Ki Tissa 5781

« Il dit : ce n’est pas un bruit de cri de puissance, ce n’est pas un bruit de cri de faiblesse, c’est un bruit d’affliction que moi j’entends. »
(CHEMOT 32,18)


La paracha Ki Tissa présente de nombreux sujets : la façon de compter les Bné Israel, en donnant un demi sicle d’argent. La fabrication de l’huile d’onction, la fabrication de l’encens, …
Mais, ce que l’on retient peut être le plus, c’est que la Paracha Ki Tissa est marquée par l'épisode du veau d'or et sa conséquence : la destruction des premières Tables de la Loi.
En effet, Moshé a reçu les Tables de Loi, et à la fin des 40 jours, D. lui dit de descendre car le peuple s’est corrompu.
Moshé descend avec les tables de la Loi, il rencontre d’abord Yehochoua, qui lui dit qu’il y a un bruit de guerre dans le camp.
Moshé répond « … c’est un bruit d’affliction que MOI j’entends ». Puis Moshé avance et brise les Table de la Loi.


Comment comprendre que les Bné Israel soient tombés si bas. Après les miracles de l’Egypte, de la Mer Rouge, après le don de la Torah, … ils se mettent à danser autour d’une idole en or ?


En fait, les Bné Israel sont peut être un peuple qui impose le respect, au sortir de l’Egypte, … mais c’est encore un peuple d’enfants. De plus, ce ne sont pas de simples enfants, ce sont des enfants gâtés !

Ils ont vu des miracles… une servante a vu plus de choses élevées lors de la Traversée de la Mer Rouge que le prophète Ye’hezqiel.
Qu’est-ce qu’un prophète ? Un être exceptionnel qui sait aller à contre-courant si nécessaire. Une personne qui de par ses efforts intellectuels, de par son comportement exemplaire arrive à découvrir la vérité, et parvient à la dévoiler à ses contemporains. Comme le prophète ne s’intéresse qu’à la proximité avec le divin, alors forcément, il pourra mieux percevoir la vérité.

Mais que peut faire un enfant avec ces vérités qu’un adulte a déjà du mal à comprendre ? Pour cet enfant, les vérités qu’on lui présente sont de l’hébreu ou du chinois (en tout état de cause un langage auquel il n’a pas accès).

En plus, le peuple, c’est pire qu’un simple enfant innocent …. le peuple c’est une foule … Et avec la foule, on peut s’attendre à tout.
Les “enfants” disparaissent, ils sont emportés par la foule… Le peuple a besoin de Moshé qui saura calmer les ardeurs de la foule.
Moshé est l’archétype du vrai dirigeant. C’est celui qui sait aller à contre-courant. Il est capable de s’opposer au peuple. Il va casser les Tables de la Loi pour choquer le peuple.

Comme le peuple est encore enfant, il fonctionne beaucoup plus avec les sensations qu’avec la raison. De la même façon que la sortie d’Egypte, le don de la Torah, sont des expériences sensorielles avec des sons, des images,... et bien pour remettre le peuple dans le droit chemin, il faut encore choquer!

Si l’on regarde les événements de l’extérieur, on pourrait croire, que les bné israël sont condamnés à rester enfant (ou esclave), à rester idolâtres. Faut-il recommencer à zéro ? Faut-il créer un nouveau peuple qui pourra diffuser la parole divine ? Moshé refuse d’abandonner ce peuple d’enfants. Il garde espoir. La vie est une succession de montées et de descentes. L’homme chute souvent, mais rien n’est écrit, même lorsque l’on est né esclave. Moshé a foi en l’homme, on peut se corriger. C’est pourquoi il implore D. pour qu’il pardonne au peuple.

Le peuple est en train de grandir, le peuple est en train de devenir un peuple libre. Et la liberté ne s’acquiert que difficilement. Le chemin est semé d'embûches. C’est normal, la liberté est le bien le plus précieux. Si on l’acquiert facilement, on la dévalorise. Devenir libre, grandir dans sa tête, se rapprocher de la vérité est forcément autre chose qu’un long fleuve tranquille. On tombe, mais ensuite on se relève.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN