NITSAVIM 5779 et ROCH HACHANA 5780

Ce sera quand il entendra les paroles de ce serment, il se bénira en son coeur en disant : J'aurai la paix, encore que je suive la passion de mon coeur…
(Devarim 29,18)

« Regarde, j'ai placé devant toi aujourd'hui la vie et le bien, la mort et le mal. [en faisant] Ce que je t'ordonne aujourd'hui d'aimer ton D., d'aller dans Ses voies, de garder Ses commandements, Ses décrets et Ses lois ; tu vivras et tu te multiplieras, et D. te bénira dans le pays où tu te rends pour en prendre possession.  »
(Devarim 30,15-16)


Cette semaine, nous lisons la paracha Nitsavim. Traditionnellement, Nitsavim est lue le chabbat qui précède Roch Hachana.

… Cela tombe bien parce que la paracha commence par les mots« Vous vous tenez debout, vous tous, aujourd'hui devant l'Eternel … »(DEVARIM 29,9)... comme pour un jugement.  En effet, Roch Hachana est le début de l'année, mais ce n'est pas un simple anniversaire, c'est le moment où D. juge toute l'humanité. Nous nous présentons devant le Roi. Certains pour le nouvel an se saoulent pour oublier, pour fuir la réalité. Pour le am israel, c'est l'inverse. Tout est mis en place pour intensifier la prise de conscience indispensable. Au lieu de fuir, je dois me chercher.

A présent, je vais vous raconter une histoire. Celle du Titanic, le célèbre paquebot. L'histoire est vraie. Les détails rapportés sont tels que je les ais lus ou entendus. Mais, si certains éléments ne correspondent pas à la vérité historique (parce que je me suis trompé ou que j'ai rapporté des écrits/paroles erronés), ce n'est pas le plus important. L'essentiel est ce que l'on pourra retirer de cette histoire.

En 1907, la  White Star Line décide de faire construire les 3 plus grands paquebots du monde. Le but est de dépasser les concurrents.
Ainsi, Olympic et Titanic verront le jour (le 3è bateau est prévu pour plus tard).
Le Titanic, c'est un bateau de 269 mètres de long, 28 mètres de large, 52 mètres de hauteur…. C'est un immeuble de 20 étages !
Le Titanic intègre le meilleur de la technologie de l'époque, c'est pourquoi on le qualifie d'insubmersible !
A l'intérieur, c'est un concentré de luxe. Il contient des piscines (c'est une première pour l'époque), des bains turcs, des restaurants haute gastronomie….
Le bateau est séparé en 3 classes. La première classe, comptera pour son voyage inaugural, des personnes immensément fortunées. La 3è classe, ce sont surtout des immigrants irlandais qui partent pour l'Amérique.

Le 10 avril 1912, le Titanic quitte Southampton en Angleterre pour Cherbourg en France. Le 11 avril, il arrive en Irlande à  Queenstown  puis après 2 heures pour embarquer des passagers, il appareille pour New York.

Le 12 avril, le 13 avril, et le 14 avril, le Titanic reçoit plusieurs avis de « glaces » : des iceberg !
Le 14 avril, à 3:40, les veilleurs en haut du mat, aperçoivent un iceberg, ils avertissent la passerelle …. Mais ce sera trop tard, l'iceberg va éventrer le flan du Titanic, malgré la manœuvre d'évitement. A 2:20 du matin, le Titanic aura sombré. Il y aura environ 700 rescapés, et 1500 morts.

Qu'est-ce que l'on apprend de cette histoire ?

D'abord, des armateurs ont voulu construire le plus gros bateau du monde… et leur ambition les a fait chuter. A noter, que l'architecte principal du bateau est mort dans le naufrage. L'homme fait souvent de grands projets….

Le bateau a reçu en 3 jours plusieurs avis de glaces. Moins de 2 heures, avant le choc, on lui a signalé un énorme iceberg sur sa route. Seulement, l'opérateur radio a mis le message de côté. Il ne savait pas que l'iceberg signalé correspondait à la route empruntée par le navire. Il préféra d'abord traiter les messages pour les passagers importants. En effet, la compagnie facturait cher les messages personnels.
Il y avait donc eu plusieurs avertissements. Mais, on se disait : « Chalom yiheyé li », « j'aurai la paix », je m'en sortirai, comme d'habitude.
L'opérateur agit sans se poser de question. C'est le train-train, les habitudes. Tout ira bien.

Lorsque l'iceberg a percuté le navire, très peu de personnes ont remarqué le choc. Chez les 3è classe, on a récupéré des morceaux de glace en guise de ballon pour jouer au football. Lorsque l'ordre d'évacuation a été donné, les passagers ne voulaient pas bouger. Tout le monde croyait à un exercice. Comment imaginer un problème sur ce bateau exceptionnel !
Le mal est déjà là, mais personne ne veut y croire.
Les premiers canots évacués n'étaient pas remplis ! Les passagers ne croyaient pas au naufrage.
« j'aurai la paix », je m'en sortirai, comme d'habitude !
Je crois que je pense, mais je ne pense plus. Je vois ce que je veux voir. C'est souvent ce qui arrive quand on refuse de voir la réalité en face. C'est ce qui arrive, lorsque l'on fuit et que l'on ne veut pas se regarder dans le miroir.

En 1985, lorsque l'épave a été retrouvée, on a remarqué que ce n'est pas trou dans la coque qui a causé le naufrage. L'iceberg n'a pas troué la coque du bateau. L'iceberg a fait sauter les rivets qui fixaient les plaques d'acier. Les rivets (une espèce de clou), et il y en avait 3 millions sur la coque, étaient faits de fer. En principe, comme les plaques, ces rivets devaient être en acier, mais à cause d'un problème de temps, on a commandé des rivets en fer pour sceller la coque. Et ces rivets ont sauté avec le choc.
Encore, une fois, on s'est dit « j'aurai la paix », ce n'est pas grave.

Le loi imposait 16 bateaux de sauvetage pour tout bateau de plus de 10000 tonnes, indépendamment du nombre de passagers. Au bout du compte, il y aura 20 canots, de quoi sauver uniquement 50 % des passagers. Pourquoi ?
On a préféré appliquer la loi stricto sensu, sans réfléchir. On n'imaginait pas un naufrage, pourquoi donc envisager une place par passager dans les canots de sauvetage ?

Depuis la conception, jusqu'à la fin du naufrage, il y a eu des erreurs humaines. On a cru que tout irait bien « j'aurai la paix ». On a préféré ne pas se remettre en question.
Et quand on ne se remet pas question, que se passe-t-il ? C'est le naufrage.
 
Alors on peut accuser la météo. L'hiver 1912 avait été exceptionnellement doux et les iceberg étaient nombreux. On peut dire que c'est la faute à « pas de chance ». Mais si l'on regarde bien, l'essentiel des causes sont humaines. Les problèmes, la plupart du temps, on se les crée tout seul. Alors pour s'en sortir, c'est aussi tout seul. Il faut se bouger, changer sa façon de voir les choses. Il faut penser.

La morale de l'histoire est évidente. Roch Hachana est une opportunité. La paracha que nous allons lire, nous rappelle que nous avons la vie et la mort devant nous (verset en entête).
Nous sommes maîtres de notre destin. Mais pour réussir Roch Hachana en particulier, et notre vie en général, il faut savoir se remettre en question.
On ne peut pas vivre sa vie avec des « j'aurai la paix ».
Celui qui se dit « j'aurai la paix » se met tout seul dans les problèmes. C'est le verset suivant : « D. ne voudra pas lui pardonner ». Tout simplement parce que celui qui ne veut pas réfléchir, celui qui se trouve parfait ne va pas chercher à revenir vers D.
D. ne pardonne pas.
 Il faut savoir se regarder en face, il faut se poser des questions, il faut se remettre en question. C'est cela le retour (la techouva) que nous tenterons de vivre dans les prochains jours.
 

Chabbat Chalom

CHANA TOVA
KETIVA VA’HATIMA TOVA

Stéphane Haim COHEN