Beaalote'ha 5781

" Or, le assafsouf (ramas d'étrangers) qui était parmi eux fut pris de convoitise; et, à leur tour, les enfants d'Israël se remirent à pleurer et dirent: "Qui nous donnera de la viande à manger?
Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail.
Maintenant, notre âme est asséché, il n’y a rien : ce n’est que la manne que nous avons devant nos yeux !
Bamidbar (11,4-6)

La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches.
Puis, la paracha expose les lois de Pessa’h Cheni (le rattrapage de pessa’h), certains déplacements des Bné Israel dans le désert orchestrés par les colonnes de nuées le jour, et de feu la nuit. Ensuite, nous assistons à une révolte d’une partie du peuple, qui demande de la viande à manger. Le dernier sujet est celui de la Médisance de Myriam, sur son frère Moshé. Elle sera punie par une mise en quarantaine de 7 jours (verset en entête).
Myriam a donc médit, et Aaron a écouté. C'est cela le Lachone Ara.


Le verset en entête nous présente une des révoltes du peuple… et cette fois-ci, pour quoi on se révolte ? pour rien ! Pour de la viande !

Cette révolte semble ridicule ! Dans le désert, le peuple était logé, nourri, blanchi. Il y avait largement de quoi manger avec la manne, la nourriture miraculeuse. Comment le peuple peut-il regretter le temps de l’Egypte ? Peut-on concevoir que les bné Israel étaient mieux nourris quand ils étaient esclaves ?

La guemara Yoma 75a rapporte une discussion entre Rav et Shmouel sur ce que signifie le poisson regretté du temps de l’Egypte. Rav dit que c’est vraiment du poisson, Shmouel dit que ce sont des relations interdites. Ce qui était gratuit en Egypte, c’est qu’il n’y avait pas de commandements divins.

En fait, ce passage nous montre la nature humaine. Quand il n’y a pas de problèmes, l’homme peut facilement s’en créer. Voilà ce qui peut arriver quand on obtient tout sans effort. Quand tout tombe du Ciel, on ne donne plus de valeur à ce que l’on a entre les mains.

Le but n’est pas d’avoir les mets les plus exceptionnels. Le but est de faire les efforts pour apprécier les plats !

Celui qui travaille pour acquérir son pain, va forcément apprécier son pain. Celui qui se casse la tête pour comprendre une page de guemara, va forcément être heureux d’avoir intégré cette page.

Celui ou celle qui construit son couple, qui y fait des efforts quotidiens alors il va valoriser le fait de faire UN avec son épouse ou son époux.

Et en plus, le résultat sera encore plus grand.

Alors, c’est clair, le mauvais penchant de l’homme le pousse à refuser les efforts, refuser les commandements divins. Au début la route semble difficile, et on la refuse. On va préférer le “poisson” d’Egypte, car c’est le symbole du  refus des commandements divins. Le poisson, comme l’explique Shmouel, c’est aussi le symbole des relations sexuelles interdites.

Mais on regrette le goût du poisson en Egypte, parce que la manne n’a pas de goût si on la considère uniquement comme de la nourriture.
Si dans la manne je vois uniquement l’aspect matériel, alors elle n’a pas de goût. En effet, je ne me suis pas battu pour gagner mon pain.

Mais si dans la manne je vois un outil pour m’épanouir, pour me rapprocher du Créateur, alors, le goût de la manne est magnifique. C’est ce qui me permet de m’épanouir en tant qu’homme.

Si je ne m’intéresse qu’au matériel, la manne, c’est l’enfer, on se sent pauvre, on n’a rien dans l’assiette. Cette nourriture est insatisfaisante. On ne s’est pas battu pour l’avoir.

Si je m’intéresse au spirituel, alors la manne est un moyen de centrer ma vie sur autre chose que le matériel.

Le message de ce passage est donc clair.

1/ Je dois d’abord me fixer des priorités saines. Ma vie je la centre sur le matériel ou sur le spirituel. Où est le moyen ? Où est l’objectif ?

2/ Si je fais des efforts, je suis heureux. Si je suis passif, j’ai le temps de me créer des faux problèmes. Si je fais des efforts, forcément, j’apprécierai le résultat … et surtout en faisant les efforts je construirai et je me construirai. Le but est dans le chemin.

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN