Ki Tetse 5781

 « Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis… »
(DEVARIM, 21, 10)

La formulation de ce verset ne peut pas nous laisser indifférent. En effet, la Torah aurait dû dire « Quand tu feras la guerre à tes ennemis ». Ici, la Torah nous demande de SORTIR en guerre. On ne parle pas de n’importe quelle guerre.

Alors, les ennemis, quand on y pense, ce sont tout de suite les autres. Et c’est pratique. Les méchants, c’est les autres. Cela m’évite de faire mon examen de conscience. Cela m’évite de me regarder en face. C’est toujours plus simple d’accuser les autres. Pour un homme, c’est toujours plus simple de dire je divorce parce que c’est la faute de l’épouse. Pour une femme c’est toujours plus simple de dire je divorce, car je ne le supporte plus, il a tort.

L’ennemi, l’autre, c’est toujours plus facile.

En fait, nos sages nous expliquent que ce verset se rapporte à la guerre contre le mauvais penchant. Et ce mauvais penchant si on ne le maîtrise pas, prospère naturellement. C’est un peu comme le désordre et l’ordre dans une maison. Si on ne fait rien, le désordre s’installe naturellement dans une maison.
En revanche, avoir une maison ordonnée n’est pas naturel, cela demande des efforts.

Le mauvais penchant, il faut lui faire la guerre ! Pourquoi ?

Parce que le mauvais penchant nous endort. Son terreau, c’est la paresse !

Le Ram’hal dans le Messilat Yecharim, au début des chapitres consacrés au zèle (zerizoute) explique que la nature de l’homme “est lourde”, l’homme est fait de matière, ce qui le tire vers le bas. La paresse c’est naturel !

Paresse intellectuelle, pour éviter de se remettre en question.

Paresse physique…. “je suis fatigué”, “j’ai envie de me reposer”, plutôt que d’agir. C’est toujours plus facile de construire un monde imaginaire, en rêvant sur un canapé.

On peut créer des entreprises sur son canapé, en fermant les yeux. On peut devenir le leader ! Mais, la vraie difficulté, c’est de se bouger. La vraie difficulté, c’est de produire et de vendre !

On peut vivre une vie entière sur un canapé, devant des séries. On peut vivre “sa vie par procuration devant un poste de télévision”. C’est facile, pas d’efforts.
Mais quand la série est finie, que reste-t-il ?

On peut vivre sa vie devant une console et jouer avec des gens du bon du monde. Mais à quoi sert ce temps brûlé ?

Chacun à son niveau, a un mauvais penchant, une inertie, une pesanteur, qui veut l’attirer vers le bas, la paresse, l’inaction.

C’est la nature ! Lorsque je ne fais rien je deviens un animal : Manger, dormir, … et surtout ne pas réfléchir.
La grandeur de l’homme c’est qu’il peut s’élever, et se rapprocher de D. Mais pour cela il faut la guerre à son mauvais penchant.
Et la guerre est vraiment le mot adapté. Il faut le malmener. Le mauvais penchant prospère sur la paresse. Pour le battre, il faut agir. FAIRE et PENSER, sont les clés du succès.
On peut se complaire de vivre dans une maison qui ressemble à un champ de bataille, parce que l’on n’aime pas ranger. Mais, en se faisant violence, en bougeant, en ordonnant la maison, je combattrai mon mauvais penchant.

On peut se complaire dans une famille où les enfants sont élevés comme le bétail. Comme dirait le Rav Yehia Benchetrit (je vous recommande de suivre ses cours sur Youtube, au moins), il y a des familles où élever les enfants, c’est faire de l’élevage. Et cela ne dépend pas du nombre d’enfants. Certains ont un ou deux enfants et peuvent être dépassés, ou peuvent capituler.
Car élever les enfants requiert des efforts, du travail. On ne peut pas les laisser grandir devant un smartphone, et ensuite déplorer leur comportement monstrueux.

Pour élever des enfants, il faut se fatiguer. Donner l’exemple. Faire des remontrances. Ne pas fuir.

Agir est toujours plus difficile que de ne pas agir. Quand on agit on peut se tromper, on peut faire de grosses erreurs. Quand on ne fait rien, on ne fait pas de bêtises !

Et pourtant en faisant, en agissant, en me faisant mal, en luttant contre ma nature, je me transforme. Tout ce qui est difficile contribue à modeler ma personnalité. Ce qui est facile, en revanche, sera oublié rapidement.

Si tu fais des efforts, tu es fort (Rav Benchetrit). Une autre façon de formuler que le but est dans le chemin.

Chabbat Chalom

KETIVA VA’HATIMA TOVA

CHABBAT CHALOM


Stéphane Haim COHEN