'Houqat 5779

 « Le peuple parla contre D. et Moshé. Pourquoi nous avez vous fait monter d'Egypte pour mourir dans le désert ? Car il n'y a ni pain, ni eau, et notre âme est à sa limite avec le pain qui abîme» (BAMIDBAR 21,5).
 
Plus bas un commentaire sur Qora'h, que l'on lit cette semaine en 'houts laarets.

La Paracha  'houqat présente la vache rousse. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort), par une eau qui contient des cendres de la vache rousse qui a été sacrifiée.
Cette paracha est donc bien compliquée puisqu’elle présente des lois sur la pureté et l’impureté.

A la fin de la paracha on trouve une nouvelle révolte. Le verset en entête montre l'ingratitude de ces contestataires. La guemara Avoda Zara 5a présente ce passage.
Rashi explique que les Bné Israel se plaignent de la manne, le pain magique. C'est une nourriture qui ne produit pas de déchet. Au lieu de profiter et d'avoir conscience du miracle, ils se plaignent.
Ils se révoltent contre D. et contre Moshé. C'est de là que l'on apprend que celui qui se révolte  contre son maître, c'est comme s'il se révoltait contre la présence divine.

La guemara avoda zara enchaîne sur un autre exemple d'ingratitude.
Dans Berechit, après la faute originelle, Adam reproche à D. de lui avoir donné sa femme 'Hava. C'est encore l'ingratitude. C'est cracher dans la soupe.

Pourquoi l'ingratitude est-elle si terrible ? Car c'est pire que le refus de dire merci ! X offre un cadeau à Y.
Y peut remercier X.
Y peut aussi se taire. Il oublie le cadeau que l'autre lui a fait, mais il en profite.
Y peut aussi rejeter le cadeau. Il dit ainsi que l'autre est inutile. Y se croit seul au monde. Y détient la vérité. Y ne supporte pas devoir quelque chose, parce qu'il se sentirait inférieur. Y est trop orgueilleux pour cela. Y se considère comme le centre du monde. Il préfère nier les qualités du cadeau pour se conforter dans l'idée qu'il est seul au monde, et qu'il n'a besoin de personne.
C'est en quelque sorte de l'idolâtrie. Celui qui se croit seul monde, se prend pour dieu.

Le serpent, quand il a séduit 'Hava, a joué sur la corde sensible. Il l'a convaincue, qu'en mangeant du fruit interdit, ils pourraient dépasser D. C'est encore la tentation de l'idolâtrie. Le  refus du D. Un

D'ailleurs, dans notre paracha, la punition qui frappe les ingrats, c'est la venue des serpents qui  mordent et qui tuent de nombreuses personnes (bamidbar 21,6).

Tout se passe comme si la Torah dit : vous êtes des ingrats, donc des idolâtres, vous serez punis par le serpent qui vous rappellera la faute originelle, le refus de D., et l'ingratitude de Adam.

Pour arrêter l'épidémie, Moshé doit confectionner un serpent d'airain, et le mettre sur un mat (très haut). Quand les Bné Israel lèveront les yeux vers ce serpent, ils seront guéris.
Peut-être que la Torah veut nous apprendre, qu'il faut savoir lever les yeux. L'ingrat ne regarde que son nombril. Le repenti devra lever les yeux vers le haut. Et comme nous le dit la guemara rosh hashana 29a, ce n'est pas le serpent qui tue ou qui  guérit. Mais quand les Bné Israel lèvent les yeux vers le Ciel, alors ils sont exaucés. Pour se guérir de l'ingratitude, il faut se tourner vers le Ciel, et comprendre que l'on n'est pas seul.
Chabbat Chalom
 
Stéphane Haim COHEN