Tsaw - Pessa’h 5781

" Que tout celui qui est dans le besoin, vienne et fasse Pessa’h avec nous"
(Début de la hagada)


Chabbat, nous lirons la paracha Tsaw. Puis à la fin de chabbat, samedi soir, nous commencerons Pessa’h, et ferons le Seder.

Tsav est la seconde paracha du 3è livre de la Torah, le lévitique. Cette paracha, comme la plupart des parachiot du Lévitique, est consacrée au service du Temple.

Le service du Temple, selon le Rambam a été institué, entre autres, pour nous éloigner de l’idolâtrie. En effet, comme le dit la hagada, au début, nos ancêtres étaient idolâtres.
Pour bien comprendre ce que représente Pessa”h, il faudrait comprendre ce que représente l’idolâtrie. Et, si l’on fait attention, même de nos jours l’idolâtrie perdure.

Pessa’h c’est la fête de la liberté. Ce n’est pas une commémoration historique. Cela doit être avant tout une opportunité à saisir pour comprendre comment je peux m’accomplir en tant qu’homme libre.

1/ Etre libre = ne pas être asservi
La première dimension de la liberté, c’est la liberté physique. Moshé a vu le peuple asservi. Moshé a vu l’Egyptien qui frappe et qui fait souffrir l’esclave. Moshé n’a pas pu accepter cette injustice.
Voir le malheureux souffrir, et ne rien faire, ce n’est pas être juif. Etre libre, c’est rejeter l’asservissement physique, et se battre contre l’oppresseur. C’est cela que Moshé a fait.

2/ Etre libre = se battre contre les gènes, contre le destin
Les bné Israel, en Egypte, pensaient qu’ils étaient nés pour être esclaves. Leur vie était toute tracée. On naît esclave, on est donc esclave toute sa vie. Il y a des oppresseurs d’une part et des esclaves d’autre part. Il y a des détenteurs du pouvoir qui en abusent, et le reste de la population. Il y a une classe dirigeante qui oppresse, et un pays entier florissant grâce à l’esclavage.
Le pouvoir était détenu par les Egyptiens, et parmi eux, c’étaient les premiers nés qui dirigeaient. On naît Egyptien, on est premier né, c’est la vie ! On sera du côté des oppresseurs. On naît hébreu, on sera esclave.
La Torah vient nous dire que l’on doit combattre les inégalités héritées. La Torah va punir les premiers nés Egyptiens, ils mourront.
Ainsi les bné Israël intégreront que l’on peut se battre contre le destin. On doit se battre. On doit refuser les injustices.

Dans la liturgie du 9 av, on met souvent en regard la sortie d’Egypte dans la joie, et la sortie de Jerusalem, le début de l’Exil, dans la peine.
Dans la Meguila de Ei’ha, on lit “Israel est parti en exil par pauvreté”.
Le Midrach Ei’ha propose 2 explications de la pauvreté.
a/ La pauvreté, c’est d’avoir mangé du ‘hamets à Pessa’h
b/ La pauvreté, c’est d’avoir volé, ce qui revenait aux pauvres.

Il y a donc 2 dimensions de la cause de l’exil:

  • un mauvais comportement par rapport à D. = ne pas respecter les interdits de Pessa’h
  • un mauvais comportement par rapport à l’homme = voler les pauvres.

Au début de la Hagada, on met aussi en regard l’exil et Pessa’h. Nous disons, voici le pain du pauvre, que celui qui a besoin, vienne et mange.

En fait, nous parlons de la matsa : désormais, nous ne mangeons pas du ‘hamets, mais de la matsa.
Puis nous enchaînons avec le pauvre. Désormais, nous nous occupons du pauvre.

Nous n’acceptons plus les injustices. Le pauvre même s’il est né pauvre, nous devons nous occuper de lui, et l’aider à s’en sortir. Nous sommes libres.

La hagada enchaîne : cette année ici, l’an prochain en Israel. En fait, si je combats les causes de l’exil, si maintenant, je mange de la matsa, si maintenant, je m’occupe du pauvre, je répare les causes de l’exil, et j’aurai le mérite d’entrer en Israel.

L’année prochaine à Jerusalem complètement reconstruite !

Chabbat Chalom
Pessa’h Cacher VeSamea’h

Stéphane Haim COHEN