Quedochim 5779

"Chaque homme, sa mère et son père, vous craindrez, et vous observerez mes chabbats, Je suis l'Eternel votre D."
(VAYIQRA 19,3)

Cette semaine nous lisons Quedochim.
La paracha présente beaucoup de lois sociales qui régissent les relations de l’homme envers son prochain.

Le verset en entête est utilisé à maintes reprises dans les guemara kidouchine, kritoute, yebamote, baba metsia pour nous en tirer de nombreux enseignements.

Ainsi, la page 31a de Kidouchine, on a : « Qu'est-ce que la crainte ? Ne pas s'asseoir à sa place, ne pas contredire ses paroles, ni confirmer ses dires. »

Avant d'aller plus loin expliquons ce que signifie l'interdit de « confirmer ses dires ». Imaginons Einstein qui donne un cours de physique devant un large public. Si un jeune de 15 ans se lève et dit « il a raison », c'est plus une offense qu'autre chose. En disant, il a raison, il se place au dessus du professeur.
Pour le père, c'est la même chose. En confirmant ses paroles, l'enfant se placera au dessus du père, c'est un manque de respect.

Le Torah Temima fait une synthèse sur ce sujet. Il nous rapporte que Rashi, le Tour, le Cha'h disent qu'il est même interdit de contredire son père même pour un sujet de hala'ha.

Mais le Torah Temima a du mal a accepté cette position. La Torah, c'est la recherche de la vérité, alors pourquoi ne peut-on pas prouver ses paroles, même devant son père ?

D'ailleurs, dans Erouvine 32a, Rabbi dit « ma position semble plus juste que celle de mon père ».
Dans Quidouchine 42a, Rav Na'hman cite les paroles de son Maître Shmouel, et ensuite s'y oppose. Or, le respect dû au maître est au moins aussi important que celui dû au père.
Le Rambam au chapitre 11 des lois de la che'hita, hala'ha 10 nous dit : « mon père compte parmi ceux qui interdisent, et moi je fais partie de ceux qui permettent ».

C'est pourquoi, le Torah Temima explique le sens de l'interdit de contredire son père sur des paroles de Torah.
De la même façon qu'il est interdit de confirmer (au sens expliqué plus haut), car c'est se placer au dessus du père, il est interdit de contredire SANS preuve.
En revanche, exprimer une position contraire, et la justifier par des preuves, c'est avancer vers la vérité, et c'est permis, selon le Torah Temima.

Enfin, comment ne pas s'intéresser à la juxtaposition de la crainte des parents, du chabbat, et du nom de D.
Peut être que la Torah veut nous faire comprendre l'importance de ces 2 commandements. Pour être associé au nom de D., il faut craindre ses parents, les respecter, c'est la base de la reconnaissance. Mais il faut aussi, une autre dimension : il faut garder le chabbat.
C'est peut être cela le secret du bonheur, et de la route qui nous mène vers la vérité : respecter ses parents, et garder le chabbat !


CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN

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Aharé Mot

Pour les Habitants de 'Houts Laarets – commentaire de A'haré mot envoyé l'an passé


"Et Aaron appuiera ses 2 mains sur la tête du bouc vivant. Il confessera sur lui toutes les fautes (Avon) des bné Israel, et tous leurs péchés volontaires (pécha') parmi tous leurs péchés involontaires ('het)…. "
(VAYIQRA 16,21)    

A’haré Mot est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.

Le Torah Temima sur le verset en entête s'intéresse à l'ordre choisi par la Torah pour présenter les différentes fautes.
Il nous explique les 3 types de fautes :
'Het : c'est une faute commise involontairement
Avone : c'est une faute commise volontairement.
Pécha' : c'est une faute commise pour se révolter contre D.

Dans la guemara Yoma 36b, les sages ('ha'hamim) expliquent que l'on doit énoncer ses fautes dans l'ordre suivant :'het, avone, pécha'. Car on commence par les fautes les plus légères (involontaires) pour terminer par les fautes les plus graves (révolte contre D.).

En revanche, Rabbi Méir dit qu'il faut énoncer ses fautes selon l'ordre du verset en entête : Avone, Pécha', 'Het. Pareillement, dans la paracha Ki Tissa, c'est le même ordre qui est utilisé « Nossé Avone, va pécha, vé 'hataa ... ».
Les 'ha'hamim n'ont pas retenu l'ordre de Ki Tissa car selon eux c'est Moshé qui y fait une prière. Moshé demande que les fautes volontaires et les fautes de révolte soient considérées comme des fautes involontaires.
Les 'Ha'hamim s'appuient sur le psaume 106, où David utilise l'ordre 'het, avone, pécha'. De même Chlomo dans Mela'him Alef, ou dans Daniel 9… c'est toujours le même ordre.

Mais alors comment Rabbi Méir expliquera l'ordre de ces versets ? Il expliquera que l'ordre 'het, avone, pécha' vient expliquer la progression du mauvais penchant. Au début, il pousse à faire des fautes par inadvertance, puis les fautes deviendront intentionnelles avant d'évoluer vers des révoltes.

Enfin pourquoi Rabbi Méir ne retient-il pas l'ordre fautes de gravité croissante pour se confesser ?
Il se peut que les fautes involontaires soient les fautes les plus légères en terme de « qualité » de la faute, en revanche, en terme de quantité ce sont les plus nombreuses. Et c'est peut être la raison pour laquelle Rabbi Méir énonce 'het en dernier. Ces fautes sont « plus graves » parce qu'elles sont plus nombreuses.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN