CHELA'H LE'HA 5779

" Et si Tu venais à faire mourir ce peuple comme un seul homme, ils diront, les peuples qui ont entendu ta renommée, en disant : L'Eternel n'a pas pas la capacité d'amener ce peuple vers le pays qu'Il leur a promis, Il les a donc égorgés dans le désert. »

(BEMIDBAR  14,15-16)

La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent avec de terribles nouvelles. Ils médisent sur la Terre d'Israel.

La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.

Mais avant cela Moshé négocie pour que les Bné Israel fassent toujours partie du projet divin.
Moshé intercède auprès de D., on le voit dans les versets en entête. Que penseraient les peuples si D. abandonnait les Bné Israel ? Que D. n'a pas pas la capacité (YeKHoLeTe) de tenir sa promesse.
Le Torah Temima rapporte le Rif - Rabbi Y. Pinto sur le Ein Yaaqov qui explique que tout se passe comme si les fautes commises ici bas diminue l'influence divine. C'est aussi la signification de la dracha dans la guemara Bera'hot (32a). Rabbi Eleazar dit :
« Moshé a dit devant D., Maître du monde, maintenant les nations du monde diront, Sa force a diminué comme celle d'une femme, et Il ne peut pas sauver ».
Le Torah Temima explique que la Torah aurait pu utiliser le mort « YaKhoL » au lieu de (YeKHoLeTe), la capacité. Le fait qu'on ait utilisé ce mot au féminin, c'est ce qui a poussé Rabbi Eleazar à faire sa dracha.

Le Torah Temima s'étonne aussi des paroles de Moshé. Comment ose-t-il dire que D. pourrait « tuer le peuple comme un seul homme » ?
Serait-ce si facile de tuer le peuple comme un seul homme ? On sait bien que sauver une âme, c'est sauver un monde entier !

Le Torah Temima répond en rapportant une discussion dans Yoma 86b. Si un homme faute une fois, on lui pardonne, 2 fois on lui pardonne, 3 fois on ne lui pardonne pas ! Et pourtant un autre enseignement dit que 3 fois, on pardonne, mais 4 fois in ne pardonne pas.
La guemara résout la contradiction apparente en expliquant que 3 fois on ne pardonne pas à un individu, mais on pardonne à une assemblée.

Rashi, à la Paracha Qora'h explique que la faute des explorateurs est la 3è faute du peuple. La 1ère faute c'est le veau d'or, la 2è c'est les mite'onenime (la révolte contre la manne, et pour de la viande!), la 3è c'est les explorateurs.

Quand Moshé dit à D. qu'il pourrait « tuer le peuple comme un seul homme » cela fait référence à la discussion dans Yoma. Si le peuple est tué à la 3è faute, cela signifie qu'il a été jugé comme un seul homme, et pas comme une collectivité.

Chabbat Chalom

Stephane Haim Cohen