EQEV 5781

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"Et maintenant Israel, qu’est-ce que l’Eternel ton D. demande de toi, si ce n’est que de craindre ton D, marcher dans Ses voies et L'aimer, servir D. de tout ton coeur et de tout ton âme."
(DEVARIM 10,12)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Eqev, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel.

Le 9 Av est passé, beaucoup d’entre nous sont en vacances, sans contraintes, mais nous ne devons pas oublier de nous comporter en adulte.
De même dans le livre de Devarim, Moshé veut faire comprendre aux Bné Israel, qu’ils sont devenus adultes.
Fini le temps des miracles, fini le logé, nourri, blanchi… il faut maintenant retrouver les lois de la nature et l’installation en Israel.

Cette paracha insiste d'ailleurs beaucoup sur la Terre d'Israel.

Le verset en entête nous apprend, (cité dans la guemara Bera’hot 33b), ce qui est repris par Rashi:

Rabi ‘Hanina dit : « Tout est donné par le Ciel sauf la crainte du Ciel ».

Et Rashi d’expliquer dans la guemara que tout est donné par le Ciel : la taille de l’homme (grand ou petit), sa richesse ou sa pauvreté, ses aptitudes intellectuelles, la couleur de sa peau… tout cela est donné par le Ciel.

En revanche, être un homme droit, un Tsadiq, ou un impie, un Racha, cela n’est pas un don du Ciel. C’est à chacun de se battre pour devenir et rester Tsadiq. Chaque homme a deux chemins devant lui, et il a la possibilité de choisir, à lui donc de choisir le chemin de la Crainte du Ciel.

C'est ce que nous explique le Torah Temima. En effet, expliquer littéralement le verset en entête mènerait à un contre-sens. On ne peut pas comprendre que D. ne demande de nous que la Crainte du Ciel, puisque déjà dans la suite du verset, la Torah nous demande d'aimer et de servir D.
Il faut donc comprendre que c'est le libre arbitre qui est mis en évidence ici. Pour la crainte du  Ciel, nous sommes tous à égalité. Nous naissons tous égaux au moins pour ceci.

La guemara Bera’hot s’étonne sur le verset en entête. Il semble sous-entendre que la crainte du Ciel est une chose de faible valeur, facile à atteindre. En effet, le verset dit « SI CE N’EST de craindre D. … ».

Pourtant la guemara nous dit que le même Rabi ‘Hanina dit que D. garde seulement dans son trésor, la crainte du Ciel de Ses créatures !

La guemara répond donc que craindre le Ciel n’est pas facile… et c’est une vertu vers laquelle il faut tendre… Mais dans le verset c’est Moshé qui parle.

Moshé craint déjà le Ciel. A ses yeux, c’est donc quelque chose de facile à réaliser (Moshé est modeste).

Pour nous c’est loin d’être évident… mais il faut essayer.

Enfin, nous avons parlé de la crainte du Ciel, mais nous ne l'avons pas définie.

Souvent, on oppose la crainte de D. et l'amour de D.

On peut servir D. par peur de la punition, ou par désir de récompense. Et cela, c'est, semble-t-il la crainte du Ciel. On peut aussi servir D. par amour, à savoir servir D. pour servir D.

Autant, dans d'autres passages de la Torah, on pourrait définir la crainte de D. de la sorte, autant, ici c'est délicat. Dans le même verset, on mélange l'amour de D. et la crainte de D. La Torah ne peut donc pas nous demander de servir D. comme un enfant (la crainte) et de L'aimer (comme un adulte).
Il faut donc trouver une autre définition de la Crainte de D.
C'est celle que l'on trouve à la fin de la Aqéda. Après l'ultime épreuve d'Avraham, la ligature d'Ytshaq, D. dit à Avraham : « Maintenant Je sais que tu crains D. » Berechit (22,12).
Et là, clairement, on comprend bien qu'il ne peut s'agir de servir D. en échange d'une récompense. Avraham, est l'archétype du désintéressement, puisqu'il est prêt à tout offrir à D. Il ne sert pas D. comme on met une pièce dans un distributeur, pour obtenir une boisson. Il sert sans rien attendre en échange.
La crainte de D. dont la Torah parle dans le verset, c'est donc à la fois de la peur, de l'amour, de l'admiration de la grandeur de D.


CHABBAT CHALOM


Stéphane Haim COHEN