Chemini 5780

 
"D. parla à Aaron en disant. Du vin et de la liqueur forte [yayin véché'har], ne bois pas... »
(VAYIQRA 10,7-8)

La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert). On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.
Suite à la mort des enfants de Aaron, D. donne des lois aux Cohanim, afin d'éviter une nouvelle tragédie.
Entre autres, il sera interdit de boire du vin avant de servir au Temple (verset en entête).

La guemara Keritote 13b, nous présente 3 avis de tanaim sur l'interdit du verset en entête.

Tana kama nous explique que de « Yayine VéChé'har », on apprend que le vin interdit à la consommation, pour le Cohen qui va servir, c'est le vin qui est la faculté d'enivrer (pas le jus de raisin).

Rabbi Yehouda nous dit que de « Yayine VéChé'har » on apprend tout est interdit : vins et autres alcools, avant de servir au Temple. Mais, ce n'est pas le même type d'interdit. Pour l'un c'est un simple interdit négatif (lav) pour l'autre il y a une peine de mort qui vient du Ciel.

Rabbi Eleazar dit que de « Yayine VéChé'har », on apprend que c'est le vin qu'il est interdit de consommer comme celui qui s'enivre. Par exemple, celui qui boit du vin (du vrai) puis de l'eau (par exemple), et après du vin, n'aura pas commis l'interdit maximal (peine de mort), car il n'a pas bu comme celui qui s'enivre.

Le Torah Temima s'étonne.
Comment Tana Kama et Rabbi Eleazar ont mis de côté le sens premier du mot « che'har » = alcool, liqueur ?

Le Torah Temima explique que dans Yehezqiel 44, l'ordre conféré aux cohanim est juste de ne pas boire du vin. Et si les autres alcools avaient aussi été interdits, alors, cela aurait été rappelé dans Yehezqiel.
Tana Kama et Rabbi Eleazar ont donc considéré que « Che'har » est ici un qualificatif et non pas un substantif.

Le Torah Temima continue en expliquant que si tout alcool (autre que le vin) avait aussi été interdit, alors, on aurait du aussi interdire la figue « keilite », qui est aliment qui enivre. Et dans un tel cas le verbe boire du verset est inapproprié. Il aurait fallu y ajouter le verbe manger. C'est donc que le verset ne parle que de boisson, et donc l'interdit, c'est le vin consommé tel qu'il enivre.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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