« D. endurcit le coeur de Pharaon et il ne voulut pas le laisser partir [au peuple]. Pharaon lui dit [à Moshé], pars de devant moi, ne recommence pas à réapparaître devant ma face… »
Chemot (10,27-28)

La paracha de la semaine expose la fin du processus de la libération des Bné Israel d’Egypte. La paracha BO raconte les trois dernières plaies (les sauterelles, l’obscurité et la mort des premiers nés) ainsi, que la suite logique, la sortie d’Egypte.
C'est aussi dans cette paracha la première fois où les Bné Israel, en tant que peuple, reçoivent des commandements divins (Mitswot).

Comment comprendre les multiples volte-faces de Pharaon ? Moshé vient devant lui, fait des miracles, change les lois de la nature…. et rien n’y fait. Pharaon reste dur.

Est-ce vraiment réaliste ? Dans notre paracha, Pharaon semble céder après la plaie des sauterelles, mais lorsque les sauterelles sont parties, tout rentre dans l’ordre Pharaon change d’avis. Après la 9è plaie, l’obscurité, Pharaon est encore sur le point de céder… mais non, il dit même à Moshé ne recommence pas à réapparaître devant ma face… » Chemot 10,28.

Comment comprendre ces allers-retours ? Lorsque le verset en entête nous dit que D. a endurci le le coeur de Pharaon, cela ne signifie que D. est descendu pour parler à Pharaon, et lui dire de ne pas céder à Moshé.
Cela signifie simplement que Pharaon est persuadé d’être dans le vrai, il est persuadé d’avoir l’aval de D., il est persuadé de remplir sa mission de souverain.
En fait, Pharaon est construit pour ne pas laisser partir les Bné Israel. Pour lui l’esclavage est juste. Selon Pharaon, les Bné Israel sont Le peuple qui doit travailler pour l’Egypte. Il y a les Egyptiens et les sous-hommes !

Pharaon est tellement sûr d’être dans le vrai que tous les événements du monde ne peuvent pas lui changer sa façon de voir.
Pharaon ne veut pas voir la vérité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il demande à Moshé de ne pas réapparaître devant lui. Le visage de Moshé est dérangeant pour Pharaon. Le visage de Moshé force Pharaon à se remettre en question…. Et Pharaon ne veut pas se poser de questions tellement il est sûr d’être dans le vrai. Depuis qu’il est petit, il est persuadé qu’il y a un ordre immuable dans le monde. Il est adoré comme une divinité, cela signifie qu’en tant que dieu, il ne peut pas se tromper… il n’a donc pas à changer d’avis.

Il faudra attendre la 10è plaie, la mort des premiers nés pour que tout s’écroule devant lui, et qu’il ouvre les yeux.
Pharaon est-il vraiment seul à avoir vécu sa vie dans l’erreur ? Combien d’entre nous persistent dans leurs erreurs, malgré les multiples avertissements ? Combien d’entre nous, à l’instar de Pharaon, se voilent la face pour ne pas voir ce qui les dérange ?

Pourquoi plus les personnes sont puissantes ou célèbres et plus c’est difficile pour elles de reconnaître leurs erreurs ?
Le pouvoir aveugle. Le charisme aveugle celui qui est charismatique. Comme c’est écrit dans les Psaumes : “Ceux qui disent : par notre langue nous vaincrons, nos lèvres sont avec nous, qui sera notre maître?” (Tehilim 12,5). Celui qui pense écraser le monde par la puissance de son verbe sera entraîné de fautes en fautes. Il croît qu’il peut soumettre tous ses semblables à son autorité naturelle, à son charme, à son charisme. Il voudra toujours allers plus loin et sera incapable de se remettre en question. L’orgueil le tuera…. il ne peut pas avoir tort !

La Torah a insisté sur le fait que Moshé a du mal à parler (il bégaie ?). La Torah a insisté sur le fait que Moshé est l’homme le plus humble. Ainsi nous comprenons pourquoi Moshé est naturellement dans le vrai. Moshé n’a pas besoin de stimuli extérieurs pour atteindre le vrai.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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