Devarim 5781

 

" Comment [Ei’ha] porterai-je seul votre charge, votre fardeau, vos disputes "

(DEVARIM 1,12)

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israël tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.

La Paracha de Devarim est lue avant le jeune du 9 av, qui cette année commencera samedi soir au coucher du soleil, pour se terminer le lendemain à la sortie des étoiles. Le jeune du 9 av a été institué car c'est le jour où le Temple a été détruit.

Le verset en entête est en quelque sorte une allusion au 9 av. En effet, ce n’est pas courant de trouver le mot « Ei’ha » dans la Torah. Et ce mot est aussi le nom en Hébreu du Livre des Lamentations écrit par le prophète Yirmihaou (selon la tradition) que l’on lit le 9 av.

Pourquoi institutionnaliser un jour de pleurs ? On raconte que Napoléon a été étonné de voir des juifs pleurer le temple près de 1800 ans après sa destruction.
Alors aujourd’hui, plus de 2000 ans après la destruction du Temple; pourquoi continuer à pleurer ?

Le 9 av c’est le jour symbole des malheurs. C’est le jour où les explorateurs ont médit sur la terre d'Israël. C’est donc le jour où le peuple a pleuré, pour ne pas entrer en terre d'Israël.

C’est aussi le jour où le premier et le deuxième temple ont été détruits. C’est donc le jour où le peuple a pleuré le début de l’exil. Le peuple a pleuré en quittant la Terre d'Israël.

C’est aussi le jour (au plus à 2 jours près), où le peuple juif a dû quitter l’Espagne en 1492. Isabelle et Ferdinand, la reine et le roi d’Espagne ne pensaient pas que les juifs préféreraient l’exil à la conversion (pour l’écrasante majorité, plus de 90%). Le 31 juillet 1492, c’était la date limite pour fuir l’Espagne, et subir les affres de l’exil. Combien sont morts en chemin, avant d’avoir pu trouver une autre “terre d’accueil”. Combien de capitaines de bateau se sont débarrassés de ces juifs encombrants, uniquement pour récupérer le peu de biens qu’ils avaient pu dissimuler en quittant l'Espagne ?

Toutes les dates, fêtes ou jours tristes, de notre calendrier ne sont pas de simples commémorations. Ce sont des opportunités pour grandir.

Le 9 av nous apprend qu’il y a un moment pour pleurer. Face à un malheur, il faut d’abord s'asseoir, et pleurer, cela permet d’extérioriser la douleur. Celui qui garde tout à l’intérieur, aura du mal à s’en sortir. Il faut d’abord extérioriser l’évènement. Dire le malheur, me permet de l’objectiver. En parlant, je lui donne une limite.


Mais cela peut être risqué. Ce malheur objectivé peut finir par devenir étranger à moi. Je peux devenir insensible. La liturgie de Tichea Beav, nous remet les yeux en face des trous pour cela.
Nous répétons que c’est par nos fautes que le Temple a été détruit. Même nous, 2000 ans après, nous sommes responsables. Comme me l’a rappelé un proche cette semaine, si le Temple n’est pas reconstruit aujourd’hui, c’est par nos fautes, nous sommes responsables.

La haftara que l’on lira ce chabbat, c’est le début du livre de Isaïe. Il n’est pas tendre avec le peuple d’Israel :

Oh! Nation pécheresse, peuple chargé de fautes; race de malfaiteurs, enfants destructeurs! Ils ont abandonné D. … (Isaïe 1,4)

Le 9 av c’est donc fait pour pleurer, et pour comprendre que je suis responsable des évènements dont je souffre.

C’est la clé pour grandir et surmonter les épreuves. D’abord éviter la fuite, éviter le refoulement. Puis comprendre que l’homme est libre et qu’il est donc responsable de ce qui lui arrive. Cette prise de conscience, c’est le début du processus de guérison. Car si je sais que je suis responsable, cela veut dire que je peux m’en sortir. Je peux me corriger, je peux grandir, je peux guérir, je peux surmonter le malheur.

Et cela est valable pour tous les types de problèmes que l’on peut rencontrer. Si je suis malheureux, et que je pense que c’est à cause de l’Autre, alors je ne pourrai jamais m’en sortir. C’est trop facile de dire que c'est de la faute de l’Autre. En plus, c’est donner à l’Autre un pouvoir qu’il ne mérite pas. De quel droit peut-il avoir le pouvoir de me rendre malheureux ? Si l’autre dit un mot qui me touche et qui fait mal c’est que je ne suis pas assez fort pour comprendre que je suis au dessus de ses mesquineries.
Comprendre que je suis responsable, me fait grandir. Je deviens maître de moi-même. Ce n’est plus l’Autre qui va décider pour moi. Je vais rencontrer ainsi mon moi, … et ainsi je deviendrai heureux.
Pour plus de développements sur les relations à l’autre, et l’épanouissement personnel, je vous invite à visionner des vidéos du Rav Benchetrit.


Chabbat Chalom

Stephane Haim Cohen