Le’h Le’ha 5784

 « Il [D.] le fit sortir vers l’extérieur [à Avraham] et lui dit : regarde, Je t’en prie les étoiles, si tu peux les compter ; ainsi sera ta descendance »
(Berechit 15,5)

Cette semaine, dans la paracha Le’h Le’ha, nous faisons connaissance avec un homme hors du commun, c’est Avraham, le premier père de notre peuple. Rappelons qu’au début de la paracha, il est nommé Avram.
Avram est marié à Saray. Il quitte la mésopotamie, pour aller à l’Ouest, en terre de Canaan. Dès le début de la paracha, D. avait promis à Avram qu’il ferait de lui un grand peuple.

Plus tard dans la paracha, nous aurons l’alliance des morceaux. D. va promettre à Avram la Terre d’Israel pour sa descendance. Juste avant, lors d’une vision, Avram rappelle qu’il n’a pas d’enfant…. à quoi serviront donc toutes les promesses ?
Mais,  « Il [D.] le fit sortir vers l’extérieur [à Avraham] et lui dit : regarde, Je t’en prie les étoiles, si tu peux les compter ; ainsi sera ta descendance » (Berechit 15,5).

D. promet à Avram une descendance.

Sur le verset en entête Rashi rapporte la guemara Chabbat 156a.

La guemara commente le début du verset : Que veut dire que D. le fit sortir à l’extérieur ? Rav Yehuda dit au nom de Rav : Avram a dit devant D., j’ai regardé dans mon destin (les astres), et je ne suis pas apte à avoir un fils. D. lui a dit : sors de ton destin, il n’y a pas de Mazal (astre) qui commande Israel.

Le Torah Temima explique qu’Avram peut dépasser son destin. D. lui explique que Avram a un destin, mais AvraHam pourra dépasser ce destin. AvraHam ne sera plus le même homme.

D’ailleurs même si Avram aura Yichmael, le fils de la servante, alors qu’il s’appelle encore Avram, plus tard, après le changement de nom (AvraHam), il aura un fils de SaraH qui se nommera Yits’haq.

J’espère comme d’habitude que je ne vais écrire de bêtises, et que je ne vais pas trahir le message de la Torah.

D. demande à Avram de sortir vers l’extérieur au sens propre, pour lui montrer les étoiles. Mais, comme l’a dit la guemara, au sens figuré, D. dit à Avram : “Il n’y a pas de Mazal (astre qui prédestine) pour Israel. Et juste après que fait D., il lui montre les étoiles !

Il n’y a pas d’astres… mais en fait une multitude d’étoiles. Il y a des milliers de critères qui influencent le destin de l’homme. Si ce n’était qu’un seul astre, alors l’homme ne serait qu’une marionnette. Mais en montrant la multitude d’étoiles, on comprend que les facteurs qui influent sur la vie de l’homme sont presque infinis. L’homme est donc libre. Au minimum, il a une grande marge de manoeuvre pour dépasser un destin hypothétique.

En agissant, l’homme utilisera tout ce qui peut l’influencer, tout ce que la nature lui a donné, pour aller dans la direction qu’il souhaite.

L’homme est libre, c’est vrai. L’homme peut changer le cours de l’histoire, c’est vrai. Mais, la paracha nous montre aussi qu’il y a un sens à l’histoire. D. promet à Avraham une descendance. D. promet à la descendance d’Avraham la Terre d’Israel !

De même, le Rambam, dans les Hala’hot (les lois) de la Techouva (repentir) (Chap 7, Hala’ha 5) dit : “Tous les prophètes ont ordonné de faire Techouva. Et Israel ne sera libéré que par la Techouva. Et la Torah a promis qu’au bout du compte Israel fera Techouva et sera immédiatement libéré”.
Il y a donc un sens à l’histoire. Croire en la venue du Machia’h c’est croire que le peuple fera Techouva.

Et pour faire Techouva, j’ai 2 possibilités comme le dit Rabbi Yeochoua (Guemara Sanhédrine 97b) : si le peuple fait Techouva tout seul, c’est bien, sinon D. enverra un roi avec des décrets durs comme Haman, et le peuple fera Techouva.

Nous pouvons donc faire l’histoire. Nous sommes libres de bien nous comporter et de revenir à nos valeurs. Nous pouvons changer le monde : il n’y a pas de destin !

Noa’h 5784

« Fais pour toi une arche en bois de Gofer … »
(Berechit 6,14)

Le verset ci-dessus fait référence à la construction de l’Arche avant le déluge. Noa’h et sa famille survivront. Le reste de l’humanité sera anéanti.

Dans la paracha de la semaine, nous vivons deux épisodes où l’humanité s’est opposée à son Créateur.

A l’époque de Noa’h, l’humanité a fauté et a été complètement détruite par le déluge. A la fin de la paracha, c’est la génération qui a voulu se séparer de son Créateur en érigeant la Tour de Babel.

Pourquoi Noa’h a mis 120 ans pour construire l’Arche ? Quelques mois n’auraient-ils pas suffi ? Pourquoi était-il important que l’humanité voit la construction de l’arche pendant si longtemps ?

Lors de la paracha de la semaine dernière, Berechit, la Torah nous a décrit le jour 1, le jour où D. a créé la lumière.

Alors que pour les autres jours, la Torah utilise des numéros ordinaux : 2è, 3è, 4è, …. pour le premier jour, on le qualifie du jour UN, et pas premier ?

En fait, c’était le jour où D. était seul, la lumière créée ce jour-là ne conviendra pas à l'humanité, il faudra la réduire.

D. a mis de côté cette lumière, et a créé des astres qui n’éblouissent pas comme la lumière initiale.
Peut-être que la lumière symbolise La Vérité. C’était Le jour du D. UN, La Vérité était trop forte et incompatible avec la création du monde. D. était omniprésent, il n’y avait pas de place pour l’homme libre.


Si La Vérité est perçue comme absolue, alors elle s‘impose à moi, l’homme n’est plus libre. D’ailleurs, comme me l’a rappelé un proche, La Vérité s’est opposée à la Création de l’homme. Comment créer un homme qui est rempli de mensonges ? D. a donc dû jeter la vérité à terre pour créer l’homme. Le monde ne pouvait pas exister avec La Vérité absolue. Notre monde est donc celui de la vérité relative…. Et la Vérité renaîtra de la terre. Le but de l’homme est de découvrir La Vérité.

Chacun a sa vérité ! Et souvent, on souhaite l’imposer aux autres, tout simplement parce que l’on croit qu’elle est absolue.
Le but de l’homme sur terre est de tenter de se rapprocher de D. Il doit essayer de s’approcher de la Vérité Absolue, tout en sachant que son enveloppe matérielle sera toujours un filtre. Il pourra tendre vers LA Vérité absolue, mais jamais il ne l’atteindra. Il doit tenter de se rapprocher de D. “D. est Vérité” = “Hachem Elokim Emet” (Jérémie, 10,10)

D. a créé la lumière du jour UN, mais il l’a mise de côté, pour la réserver pour les justes au monde futur ! C’est La Vérité que découvriront les Justes, quand ils ne seront plus de ce monde.
Pour s’approcher de D., la Torah me demande de ressembler à D. De la même façon qu’Il est Clément, je dois l’être, de la même façon qu’Il est miséricordieux, je dois l’être aussi.
D. a créé le monde, et m’a donné pour mission de découvrir La Vérité, de la même façon, si je veux Lui ressembler, je dois faire découvrir aux autres la vérité. Mais je ne dois pas imposer ma vérité, de la même façon que D. n’impose pas La Vérité.

Noa’h a mis 120 ans pour construire l’arche afin de donner à l’humanité la possibilité de se poser des questions (Rashi sur le verset en entête). Ce temps devait permettre aux hommes de se débrouiller pour découvrir la Vérité, pour retrouver le chemin vers D.
Noa’h, ni personne ne pouvait imposer la Vérité aux mondes. Les hommes devaient se poser des questions et découvrir la vérité...


La Torah me montre le chemin : Je ne dois pas imposer ma vérité aux autres, je dois simplement suggérer ou donner envie à l’autre de se diriger vers la vérité.


Alors soyons bien clair : ce n’est pas parce que je ne veux pas imposer ma vérité aux  autres que je dois me laisser écraser. Si une pourriture veut m’imposer sa vérité par la force alors j’ai l’obligation de me battre. Et je le ferai le coeur joyeux pour écraser la pourriture qui ose tuer au nom de la vérité ! Et au bout du compte, très bientôt, ce sont les forces de la lumière qui gagneront !

Berechit 5784

 « La femme vit que l’arbre était bon en nourriture, et qu’il était attrayant pour les yeux, que l’arbre était précieux pour l’intelligence, elle prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi à son mari avec elle et il en mangea  »
(Berechit 3,6)

Besimanana Tava

 

Nous commençons cette semaine le Livre de Béréchit, le premier livre de la Torah. Avant de commencer la paracha, nous dirons “Besimana Tava” = Siman Tov ! Ce sera un bon signe !
Et pourtant, nous avons vécu une semaine éprouvante ! Notre peuple a souffert ! Les sauvages ont tué ! Les serpents ont répandu leur venin ! Ils termineront comme le serpent, ils mangeront la poussière !

 

C’est terrible, nous avons du mal à compter les morts …Mais ce n’est pas le moment de baisser la tête. Notre peuple a souffert. 2000 ans d’exil, jetés d’un pays à l’autre… et pourtant, nous sommes encore là, 2000 ans après avoir été exilés. C’est le plus grand miracle ! Les plus grandes civilisations ont disparu : les égyptiens, les romains, les grecs ne sont plus… Et nous, petit peuple juif, nous sommes encore là … et pour l’éternité !

Alors c’est vrai, nous avons des mitswot à faire : il faut consoler les endeuillés, il faut aider ceux qui souffrent, il faut aider les soldats, il faut prier !

Mais ce n’est pas le moment de pleurer ! Il faut agir, relever la tête ! Ils ont cru nous atteindre, et bien maintenant nos forces sont décuplées, ils mangeront la poussière !

Maintenant, le temps n’est pas à la peine ou au stress. Maintenant, il faut agir, chacun à son niveau !

Il faut décider de vivre, et donc d’avoir la vie la plus normale possible ! Regarder les infos en continu est hautement toxique ! C’est anxiogène. Passer la journée à visionner des vidéos ne sert à rien !
Les infos, 1 ou 2 fois par jour, cela suffit largement ! Bannir les vidéos sur le portable  c’est essentiel. Les groupes d’infos … les watsapp, les réactions, les interventions… Tout cela va créer des malades ! Il faut faire attention à la santé de tous, depuis les enfants, jusqu’à nos anciens. Il faut sortir, se changer les idées, et ne pas vivre au rythme des infos. C’est notre rôle d’aider ceux de notre peuple qui sentent obligés de suivre les infos en permanence !

On peut exister sans les infos, nous n’avons pas à culpabiliser si on se déconnecte ! Nous devons être convaincus que nous allons gagner ! D. va continuer à protéger Son peuple ! D. va protéger nos soldats ! Les pourris croyaient que la division nous rongerait ! Maintenant, c’est tout le peuple qui est uni ! Les serpents vont manger la poussière ! Même si maintenant, ils se cachent sous terre, demain ils mangeront la poussière ! D. nous protège ! Le peuple d’Israel n’a pas peur !

Le verset en entête traite de la faute de Adam et ‘Hava.

En fait, avant la faute nous étions dans un monde dual : vérité / mensonge. Tout était clair. L’accès à la vérité était aisé. Grâce au cerveau, grâce à l’intelligence, on pouvait atteindre La Vérité.
Avec, le serpent et son action sur la femme, nous sommes entrés dans un autre registre. Désormais, nous sommes dans le beau, le bon, l'agréable, les envies (verset en entête). La Vérité est beaucoup plus difficile d’accès, puisque ce n’est plus l’intelligence qui commande. Notre vision est brouillée par les ressentis, les tentations, les sentiments, l’irrationnel. La femme est tombée dans le piège du serpent.

Nous faisons ce que nous avons envie, ce qui est agréable, et nous pensons que c’est bien. L’agréable n’est pas synonyme de bien !

Parfois même pour servir D., on va préférer l’agréable au bien. Les petits arrangements avec soi-même, on les connaît. Pour lutter contre ce mauvais penchant, il faut savoir se “faire un rav’ qui tentera de nous ouvrir les yeux… Quand nous privilégions ce qui est agréable aux yeux au détriment de ce qui est bien.

Soukot 5784

« Dans les cabanes [soukot] vous résiderez 7 jours … »
(Vayiqra 23,42)


Le grand rendez-vous est derrière nous. Les compteurs ont été remis à zéro. Kippour est fini. La proximité avec le Roi des 10 jours de Techouva est aussi passée.

Mais comme D. nous aime, Il nous donne une semaine de plus. Nous pourrons nous rapprocher une semaine de plus de D. en vivant dans la cabane.

Alors, c’est vrai, le repentir, les prières nous ont peut-être permis de nous élever. Le jour du jeûne de Yom Kippour, nous ressemblions à des anges. Sans manger, sans boire, dire les louanges de D., se repentir, … tout cela contribue à oublier la matérialité, et nous rapproche du spirituel. Nous avons donc vécu une expérience spirituelle exceptionnelle !

Mais on ne peut pas s’approcher de D. uniquement en se séparant du matériel. A soukot, nous allons comprendre que manger permet aussi de se rapprocher de D.

En mangeant dans la souka, j’accomplis une mitswa, et par conséquent, je me rapproche de D.

En dormant dans la souka, sans être conscient puisque je dors, j'accomplis une mitswa.

La Torah m’apprend que je peux même satisfaire mes besoins les plus élémentaires comme manger ou dormir, et par la même occasion réaliser une mitswa.
La Torah m’apprend ainsi à rechercher le but de toutes mes actions pas seulement à soukot, mais pendant l’année qui va suivre aussi !

En cherchant un but à mes actions, ou plutôt en agissant pour atteindre mon ou mes buts, je me transforme… et je me dirige vers le bonheur.

En caricaturant si je mange pour manger je ne suis qu’un animal, qui agit sans penser. Si je vis pour manger, je suis un homme condamné, car mon objectif n’est pas à la hauteur de ma condition d’homme. Mais si je mange pour vivre, ou pour accomplir une mitswa, alors je grandis. J’ai transformé un acte purement matériel en un tremplin pour atteindre mes objectifs spirituels … et cela contribue à mon épanouissement.
La Torah nous montre le chemin, avant de clôturer les fêtes de Tichri, pour comprendre que je dois penser toutes mes actions afin de les replacer dans leurs contextes : mes actes, toute au long de l’année à venir, même mes actes les plus matériels, seront des moyens pour me réaliser. Je devrai tout faire pour ne pas agir comme une machine, mais je devrai penser mes actions.

Lorsque je dormirai, je dormirai pour prendre des forces et atteindre mes objectifs. Lorsque je répéterai pour la 101è fois à mes enfants d’aller se coucher plus tôt, je ferai la mitswa d’éduquer mes enfants. Lorsque je repasserai mes chemises, je le ferai en l’honneur de chabbat ! Lorsque j’achèterai un poulet, je le ferai en l’honneur de chabbat, et le lendemain, si je trouve un plus beau poulet, j’achèterai le nouveau poulet pour chabbat, et le précédent, je le mangerai dans la semaine ! Lorsque j’irai travailler, je m’y rendrai le coeur joyeux car j’irai sanctifier le nom de D. en étant un commerçant exemplaire qui se comporte avec ses clients comme il aimerait que les autres se comportent avec lui !

Les fêtes de Tichri nous invitent à comprendre que durant l’année, nous devrons agir, après avoir clarifié l’objectif qui doit nous inspirer, et nous mettrons en adéquation, en permanence, nos actes avec nos objectifs.

Lorsque l’on a un but, on est forcément beaucoup plus accompli.

Les fêtes de Tichri se terminent par Sim’hat Torah, la joie ultime … et c’est là que la démonstration que j’ai voulu faire pourrait battre de l’aile.

Aazinou 5784 et Yom Kippour

« Le Rocher [le Créateur] parfaite est Son œuvre, car toutes Ses voies sont jugement, un D. fidèle et sans iniquité, Il est juste et droit.»
(DEVARIM 32,4)

 

Ce chabbat, c’est chabbat Chouva, en référence à la haftara qu’on lira. Ce chabbat, entre Roch Hachana et Yom Kippour est donc une invitation au retour aux fondamentaux, au retour aux valeurs de la Torah.
Comme d’habitude, tout ce que j’écris, c’est pour moi, ce n’est pas une leçon que je donne au lecteur. J’écris pour mes proches et pour moi.
La paracha Aazinou, que nous lirons Chabbat est un chant dans lequel Moshé prend le ciel et la terre à témoin. On y lira le verset en entête, qu’on ne peut pas ne pas mettre en parallèle avec Yom Kippour.

A Roch Hachana, c’est le début du jugement ; à Yom Kippour, le jugement sera scellé (Guemara Roch Hachana 16a).

Nous allons nous présenter devant D. On le qualifie de “Bo’hen Levavot” dans le chant Adon HaSeli’hot. Cela veut dire que D. scrute les coeurs. Bo’HeN = scruter, contrôler, c’est de la même famille que miV’HaN (un contrôle), ou Bo’HaN.


Pour une voiture, le contrôle technique est effectué chaque année. Il faut vérifier si elle a les moyens de continuer à remplir sa fonction pendant un an. Même si la voiture n’a pas de volonté propre, je dois malgré tout la contrôler.

Un enfant, qui va à l’école, et dont l’éducation est sous-traitée à un professeur, je dois le contrôler. Si je ne vérifie pas les devoirs, et la progression de l’enfant, alors clairement j’irai droit dans le mur. Si je n’ouvre pas son cahier de correspondance… il pourra facilement me dire que tout va bien, qu’il n’y a pas de devoirs, …
Contrôler l’enfant montre que l’on est soucieux de son développement. Et l’enfant, au fond de lui, sera heureux d’être important pour ses parents.


L’institution en qui j’ai confiance, et à qui je remets mon enfant pour réaliser son éducation scolaire, doit être contrôlée. Ce n’est pas parce que je paie des frais de scolarités, ou que les professeurs ont de belles barbes, ou que la sélection à l’entrée est sévère, que je dois signer un chèque en blanc.
Je dois contrôler dans la mesure de mes possibilités si l’institution est efficace, et D. préserve qu’elle ne crée pas de dégâts !
J’ai donné une mission, et des moyens à une institution scolaire, je me dois donc de vérifier que la mission est atteinte.


Lorsque que je confie à un architecte ou à un entrepreneur de travaux la mission de me construire un immeuble, je dois forcément le contrôler. Si je ne le fais pas je serai déçu :

  • formalités administratives déficientes
  • délais non respectés
  • problèmes que je découvre trop tard...
     

Cela fait partie de la vie ! il faut contrôler ! Même si tous les acteurs sont de bonne foi, il faut contrôler ! C’est la condition nécessaire au succès de l’opération.


Lorsqu’une société commerciale grandit et que les propriétaires sous-traitent la gestion de la société, on peut assister à ce que l’on nomme en finance un conflit d’agence. Les actionnaires ne participent pas à la gestion de la société, et veulent maximiser leur patrimoine. Ils ont confié la mission à des dirigeants, qui n’ont pas les mêmes intérêts.
Pour caricaturer, l’actionnaire veut plus de bénéfices, et le dirigeant veut profiter des bénéfices dont il est à l’origine. Le dirigeant pourra donc expliquer qu’il est important pour la réputation de l’entreprise que ses dirigeants roulent en Porsche 4x4 !
L’actionnaire a nommé un dirigeant. Il lui a donné une mission et des moyens. L’actionnaire doit donc forcément contrôler que le dirigeant se conforme à la mission qui lui a été assignée. Encore une fois, même si le dirigeant est de bonne foi, il peut se tromper. Ses intérêts personnels peuvent l’aveugler !


Lorsque nous fêtons Pessa’h, la première fête du calendrier dans la Torah, nous revivons la sortie d’Egypte. D. nous a fait sortir de l’Egypte. Et nous Le remercions chaque jour de nous avoir fait sortir d’Egypte. Il nous a donné la vie physique en nous faisant sortir d’Egypte

La seconde fête de Torah, c’est Chavouot. D. a fait de nous un peuple en nous donnant la Torah. C’est l’ordre de mission que nous avons accepté.

Nous avons donc des moyens (physiques) et une mission, l’application de la Torah.
Il faut donc contrôler. C’est la nature. Si on ne contrôle pas on ne peut pas avancer.

Après chavouot, on trouve donc  les rencontres du 7è mois de la Torah. Roch Hachana et Yom Kippour sont le contrôle nécessaire au succès de la mission.

Roch Hachana 5784

Vendredi soir nous commencerons l’année 5784. C’est Roch Hachana=La tête de l’année.


En rentrant de la synagogue, nous commencerons le repas par le “Seder de Roch Hachana”. Nous mangerons des aliments dont le nom, ou les propriétés sont associés à une prière sur la nouvelle année qui commence. Ce sont les simanim (signes).

Exemple, pour la datte, TAMAR, nous dirons :
Qu’il soit ta volonté Eternel notre D. et D. de nos pères, qu’il y ait une fin [chéyiTAMOU] à nos ennemis, ceux qui nous haïssent et tous ceux qui nous veulent du mal.
TAMAR nous fait penser à chéyiTAMOU = qu’il y ait une FIN.

Exemple, pour la pomme trempée dans le miel :
Qu’il soit ta volonté Eternel notre D. et D. de nos pères, que nous ayons une nouvelle année bonne et douce comme le miel.
Cette fois-ci, on goûte un aliment doux qui fera penser à la douce année.

Et ainsi de suite pour les autres signes.


Comment fonctionnent les simanim ? Est-ce de la magie ? En mangeant un petit bout de pomme, et en récitant une prière, vais-je vraiment intervenir sur mon sort durant cette année qui commence ?

Alors, comme je l’ai déjà rappelé, le Rav a cité Rav Yossef Albo qui explique que l’homme qui prie se transforme. Avant la prière et après la prière ce n’est plus le même homme, et c’est pour cela que le jugement divin peut changer.
En choisissant cette explication, on assimile le seder des simanim avec une simple prière. Or, les Maîtres du Talmud qui ont introduit les simanim (Guemara Kritout et Horayot) n’ont pas introduit une prière… ils ont dit :


“ Abayé dit : Maintenant qu’on sait que les simanim (les signes) ont un impact, un homme devra toujours voir à Roch Hachana : de la courge, des haricots, des poireaux, des epinards, des dattes” (Guemara Horayot 12a).

Notons que la guemara Kritout 5b dit quasiment la même chose, à la différence près qu’il y est enseigné “un homme devra toujours manger [au lieu de voir] à Roch Hachana ….” Le Tour a repris le langage de “manger”.

On a pris l’habitude d’ajouter une prière “Yehi Ratson”, dont la guemara ne parle pas. Le Meiri explique que c’est pour éviter de croire bêtement, que les simanim sont de la magie ! Le Meiri précise que ces Yehi Ratson doivent nous rappeler la solennité du jour, le jugement qui a lieu et l’importance d’exterminer nos ennemis qui sont en nous : les fautes commises.

Insistons :  lorsque l’on souhaite la fin de nos ennemis, il faut penser à notre plus grand ennemi, notre mauvais penchant. En effet, commencer l’année en étant persuadé que la source de mes problèmes se situe chez mes ennemis est complètement contre-productif. C’est juste un moyen pour éviter de me remettre en question. En revanche, en pensant à l’ennemi de l’intérieur, ma tendance à m’égarer, alors j’ai une chance de progresser, et de commencer l’année du bon pied.

Alors, comment comprendre le fonctionnement des simanim ?

Voici une histoire qui va peut-être nous éclairer sur les simanim (j’espère que je ne raconte pas de bêtises !).

C’est l’histoire de Lévi SYBEL, qui n’est pas lévi, car Lévi, c’est juste son prénom. Son nom c’est SYBEL. Lévi Sybel, aime étudier le matin sur son balcon avant d’aller prier. Au mois de juin, lorsqu’il arrive sur son balcon, il fait déjà jour dehors, tout va bien. Il commence son étude à 6:00, et il fait déjà grand jour dehors. Mais, lorsque le mois de septembre arrive, Lévi doit forcément allumer la lumière sur son balcon afin de pouvoir voir quelque chose et étudier convenablement.
Vers 6:50, Lévi ferme son livre et part à la synagogue pour prier. Il fait déjà jour. Et comme il fait jour, il ne réalise pas que la lumière du balcon est allumée, alors il part à la synagogue, sans éteindre la lumière… Ce n’est que le soir, à son retour du travail, qu’il remarquera qu’il a laissé la lumière allumée toute la journée. Lévi se promet donc de faire plus attention le lendemain, mais rebelotte… il oublie encore d’éteindre la lumière. C’est vrai qu’il a une circonstance atténuante. En plein jour, on ne remarque pas que la lumière est allumée !

Au bout d’une semaine, Lévi a une idée. Près de l’interrupteur qui commande la lumière du balcon, se trouve une table. En allumant la lumière chaque matin, il décide donc de poser ses clés de maison sur la table. Ainsi, en partant à la synagogue, il prendra ses clés, et cela lui fera penser à éteindre la lumière !
Et, comme par magie, cela fonctionne. La semaine suivante, Lévi n’a pas oublié une seule fois d’éteindre la lumière… jusqu’au jour où Levi a oublié de poser ses clés sur la table près de l’interrupteur ! Mais ce jour-là… miracle ! C’est un miracle ! Lévi, sans avoir posé les clés sur la table, il n’oublie pas d’éteindre la lumière.

Explication :

Nitsavim 5783

« Vous êtes debouts aujourd'hui, vous tous, devant D.: vos chefs [pour] vos tribus, vos anciens, vos policiers, tout homme d'Israël ; vos enfants, vos femmes et l'étranger qui est dans tes camps, depuis le fendeur de bois jusqu'au puiseur d'eau ; afin d'entrer dans l'alliance de l'Éternel, ton Dieu, et dans son serment, qu’il établit avec toi en ce jour. Afin de t’établir aujourd’hui pour Lui comme un peuple...»
(DEVARIM 29, 9-12)

Cette semaine, nous lisons la paracha Nitsavim et la paracha Vayele'h. Traditionnellement, Nitsavim est toujours lue le chabbat qui précède Roch Hachana.

… Cela tombe bien parce que la paracha commence par les mots « Vous vous tenez debout, vous tous, aujourd'hui devant l'Eternel … »(DEVARIM 29,9)... comme pour un jugement.  En effet, Roch Hachana est le début de l'année, mais ce n'est pas un simple anniversaire, c'est le moment où D. juge toute l'humanité.

Rachi, sur le début de la paracha nous fait une remarque : Les personnes sont énumérées par ordre d’importance. Et on le voit bien : les chefs de tribus, les anciens, les policiers, tout homme, les enfants, les femmes, ….
Pourquoi Rashi a-t-il besoin de préciser ce qui est visible à l’oeil nu? Nous avons bien compris : la paracha a nommé en premier les personnes qui occupent les fonctions les plus importantes !

Le Kli Yaqar demande : pourquoi lors de ce rassemblement spécifiquement Moshé a-t-il choisi cette disposition ? (les plus importants en premier).
Le Kli Yaqar explique, comme on le lit dans les premiers versets de la paracha (versets en entête), que Moshé a voulu conclure une nouvelle alliance avec le peuple. La première alliance s’est conclue par le veau d’or, c’était donc un échec, il faut maintenant conclure une nouvelle alliance.

Le but est de “t’établir aujourd’hui pour Lui comme un peuple” (Devarim 29,12). Comment se forme un peuple ? Le Kli Yaqar explique que dans un peuple chacun est garant de son prochain. Le peuple est solidaire. Si un juif souffre en Russie, son frère juif qui vit en France aura mal avec lui et tentera de l’aider. Lorsqu’un homme a faim et que son prochain subvient à ses besoins, indépendamment de la couleur de son manteau, ou de sa kippa, alors cela prouve que le peuple existe.

Moshé veut que chacun soit solidaire de son prochain, et même plus, chacun est garant de son prochain. Si X agit mal, c’est tout le peuple qui risque de trinquer.

Le Kli Yaqar compare la situation avec celle d’un emprunteur, qui a un garant. Lorsque X emprunte de l’argent, et que Y est garant, Y va tout faire pour ne pas avoir à rembourser la dette de X.

Y sait qu’en dernier ressort, c’est lui qui devra payer. Y garde donc un oeil sur X. Si X dilapide ses biens, Y va intervenir pour tenter de remettre X dans le droit chemin. Y ne peut pas rester indifférent.

Au sein du peuple de garants, c’est la même chose. Lorsqu’un juif se comporte mal, je souffre de le voir se dévoyer, mais en plus, je suis responsable, je risque de payer pour lui,... je dois donc intervenir par amour de mon prochain, et lui montrer qu’il se trompe. Tout mais pas l’indifférence…  Tout mais pas le peuple qui meurt… Car l’indifférence, c’est la fin du peuple.

Le Kli Yaqar explique donc que les grands du peuples sont nommés en premier car ils sont encore plus responsables que les gens simples. Plus une personne occupe une place importante dans la société, plus sa capacité d’influencer est grande. Les dirigeants doivent montrer l’exemple et remettre le peuple dans le droit chemin, lorsqu’il s’en écarte. Le Kli Yaqar explique que parfois le dirigeant paiera même pour des fautes que les gens commettent en secret.

Ki Tavo 5783

« D. t’enverra, toi et le roi que tu t’es donné, chez un peuple que tu ne connais pas, ni toi ni tes pères ; là bas tu serviras des dieux étrangers du bois et de la pierre»
(DEVARIM 28,36)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tavo. Nous avançons dans le mois d’Eloul et nous nous rapprochons de Roch Hachana.
Cette longue paracha comporte des bénédictions, mais aussi et surtout 98 malédictions terribles. Cela remet les idées en place avant le jugement à Roch Hachana.

Le verset en entête est en quelque sorte une annonce de l’exil à venir. Les Bné Israel ne sont pas encore entrés en Israel, que la Torah leur annonce qu’ils partiront en exil, chez des nations qu’ils ne connaissent pas…

Même si nous avons commencé à revenir sur notre terre, l’exil n’est pas encore fini. Une bonne partie du peuple vit encore en dehors d’Israel. Et pour ceux qui vivent en Israel, les souffrances, la discorde sont des éléments qui montrent que nous attendons toujours la délivrance finale.
Nous sommes actuellement dans le mois des Seli’hot, nous multiplions les prières. A partir de Roch Hachana, et jusqu’à Sim’hat Torah, en passant évidemment par Yom Kippour, nous allons encore plus prier. La Prière est un élément essentiel du travail à réaliser en cette période.


Alors, faut-il prier pour la délivrance finale ?

Il est clair que prier est risqué. On peut rapidement considérer que l’on est devant un distributeur de canettes et qu’il suffit d’appuyer sur un bouton, de mettre une pièce pour obtenir sa boisson. Il suffirait de demander, d’insister, pour recevoir. On va demander la santé, l’argent, les enfants, …. tout ce qui semble constituer le bonheur terrestre. Mais si je prie pour moi uniquement, qui suis-je ? Est-ce que je m’améliore lorsque je demande à D. de combler mes besoins ?
Alors évidemment, il faut prier pour le peuple d’Israel, pour l’humanité ! Je fais partie d’un ensemble, en ne priant que pour moi … je développe mon égoïsme. Je dois donc comprendre qu’il faut prier aussi pour l’ensemble du peuple.
Prier pour la délivrance semble aussi important : cela prouve que je me considère comme un élément de l’ensemble, et que je veux agir et progresser dans la bonne direction. Dans le Kadich, plusieurs fois par jours nous demandons à voir les bourgeons de la délivrance, et la venue du Machia’h.

A propos des prières sur la délivrance, voici une histoire que j’ai eu la chance d’étudier cette semaine avec un ami dans la guemara Bera’hot 3a. Elle est accompagnée du commentaire que l’on trouve dans le Ein Yaaqov de Rabbi Yaaqov Ibn ‘Habib (je l’ai lu dans l’édition Sotenschtein).

Rabbi Yossi dit :
“Une fois je suis allé en chemin, et je suis entré dans une des ruines de Jerusalem pour prier.”
Commentaire de Rabbi Yaaqov Ibn ‘Habib : J’ai prié pour la construction du prochain Temple.

Eliahou Hanavi est venu vers moi.
Commentaire : De par ma prière intense, ma concentration j’ai eu le mérite de voir Eliahou Hanavi. C’est comme une prophétie.

Eliahou Hanavi a dit : Pourquoi es tu entré dans cette ruine ?
Commentaire : pourquoi t’es-tu mis dans cet état ? peut-être que tu te révoltes contre le comportement de D., l’exil, et la délivrance ?

Rabbi Yossi répond : j’ai juste prié
Commentaire : pour la délivrance à venir, pour hâter la délivrance.

Eliahou Hanavi a dit : tu aurais dû prier en chemin, et ne pas entrer dans cette ruine.
Commentaire : au lieu de prier pour la délivrance finale, tu aurais dû prier pour le chemin qui mène à la délivrance. Prie déjà pour que l’exil se passe bien, pour que les bné Israel traverse en paix cette épreuve de l’Exil. Ne te focalise pas trop sur la délivrance future.

Rabbi Yossi : J’ai eu peur de ceux qui traversent le chemin
Commentaire : J’ai craint que les Bné Israel ne survivent pas à l’exil, et donc j’ai préféré prier pour hâter la délivrance finale.

Eliahou Hanavi a dit : tu aurais dû faire une petite prière.
Commentaire : il ne faut pas s'appesantir sur les prières sur l’exil ou sur la délivrance finale. Ce doit être court.

En résumé, on comprend donc que l’on ne doit pas trop approfondir le sujet. Il est inutile de centrer sa vie sur les temps messianiques. En revanche, on doit s’intéresser à la vie d’aujourd’hui, et prier pour surmonter les épreuves. Enfin ces prières doivent être courtes.
Celui qui centre sa vie sur le futur, sur la délivrance à venir ou le Machia’h, passe à côté de son présent.

Prier c’est bien, mais il faut aussi agir !

Ki Tetse 5783

« Les pères ne mourront pas à cause des enfants, et les enfants ne mourront pas à cause des parents, chacun mourra par sa [propre] faute»
(DEVARIM 24,16)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tetse, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel. De nombreuses lois sociales sont rappelées dans notre paracha.

Rashi, sur le verset en entête, explique que les parents ne mourront pas à cause du témoignage des enfants. En effet, il rapporte la dracha que l’on trouve dans la guemara Sanhédrine 27b :
Si c’est pour nous dire que les enfants n’ont pas à payer pour la faute des parents, et inversement, cela on le sait déjà! La fin du verset nous dit : “chacun mourra pas sa faute”. Alors forcément, le début du verset nous apprend autre chose : un fils ne témoignera pas contre son père, et inversement.

En tout état de cause, le verset en entête traite aussi de la responsabilité individuelle : on ne peut pas payer pour les fautes d’un autre.
Le Rav Zacks zal, dans Sig VeSia’h, relève ce verset, et le met en regard d’un autre verset de la Torah, qui semble dire le contraire.
Dans la paracha Ki Tissa, on lit que D. “compte les fautes des parents sur les enfants, les petits enfants, la troisième et la quatrième (génération).” Chemot 34 ,7

Il y a donc une contradiction évidente : la Torah veut-elle que l’on paie pour les fautes de ses parents ? ou bien c’est chacun son compte?

Le Rav Zacks explique que l’on peut tenter de lever la contradiction apparente en précisant que le verset de Chemot parle de la justice Divine : D. qui sait tout, compte les fautes des parents sur les enfants. En revanche, pour la justice des hommes, c’est chacun pour sa peau.

Mais cette réponse est difficilement audible : est-ce juste que les enfants paient pour les fautes des parents ? Le Rav Zacks explique ainsi que nos sages ont souligné le caractère essentiel de la responsabilité individuelle: on ne peut pas payer pour les fautes de ses parents. C’est pourquoi ‘Hazal (nos sages) disent que les enfants paient pour les fautes des parents, s’ils continuent dans la même voie que leurs parents.
On peut même aller plus loin, comme le Rambam et expliquer que tout celui qui a la possibilité de s’opposer à un fauteur et qu’il ne le fait pas, alors il paiera avec le coupable. Pour les enfants, on peut envisager la même chose : s’ils ont la possibilité de s’opposer aux fautes de leurs parents, et qu’ils ne le font pas ils sont responsables.

Déjà pendant la révolte de Qora’h, Moshé avait dit : “un homme faute, et c’est sur toute l’assemblée que Tu te mets colère ?” Bamidbar 16,20.

La Torah privilégie donc la responsabilité individuelle à la responsabilité collective.

Le Rav Zacks explique que la responsabilité individuelle présente deux facettes :

  • Pénalement, c’est chacun pour sa peau
  • Moralement, nous sommes responsables de nos frères au sens large.

Cette responsabilité individuelle morale est bien plus difficile à définir et à mettre en oeuvre. Mais, de toute façon, la Torah veut que je sois attentif à la santé spirituelle de mon prochain. Le Rambam écrit dans le Sefer Hamitswot (Assé, 205) : “On ne peut pas dire, du moment que Je ne faute, si l’autre faute, c’est entre lui et D.! c’est le contraire de la Torah”.

Chofetim 5783

« Des juges et des policiers tu placeras pour toi dans toutes tes portes… »
(DEVARIM 16,18)

Nous entrons ce soir dans le mois de Eloul. C’est le mois qui va nous conduire à Roch Hachana, le jour du jugement.
Cette semaine, nous lisons la Paracha Chofetim, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.
Littéralement le verset en entête fait référence au pouvoir judiciaire à mettre en place lorsque l’on entrera en terre d’Israel. Il faudra des juges pour juger et des policiers pour faire respecter la justice. Comme le précise Rashi sur le premier verset, les policiers auront un pouvoir de coercition pour faire respecter les décisions de justice.
Toutefois, on peut aussi lire le début de paracha comme une invitation au retour aux sources.

La première fête présentée dans la Torah, c’est Pessa’h, qui forme avec Chavouot, l’objectif : il faut trouver la liberté et la proximité avec D. L’étude de la Torah et la pratique des mitswot sont la feuille de route pour tenter de s’approcher de D.

A Pessa’h et à Chavouot, nous sommes donc plein d’entrain en découvrant le programme, l’idéal.

Le problème, c’est que l’idéal ne reste souvent qu’un idéal. Et même si on a tenté de s’en approcher, est-on vraiment sûr d’être dans la bonne direction.

Si l’on donne une mission à accomplir à son prochain, et que l’on ne contrôle pas derrière, c’est voué à l’échec. Le contrôle est lié à la nature humaine.

Dans Baba Metsia 29 Rabbi Yo’hanan dit celui qui veut perdre son argent n’a qu’à prendre des employés et les laisser travailler seuls. Le contrôle est indispensable au succès de la mission.
C’est vrai pour les missions que je confie aux autres, et c’est aussi vrai pour les objectifs que je me fixe.

Après donc l’idéal présenté à Pessa’h à Chavouot, nous avons besoin d’une phase de contrôle. C’est la raison pour laquelle nos Maîtres nous ont expliqué que Roch Hachana est le début du jugement.

C’est la 2è série de fêtes et de rencontre avec D. et avec soi-même. Si je veux progresser, je dois contrôler, dresser un bilan : comparer le plan initial à la réalisation.

[A partir d’ici, je reprends largement ce que j’ai envoyé en 5781]

“Des juges et des policiers tu placeras pour toi” : Il faut savoir se juger, s’évaluer, à l’approche de Roch Hachana. Il faut s’auto-évaluer, il faut faire un bilan. Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi en tirer les conséquences. Il faut s’encadrer de policiers. Il faut se donner les moyens de ne plus fauter. Je dois me créer des policiers pour redevenir maître de moi-même. Je dois retrouver la pleine conscience de mes actes. Je ne peux plus agir sans réfléchir.

Un homme n’est pas un objet qui sait simplement agir ou réagir. Si je lance une balle, elle rebondit. Un homme ce n’est pas cela. Un homme doit penser ses actions et ses réactions. L’approche des fêtes de Tichri doit être une invitation à re-devenir maître de ses actions. Désormais, nous tenterons de ne plus nous situer dans le mode action/réaction, mais nous tenterons de fonctionner en mode réflexion / action.

Comme il y a 2 ans, en 5781 quasiment jour pour jour, j’ai étudié avec ami cette semaine un passage de la guemara Kidouchine 81a.

Rabbi Aqiva pleurait quand il arrivait au verset “et D. lui pardonnera” Bamidbar (30,13). Cela fait référence au voeu prononcé par la femme. La Torah parle du cas où la femme, pense profaner son voeu, mais elle ne sait pas que ce voeu a déjà été annulé (par son mari).
Rabbi Aqiva dit : “Si déjà celui qui pense manger du porc et qui mange de l’agneau a besoin d’expier sa faute, à plus forte raison, celui qui pense manger du porc, et qui mange du porc, a besoin d’expier sa faute”.

La guemara enchaîne avec un autre verset commenté par Rabbi Aqiva. Si quelqu’un faute, “et n’a pas connaissance et est coupable, il assumera sa faute” (Vayiqra 5,17).
Rabbi Aqiva pleurait en arrivant à ce verset : “Si déjà celui qui pense manger une graisse permise (choumane) et qui mange une graisse interdite (‘helev) est coupable, à plus forte raison, celui qui pense manger du ‘helev, et qui mange du ‘helev, est coupable”.

De ces 2 passages consécutifs on retient que dans une faute, il y a 2 dimensions: l’acte et l’intention.
Une mauvaise intention seule est déjà répréhensible. C’est compréhensible, la mauvaise intention est le signe que l’homme pense mal, et doit amender son comportement.

Mais l’acte seul, sans mauvaise intention, est aussi répréhensible. Pourquoi ? Est-ce juste d’avoir à regretter un acte fait sans aucune intention de le faire ?
Si ne je n’ai pas fait exprès, pourquoi devrais-je avoir à regretter ma faute, comme le précise la première loi du premier chapitre des Lois de la Techouva du Rambam ?

Dans notre paracha la Torah nous rappelle de préparer des villes refuges (Devarim 19,2). Pour qui ces villes ? Pourquoi ces villes ? Ce sont des villes qui devront héberger les meurtriers qui ont tué par inadvertance.
Mais si on a tué sans intention de donner la mort ou de blesser, est-ce juste d’être enfermé dans une ville jusqu’à la mort du Cohen Gadol ?
Le meurtrier n’a pas fait exprès, pourquoi le punir ?

Dans la dernière montée de notre paracha, la Torah nous présente la procédure de la Egla Aroufa, Devarim (21,1 et suivants). Si on trouve un cadavre entre 2 villes, on devra mesurer, pour savoir de quelle ville le cadavre est le plus proche. Les anciens de cette ville devront ensuite expier la faute par la Egla Aroufa. Mais, on ne connaît pas le meurtrier ! Les anciens n’ont tué personne, pourquoi une expiation est-elle nécessaire ?

Tout ce que l’on apprend d’ici, c’est que les explications du type, je ne savais pas, je n’ai pas fait exprès, ce n’était pas moi, je ne me suis pas contrôlé, je n’ai pas réfléchi, ON NE LES ACCEPTE PAS.

C’est trop facile de fuir et de vouloir s'exonérer de ses responsabilités. L’homme est infiniment responsable. C’est cela la grandeur de l’homme ! Même les actes manqués, les actes accomplis “sans intention”, nous en sommes responsables. Avant même Freud, nous savons que l’homme est aussi confronté à son inconscient.
Si nous fautons sans intention de le faire, c’est que nous avons oublié d’être conscient. Nous avons agi comme une machine, ou comme un animal, sans réfléchir.

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