‘Houqat 5781

 

"[Moshé dit aux Bné Israel] Ecoutez donc, rebelles ! Est-ce que de ce rocher nous ferons sortir pour vous de l’eau ? Moshé éleva sa main et frappa le rocher avec son bâton deux fois. Des eaux abondantes sortirent…D. dit à Moshé et à Aaron, parce que vous n’avez pas cru en Moi pour Me sanctifier aux yeux des bné Israel… vous n’amènerez pas cette communauté vers le pays…"

(BAMIDBAR  20,10-12)

‘Houqat nous présente la vache rousse. Le principe est clairement énoncé. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort).
Mais cette paracha contient aussi l’épisode « des eaux de la querelle ». En effet, les Bné Israel se plaignent de ne plus avoir d’eau, car le puits de Myriam a disparu avec sa mort. D. demande donc à Moshé de prendre son bâton et de parler au rocher. Or Moshé prend son bâton et frappe le rocher à 2 reprises pour que l’eau sorte.
Moshé sera puni et n’entrera pas en Israel. Il fallait parler au rocher, et non pas le frapper.

Le Rav Zacks zal, s’étonne de l’apparente disproportion entre la faute de Moshé et sa punition.

Admettons le, Moshé n’a peut être pas eu le comportement optimal. Il n’aurait dû s’adresser au peuple en disant “écoutez rebelles!”. Il n’aurait pas dû frapper le rocher. Mais pour autant, comment comprendre la terrible punition ? Comment le priver de l’entrée en Israël ? Moshé n’est-il pas malgré tout le dirigeant exceptionnel qui a guidé le peuple depuis l’Egypte ? Un petit moment d’égarement vaut-il une telle punition ?

Le Rav Zacks rapporte à propos de cet épisode, l’explication du Rambam dans les 8 chapitres (introduction aux Maximes des Pères du Rambam).
Les traits de caractères, on ne les choisit pas. L’homme a des tendances naturelles. Certains sont optimistes, d’autres pessimistes, certains sont patients, d’autres pas. Certains sont pingres, d’autres dépensiers outre-mesure.
A force de volonté, à force d’effort, l’homme parvient à canaliser ses tendances naturelles. Il doit viser, et il peut l’atteindre, le juste milieu, l’équilibre.

Toutefois, le Rambam explique qu’il y a 2 traits de caractères, pour lesquels le juste milieu peut être dangereux. Pour l'orgueil, et pour la colère, il ne faut pas viser le juste milieu, il faut s’en éloigner à 180°.

Le Rambam explique que Moshé a été puni parce qu’il s’est mis en colère, en s’adressant au peuple “écoutez rebelles!”.
Lorsqu’il a brisé les Tables de la Loi, Moshé aussi s’était énervé, mais cela n’a pas été considéré comme une faute.

Ici, le peuple a soif, le puits de Myriam a disparu. D. ne reproche rien au peuple; contrairement à l’épisode du veau d’or. Et malgré tout, Moshé sort de ses gonds, il fait une erreur, il s’énerve.
Tout le monde peut s’énerver. Mais Moshé est le dirigeant, c’est l’exemple. Et il doit montrer l’exemple.
La colère, on doit la fuir à l’extrême. Moshé doit montrer l’exemple et doit se maîtriser. A défaut de montrer l’exemple lors de ce passage, c’est sa punition qui servira d’exemple. La Torah stigmatise la colère.
C’est trop grave. Nos maîtres nous disent :

  • le colérique a une vie qui n’en est pas une
  • tout celui qui s’énerve, s’il est sage, il perd sa sagesse, s’il est prophète, il perd sa capacité à prophétiser
  • celui qui s’énerve, c’est comme s’il faisait de l’idolâtrie.

La colère fait disparaître le self-control. La colère fait fonctionner le cerveau de l’homme en mode primitif. L’homme n’agit plus rationnellement, il fonctionne à l’instinct lorsqu’il est en colère.

5 minutes de colère peuvent se regretter pendant toute une vie. Des enfants ont blessé leurs parents pendant des années pour quelques mots non maîtrisés.

Des familles ont été détruites pour quelques secondes de colère.

Des hommes sont devenus meurtriers pour un coup de sang.

5 minutes de non maîtrise de soi, et ce sont des vies entières gâchées.

Si la peine de Moshé semble disproportionnée, c’est uniquement pour nous faire comprendre la disproportion que crée la colère. Un instant de colère, et c’est un monde qui s’écroule.
Le problème c’est qu’on l’oublie trop souvent.

Chabbat Chalom

Stephane Haim Cohen