Vayetse 5784

 « ….Et tout ce que tu me donneras, le dixième, j’en prélèverai pour Toi.”»
(Berechit 28,22)

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents. Il va chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée : Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin).

Avant d’arriver chez Lavan le roublard, Yaaqov s’arrête à l’endroit où sera construite plus tard la Maison de D. ,Beth El = Jerusalem.
Il rêve de l’échelle et des anges. A son réveil, il construit un autel, y verse de l’huile et fait un vœu. Tout ce que Yaaqov gagnera, il en donnera 10% à D. c’est le verset en entête, mal traduit en français. En fait Yaaqov dit “ ‘Asser a’Asserouna la’h”. On pourrait traduire “ 10%, 10% je prélèverai pour toi”.

La guemara Ketouvot 50a nous dit : Celui qui donne de la tsedaka, ne donnera pas plus de 20% (de ce qu’il a) de peur qu’il devienne dépendant des autres (il s’est trop démuni). Quelle est la source ? le verset en entête !
“ ‘Asser a’Asserouna la’h”. On pourrait traduire “ 10%, 10% je prélèverai pour toi”.

Le Torah Temima sur le verset explique que l’on parle dans le verset de 2 fois 10%, cela fait donc 20%. Pourtant la guemara demande : Les 2 prélèvements ne peuvent pas être identiques. En effet, prélever 2 fois 10% n’est pas équivalent à prélever d’un coup 20%. C’est comme le -10% et -20% de la déclaration d’impôt. Enlever 10% et ensuite 20% c’est faire une réduction plus petite qu’appliquer -30%.

La guemara répond que la répétition “A’asserenOU” montre que l’on parle de la même base de calcul… cela fait en tout 20%.

Le Torah Temima rapporte le GRA, le Gaon de Vilna, qui nous dit que le plafond de 20% est d’ordre Toraïque. Pourtant, la guemara nous a appris que à Oucha, les sages ont institué le plafond de 20% pour le budget Tsedaqa. Alors, il faudrait savoir : c’est un interdit toraïque comme le dit le Gaon, ou bien c’est un décret rabbinique ?

Le Torah Temima présente l’explication suivante : à l’origine c’était une Loi que Moshé a reçue au Sinaï. C’est donc une loi toraïque mais non écrite. Cette loi a été ensuite oubliée. Puis les rabbins à Oucha l’ont institué à nouveau. Mais le Torah Temima n’est pas convaincu de cette explication, il ne comprend pas la position du GRA.

Le Tora Temima continue en expliquant que la borne de 20% s’applique aux commandements positifs = faire quelque chose. En revanche, pour les interdits à ne pas transgresser, il n’y a pas de limites. S’abstenir d’agir, n’est pas visible, c’est pourquoi, on plafonne la dépense à 20%. Mais transgresser, c’est interdit quel que soit le prix… C’est profaner le nom de D.

Dans le même ordre d’idée, la guemara Bera’hot 19b et 20a, que j’étudie en ce moment avec un ami, nous explique que l’on ne transgresse pas un interdit même au dépend de l’honneur que l’on se doit. Ainsi, si un homme se promène au marché en chemise, et qu’il se rend compte que sa chemise est faite de lin et de laine (chaatnez) , alors il devra l’enlever, immédiatement, quitte à rentrer chez lui torse nu ! On ne peut pas profaner le nom divin pour protéger son moi ou ce que l’on pense être son honneur.

A la suite de cette guemara Rav Papa demande à Abayé : pourquoi les générations d’avant voyaient des miracles et pas nous. Abayé répond : avant ils étaient prêts à souffrir pour sanctifier le nom de D.

Aujourd’hui, nous sommes en guerre. Combien de fois le nom de D. a été profané ces derniers mois ? Combien de disputes ? Pourquoi tant de luttes intestines ? Pourquoi des disputes au nom de D. ? Pourquoi des disputes à Tel Aviv, le jour de Yom Kippour ?
Depuis le 7 octobre, combien de personnes sont mortes pour sanctifier le nom de D. ? Des soldats, des jeunes, des vieux, des bébés, des femmes, des enfants, des pères et des mères de famille ! Celui qui est mort,uniquement parce qu’il est juif, croyant ou pas, religieux ou pas, est mort pour sanctifier le nom de D.

Espérons, que cela suffira ! Espérons que chacun prendra conscience de ses erreurs … avant de souligner celles des autres ! Et ainsi, nous reviendrons à nos valeurs, nous sanctifierons le nom de D. par nos actions ! Et nous mériterons de voir le bien triompher de ceux qui sacralise la mort !

Chabbat Chalom,
Stéphane Haim COHEN

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