Behar - Be’houqotay 5781

" Dans cette année du Yovel (jubilé), vous retournerez chacun à son héritage"
(VAYIQRA 25,13).

Cette semaine nous lisons 2 parachiot : Behar et Be’houqotay


Behar commence par présenter les lois de la Chemita, l'année chabbatique de la terre. On ne doit pas travailler la terre pendant un an. Les lois du Yovel (=Jubilé) sont aussi exposées.
Puis, la Torah continue avec de nombreuses lois "sociales".


Le verset en entête présente la redistribution des terres lors de l’année du Yovel. Tous les 7 ans, c’est la chemita. On ne travaille plus la terre. On laisse les champs ouverts. Tout un chacun peut entrer et se servir pour consommer.


Après 7 chemitot (donc 49 ans), c’est le Yovel, les terres retournent à leurs propriétaires d’origine. On redistribue les cartes.


La terre jusqu’à il y a près de 200 ans, c’est le principal étalon de la richesse. C’est Le moyen de vivre. C’est Le moyen de production par excellence. La terre est un outil fabuleux.
Pendant des siècles, les propriétaires terriens ont donné aux paysans le droit de travailler pour eux. On avait d’une part le propriétaire terrien, le châtelain par exemple, le noble, et d’autre part, le malheureux, qui travaillait et qui devait augmenter la rente qu’il reversait.


Puis les peuples se sont révoltés. Les temps ont changé. En France, par exemple, déjà près de 20 ans avant la révolution, on avait un grand nombre de petits propriétaires terriens. Avant, les terres étaient concentrées, et transmises essentiellement par héritage. Désormais, c’est la naissance du capitalisme moderne on aura plus de propriétaires.
Parfois, il y a des accidents, des crises, des mauvaises récoltes. Les propriétaires en pâtissent. Le capitalisme ne protège ni les propriétaires terriens, ni les paysans employés agricoles. Plus généralement, dans tous les autres secteurs de production, il semble que le capitalisme mène à une concentration des moyens de production.
On aura d’une part ceux qui détiennent le capital et les moyens de production, et de l’autre ceux qui vendent leur force de travail. Mais plus le temps avance, si on laisse faire, le riche tend à devenir plus riche, et le pauvre plus pauvre.
C’est pourquoi, au milieu du 19è siècle, une nouvelle idéologie est apparue. La société est composée de classes. Il y a les exploitants et les exploités. Et plus l’histoire avance, plus le capitalisme semble exclure ceux qui sont exploités. C’est le temps de 1ère révolution industrielle. Des hommes qui travaillent et vivent dans des conditions inhumaines. C’est le temps aussi où germe l’idée de rendre au peuple, ce qui lui revient : le prolétariat doit prendre le pouvoir. Il doit être maître des moyens de production.


La notion de propriété doit disparaître. Ce n’est plus l’individu qui possède, c’est l’Etat. C’est en Russie que la révolution communiste va réussir…. uniquement dans sa conquête du pouvoir.
En effet, l’idée était belle : abolir la propriété pour abolir les inégalités. Le problème est que génétiquement, le communisme considère le travail comme une malédiction, une aliénation. Alors, plus on s’enfonce dans le communisme, moins on travaille. Les pauvres deviennent encore plus pauvres. La dictature du prolétariat est aussi destructrice des libertés.
Bilan de 80 ans de communisme en Russie : pas de libertés, beaucoup de pauvres, un pays retardé économiquement dans de nombreuses activités.
On voulait corriger le capitalisme qui tend à la concentration des richesses, on a créé plus de gens égaux … dans la misère.


La Torah, on le voit encore cette semaine, ne sacralise pas la propriété. La propriété, c’est le droit d’utiliser. Une terre est évaluée en fonction du nombre de d’années de production qui reste à venir. La propriété n’est pas sacrée, car je dois ouvrir mon champ pendant la chemita.
Mais la Torah valorise le travail. Chemaya dit dans les Maximes des pères 1,10 : Aime le travail. Peu nombreux sont les gens qui pourront passer leur vie sans travailler et s’épanouir. Même le rentier a de grandes chances de rater sa vie, s’il ne travaille pas.

La Torah pense évidemment que le capitalisme est le système le plus efficace, le plus juste. Mais attention, il faut en limiter les travers. J’ai l’obligation de me soucier du faible, du pauvre, de celui qui pourrait se faire rouler. La Torah ne veut pas non plus que l’on évolue vers une société où la richesse est concentrée. Sinon c’est le système qui s’auto-détruit. La Torah prévoit donc de remettre les compteurs à zéro régulièrement.
Les dettes sont annulées tous les 7 ans. Les terres sont rendues à leur propriétaire d’origine tous les 50 ans.

L’an prochain, ce sera la chemita. A nous de faire les efforts pour changer le monde, et accueillir le Machia’h et ainsi, nous pourrons aussi appliquer en son temps les lois du Yovel !

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN