VAYETSE 5780

«Lavan avait 2 filles … Et les yeux de Léa étaient faibles [rakot], mais Ra'hel était belle de visage et belle d'apparence»

 

 (BERECHIT 29,16-17)

 

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents : aller chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée : Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin).

La guemara Baba Batra 123a commente le verset en entête. D'ailleurs, Rashi fonde son explication du verset sur cette guemara.

La guemara questionne : Que signifie « Rakot » (faibles) ? Comment est-il possible que la Torah n'ose pas utiliser le mot « impur » pour qualifier les animaux non purs qui entrent dans l'arche (paracha Noa'h), alors que pour Léa on utilise le mot péjoratif « faibles » ?
Rav répond, parce Lavan avait 2 filles, et Rivka 2 fils. Le grand était prédestiné à la grande, et le petit pour la petite. C'est donc avec Esaw que Léa aurait dû se marier. Elle pleurait donc, par peur de tomber dans l'escarcelle de Esaw. Par ses pleurs, elle avait perdu ses cils. « Rakot » est donc en quelque sorte un compliment pour les valeurs morales de Léa.

Le Torah Temima rapporte le Midrach Raba sur le verset en entête.
Lavan avait 2 filles. Toutes deux donneront naissance à de grands chefs.  Toutes deux donneront naissance à des rois.  Toutes deux donneront naissance à des prophètes et à des juges. Mais, le Torah Temima demande, qu'est-ce qui a poussé le midrach à s'intéresser aux similitudes de Léa et Ra'hel ?

En fait, à plusieurs endroits dans la guemara, on explique que lorsque le chiffre 2 est utilisé dans la Torah, c'est pour montrer qu'il y a des ressemblances.
En effet, si l'on écrit un mot au pluriel, sans le quantifier, on se doute que l'on parle de 2 objets car le minimum du pluriel c'est 2. Alors pourquoi, utiliser le chiffre 2, c'est pour nous apprendre autre chose.

Ainsi, dans Yoma 62b, on parle des DEUX boucs de Yom Kippour, qui devaient être semblables par leur taille, leur apparence …

De même à propos du metsora, la Torah dit qu'il faut prendre DEUX oiseaux : ils devaient être semblables.

De même dans Kidouchine 68a, on commente le verset d'un homme qui a DEUX femmes. Celles ci se ressemblent, elles doivent venir du même peuple.

Et il y a encore d'autres exemples dans ce sens

Dans les versets en entête, la Torah aurait très bien pu nous dire « Lavan avaient des filles », et nous aurions compris qu'il en avait 2. Mais si la Torah précise DEUX filles, c'est pour nous montrer qu'elles étaient semblables.
Or, fait remarquer, le Torah Temima, physiquement, elle ne se ressemblaient pas : les yeux de Léa étaient faibles.
Le midrach vient donc expliquer qu'elles se ressemblaient pour leur descendance !

CHABBAT CHALOM

Stéphane Haim COHEN