Nitsavim 5781 et Roch Hachana 5782

 « Ce que je t'ordonne aujourd'hui d'aimer ton D., d'aller dans Ses voies, de garder Ses commandements, Ses décrets et Ses lois ; tu vivras et tu te multiplieras, et D. te bénira dans le pays où tu te rends pour en prendre possession.  »
(Devarim 30,16)


Je n’aime pas les courgettes !


Je vais vous raconter l’histoire du petit garçon qui n’aime pas les courgettes. En fait, c’est plus grave. Il n’aime pas les légumes. C’est même encore plus grave. Il n’aime que les pâtes et le riz …. sans sauce, ou alors uniquement avec du ketchup !
A ce petit garçon, on lui dit, tu devrais manger du poisson, du poulet, des haricots verts, des soupes, des aubergines !!!
Mais lui, il répond, je n’aime pas ! Je suis bien comme je suis !
Et c’est vrai, il aime vraiment les pâtes, alors pourquoi vouloir le forcer à goûter autre chose ?
Pourquoi doit-il changer d’avis ? Pourquoi doit-il se faire violence ? Pourquoi doit-il manger ce qu’il n’aime pas ?


Les adultes le savent, nous avons écouté les nutritionnistes, les médecins, il faut manger équilibré. Il faut de tout, des protéines, des glucides, des lipides, … Des légumes, de la viande, des féculents, du poisson…
L’enfant ne le sait pas, mais s’il ne mange que ce qu’il aime, il pourrit sa santé ! L’enfant doit changer son alimentation… c’est douloureux (il n’aime pas le goût des légumes), mais c’est pour son bien !


En fait, nous ressemblons tous à l’enfant qui n’aime pas les légumes ! Nous n’aimons pas le changement.
C’est dérangeant de se remettre en question ! C’est dérangeant de changer d’avis. C’est dérangeant d’écouter quelqu’un qui ne pense pas comme moi, d’autant plus qu’il risque de m’influencer !
Les traits de caractères, les idées, c’est comme la nourriture, il faut manger équilibré!
Nous avons tous des tendances naturelles ! Certains sont radins, d’autres timides, d’autres extravertis. Certains sont de gauche, d’autres de droite. Certains sont pour la concentration des richesses, d’autres pour le partage des richesses.


Lundi soir, nous commencerons à vivre Roch Hachana. Le rav Benchetrit explique que c’est Roch Hachinouy, le début du changement. Chana, l’année, c’est la même racine que Chinouy, le changement.
La Torah ne veut pas de psycho-rigides. La Torah qui veut notre bien, nous demande de nous préparer à changer. Ce n’est pas facile, c’est dérangeant, parce que je suis persuadé d’avoir raison. Mais c’est nécessaire. De la même façon que l’alimentation équilibrée est nécessaire à l’homme, au niveau des traits de caractères, aux niveaux des idées, il faut aussi chercher l’équilibre.


C’est très facile d’être “extrémiste”, il suffit pour cela de suivre ses penchants naturels. J’ai raison, donc je persiste, et j’avance dans la direction qui est la plus confortable.
La Torah veut que je change. La Torah veut me forcer à écouter des gens qui ne pensent pas comme moi. Toutes les discussions dans le Talmud ont aussi pour but de m’habituer à écouter même les avis qui ne sont pas repris dans la halakha.
Le Rambam dit que nous devons choisir la voie du juste milieu. La seule solution pour y arriver est d’accepter de changer. Nous avons une lourdeur naturelle, une inertie, que nous devons contrebalancer. La vérité, nous la trouvons, à l’équilibre.
Le verset en entête nous le demande : il faut “aller dans Ses voies”. L’homme ne doit pas être immobile, la Torah, la vie, c’est le mouvement, il faut accepter de changer, même si cela fait mal.
Celui qui ne change pas, c’est celui qui a vieilli, ou pire c’est le mort. Après 120 ans, on ne change plus, tout est figé. Au début de la paracha Vayele’h que l’on lit souvent avec Nitsavim (mais pas cette année), Moshé dit : “Il (Moshé) leur dit, j’ai 120 ans aujourd’hui, je ne pourrai plus sortir et venir...” (Devarim 31,2). La caractéristique de la vie, Moshé va la perdre, il n’y a plus de mouvement possible.
Celui qui est en vie sait qu’il peut changer, celui qui ne veut pas changer est déjà mort …

Le mouvement, le changement sont donc nécessaires. Le problème est de savoir comment changer. Peut être que si je change en permanence, je ne serai qu’un fuyard. Je vais fuir ma situation actuelle, pour me réfugier dans le futur. C’est la fuite en avant, mais ce n’est pas ce mouvement que préconise la Torah.
 

Quel est le bon mouvement ?
Si j’ai 2 possibilités d'évoluer devant moi, alors ce qui me semble le plus difficile, c’est probablement le meilleur chemin. En effet, la fuite en avant, c’est facile, je vais dans le sens de mes tendances naturelles. Ce qui est plus compliqué, c’est de me battre contre mes tendances (prédestinées ou que j’ai créées).
Le bon mouvement, ce n’est pas la fuite en avant, le bon mouvement c’est le retour ! La Techouva ! Le retour à l’essentiel ! Ce qui me coûte et qui me demande des efforts ! Le bon mouvement, c’est le va et vient de la vie, comme lorsque Moshé dit :  “je ne pourrai plus sortir et venir ….” (Devarim 31,2).


Le bon mouvement, c’est l’oscillation, le balancier. C’est le mouvement du cœur qui va et vient, le mouvement de la vie. Lorsque je m'éloigne trop d’un côté, je reviens vers l’autre. Si je penche trop à droite, je donne un coup à gauche pour retrouver le juste milieu. Le bon mouvement, c’est l’oscillation perpétuelle.

Pour s’accomplir sur cette terre, la Torah nous dit “il n’est pas bon que l’homme soit seul, Je lui ferai une aide pour lui” (Berechit 2,18). Quand on est seul, le mouvement est plus difficile. Quand je suis seul à décider, je peux me prendre pour D. Lorsque je suis marié, je vais forcément devoir composer avec mon épouse. Lorsque je suis mariée, je vais forcément composer avec mon époux.
Cela crée le mouvement perpétuel. Le fait de ne pas décider seul, me conduit à l'équilibre.


J’en profite pour souhaiter à tous les célibataires de se marier très très bientôt.

Que D. apporte la guérison complète à tous ceux qui en ont besoin.

Qu’à l’instar de ce que nous demandons à Roch Hachana, que nous soyons pour la tête ! Faisons le nécessaire pour agir en fonction de la tête, de la raison ! Faisons le nécessaire pour ne pas tomber dans la facilité de se laisser guider par nos instincts !

Que D. protège toute l’humanité !


Chabbat Chalom,

KETIVA VA’HATIMA TOVA

Chana Tova

Stéphane Haim COHEN

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