BECHALA’H 5779

 

«Voyez que D. vous a donné le chabbat ...»

Chemot (16,29).


Après la sortie d’Egypte, nous vivons cette semaine la traversée de la Mer des Joncs.

C'est dans la Paracha Bechala'h que Pharaon regrette d'avoir laissé sortir les Bné Israel d'Egypte. Il les poursuit donc avec son armée, jusqu'à la Mer des Joncs. La mer s'ouvre, les Bné Israel passent à pieds secs, les égyptiens les suivent et sont engloutis. Ils chantent la Chira « Az yachir Moshé ».
Parfois les mots ne suffisent pas pour dire les élans du coeur. C'est le chant qui va créer ce lien, cette proximité avec le Roi, que l'on ressent quand on est infiniment reconnaissant.
La fin de la paracha présente la manne qui tombe chaque jour de la semaine, sauf le chabbat (verset en entête).

La semaine dernière, lors de la paracha Bo, nous avons expliqué que l'Egypte a constitué une terre de contre-exemples pour les Bné Israel. En particulier, le rapport au temps a marqué les Bné Israel. Le peuple n'est plus esclave il doit donc devenir Maître du Temps.

Le problème, est qu'être esclave est une nature. Ce n'est pas facile de devenir maître du temps. Et en sortant d'Egypte, le peuple doit commencer son apprentissage pour vivre son temps.
En effet, quoi de plus facile que de quitter un esclavage pour un autre esclavage.

Alors c'est vrai, on n'est plus esclave de pharaon, mais si au devient esclave du travail, de la course à l'argent, c'est mieux ? Suis-je Maître de mon temps si je suis l'esclave de mon travail ?
La paracha de la semaine nous donne les clés pour se sortir de ce piège.
La Manne, la nourriture céleste, c'est le symbole de notre rapport au travail :

1/ Nous devons considérer que notre salaire, c'est D. qui le donne. Je dois comprendre que le travail est un réceptacle de la bénédiction divine. Il faut travailler, c'est nécessaire. Mais c'est juste un moyen. C'est un moyen pour gagner sa vie. C'est un moyen pour apprendre que je dois avoir un comportement éthique avec mon prochain. C'est un moyen d'apprendre que tout n'est pas permis sous prétexte que je veux gagner ma vie.

2/ La manne ne tombe pas le chabbat. Si je ne veux pas devenir esclave je dois fixer un jour où le temps s'arrête : le chabbat.

Grâce au chabbat, je vis sans le temps, sans contraintes. Le chabbat, je peux vivre le présent, je ne cours plus pour amasser de l'argent.
Travailler, c'est sacrifier du temps aujourd'hui pour avoir plus de temps ou d'argent demain. C'est échanger son présent pour son futur. Si je vis pour le travail, alors je suis esclave, je n'ai plus de présent, je n'ai plus qu'un futur.
Le chabbat m'éduque, il m'apprend à vivre le présent. C'est la seul façon de se découvrir, de se réaliser, et donc d'être heureux.

Le chabbat, on dit que cela ressemble au monde futur. Pourquoi ? Pour plein de raisons, mais entre autres, parce qu'on ne travaille pas.
L'humanité se dirige progressivement vers le monde futur et les temps messianiques. En effet, les hommes travaillent de moins en moins.
Sur wikipedia, « temps de travail » on trouve :
À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la durée de la journée de travail d'un ouvrier est de plus de 10 heures dans la plupart des pays industrialisés : les registres indiquent que les cadences peuvent atteindre 12 à 16 heures par jour, souvent six jours par semaine.

En plus à cette époque quelles places occupaient les tâches ménagères ? Combien de temps pour la lessive ? Combien de temps pour préparer du pain ou un repas ? Combien de temps pour rapporter de l'eau ?
Aujourd'hui, si on voit tout le temps gagné, on pourrait croire que le Machia'h est arrivé !

L'humanité se dirige vers des temps où l'on ne travaillera quasiment plus. Les tâches fastidieuses diminuent. La durée de vie s'allonge… Le peuple d'Israel est retourné sur sa terre… Cela sent vraiment les temps messianiques.

Mais que fait-on de tout ce temps gagné ? Avons nous gagné du temps ? Ou sommes nous simplement les esclaves d'un autre maître ?
J'ai quasiment tout à ma disposition pour m'épanouir et faire avancer l'humanité dans la bonne direction. Mais est-ce que je profite de cette opportunité ? Suis-je Maître du temps ou suis-je devenu un esclave ?


CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN