Tetsawe 5780 - Za'hor

 

« Et toi, tu ordonneras aux enfants d'Israel, et qu'ils prennent pour toi de l'huile d'olive pure…. »

(Chemot 27,20)
« Souviens-toi de ce que t'as fait Amaleq… » (Devarim 25,17)

La Paracha Tetsawe est la suite logique de la Paracha de la semaine dernière (Terouma). Après avoir expliqué la construction du Michkan, le sanctuaire, la Torah présente le Cohen qui y travaillera. La Torah insiste donc sur les habits du Cohen, et sur les tâches que ce dernier accomplira.

Dans la guemara Mena'hot  86, Rav Shmouel bar Na'hmani interprète le verset en entête. « Pour toi » et pas pour Moi, [D. dit] Je n'ai pas besoin de sa Lumière.

Le Toram Temima rapporte les paroles du Sefer Ha'hinou'h. Ces lumières sont destinées à embellir le sanctuaire. D. n'a pas pas besoin de lumière. C'est uniquement pour ajouter de la splendeur au lieu, pour les bné Israel.

Le Torah Temima continue en expliquant que l'encens contribue aussi à la gloire du lieu aux yeux des bné Israel.
Les gardes autour du Temple, c'est la même idée.

La guemara veut nous faire comprendre qu'en servant D., l'homme va se changer. Ce n'est pas D. qui change. L'homme va se rapprocher de d.

De même la semaine dernière nous avons expliqué que D. a demandé un sanctuaire non pas pour y résider mais pour résider parmi les bné israel. D. n'a pas besoin d'un lieu. C'est l'homme en consacrant son temps à D. et son énergie, qui créera les conditions pour recevoir la présence divine i.e. se rapprocher de D.

La suite du commentaire a déjà été envoyé par le passé.
Nous lirons aussi cette semaine le passage « Za'hor » = souviens toi. En effet, nous devons nous souvenir de ce que nous a fait Amaleq.

Le peuple juif a failli être exterminé par Aman un descendant d'Amaleq à Pourim. Nos maîtres ont donc fixé que nous lirions le passage Za'hor  le chabbat qui précède Pourim. C'est une obligation de la Torah d'écouter ce passage.

Rav Shimshon Rafael Hirsch nous explique les enjeux du commandement de se souvenir de que nous a fait Amaleq.
Il s'intéresse au positionnement de cette mitswa dans la Torah. Les versets qui précèdent Za'hor dans la paracha Ki Tetse interdisent à l'homme de rouler son prochain dans le commerce (en trichant dans les poids et mesures).
La Torah dit « Car c'est une abomination pour l'Eternel ton D. quiconque fait ces choses et agit frauduleusement » (Devarim 25,16).
Et juste après on trouve « Souviens-toi de ce que t'a fait Amaleq… »

Les versets d'avant nous ont présenté les lois pour vivre dans une société idéale. Il faut s'éloigner de toute tromperie envers son prochain. Il ne faut pas profiter de sa position dominante pour écraser l'autre. En effet le commerçant a les moyens de tricher (sur les poids et mesures) sans que l'acheteur ne le sache. Mais la Torah nous dit que le commerçant ne doit pas profiter de sa situation pour rouler l'autre.
La Torah a dessiné dans Ki Tetsé les derniers contours de l'image idéale d'une société, juste avant l'entrée en Terre d'Israel.
Etre juste avec son prochain, être bon, … c'est cela qui mènera au bonheur.
La Torah s'adressera aux Bné Israel en les qualifiant de Yechouron (Devarim 33,26), construit sur la racine YaCHaR = droit. L'objectif est d'être un peuple droit.

La seule force du peuple juif doit se réaliser dans cette dimension : il faut être un exemple de droiture, être bon avec l'autre. Le fort doit faire de la place au faible, et ne doit pas profiter de son statut pour l'écraser.
Amaleq c'est tout le contraire. Il s'en est pris au Bné Israel à la sortie d'Egypte, au moment où, nous dit la Torah  « le peuple était fatigué ».

Amaleq c'est tout le contraire car lui valorise la force, la guerre. Chez Amaleq l'homme idéal est le fort, le guerrier. Chez les Bné Israel, l'homme idéal doit être le juste et le bon. Et avant d'entrer en Israel, le peuple doit se souvenir du contre-exemple que représente Amaleq. En terre d'Israel l'idéal sera un idéal de justice et pas un idéal de force.

Rav Rav Shimshon Rafael Hirsch, à propos d'Amaleq, dans la paracha Bechala'h souligne que nous avons l'obligation d'effacer le souvenir d'Amaleq. Ce n'est pas Amaleq que l'on doit effacer, c'est son souvenir. On aurait pu croire qu'il faut être encore plus guerrier et plus sanguinaire qu'Amaleq pour le combattre. Mais ce n'est pas l'objectif. Le but ultime est de faire oublier le souvenir d'Amaleq, le souvenir d'une société qui valorise la force, la violence, la guerre. Le but est d'instaurer une société de justice et de bonté. C'est ainsi que nous serons les associés de D. pour faire disparaître le souvenir de la société régie par les principes d'Amaleq, la loi du plus fort.

CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN
Pourim Samea'h