, et en abusait pour écraser les autres. Il y avait des injustices de naissance contre lesquelles on ne pouvait apparemment rien faire.

La mort des premiers nés vient rétablir l’idée de justice. Même les injustices de naissances ne sont pas acceptables. Tout n’est pas écrit. Les premiers nés qui représentaient le pouvoir, le paroxysme de l’injustice, sont terrassés. Cela fait partie de l’éducation du peuple juif naissant. Les Bné Israel savent désormais qu’aucune injustice n’est éternelle, même les injustices de naissance peuvent être vaincues.

C’est cela la liberté de l’homme : terrasser l’injustice. L’esclave subit sa vie. L’homme va changer sa vie.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN