Matot Massé 5783

« Vous débarrasserez le pays, et vous vous y installerez, car c’est à vous que J’ai donné le pays pour le posséder» (BAMIDBAR 33,53 ).


Le début de la paracha Matot traite des vœux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces vœux. Il faut comprendre que ce qui sort de la bouche est sacré. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israël dans la débauche.


La paracha Massé présente les différentes étapes des Bné Israel dans le désert. Et à chaque fois la Torah précise un point de départ et un point d’arrivée, qui se transforme en point de départ … etc. Le chemin qui mène à la terre promise.

Puis la Torah présente le cadeau que D. donne à son peuple : la Terre d’Israel. Celle-ci sera répartie entre les 12 tribus.
Du verset en entête, Ramban (Na’hmanide) enseigne qu’il y a une mitswa de s’installer en terre d’Israel.


A la lecture de la paracha, on comprend bien que D. a voulu que l’on nettoie la Terre d’Israel des idolâtries qui y avaient cours, pour que l’on s’y installe. Le but est clair : créer une société juste, croyante, exemplaire. En regardant ce pays on devra dire : qu’il est grand le D. de ce peuple !
 

De la même façon que le temple est la lumière de Jerusalem et symbolise la présence divine, Israel devra être la preuve que D. existe.
Habiter en Israel est donc un challenge. Comme dit le poète, la terre d’Israel est “Exigeante et bienfaisante”.

La terre d’Israel ne supportera pas la faute. Le peuple sera rejeté est exilé quand il se détournera des voies de D. Ce n’est pas simple d’habiter en Israel. D. a les yeux sur le pays du début de l’année à la fin de l’année… C’est comme être au premier dans une classe, on ne peut pas se permettre un écart, sinon, le professeur nous remet rapidement dans le droit chemin !
Alors certains diront, c’est mieux de s'asseoir au fond de la classe pour être tranquille ! Mieux vaut rester en France, c’est plus simple !

Pin’has 5783

 « Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).


Prendre la décision d’agir pour l’honneur de D. est terrible. Il faut être persuadé d’avoir raison… comme toute personne qui est persuadée d’agir pour le bien… Mais rares sont les personnes qui agissent en pensant obéir à leur moi… Quand on agit, on se trouvera toujours un bon prétexte qui nous permettra de vivre et garder sa bonne conscience… On sera facilement convaincu d’agir pour l’honneur de D., pour le bien de son prochain, ou pour le progrès de l’humanité.


Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».

Pin’has est l’exemple à ne pas reproduire, de celui qui a vraiment agi pour le Nom de D.

La Haftara, tirée du Livre des Rois I, nous présente un passage où Eliahou, le prophète, va dialoguer avec D.
Eliahou  dira “J’ai vengé pour [le Nom] de D.” (Mela’him I, 19,10). C’est le lien avec la paracha.

Le Rav Jonathan Zacks zal, nous propose une lecture particulièrement originale de la Haftara. Dans  Sig VeSia’h, son commentaire sur la paracha Pin’has commence par un rappel historique.

En 1165 la communauté juive du Maroc a vécu une situation terrible. Les Almohades ont pris le pouvoir, et ont laissé un choix “simple” aux juifs : la conversion à l’islam ou la mort. Certains ont préféré devenir des musulmans de façade, et rester juifs de coeur.
Ils se sont adressés à un Rav dont le nom nous est inconnu : peut-on rester un juif en vivant extérieurement comme un musulman dans une société musulmane ? Le Rav répondit, qu’il est impossible de se considérer comme juif, ou de faire partie de la communauté lorsque l’on est devenu un musulman (même extérieurement).
En clair, le Rav a rejeté ces “Anoussim” forcés de se convertir.

Le Rambam dans la lettre “Igueret Hachemad” a pris le contrepied de cette position. Il a expliqué, le comportement à suivre dans un environnement aussi hostile. Il faut en priorité tenter d’aller vivre ailleurs, dans un pays plus respectueux des différences. Mais, s’il n’y a pas le choix, alors, mieux vaut se convertir extérieurement et rester juif au fond de soi, en attendant des jours meilleurs. Toutefois, celui qui accepte la mort accomplit la mistwa de sanctification du nom de D.

En résumé, le Rambam a tenté de rapprocher ceux qui ont été mis au ban de la communauté.

Le Rambam étaye sa thèse en rappelant que des grands de notre peuple ont été punis pour avoir parlé contre l’Assemblée d'Israël. Moshé, Eliahou, IsaÏe ont payé pour cette faute.. et ce sont des prophètes ! Alors nous, comment oserions-nous rejeter une partie du peuple, au nom de D. !

La Haftara de la semaine commence après le passage où Eliahou a montré au peuple la futilité des prophètes du Baal et de la Achera (idolâtries). Le peuple a ainsi compris où est la vérité. Ensuite, le peuple a massacré ces 400 prêtres de l’idolâtrie.
Au début de la Haftara Eliahou le prophète doit s’enfuir car A’hav et Izevel veulent le tuer. En effet, c’est à cause de lui que les prêtres du Baal ont été massacrés.

Eliahou arrive dans une caverne, et D. va s’adresser à lui.
D. demande : Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou répond : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Puis D. demande à Eliahou de sortir, et Eliahou a une vision avec une tempête, un vacarme, du feu. Mais le verset précise, D. n’est pas dans la tempête, ni dans le vacarme, ni dans le feu… mais D, on le perçoit dans le “doux et subtil murmure”.

Et D. repose la même question :
Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou apporte la même réponse : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Le Rambam cite le Midrach (Chir Hachirim Raba) sur le dialogue entre D. et Eliahou:

Eliahou : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance”
D. : peut-être est-ce TON alliance ?

Eliahou : Ils ont détruit tes autels
D. : peut-être ce sont TES autels ?

Eliahou : Ils ont tué tes prophètes
D. : Mais tu es là !

Balaq 5783

“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Cette semaine, en Israel, nous lisons la paracha Balaq. En dehors d’israel, 2 parachiot sont lues : ‘Houqat et Balaq, ainsi le retard sera rattrapé. Pour ceux qui le souhaitent, voici un commentaire sur ‘Houqat.


BALAQ, c'est le nom du roi de Moav qui avait décidé de s'en prendre aux Bné Israel, dans le désert. Cependant, il avait remarqué que la manière forte ne fonctionne pas, puisque les Bné Israel gagnaient leurs guerres de manière surnaturelle.
Balaq décide donc de demander de l'aide à Bilaam, qui est un prophète des nations, et qui va être chargé de maudire les Bné Israel.
Mais Bilaam échouera dans sa mission : il ne parviendra pas à maudire les Bné Israel, au contraire, il les bénira.

Cette semaine, j’ai eu du mal à trouver de quoi écrire… Et ce matin, un ami avec qui j’étudie régulièrement, m’a présenté une idée qui m’a tout de suite intéressé.

Balaq mandate des émissaires qui devront recruter Bilaam. Que doivent-ils dire à Bilaam ?
“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Ils reconnaissent que Bilaam a des dons. Il sait bénir et il sait maudire …. mais pourquoi vont-ils demander à Bilaam de maudire les Bné Israel ? Ils auraient pu plutôt lui demander de bénir le peuple de Moav !

Pourquoi lui demander d’intervenir pour faire chuter les autres, n’était-il pas plus efficace de demander une bénédiction protectrice pour soi-même ?

Le Siforno répond que Bilaam ne sit pas forcément bénir, il ne sait que maudire… ou calculer les moments propices à la malédiction. Si les envoYés lu dIsent qu’il sait bénir, C’est uniquement pour le flatter. C’est toujours plus facile de dire du mal que dire le bien !

On pourrait aussi comprendre que Bilaam sait bénir et sait maudire. Et pourtant, ils cHoisissent la malédiction sur les Bné Israel. La haine envers le peuple juif est trop forte. Balaq préfère abaisser l’Autre plutôt que de s’élever.

‘Houqat 5783

“Moshé leva sa main, il frappa le rocher avec le bâton à deux reprises, des eaux abondantes en sortirent …” Bamidbar (20,11)


La Paracha  'Houqat présente la vache rousse. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort), par une eau qui contient des cendres de la vache rousse qui a été sacrifiée.
Cette paracha est donc bien compliquée puisqu’elle présente des lois sur la pureté et l’impureté.

C’est aussi dans cette paracha que Moshé va frapper le rocher pour faire sortir de l’eau.

C'est donc La faute de Moshé, la raison pour laquelle il ne pourra pas entrer dans la terre d'Israël.

Quelle est cette faute?

L'explication la plus courante c'est de dire que Moshé a frappé le rocher, alors que D. a demandé de parler au rocher pour faire jaillir de l'eau (Rashi).

C'est donc une occasion manquée pour Moshé

Il avait l'occasion de sanctifier le nom de D. et il l'a manquée.

Mais pour une occasion manquée la punition est terrible. D. a demandé à Moshé de prendre le bâton, Moshé a mal compris et il a utilisé le bâton pour frapper le rocher…. Est-ce si terrible ? La punition ne semble-t-elle pas disproportionnée ?


D'autres diront que la faute de Moshé est de s'être adressé au peuple qui réclame de l'eau en disant : "écoutez les rebelles !"
Il est trop dur avec les bne Israël… c'est pour cela qu'il est puni et qu'il ne peut entrer en Israël. Comme le dit le Rambam dans les 8 chapitres, Moshé s’est mis en colère, alors qu’il ne fallait pas.
Mais, pourtant, les révoltés méritent le terme de rebelles : “Pourquoi nous avez vous fait monter d’Egypte pour nous amener dans cet endroit mauvais, … il n’y a pas d’eau à boire” (Bamidbar 20,5).
Ce sont vraiment des rebelles qui regrettent le temps de l’Egypte. Alors, est-ce vraiment si terrible pour Moshé d’avoir traité les Bné Israel de rebelles ? Moshé a perdu patience…. et il ne peut entrer en terre d’Israel. N’est-ce pas disproportionné ?


En fait, cette paracha est l’illustration que D. est plus exigeant avec les grands.

Qora’h 5783

"Ils se rassemblèrent contre Moshé et Aaron et leur dirent : c’est beaucoup pour vous, car toute l’assemblée, ils sont tous saints; et D. est parmi eux. Alors pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D."
(Bamidbar 14,1)

La Paracha de la semaine expose la révolte de Qora'h et de ses acolytes. Qora'h revendique le poste de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Il reproche à Moshé d'avoir injustement nommé Aaron, son frère, comme Cohen Gadol.
Ils se révoltent donc contre l'autorité de Moshé et par voie de conséquence contre D.
Ces révoltés finiront engloutis par la terre.

Rappelons que la Torah n’est pas un livre d’histoires. Si la Torah me raconte des évènements, c’est qu’ils me concernent. La Torah veut me faire comprendre que je ne dois pas devenir un Qora’h. La Torah veut de moi que je sois suffisamment clairvoyant pour éteindre le feu du petit Qora’h qui pourrait germer en moi.

Pour ce faire, il faut comprendre quels sont les ressorts de Qora’h. Pourquoi Qora’h qui a tout pour être heureux va-t-il tomber plus bas que terre ?

Qora’h était immensément riche. La guemara Pessa’him 119a nous raconte que Qora’h avait 300 mules blanches pour porter les clés de ses coffres à trésor. Qora’h était intelligent. Qora’h venait d’une bonne famille, de la
tribu des Lévi. Il avait tout pour être heureux… et pourtant, il va provoquer sa chute. Pourquoi ?
[Un proche m’a fait un cadeau exceptionnel. Il m’a donné le titre d’un livre que je me suis procuré. C’est un livre exceptionnel : “Découvrir un sens à sa vie, grâce à la logothérapie” de Viktor E. Frankl. Ce livre m’a poussé à réfléchir un peu plus sur Qora’h.]


La volonté de puissance
Qora’h en veut toujours plus, il a tout, mais il lui manque encore quelque chose. Alfred Adler a expliqué que l’homme a un besoin croissant de se valoriser. C’est cela qui le pousse toujours. Cela peut être positif, ainsi l’homme va créer, inventer, grandir. Mais cela peut être aussi négatif, si cette volonté de puissance (terme emprunté à Nietzsche) s’exprime au détriment des autres.
Pour Qora’h c’est maladif. C’est la névrose. Il est prêt à tout pour dépasser Aaron et Moshé et assouvir ses besoins de grandeur.
Alfred Adler explique que cette volonté de puissance est la compensation d’un sentiment d’infériorité. Le sujet se sent inférieur aux autres, alors il va se disputer avec eux, il va mal leur parler, il veut les écraser.
Dans le verset en entête, on a le symptôme qui est clair : “pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D.”
Les révoltés font un complexe d’infériorité, alors ils vont exprimer cette volonté de puissance !


La recherche d’un sens
Viktor Frankl est un rescapé des camps. Son livre fait le lien entre son expérience des camps et sa théorie (la logothérapie). Il développe la nécessité pour l’humain de trouver un sens à ses actions et à sa vie. En l’absence de sens, c’est la chute, la dépression.
Qora’h a tout, mais il lui manque du sens. Il cherche le pourquoi. Le verset nous dit “pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D.”
En cherchant un sens à sa vie, il va se persuader qu’il a une mission bien plus grande qui l’attend. Il doit devenir le Cohen Gadol. Il n’est pas le seul à chercher un sens à sa vie. 250 personnes ont apporté de l’encens pour concourir. Chacun y croit. Chacun est persuadé de devenir le Cohen Gadol.
Leur vie est tellement vide de sens qu’ils croient que le sens se trouve chez l’autre.
Si l’homme est persuadé que sa vie n’a pas de sens, et qu’il le cherche au mauvais endroit, alors c’est la dépression, la chute assurée, on termine englouti par la terre.


Le remède
Que l’on analyse le problème comme la volonté de puissance, ou comme la quête d’un sens, la Torah nous donne la solution.
Moshé a très bien compris le problème.

Chela’h 5783

"Toute l’assemblée leva et donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)


La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent avec de terribles nouvelles. Ils vont médire sur la terre d’Israel.

Le comportement du peuple lors de ce moment peut nous apprendre beaucoup sur la psychologie humaine en général.

Quels sont les symptomes ?
"Toute l’assemblée leva et  donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)

Le peuple pleure. C’est la crise de nerf. Le peuple est désemparé. Pourquoi le peuple pleure ? Une angoisse terrible le prend. Il y a un grand écart entre la situation vécue, et ce que l’on croit vouloir. D’où l’angoisse, et les pleurs. On ne sait pas comment agir, face à la réalité, alors on pleure.

“Ils murmurèrent contre Moshé et Aaron … si seulement nous étions morts en Egypte…” (Bamidbar 14,2)
Quand il y a mal être, angoisse, après les pleurs, une autre réaction “naturelle” (quand on n’est pas maître de soi) c’est la colère. Le peuple s’en prend à Moshé et Aaron. Si on se sent mal, c’est de votre faute ! C’est toujours plus facile de mettre la faute sur les autres ! C’est la nature humaine !


“Et pourquoi D nous amène-t-il vers ce pays pour tomber par le glaive ? … N’est-il pas mieux pour nous de retourner en Egypte ?” (Bamidbar 14,3)
C’est toujours la faute des autres ! Et là, on met la faute sur l’Autre par excellence. Si je pleure, et que je ne me sens pas bien, c’est toujours plus confortable de ne pas se remettre en question  et de se convaincre que les autres sont la cause de nos malheurs.

Et de surplus, on est persuadé que c’était mieux avant. L’Egypte, la terre où nous étions esclaves, est préférable à l’enfer ressenti avant d’entrer en Israel.
La nostalgie, le c’était mieux avant est clairement le signe d’un problème.


Les symptômes sont donc clairs : mal être, colère, révolte, pleurs, accuser les autres, idéaliser le passé ….


Mais POURQUOI le mal-être ?
La situation change. Les Bné Israel ont été esclaves pendant 210 ans. Ils viennent de sortir d’Egypte, nous sommes dans les premiers mois de la 2è année de la sortie d’Egypte. En effet, nos maîtres nous disent, que le jour où le peuple pleure, au retour des explorateurs, c’est le 9 av de la 2è année.
Les Bné Israel ont peur du changement. Ils sont psycho-rigides. La réalité va forcément changer, on va passer d’un peuple d’assistés, en Egypte ou dans le désert, à un peuple autonome, qui doit se prendre en main.
Le peuple n’est pas capable de s’adapter.

C’est cela le grand écart entre la réalité et les souhaits du peuple. C’est celà la nostalgie. Avant c’était mieux. Je ne veux pas changer, je préfère donc que le monde qui m’entoure soit immobile. C’est la facilité que le peuple recherche. Mais ce n’est pas possible, l’environnement change. Donc le peuple doit changer.


Le Résultat : la punition

Beaalote'ha 5783

"Et  la populace [assafsouf] qui était parmi eux a entretenu un désir. Ils retournèrent et pleurèrent, et les bné Israel aussi et dirent : qui va nous donner de la viande ? Nous nous souvenons du poisson que nous mangions en Egypte, …."
(Bamidbar 11, 4-5)


La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches.
Puis, la paracha expose les lois de Pessa’h Cheni (le rattrapage de pessa’h), certains déplacements des Bné Israel dans le désert orchestrés par les colonnes de nuées le jour, et de feu la nuit. Ensuite, nous assistons à une révolte d’une partie du peuple, qui demande de la viande à manger. Le dernier sujet est celui de la Médisance de Myriam, sur son frère Moshé. Elle sera punie par une mise en quarantaine de 7 jours.

Le passage qui commence avec le verset en entête suscite beaucoup d’interrogations :

  • Comment les bné Israel peuvent-ils se révolter pour avoir de la viande ?
  • Est-il si triste de vivre sans viande au point de se mettre à pleurer (verset en entête) ?
  • Comment peut on regretter l’Egypte, le pays de l’esclavage, et le faire passer pour l’hôtel en pension complète ?
  • Pourquoi la punition divine a-t-elle été si dure ?
  • Pourquoi la Torah a-t-elle besoin de commencer le passage en mettant la faute sur le dos du assafsouf = ceux qui se sont collés au bné Israel à la sortie d’Egypte ? Bien évidemment, c’est vrai, tout est parti du assafsouf, mais si je veux faire progresser les Bné Israel, est-ce bien pédagogique d’introduire le passage par c’est la faute des autres peuples qui nous ont contaminés ?

Pour tenter de répondre à ces questions il faut rappeler d’abord que les Bné Israel étaient bien nourris dans le désert. La manne, la nourriture céleste, tombait du ciel chaque jour. En théorie, ils n’avaient donc pas besoin de viande !

Mais le peuple pleure. Le peuple ne triche pas, le peuple souffre du manque de viande. Tous ces révoltés souffrent, même Assaf souffre ! Alors on pleure. On ne se sent pas bien. Le peuple ne veut plus de la nourriture céleste. C’est trop dur de manger de la manne… Car la manne, c’est la nourriture qui vient directement de D. C’est le cadeau du ciel.

Le peuple ne veut plus être redevable vis-à-vis de D. Il veut couper les ponts. C’est tellement vrai que le peuple regrette l’Egypte, le temps de la souffrance… mais au moins on n’y ressentait pas la dépendance vis à vis de D.

On comprend maintenant pourquoi la punition divine est si terrible. Les révoltés doivent mourir, car ils refusent le cadeau divin. Tout se passe comme si le papa fait un cadeau à son fils. Et non seulement le fils ne dit pas merci, mais en plus il crache sur le cadeau.

L’homme se sent diminué quand il est redevable. L’orgueil en prend un coup. Les révoltés ne veulent pas se rabaisser à dire merci.

Aujourd’hui le Rav a rapporté une histoire :
Rav Ra’hamim Naouri a raconté que son Rav était très riche. Un jour, l’homme le plus riche de la ville vint voir le rav. Traditionnellement, cet homme, étant très riche, ne faisait jamais partie de ceux qui demandent. Mais, cette fois, l’homme traversait une période difficile, il avait besoin d’emprunter de l’argent au Rav. Bien évidemment, le Rav lui prêta la somme importante. Mais ce n’est pas tout, le Rav demanda à l’emprunteur : maintenant que je t’ai prêté ce que tu voulais, donne moi une gifle ! L’homme demanda : pourquoi ? Le Rav répondit, maintenant que tu m’es redevable, tu vas forcément me détester, alors donne moi d’ores et déjà la gifle ….

Chavouot 5783 - Liberté chérie

"D. descendit sur le Mont Sinaï sur le sommet de la montagne. D. appela Moshé au sommet sur le sommet de la montagne et Moshé monta."
(Chemot 19,20)


Cette semaine, jeudi soir, nous entrerons dans la fête de Chavouot. Nous enchaînerons avec Chabbat, qui sera le chabbat Nasso en Israel, et simplement le second jour de Chavouot en dehors d’Israel.

Le verset en entête fait référence à la révélation. D. est descendu sur le Mont Sinaï pour donner par l’intermédiaire de Moshé, les tables de La Loi.

49 jours après Pessa’h, qui est la fête de la liberté physique, nous entrons dans la fête du don de la Torah, que l’on associe souvent à la liberté mentale.

Pendant 7 semaines, nous avons tenté de nous préparer au don de la Torah. Et cette préparation, c’est l’essentiel. Car recevoir la Torah, ce n’est pas un instant à fêter, c’est un chemin qui dure. C’est un cheminement progressif pour acquérir la Torah. D’où le nom de Chavouot = semaines. La Fête de Chavouot est nommée en référence aux semaines qui la précèdent. Car le but est le chemin de la Torah.

A propos des Tables de Loi, dans la paracha Ki Tissa, on dit qu’elles étaient gravées = ‘HaRouT. Les maîtres nous disent, ne lis pas ‘HaRouT mais ‘HeRouT = liberté.


Pourquoi le don la Torah symbolise-t-il le but ultime de la Liberté ? Pourquoi la Torah est-elle pour les Bné Israel la condition sine qua non de la liberté ?

1/ L’explication traditionnelle est que sans loi, je suis esclave de mon moi. Je ne suis donc pas libre. La Loi, qui ne dépend pas de moi, me donne un cadre dans lequel ma liberté pourra s’exprimer.
Être libre ne signifie pas faire ce que mes instinct veulent. Etre libre c’est réfléchir et faire le bien.

2/ La Loi orale.
Au mont Sinaï, nos maîtres nous disent que nous avons reçu aussi la Loi Orale. Ainsi le Rambam explique dans l’introduction à son explication de la Michna que Moshé a reçu les mitswot à écrire, par exemple la soucca. Parallèlement, il  a aussi reçu les détails de cette mitswa à transmettre oralement, par exemple sa surface au sol minimum (7 tefa’him sur 7), sa hauteur minimum (10 tefa’him = environ 80-90 cm), ….

En clair, la Torah Orale a aussi été donnée au Mont Sinaï.

Voici peut-être une autre explication des paroles de nos sages : ne lis pas ‘HaRouT = gravé mais ‘HeRouT = liberté. Ce qui est gravé, c’est la Torah écrite. Quand tout est écrit, il n’y a pas de liberté. Il y a autre chose que ce qui est gravé, c’est la Loi Orale, qui a été donnée à Moshé, et transmise de génération en génération.
C’est la possibilité pour tout un chacun de faire fonctionner son cerveau et de tenter de découvrir la Loi.

Quand tout est écrit, je risque de devenir un robot, qui applique mais qui ne pense jamais. L’étude de la Loi Orale me permet d’exprimer ma liberté pour tenter de découvrir et comprendre ce qui a été donné à Moshé sur le Mont Sinaï, et ainsi me rapprocher de D.

Bemidbar 5783

"D. parla à Moshé et Aaron en disant. Chacun selon sa division [DiGLo], selon les signes de la maison de leurs pères…."
(Bemidbar 2, 1-2)


Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Jeudi soir prochain, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.

Ce 4è livre de la Torah est nommé Les Nombres, car les bné Israel y sont minutieusement recensés.

La Torah nous précise que chaque tribu a ses insignes, son drapeau. Le Rav Chalom Messas, dans Ve’Ham Hachemech s’intéresse à l’utilité du drapeau.

Le drapeau, différent selon les tribus, est potentiellement générateur de dissensions. Chacun son drapeau, chacun son identité, chacun son intérêt, le risque est grand de voir des rivalités émerger entre les tribus, entre les frères.

Et les problèmes de fratrie, on les connaît : Caïn et Abel, Yts’haq et Yichmael, Yaaqov et Esaw, Yossef et ses frères …. Alors était-ce vraiment nécessaire de faire chacun son drapeau ? Le drapeau ne sera-t-il pas le signe avant-coureur de guerres fratricides ?

Par ailleurs qu’est-ce qu’un drapeau ? Comment confectionne-t-on un drapeau ? On prend un petit bout de bois, on prend un chiffon, on les met ensemble, cela fait un drapeau (J’ai entendu cette explication lors d’un discours du Rabbin Hadas Lebel
http://judaisme.sdv.fr/histoire/rabbins/hadasleb.htm)
Un drapeau n’a pas de valeur intrinsèque, sa valeur c’est l’homme qui associe le bâton et le tissu qui la crée. La valeur du drapeau est donc subjective, par conséquent, elle est source de dispute. Mes valeurs sont supérieures aux tiennes. Mon blanc est plus blanc que ton blanc !

Le Rav Messas explique que D. a plusieurs noms, Il se dévoilent sous plusieurs attributs. D. est UN, et pourtant, ses noms sont multiples.

Pour le Am Israel c’est la même chose. Le peuple est UN, mais il a différents visages. Chaque tribu a son drapeau, chaque tribu a ses spécificités. Chaque tribu a un rôle à accomplir. Chaque homme est différent de son prochain, chaque homme est unique, chaque homme a en lui un potentiel illimité différent de celui de son prochain. Si chacun réalise son potentiel, c’est tout le peuple qui en profitera. La Vérité est Une, mais elle a différentes facettes. Si chaque tribu s’accomplit, alors c’est tout le peuple qui grandit et qui est UN.

Ce soir, nous fêtons Yom Yerouhalayim. Cela fait 56 ans que la ville est UNE…. Et pourtant, ces derniers temps, le peuple semble de plus en plus divisé. Même si officiellement, il n’y a qu’un drapeau en Israel, chacun veut mettre ses couleurs en avant, pour expliquer aux autres que lui est dans le vrai, et que l’autre a tort !

Behar 5783

"Et quand vous vendrez à ton prochain, ou quand tu achètes de la main de ton prochain, ne vous lésez pas l'un l'autre."
(VAYIQRA 25, 14)


Cette semaine nous lirons 2 parachiot : Behar et Behouqotay

Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.

C'est cet instinct qui peut nous faire passer à côté de notre vie. Cet instinct peut nous faire croire que “que le bonheur c'est d'avoir (de l'avoir plein nos armoires)”. C'est cet instinct d'avoir qui nous fait oublier que notre vie c'est chercher à être. Avoir, ne sert à rien après 120 ans. En revanche, si je cherche à être pendant 120 ans, je continuerai à être pour l'éternité.

Après 120 ans, on n’apporte pas ce qu’on a. Mais on se présente avec ce qu’on est devenu.

Après la chemita et le yovel, la Torah continue avec de nombreuses lois "sociales".

Le premier verset cité en entête fait référence au dol (onaa). Il est interdit de léser son prochain lors d'un échange. S'il y a un écart de plus de 1/6 entre le prix de la transaction et le prix normal, alors l'échange peut être annulé.

Le verset en entête est étudié à la page 56b de la guemara Baba Metsia. On déduit de la répétition dans le verset [TiMKeRou, MiMeKaR, ce qui se vend] que l’interdit de léser son prochain dans les échanges ne concerne pas les contrats, car ils ne sont pas des objets vendus, mais des supports pour échanger d’autres biens.

Le Torah Temima explique que si l’on vend une créance qui est en fait un contrat, la reconnaissance de dette de A envers B, alors sur ce titre, il n’y a pas de Onaa.
En effet, nous fait comprendre le Torah Temima, le titre de créance, est trop éloigné de l’objet que l’on échange. Toutefois, précise-t-il, s’il s’agit d’emprunts d’Etat, ou de de titres sur des organismes sûrs, alors, le titre a une valeur objective, et donc il est soumis à la loi de Onaa.

Le Ramban précise que même s’il n’existe pas les conséquences de Onaa, car l’on ne peut annuler une vente d’un tel titre de créance, malgré tout l’interdit demeure. Il m’est interdit de rouler mon prochain même pour lui vendre un titre de créance. De même, lorsque l’on dit que pour un bien immobilier, il n’y a pas d’onaa, ce n’est pas que tous les coups sont permis. L’interdit demeure, mais si l’écart est de 20% (par exemple), il n’y aura pas d’option d’annuler la vente.

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