Bemidbar 5781

 

" D. parla à Moshé dans le désert du Sinaï…"

(Bamidbar 1,1).


Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Puis dimanche soir prochain, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.


Le Midrach Raba nous explique que la Torah a été donnée dans 3 éléments : le feu, l’eau et le désert. En effet, comme le dit le verset en entête, D. a parlé du désert du Sinaï.
La guemara chabbat 89a associe le Mont Sinaï, d’où nous avons reçu la Tora, à Sinea, la haine. Tout se passe comme si, c’est le Mont Sinaï qui est à l’origine de la haine des nations envers le peuple Juif.


Dans une classe, souvent, l’élève qui fait ses devoirs n'est pas aimé par ses camarades. Et bien, parmi les nations c’est la même chose. Souvent, il y a une jalousie envers celui qui a plus de responsabilités, plus de lois, et qui les applique. De même que le bon élève est le miroir qui va révéler le faible niveau du cancre, de même le peuple qui a un code de conduite compliqué, exigeant, et qui le respecte met en valeur les imperfections des autres. Naturellement, on le hait.


Mais en tant que juif, qu’est-ce que je gagne à dire que l’on me hait ? N’est-ce pas dangereux ? Ne vais-je pas moi aussi me mettre à haïr les autres peuples et me rendre aussi vil que les autres ?


En fait, la guemara m’apprend que la seule raison pour laquelle on doit peut être me haïr c’est parce que je respecte la Torah.
Dois-je donner des raisons de me détester parce que je me comporte mal ? NON.
Doit-on donner des raisons de dire que le juif est un arnaqueur ? NON
Doit-on donner du grain à moudre à celui qui dit que le juif est raciste ? NON
NON, NON, NON ! Le juif doit être exemplaire, il doit respecter les lois de la Torah… et si à cause de cela on le hait, ce n’est pas grave ! Au moins par son exemple, il pourra montrer la direction.


Mais, attention, ce n’est pas parce qu’il arrive que l’autre me haïsse que j’ai le droit de haïr l’autre qui n’est pas juif !
La Torah me demande de bien me comporter avec l’étranger qui respecte les lois du pays. Combien de fois me dit-on dans la Torah de souvenir que nous aussi avons été étranger en Egypte.
Alors évidemment, si des entités ennemies m’envoient des missiles, je dois être intraitable! Il n’y a aucune raison de se laisser marcher sur les pieds. D’autant plus qu’avec certains, être gentil et avoir de la pitié, c’est interprété comme une marque de faiblesse.


Mais, avec l’étranger qui vit avec moi, je dois être un exemple. Il faut aimer l’étranger ! Nous avons suffisamment souffert tout au long de l’histoire, en tant que minorité. Maintenant, nous avons les outils pour créer une société idéale, une société où l’on se soucie du pauvre, du faible, de l’étranger. Devons-nous vivre en égoïste ? Celui qui est heureux, c’est celui qui donne. Et c’est à celui qui a besoin que je dois donner : le faible, l’étranger, l’autre, le paria, celui qui est rejeté à cause de son accent ou de sa couleur.


La Torah que je vais recevoir à Chavouot ne me donne pas le droit d’haïr l’autre. La Torah me donne juste des responsabilités, à moi de les assumer !


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN