Vayechev 5780

« ….Yehouda dit : faites la sortir et qu'elle soit brûlée! »
Berechit (38,24)

La paracha de la semaine nous rapporte le triste épisode de la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.

Yehouda a une grande part de responsabilité dans cette vente. Reuven voulait venir sortir Yossef du puits dans lequel on l’avait jeté. Mais c’est Yehouda qui va proposer de vendre Yossef.

La Torah interrompt l’histoire de la vente de Yossef pour nous raconter celle  de Tamar, là encore le « mauvais rôle » est joué par Yehouda.

Yehouda choisit Tamar pour la marier à son fils ‘Er. Ce dernier se comportait mal aux yeux de D.
D. le fait donc mourir.

Yehouda demande à son fils Onane de se marier avec Tamar (le lévirat = Yiboum = se marier avec la femme du frère décédé si ce dernier n’avait pas d’enfant). Onane se comporte mal aussi.
D. le fait aussi mourir.
Rashi explique que ces deux frères ne voulaient pas avoir d’enfant de Tamar. Ils détruisaient leur semence.

Yehouda demande à Tamar, après la mort de son 2è fils, de rentrer chez elle, et d’attendre que son 3è fils, Chela, grandisse.
En réalité, Yehouda, ne voulait pas donner Tamar à Chela. Il avait peur de perdre son 3è fils.

Voyant que Yehouda avait failli à sa promesse de lui donner Chela, Tamar, va mettre en place un stratagème pour « s’offrir à Yehouda ». Yehouda ira avec Tamar sans savoir que c’est elle.

Lorsque Yehouda apprend que Tamar est enceinte, il voudra qu’on la condamne à mort. Il dit faites la sortir et qu'elle soit brûlée!. La guemara Avoda Zara 36b, nous dit que de ce verset on apprend qu'à l'époque du tribunal de Chem, on condamnait pour avoir eu un rapport interdit avec un idolâtre.

Le Torah Temima rapporte que le Ramban explique les raisons de la sentence fixée par Yehouda. Mais le Torah Temima rapporte aussi l'explication de Rabbi Yehouda 'Hassid.
Il nous dit que la punition prévue pour Tamar était un marquage au fer rouge.
En marquant la face de Tamar, on montrait au monde qu'elle s'était mal comportée.
Le Roch rapporte qu'à son époque, il existe des contrées où l'on punit encore de la sorte les prostituées.
Dans le même esprit, en 1945, on a tondu les cheveux des femmes qui s'étaient trop rapprochées des allemands.


Le Torah Temima explique ce qui a poussé Rabbi Yehouda 'Hassid à choisir une explication peu classique. En effet, si le Torah a dit « qu'ele soit brûlée», le sens propre, celui choisi par le Ramban, est le plus évident.

[Parenthèse : lorsque la Torah énonce des peines de mort, cela montre la gravité de la faute. En effet, la peine est dissuasive. D'ailleurs, à partir du moment où les peines  de mort à prononcer étaient trop nombreuses, les tribunaux ont cessé de condamner à mort]

Le Torah Temima explique qu'à chaque fois que la Torah condamne à mort par le feu, elle écrit « brûlée par le FEU ». Or pour Tamar, il est juste écrit « qu'elle soit brûlée », sans mentionner le feu.
C'est peut être cet élément qui a poussé Rabbi Yehouda 'Hassid à s'éloigner du sens simple.


Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN