VAERA 5780

« Voici, Je ferai pleuvoir à cette heure demain une grêle très forte, comme il n'y en a pas eu de telle en Egypte depuis le jour où elle a été fondée et jusqu'à maintenant »
Chemot (9,18).

La paracha de la semaine expose le début du processus de la libération des Bné Israel d’Egypte.
Ainsi, dans Vaera nous trouvons les sept premières plaies (sur 10) qui ont frappé les Egyptiens, avant la fin de l’esclavage des Bné Israel.

Aujourd'hui, on a commémoré en Israel, les 75 ans de la libération du camp d'extermination de Auschwitz.

Mon fils m'a incité à comparer la situation des juifs en Egypte et celles des juifs dans les camps de concentration.

En Egypte les juifs esclaves se sentaient bien. En effet, l'esclave se lève, il travaille, il mange, puis rentre dormir….
Lorsque l'on naît esclave, on est heureux d'être esclave. C'est une vie réglée. Et parfois, c'est le bonheur : au lieu de ma ration de céréale, on me donne un bout de poisson, c'est magnifique !

En revanche, pendant la Shoah, les juifs ont été arrachés à leur quotidien d'hommes libres pour se retrouver, au mieux, dans des camps de travail. Ils avaient encore l'esprit libre. Et même, s'il est impossible de dire l'indicible, c'est parce qu'ils étaient des hommes libres avant la guerre, qu'ils ont garder en eux l'espoir dans s'en sortir. C'est grâce à cet infime espoir, à ce peu d'humanité, qu'ils ont su garder en eux, que certains ont pu survivre.

En Egypte, les bné israel n'avaient pas d'horizon. Ils étaient donc heureux : ils ne connaissaient rien d'autre.

D'où la nécessité d'un choc psychologique, et d'une transition, pour leur ouvrir des horizons.

La 6è plaie (verset en entête) fait partie comme les 9 autres plaies de ce choc psychologique. Mais, même tous ces miracles n'ont pas suffi. Dans le désert, après la sortie d'Egypte, à plusieurs reprises les Bné Israel se sont révoltés. Ils se souvenaient du bonheur en Egypte.

Avec nos yeux, nous ne comprenons pas le bonheur de l'esclavage d'Egypte. Mais avec leur étroitesse de vue, l'Egypte, c'était le bonheur.

De nos jours, aussi, on connaît la même chose. Prenons l'exemple d'un jeune qui a grandi dans le sud d'Israel, Beer Sheva par exemple. Son père est chauffeur de bus, sa mère cuisinière dans un hôpital. De quoi rêve le fils ? De faire l'armée, puis de voyager, et de revenir pour réussir dans la vie en devenant chauffeur de taxi. Je caricature. Mais, il est indéniable, que je ne peux pas me projeter plus loin que l'horizon que je me suis fabriqué. Et mon environnement conditionne évidemment mon horizon.

L'idéal est d'avoir un horizon infini, un horizon qui ne cesse d'évoluer. Et la seule chose qui peut se rapprocher de l'infini, c'est mon cerveau, si je le fais fonctionner.

Les Bné Israel recevront l'antidote de l'esclavage, 49 jours après la sortie d'Egypte. La Torah, c'est ce qui va permettre de donner au peuple un horizon qui ne cesse de grandir. C'est cela la liberté : grandir en même temps que mon horizon.


CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN