YITRO 5780

«Je suis l'Eternel qui t'a fait sortir d'Egypte, de la maison des esclaves.»
Chemot (20,2).

Cette semaine nous vivons le but de la sortie d’Egypte, le Don de la Torah.

C'est dans la paracha Yitro que tout le peuple va atteindre le niveau de prophète, à tel point que chacun pourra percevoir le message divin.

La paracha nous décrit le don de la Torah. La paracha nous décrit les éclairs, le tonnerre, le monde entier qui tremble parce que la Torah est donnée.
Dans cette paracha, nous allons lire les 10 paroles (les 10 commandements)... Ces 10 paroles sont gravées sur les Tables de la Loi.

Un proche m'a expliqué que le Rav Tsvi Yehouda associe les parachyot 2 par 2.
Chemot-Vaera / Bo-Bechala'h / Yitro-Michpatim.

Suite à ce que j'ai envoyé depuis depuis 2 semaines sur le rapport au temps, cela m'a fait penser à la typologie suivante :

Chemot-Vaera : Le Mal = L'Esclavage. La détresse de celui qui est privé de la maîtrise de son temps.

Bo-Bechala'h : Eloigne toi du mal. Les Bné Israel retrouvent la maîtrise théorique du Temps. Ils ne sont plus esclaves. Mais que faire quand du jour au lendemain on devient un homme libre ? Ne risque-t-on pas de quitter un esclavage pour en trouver un autre ? La course à l'argent, le travail, cela peut devenir l'esclavage !
La Torah nous a donné ainsi le chabbat pour vivre en dehors du temps, pour être maître du temps. C'est le jour où l'on peut vivre au présent. Ainsi, en faisant un arrêt sur image, grâce au chabbat, je peux tenter de devenir moi. Je ne vis ni dans le passé, ni dans le futur. Je ne fuis pas. J'ai peut être une chance de devenir moi. J'ai peut être une chance de me réaliser, de réaliser mon potentiel.

Yitro-Michpatim : Fais le bien. Devenir maître de son temps c'est accepter d'être soumis à La Loi. Je ne suis libre que dans le cadre de la Loi.

Vivre dans La Loi, me permet de vivre au présent. Depuis le moment où je me lève, jusqu'au couché, je peux, si je le veux vivre au présent. Je peux peser mes actions avant de les accomplir. Certains peuvent voir le travail comme une malédiction, comme le reste de l'esclavage, comme la confiscation de mon temps. Mais ce n'est pas cela. La Torah me donne des lois sur la façon de commercer, sur les relations avec les salariés, avec l'employeur. Même en travaillant, je vis au présent.
Vivre au présent, c'est prendre du recul par rapport à mes actes. Les penser. Les peser. Ne pas écouter mes instincts pour décider. Accepter que je ne suis pas le centre du monde. Placer La Loi au dessus de mon moi.

Certains pourraient croire qu'appliquer les lois de la Torah, c'est la prison, et bien non, c'est simplement construire son présent. Certaines religions excellent dans la conquête et la maîtrise de l'espace. Le judaïsme, c'est la maîtrise du temps. La Torah veut faire de nous des bâtisseurs du temps. La Torah nous montre le chemin pour ne pas fuir dans le futur, ni se réfugier dans le passé : la Torah m'aide à me construire au présent.

La Torah me demande de « ressembler » à D. : de la même façon qu'Il est clément, je dois être clément …
Ainsi, en appliquant les Lois de la Torah, je me rapproche de D.
En hébreu le verbe être n'existe pas au présent. On ne dit pas « il est grand », on dit « il grand ». En revanche, on dit «il était grand » au passé, ou « il sera grand » au futur.
Le tétragramme, le nom divin, qui ne se prononce pas selon les lettres qui sont écrites (Y H W ...)  est le mot qui se rapproche du verbe être au présent.
Ainsi, en appliquant les Lois de La Torah, je me rapproche de D., et je me rapproche du présent. Ainsi je serai heureux dans ce monde ci et dans le monde futur.

CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN