Emor 5781

" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).

La paracha commence par des lois propres au cohanim. La haftara que l’on lira traite aussi des Cohanim. Je vous invite d’ailleurs à la lire et à vous intéresser aux contradictions apparentes avec la paracha.
Emor, c'est aussi par la présentation des fêtes de la Torah.


A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer, au bout duquel nous fêterons Chavouot.


Le Rav Zacks zal relève plusieurs difficultés de ce passage de la paracha :

  1. La fête de Chavouot est une fête sans date. Elle dépend uniquement de Pessa’h. D’ailleurs, à l’époque où le calendrier était établi selon les témoins qui avaient vu la lune, Chavouot ne tombait pas toujours le 6 siwan, comme c’est le cas aujourd’hui.
  2. Le point de départ du compte des 49 jours n’est pas clairement précisé dans la Torah. On peut lire “le lendemain du chabbat”. Notre tradition, héritée des pharisiens, a traduit par le lendemain de Pessa’h. En revanche, les sadducéens ont préféré collé au texte. Ils commencent à compter le lendemain du chabbat… Aujourd’hui, chez les chrétiens, on a toujours le dimanche de Pâques, et celui de Pentecôte.
  3. Chavouot, c’est la fête de quoi ? La Torah qualifie Chavouot de la fête de la moisson. On y associe aussi les prémices, les premiers fruits. La dimension semble être essentiellement agricole. Alors que les 2 autres fêtes, Pessa’h et Soukot ont aussi une dimension historique, en plus de l’aspect agricole, on ne trouve pas dans la Torah la dimension historique de Chavouot.

Notre tradition identifie Chavouot à la fête du don de la Torah, la date de la révélation sur le Mont Sinaï. Toutefois, la référence de chavouot  au Don de la Torah n’est pas explicitement écrite.


C’est pourquoi, les sadducéens n’ont retenu que la dimension agricole de Chavouot. Les sadducéens, c’était un peu la classe dominante, les propriétaires terriens. Chavouot était donc une fête essentielle pour eux. Pessa’h symbolisait la sortie d’Egypte, le début du voyage. Soukot, c’est le voyage, les 40 ans dans le désert. Et pour les sadducéens, Chavouot, c’est la fête agricole, cela signifie que c’est la fin du voyage, l’arrivée en Israel, là où l’on vivra désormais du produit de la Terre et plus de la manne.


Pour  les sadducéens, la dimension historique de Chavouot est donc claire : l’agriculture, c’est l’histoire. L’arrivée en Israel à l’époque de Josué, vivre du produit de ses propres mains, c’est cela la fête de Chavouot.
Il n’est pas étonnant que les sadducéens ont périclité après la destruction du Temple et l’exil. Si Chavouot est une fête nationale, comment la fêter si on a perdu la Terre ? Celui dont l’identité religieuse était fondée sur la terre, n’a pas pu survivre.


Notre peuple est l’héritier des pharisiens, qui ont vu Chavouot comme la fête du don de la Torah. Et la Torah a survécu en Exil. Pendant 2000 ans, la Torah, qui a été donnée dans le désert, nous a accompagnés. C’est elle l’identité de notre peuple.
Attention, il ne faut pas croire que les pharisiens aimaient moins la terre d’Israel que les sadducéens. Ils savaient que l’on ne peut appliquer complètement la Torah qu’en Israel. Ils ont souffert d’être privés de la Terre d’Israel. Ils ont langui la Terre d’Israel. Ils ont prié pour la Terre d’Israel.
Aujourd’hui, comment ne pas être reconnaissant ? Nous pourrons fêter dans un peu plus de 2 semaines, Chavouot sur la Terre d’Israel. Que D. protège l’humanité, et que nous puissions créer une société exemplaire en Terre d’Israel, ainsi, nous accueillerons le machia’h, bientôt !

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN