Ki Tetse 5783

« Les pères ne mourront pas à cause des enfants, et les enfants ne mourront pas à cause des parents, chacun mourra par sa [propre] faute»
(DEVARIM 24,16)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tetse, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel. De nombreuses lois sociales sont rappelées dans notre paracha.

Rashi, sur le verset en entête, explique que les parents ne mourront pas à cause du témoignage des enfants. En effet, il rapporte la dracha que l’on trouve dans la guemara Sanhédrine 27b :
Si c’est pour nous dire que les enfants n’ont pas à payer pour la faute des parents, et inversement, cela on le sait déjà! La fin du verset nous dit : “chacun mourra pas sa faute”. Alors forcément, le début du verset nous apprend autre chose : un fils ne témoignera pas contre son père, et inversement.

En tout état de cause, le verset en entête traite aussi de la responsabilité individuelle : on ne peut pas payer pour les fautes d’un autre.
Le Rav Zacks zal, dans Sig VeSia’h, relève ce verset, et le met en regard d’un autre verset de la Torah, qui semble dire le contraire.
Dans la paracha Ki Tissa, on lit que D. “compte les fautes des parents sur les enfants, les petits enfants, la troisième et la quatrième (génération).” Chemot 34 ,7

Il y a donc une contradiction évidente : la Torah veut-elle que l’on paie pour les fautes de ses parents ? ou bien c’est chacun son compte?

Le Rav Zacks explique que l’on peut tenter de lever la contradiction apparente en précisant que le verset de Chemot parle de la justice Divine : D. qui sait tout, compte les fautes des parents sur les enfants. En revanche, pour la justice des hommes, c’est chacun pour sa peau.

Mais cette réponse est difficilement audible : est-ce juste que les enfants paient pour les fautes des parents ? Le Rav Zacks explique ainsi que nos sages ont souligné le caractère essentiel de la responsabilité individuelle: on ne peut pas payer pour les fautes de ses parents. C’est pourquoi ‘Hazal (nos sages) disent que les enfants paient pour les fautes des parents, s’ils continuent dans la même voie que leurs parents.
On peut même aller plus loin, comme le Rambam et expliquer que tout celui qui a la possibilité de s’opposer à un fauteur et qu’il ne le fait pas, alors il paiera avec le coupable. Pour les enfants, on peut envisager la même chose : s’ils ont la possibilité de s’opposer aux fautes de leurs parents, et qu’ils ne le font pas ils sont responsables.

Déjà pendant la révolte de Qora’h, Moshé avait dit : “un homme faute, et c’est sur toute l’assemblée que Tu te mets colère ?” Bamidbar 16,20.

La Torah privilégie donc la responsabilité individuelle à la responsabilité collective.

Le Rav Zacks explique que la responsabilité individuelle présente deux facettes :

  • Pénalement, c’est chacun pour sa peau
  • Moralement, nous sommes responsables de nos frères au sens large.

Cette responsabilité individuelle morale est bien plus difficile à définir et à mettre en oeuvre. Mais, de toute façon, la Torah veut que je sois attentif à la santé spirituelle de mon prochain. Le Rambam écrit dans le Sefer Hamitswot (Assé, 205) : “On ne peut pas dire, du moment que Je ne faute, si l’autre faute, c’est entre lui et D.! c’est le contraire de la Torah”.

Chofetim 5783

« Des juges et des policiers tu placeras pour toi dans toutes tes portes… »
(DEVARIM 16,18)

Nous entrons ce soir dans le mois de Eloul. C’est le mois qui va nous conduire à Roch Hachana, le jour du jugement.
Cette semaine, nous lisons la Paracha Chofetim, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.
Littéralement le verset en entête fait référence au pouvoir judiciaire à mettre en place lorsque l’on entrera en terre d’Israel. Il faudra des juges pour juger et des policiers pour faire respecter la justice. Comme le précise Rashi sur le premier verset, les policiers auront un pouvoir de coercition pour faire respecter les décisions de justice.
Toutefois, on peut aussi lire le début de paracha comme une invitation au retour aux sources.

La première fête présentée dans la Torah, c’est Pessa’h, qui forme avec Chavouot, l’objectif : il faut trouver la liberté et la proximité avec D. L’étude de la Torah et la pratique des mitswot sont la feuille de route pour tenter de s’approcher de D.

A Pessa’h et à Chavouot, nous sommes donc plein d’entrain en découvrant le programme, l’idéal.

Le problème, c’est que l’idéal ne reste souvent qu’un idéal. Et même si on a tenté de s’en approcher, est-on vraiment sûr d’être dans la bonne direction.

Si l’on donne une mission à accomplir à son prochain, et que l’on ne contrôle pas derrière, c’est voué à l’échec. Le contrôle est lié à la nature humaine.

Dans Baba Metsia 29 Rabbi Yo’hanan dit celui qui veut perdre son argent n’a qu’à prendre des employés et les laisser travailler seuls. Le contrôle est indispensable au succès de la mission.
C’est vrai pour les missions que je confie aux autres, et c’est aussi vrai pour les objectifs que je me fixe.

Après donc l’idéal présenté à Pessa’h à Chavouot, nous avons besoin d’une phase de contrôle. C’est la raison pour laquelle nos Maîtres nous ont expliqué que Roch Hachana est le début du jugement.

C’est la 2è série de fêtes et de rencontre avec D. et avec soi-même. Si je veux progresser, je dois contrôler, dresser un bilan : comparer le plan initial à la réalisation.

[A partir d’ici, je reprends largement ce que j’ai envoyé en 5781]

“Des juges et des policiers tu placeras pour toi” : Il faut savoir se juger, s’évaluer, à l’approche de Roch Hachana. Il faut s’auto-évaluer, il faut faire un bilan. Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi en tirer les conséquences. Il faut s’encadrer de policiers. Il faut se donner les moyens de ne plus fauter. Je dois me créer des policiers pour redevenir maître de moi-même. Je dois retrouver la pleine conscience de mes actes. Je ne peux plus agir sans réfléchir.

Un homme n’est pas un objet qui sait simplement agir ou réagir. Si je lance une balle, elle rebondit. Un homme ce n’est pas cela. Un homme doit penser ses actions et ses réactions. L’approche des fêtes de Tichri doit être une invitation à re-devenir maître de ses actions. Désormais, nous tenterons de ne plus nous situer dans le mode action/réaction, mais nous tenterons de fonctionner en mode réflexion / action.

Comme il y a 2 ans, en 5781 quasiment jour pour jour, j’ai étudié avec ami cette semaine un passage de la guemara Kidouchine 81a.

Rabbi Aqiva pleurait quand il arrivait au verset “et D. lui pardonnera” Bamidbar (30,13). Cela fait référence au voeu prononcé par la femme. La Torah parle du cas où la femme, pense profaner son voeu, mais elle ne sait pas que ce voeu a déjà été annulé (par son mari).
Rabbi Aqiva dit : “Si déjà celui qui pense manger du porc et qui mange de l’agneau a besoin d’expier sa faute, à plus forte raison, celui qui pense manger du porc, et qui mange du porc, a besoin d’expier sa faute”.

La guemara enchaîne avec un autre verset commenté par Rabbi Aqiva. Si quelqu’un faute, “et n’a pas connaissance et est coupable, il assumera sa faute” (Vayiqra 5,17).
Rabbi Aqiva pleurait en arrivant à ce verset : “Si déjà celui qui pense manger une graisse permise (choumane) et qui mange une graisse interdite (‘helev) est coupable, à plus forte raison, celui qui pense manger du ‘helev, et qui mange du ‘helev, est coupable”.

De ces 2 passages consécutifs on retient que dans une faute, il y a 2 dimensions: l’acte et l’intention.
Une mauvaise intention seule est déjà répréhensible. C’est compréhensible, la mauvaise intention est le signe que l’homme pense mal, et doit amender son comportement.

Mais l’acte seul, sans mauvaise intention, est aussi répréhensible. Pourquoi ? Est-ce juste d’avoir à regretter un acte fait sans aucune intention de le faire ?
Si ne je n’ai pas fait exprès, pourquoi devrais-je avoir à regretter ma faute, comme le précise la première loi du premier chapitre des Lois de la Techouva du Rambam ?

Dans notre paracha la Torah nous rappelle de préparer des villes refuges (Devarim 19,2). Pour qui ces villes ? Pourquoi ces villes ? Ce sont des villes qui devront héberger les meurtriers qui ont tué par inadvertance.
Mais si on a tué sans intention de donner la mort ou de blesser, est-ce juste d’être enfermé dans une ville jusqu’à la mort du Cohen Gadol ?
Le meurtrier n’a pas fait exprès, pourquoi le punir ?

Dans la dernière montée de notre paracha, la Torah nous présente la procédure de la Egla Aroufa, Devarim (21,1 et suivants). Si on trouve un cadavre entre 2 villes, on devra mesurer, pour savoir de quelle ville le cadavre est le plus proche. Les anciens de cette ville devront ensuite expier la faute par la Egla Aroufa. Mais, on ne connaît pas le meurtrier ! Les anciens n’ont tué personne, pourquoi une expiation est-elle nécessaire ?

Tout ce que l’on apprend d’ici, c’est que les explications du type, je ne savais pas, je n’ai pas fait exprès, ce n’était pas moi, je ne me suis pas contrôlé, je n’ai pas réfléchi, ON NE LES ACCEPTE PAS.

C’est trop facile de fuir et de vouloir s'exonérer de ses responsabilités. L’homme est infiniment responsable. C’est cela la grandeur de l’homme ! Même les actes manqués, les actes accomplis “sans intention”, nous en sommes responsables. Avant même Freud, nous savons que l’homme est aussi confronté à son inconscient.
Si nous fautons sans intention de le faire, c’est que nous avons oublié d’être conscient. Nous avons agi comme une machine, ou comme un animal, sans réfléchir.

Ree 5783

 «Seulement sois fort, pour ne pas manger le sang, …. »
(DEVARIM 12,23)


Cette semaine, nous lisons la Paracha Réé, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.
La paracha rappelle l’interdit de manger le sang de l’animal. C’est la raison pour laquelle, entre autres, il conviendra de cachériser la viande : tremper, saler…

Rashi sur le verset en entête nous rappelle les paroles de Rabbi Yehouda :  
Si la Torah nous demande d’être fort pour ne pas consommer le sang de l’animal, c’est que forcément, il était courant de manger le sang des animaux.

Rashi rapporte aussi les paroles de Ben Azay :
Si déjà pour un commandement facile à observer la Torah a besoin de te demander d’être fort, à plus forte raison pour les autres commandements il convient aussi d’être fort et de redoubler d’effort pour tout observer !

Plus bas la Torah nous dit :
« Tu n'en mangeras pas [du sang] afin que ce soit bien pour toi et tes enfants après toi, quand tu feras ce qui est droit aux yeux de l'Eternel » (DEVARIM 12,25)
Rashi explique, si déjà pour un commandement facile à observer, car l’homme déteste naturellement le sang, la récompense est grande, à plus forte raison que sur des interdits plus difficiles à observer comme le vol ou les relations interdites la récompense sera grande !

Rashi nous a donc présenté 2 façons de voir l’interdit de consommer du sang :

  • C’était quelque chose de répandu, dont il était difficile de se séparer,
     
  • ou bien c’était quelque chose de naturellement dégoûtant, et donc cela ne demande pas d’efforts de ne pas en consommer.

Comment est-il possible que nos Maîtres aient des positions si antagonistes sur le même sujet ? Qui a raison ? Qui se trompe ?
 

Eqev 5783

 «Et vous mettrez ces paroles sur vos coeurs …  »
(DEVARIM 11,18)


Cette semaine, nous lisons la Paracha Eqev, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel.

Le 9 Av est passé, beaucoup d’entre nous sont en vacances, sans contraintes, mais nous ne devons pas oublier de nous comporter en adulte.
De même dans le livre de Devarim, Moshé veut faire comprendre aux Bné Israel, qu’ils sont devenus adultes.
Fini le temps des miracles, fini le logé, nourri, blanchi… il faut maintenant retrouver les lois de la nature et l’installation en Israel.
Il va falloir faire des efforts. Travailler la terre dont les pierres sont dures comme le fer. La grandeur, ce n'est pas de se baisser pour ramasser la manne. La grandeur ce n'est pas d'ouvrir les oreilles et d'écouter les paroles de Torah.

La grandeur c'est de faire des efforts pour travailler la terre. La grandeur, c'est de se casser la tête pour comprendre la Torah.
 

Le verset en entête est issu du 2è paragraphe du chema. Vendredi soir dernier, le Rav a fait une dracha et a comparé 2 versets qui semblent se ressembler : l’un dans le premier paragraphe du chema, et l’autre dans le second.
A la 6è montée de Vaet’hanan, nous avons lu : “Et ces paroles ci, que Je t’ordonne aujourd’hui seront sur ton coeur” (Devarim 6,6). C’est issu du premier paragraphe du Chema. Le targoum Yonatan traduit :
 וִיהוֹן פִּתְגָמַיָא הָאִלֵין דַּאֲנָא מְפַקֵיד יַתְכוֹן יוֹמָא דֵין כְּתִיבִין עַל לוּחַ לִבְּכוֹן
“Et ces paroles que je t’ordonne ce jour, seront écrites sur le tableau de ton coeur”.

Cette semaine, voici ce que nous dit le verset Devarim (11,18) issu du second paragraphe du Chema :
 «Et vous mettrez ces paroles sur vos coeurs …  »


La signification des 2 versets semble proche. Il faut inscrire dans nos coeurs les paroles de Torah.
Ce n’est pas tout d’étudier il faut graver ces paroles en nous.

Le Rav a expliqué qu’il y a 2 méthodes pour intégrer en nous les paroles de Torah et ne plus les oublier.

1/ Il faut mettre ses paroles sur notre coeur. Il faut réviser, et répéter, sans cesse, pour ne pas oublier. C’est le sens du verset de notre paracha (dans le Véaya, second paragraphe du chema) : “Vous mettrez…”
Et répétant, en faisant l’effort, alors on n’oubliera pas.

 

2/ Il existe une seconde méthode. Lorsque la parole de Torah est claire dans notre esprit, lorsque l’on voit le cheminement devant soi, du début à la fin, alors la chose est tellement logique que l’on ne peut plus l’oublier. Est-ce que l’on peut oublier que celui qui va sauter dans une piscine va se mouiller ? Et bien non, c’est tellement logique, naturel, c’est tellement une évidence, qu’on ne peut pas l’oublier.

Vaet’hanan 5783

 «Quand tu engendreras des fils et des petits fils, et que vous resterez longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, et vous fabriquez une idole, …. D. vous dispersera parmi les peuples et vous resterez en petit nombre, … »
(DEVARIM 4, 25 et 27)

Cette semaine, nous lirons la Paracha Vaet'hanan, suivie de la Haftara Na'hamou. En référence à la haftara, le Chabbat de cette semaine est d'ailleurs souvent appelé "Chabbat Na'hamou" (consolation), car il suit le 9 AV (destruction des deux temples).


Dans cette paracha nous lisons à nouveau les 10 paroles (10 commandements). Nous trouvons aussi le 1er paragraphe du chema : “tu aimeras D. …”
Les versets en entête sont issus de la paracha, mais ils ont aussi été lus le 9 av, au matin quand on a sorti la Torah.

Le 9 av, c’est la destruction du Temple, et le peuple qui commence son exil. Le verset nous explique que nous sommes responsables de notre sort. Si on se sent trop bien sur notre terre, et que l’on commence à fauter, alors nous serons exilés. C’est ce qui s’est passé le 9 av. C’est l’aboutissement de générations qui ont fauté … et au bout du compte, nous avons été jetés d’Israel.


La lecture des prières de Tichea Beav avait un goût particulier pour moi aujourd’hui. Je me suis dit, maintenant, nous sommes en Israel, nous sommes revenus sur cette terre après 2000 ans d’exil. Les paroles que nous avons prononcées étaient parlantes pour ceux qui ont erré pendant 2000 ans, et qui vivaient dans l’espoir de retrouver la terre d’Israel. Mais nous qui avons la chance d’avoir réalisé le rêve de nos ancêtres, ces paroles étaient presque réconfortantes.

Nous avons été jetés, exilés, comme la Torah nous l’avait annoncé la Torah. Nous avons mal agi, nous avons été punis. Mais depuis 1948, nous sommes de retour.
Flavius Josephe  est l’auteur de la Guerre de Juifs. Le livre retrace l’histoire du peuple juif au moment où le peuple commence son exil et que le Temple est détruit.
Voici le lien du livre : https://books.google.co.il/books/about/Histoire_de_la_guerre_des_juifs_contre_l.html?id=fXNKAQAAMAAJ&printsec=frontcover&source=kp_read_button&hl=fr&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

C’est une édition de 1879. Le livre est précédé d'une introduction, dont je n’ai pas trouvé l’auteur. Voilà ce que l’on trouve dans l’introduction:
“C’est le Christ qui conduit Titus [qui va détruire le Temple] par la main ; c’est son sang qui retombe sur le peuple déicide …” En clair, l'auteur explique que si le peuple juif est dispersé c’est parce qu’il a fauté envers celui qui deviendra le dieu des chrétiens !

Devarim 5783

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Réprimander est un art très difficile. En effet, quand X réprimande Y, X est-il certain d’avoir raison ? X parle-t-il pour son propre bien ou pour celui de Y ?
La tentation est grande de vouloir se faire du bien sur le dos de son “ami”. Je vais tenter de le remettre dans le droit chemin parce qu’en fait son comportement me fait mal, froisse mon ego. C’est la réprimande inutile et dangereuse. Je crois agir pour mon prochain en lui conseillant de se corriger, mais en fait, je soigne mon ego. JE me place au dessus de lui, j’en profite pour me lâcher et satisfaire mon désir de puissance.

La vraie réprimande naît naturellement de l'amour que j’ai pour le prochain. Je l’aime, alors je ne peux pas le voir foncer droit dans le mur. Je dois lui dire qu’il se trompe, parce que je l’aime. Je veux son bien, naturellement je lui formulerai donc mes remarques.

La réprimande qui a une chance de fonctionner naît d’un profond amour du prochain. Je vois son intérêt, et pas le mien.
Mais cela ne suffit pas. Parfois on peut aimer son proche, et ce dernier restera hermétique aux mots qu’on lui dira. Parfois ces réprimandes provoqueront même des réactions de rejet. C’est le cas classique des parents qui réprimandent les adolescents. Les parents aiment leur enfant, mais l’enfant révolté est persuadé que ses parents se trompent. Alors que faire ?

Il faut se débrouiller pour que l’autre comprenne tout seul qu’il est dans l’erreur. Quand X fait une réprimande à Y, dans le cas idéal Y comprendra que X a raison, et donc Y fera siennes les remarques de X. Il les intégrera en lui, et se corrigera donc.
Mais si Y a une combinaison étanche, qu’il est hermétique, alors X doit tenter de se débrouiller pour que Y ait un flash, et réalise tout seul que son comportement doit être corrigé.

Matot Massé 5783

« Vous débarrasserez le pays, et vous vous y installerez, car c’est à vous que J’ai donné le pays pour le posséder» (BAMIDBAR 33,53 ).


Le début de la paracha Matot traite des vœux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces vœux. Il faut comprendre que ce qui sort de la bouche est sacré. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israël dans la débauche.


La paracha Massé présente les différentes étapes des Bné Israel dans le désert. Et à chaque fois la Torah précise un point de départ et un point d’arrivée, qui se transforme en point de départ … etc. Le chemin qui mène à la terre promise.

Puis la Torah présente le cadeau que D. donne à son peuple : la Terre d’Israel. Celle-ci sera répartie entre les 12 tribus.
Du verset en entête, Ramban (Na’hmanide) enseigne qu’il y a une mitswa de s’installer en terre d’Israel.


A la lecture de la paracha, on comprend bien que D. a voulu que l’on nettoie la Terre d’Israel des idolâtries qui y avaient cours, pour que l’on s’y installe. Le but est clair : créer une société juste, croyante, exemplaire. En regardant ce pays on devra dire : qu’il est grand le D. de ce peuple !
 

De la même façon que le temple est la lumière de Jerusalem et symbolise la présence divine, Israel devra être la preuve que D. existe.
Habiter en Israel est donc un challenge. Comme dit le poète, la terre d’Israel est “Exigeante et bienfaisante”.

La terre d’Israel ne supportera pas la faute. Le peuple sera rejeté est exilé quand il se détournera des voies de D. Ce n’est pas simple d’habiter en Israel. D. a les yeux sur le pays du début de l’année à la fin de l’année… C’est comme être au premier dans une classe, on ne peut pas se permettre un écart, sinon, le professeur nous remet rapidement dans le droit chemin !
Alors certains diront, c’est mieux de s'asseoir au fond de la classe pour être tranquille ! Mieux vaut rester en France, c’est plus simple !

Pin’has 5783

 « Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).


Prendre la décision d’agir pour l’honneur de D. est terrible. Il faut être persuadé d’avoir raison… comme toute personne qui est persuadée d’agir pour le bien… Mais rares sont les personnes qui agissent en pensant obéir à leur moi… Quand on agit, on se trouvera toujours un bon prétexte qui nous permettra de vivre et garder sa bonne conscience… On sera facilement convaincu d’agir pour l’honneur de D., pour le bien de son prochain, ou pour le progrès de l’humanité.


Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».

Pin’has est l’exemple à ne pas reproduire, de celui qui a vraiment agi pour le Nom de D.

La Haftara, tirée du Livre des Rois I, nous présente un passage où Eliahou, le prophète, va dialoguer avec D.
Eliahou  dira “J’ai vengé pour [le Nom] de D.” (Mela’him I, 19,10). C’est le lien avec la paracha.

Le Rav Jonathan Zacks zal, nous propose une lecture particulièrement originale de la Haftara. Dans  Sig VeSia’h, son commentaire sur la paracha Pin’has commence par un rappel historique.

En 1165 la communauté juive du Maroc a vécu une situation terrible. Les Almohades ont pris le pouvoir, et ont laissé un choix “simple” aux juifs : la conversion à l’islam ou la mort. Certains ont préféré devenir des musulmans de façade, et rester juifs de coeur.
Ils se sont adressés à un Rav dont le nom nous est inconnu : peut-on rester un juif en vivant extérieurement comme un musulman dans une société musulmane ? Le Rav répondit, qu’il est impossible de se considérer comme juif, ou de faire partie de la communauté lorsque l’on est devenu un musulman (même extérieurement).
En clair, le Rav a rejeté ces “Anoussim” forcés de se convertir.

Le Rambam dans la lettre “Igueret Hachemad” a pris le contrepied de cette position. Il a expliqué, le comportement à suivre dans un environnement aussi hostile. Il faut en priorité tenter d’aller vivre ailleurs, dans un pays plus respectueux des différences. Mais, s’il n’y a pas le choix, alors, mieux vaut se convertir extérieurement et rester juif au fond de soi, en attendant des jours meilleurs. Toutefois, celui qui accepte la mort accomplit la mistwa de sanctification du nom de D.

En résumé, le Rambam a tenté de rapprocher ceux qui ont été mis au ban de la communauté.

Le Rambam étaye sa thèse en rappelant que des grands de notre peuple ont été punis pour avoir parlé contre l’Assemblée d'Israël. Moshé, Eliahou, IsaÏe ont payé pour cette faute.. et ce sont des prophètes ! Alors nous, comment oserions-nous rejeter une partie du peuple, au nom de D. !

La Haftara de la semaine commence après le passage où Eliahou a montré au peuple la futilité des prophètes du Baal et de la Achera (idolâtries). Le peuple a ainsi compris où est la vérité. Ensuite, le peuple a massacré ces 400 prêtres de l’idolâtrie.
Au début de la Haftara Eliahou le prophète doit s’enfuir car A’hav et Izevel veulent le tuer. En effet, c’est à cause de lui que les prêtres du Baal ont été massacrés.

Eliahou arrive dans une caverne, et D. va s’adresser à lui.
D. demande : Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou répond : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Puis D. demande à Eliahou de sortir, et Eliahou a une vision avec une tempête, un vacarme, du feu. Mais le verset précise, D. n’est pas dans la tempête, ni dans le vacarme, ni dans le feu… mais D, on le perçoit dans le “doux et subtil murmure”.

Et D. repose la même question :
Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou apporte la même réponse : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Le Rambam cite le Midrach (Chir Hachirim Raba) sur le dialogue entre D. et Eliahou:

Eliahou : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance”
D. : peut-être est-ce TON alliance ?

Eliahou : Ils ont détruit tes autels
D. : peut-être ce sont TES autels ?

Eliahou : Ils ont tué tes prophètes
D. : Mais tu es là !

Balaq 5783

“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Cette semaine, en Israel, nous lisons la paracha Balaq. En dehors d’israel, 2 parachiot sont lues : ‘Houqat et Balaq, ainsi le retard sera rattrapé. Pour ceux qui le souhaitent, voici un commentaire sur ‘Houqat.


BALAQ, c'est le nom du roi de Moav qui avait décidé de s'en prendre aux Bné Israel, dans le désert. Cependant, il avait remarqué que la manière forte ne fonctionne pas, puisque les Bné Israel gagnaient leurs guerres de manière surnaturelle.
Balaq décide donc de demander de l'aide à Bilaam, qui est un prophète des nations, et qui va être chargé de maudire les Bné Israel.
Mais Bilaam échouera dans sa mission : il ne parviendra pas à maudire les Bné Israel, au contraire, il les bénira.

Cette semaine, j’ai eu du mal à trouver de quoi écrire… Et ce matin, un ami avec qui j’étudie régulièrement, m’a présenté une idée qui m’a tout de suite intéressé.

Balaq mandate des émissaires qui devront recruter Bilaam. Que doivent-ils dire à Bilaam ?
“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Ils reconnaissent que Bilaam a des dons. Il sait bénir et il sait maudire …. mais pourquoi vont-ils demander à Bilaam de maudire les Bné Israel ? Ils auraient pu plutôt lui demander de bénir le peuple de Moav !

Pourquoi lui demander d’intervenir pour faire chuter les autres, n’était-il pas plus efficace de demander une bénédiction protectrice pour soi-même ?

Le Siforno répond que Bilaam ne sit pas forcément bénir, il ne sait que maudire… ou calculer les moments propices à la malédiction. Si les envoYés lu dIsent qu’il sait bénir, C’est uniquement pour le flatter. C’est toujours plus facile de dire du mal que dire le bien !

On pourrait aussi comprendre que Bilaam sait bénir et sait maudire. Et pourtant, ils cHoisissent la malédiction sur les Bné Israel. La haine envers le peuple juif est trop forte. Balaq préfère abaisser l’Autre plutôt que de s’élever.

‘Houqat 5783

“Moshé leva sa main, il frappa le rocher avec le bâton à deux reprises, des eaux abondantes en sortirent …” Bamidbar (20,11)


La Paracha  'Houqat présente la vache rousse. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort), par une eau qui contient des cendres de la vache rousse qui a été sacrifiée.
Cette paracha est donc bien compliquée puisqu’elle présente des lois sur la pureté et l’impureté.

C’est aussi dans cette paracha que Moshé va frapper le rocher pour faire sortir de l’eau.

C'est donc La faute de Moshé, la raison pour laquelle il ne pourra pas entrer dans la terre d'Israël.

Quelle est cette faute?

L'explication la plus courante c'est de dire que Moshé a frappé le rocher, alors que D. a demandé de parler au rocher pour faire jaillir de l'eau (Rashi).

C'est donc une occasion manquée pour Moshé

Il avait l'occasion de sanctifier le nom de D. et il l'a manquée.

Mais pour une occasion manquée la punition est terrible. D. a demandé à Moshé de prendre le bâton, Moshé a mal compris et il a utilisé le bâton pour frapper le rocher…. Est-ce si terrible ? La punition ne semble-t-elle pas disproportionnée ?


D'autres diront que la faute de Moshé est de s'être adressé au peuple qui réclame de l'eau en disant : "écoutez les rebelles !"
Il est trop dur avec les bne Israël… c'est pour cela qu'il est puni et qu'il ne peut entrer en Israël. Comme le dit le Rambam dans les 8 chapitres, Moshé s’est mis en colère, alors qu’il ne fallait pas.
Mais, pourtant, les révoltés méritent le terme de rebelles : “Pourquoi nous avez vous fait monter d’Egypte pour nous amener dans cet endroit mauvais, … il n’y a pas d’eau à boire” (Bamidbar 20,5).
Ce sont vraiment des rebelles qui regrettent le temps de l’Egypte. Alors, est-ce vraiment si terrible pour Moshé d’avoir traité les Bné Israel de rebelles ? Moshé a perdu patience…. et il ne peut entrer en terre d’Israel. N’est-ce pas disproportionné ?


En fait, cette paracha est l’illustration que D. est plus exigeant avec les grands.

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