Eqev 5783

 «Et vous mettrez ces paroles sur vos coeurs …  »
(DEVARIM 11,18)


Cette semaine, nous lisons la Paracha Eqev, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel.

Le 9 Av est passé, beaucoup d’entre nous sont en vacances, sans contraintes, mais nous ne devons pas oublier de nous comporter en adulte.
De même dans le livre de Devarim, Moshé veut faire comprendre aux Bné Israel, qu’ils sont devenus adultes.
Fini le temps des miracles, fini le logé, nourri, blanchi… il faut maintenant retrouver les lois de la nature et l’installation en Israel.
Il va falloir faire des efforts. Travailler la terre dont les pierres sont dures comme le fer. La grandeur, ce n'est pas de se baisser pour ramasser la manne. La grandeur ce n'est pas d'ouvrir les oreilles et d'écouter les paroles de Torah.

La grandeur c'est de faire des efforts pour travailler la terre. La grandeur, c'est de se casser la tête pour comprendre la Torah.
 

Le verset en entête est issu du 2è paragraphe du chema. Vendredi soir dernier, le Rav a fait une dracha et a comparé 2 versets qui semblent se ressembler : l’un dans le premier paragraphe du chema, et l’autre dans le second.
A la 6è montée de Vaet’hanan, nous avons lu : “Et ces paroles ci, que Je t’ordonne aujourd’hui seront sur ton coeur” (Devarim 6,6). C’est issu du premier paragraphe du Chema. Le targoum Yonatan traduit :
 וִיהוֹן פִּתְגָמַיָא הָאִלֵין דַּאֲנָא מְפַקֵיד יַתְכוֹן יוֹמָא דֵין כְּתִיבִין עַל לוּחַ לִבְּכוֹן
“Et ces paroles que je t’ordonne ce jour, seront écrites sur le tableau de ton coeur”.

Cette semaine, voici ce que nous dit le verset Devarim (11,18) issu du second paragraphe du Chema :
 «Et vous mettrez ces paroles sur vos coeurs …  »


La signification des 2 versets semble proche. Il faut inscrire dans nos coeurs les paroles de Torah.
Ce n’est pas tout d’étudier il faut graver ces paroles en nous.

Le Rav a expliqué qu’il y a 2 méthodes pour intégrer en nous les paroles de Torah et ne plus les oublier.

1/ Il faut mettre ses paroles sur notre coeur. Il faut réviser, et répéter, sans cesse, pour ne pas oublier. C’est le sens du verset de notre paracha (dans le Véaya, second paragraphe du chema) : “Vous mettrez…”
Et répétant, en faisant l’effort, alors on n’oubliera pas.

 

2/ Il existe une seconde méthode. Lorsque la parole de Torah est claire dans notre esprit, lorsque l’on voit le cheminement devant soi, du début à la fin, alors la chose est tellement logique que l’on ne peut plus l’oublier. Est-ce que l’on peut oublier que celui qui va sauter dans une piscine va se mouiller ? Et bien non, c’est tellement logique, naturel, c’est tellement une évidence, qu’on ne peut pas l’oublier.

Vaet’hanan 5783

 «Quand tu engendreras des fils et des petits fils, et que vous resterez longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, et vous fabriquez une idole, …. D. vous dispersera parmi les peuples et vous resterez en petit nombre, … »
(DEVARIM 4, 25 et 27)

Cette semaine, nous lirons la Paracha Vaet'hanan, suivie de la Haftara Na'hamou. En référence à la haftara, le Chabbat de cette semaine est d'ailleurs souvent appelé "Chabbat Na'hamou" (consolation), car il suit le 9 AV (destruction des deux temples).


Dans cette paracha nous lisons à nouveau les 10 paroles (10 commandements). Nous trouvons aussi le 1er paragraphe du chema : “tu aimeras D. …”
Les versets en entête sont issus de la paracha, mais ils ont aussi été lus le 9 av, au matin quand on a sorti la Torah.

Le 9 av, c’est la destruction du Temple, et le peuple qui commence son exil. Le verset nous explique que nous sommes responsables de notre sort. Si on se sent trop bien sur notre terre, et que l’on commence à fauter, alors nous serons exilés. C’est ce qui s’est passé le 9 av. C’est l’aboutissement de générations qui ont fauté … et au bout du compte, nous avons été jetés d’Israel.


La lecture des prières de Tichea Beav avait un goût particulier pour moi aujourd’hui. Je me suis dit, maintenant, nous sommes en Israel, nous sommes revenus sur cette terre après 2000 ans d’exil. Les paroles que nous avons prononcées étaient parlantes pour ceux qui ont erré pendant 2000 ans, et qui vivaient dans l’espoir de retrouver la terre d’Israel. Mais nous qui avons la chance d’avoir réalisé le rêve de nos ancêtres, ces paroles étaient presque réconfortantes.

Nous avons été jetés, exilés, comme la Torah nous l’avait annoncé la Torah. Nous avons mal agi, nous avons été punis. Mais depuis 1948, nous sommes de retour.
Flavius Josephe  est l’auteur de la Guerre de Juifs. Le livre retrace l’histoire du peuple juif au moment où le peuple commence son exil et que le Temple est détruit.
Voici le lien du livre : https://books.google.co.il/books/about/Histoire_de_la_guerre_des_juifs_contre_l.html?id=fXNKAQAAMAAJ&printsec=frontcover&source=kp_read_button&hl=fr&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

C’est une édition de 1879. Le livre est précédé d'une introduction, dont je n’ai pas trouvé l’auteur. Voilà ce que l’on trouve dans l’introduction:
“C’est le Christ qui conduit Titus [qui va détruire le Temple] par la main ; c’est son sang qui retombe sur le peuple déicide …” En clair, l'auteur explique que si le peuple juif est dispersé c’est parce qu’il a fauté envers celui qui deviendra le dieu des chrétiens !

Devarim 5783

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Réprimander est un art très difficile. En effet, quand X réprimande Y, X est-il certain d’avoir raison ? X parle-t-il pour son propre bien ou pour celui de Y ?
La tentation est grande de vouloir se faire du bien sur le dos de son “ami”. Je vais tenter de le remettre dans le droit chemin parce qu’en fait son comportement me fait mal, froisse mon ego. C’est la réprimande inutile et dangereuse. Je crois agir pour mon prochain en lui conseillant de se corriger, mais en fait, je soigne mon ego. JE me place au dessus de lui, j’en profite pour me lâcher et satisfaire mon désir de puissance.

La vraie réprimande naît naturellement de l'amour que j’ai pour le prochain. Je l’aime, alors je ne peux pas le voir foncer droit dans le mur. Je dois lui dire qu’il se trompe, parce que je l’aime. Je veux son bien, naturellement je lui formulerai donc mes remarques.

La réprimande qui a une chance de fonctionner naît d’un profond amour du prochain. Je vois son intérêt, et pas le mien.
Mais cela ne suffit pas. Parfois on peut aimer son proche, et ce dernier restera hermétique aux mots qu’on lui dira. Parfois ces réprimandes provoqueront même des réactions de rejet. C’est le cas classique des parents qui réprimandent les adolescents. Les parents aiment leur enfant, mais l’enfant révolté est persuadé que ses parents se trompent. Alors que faire ?

Il faut se débrouiller pour que l’autre comprenne tout seul qu’il est dans l’erreur. Quand X fait une réprimande à Y, dans le cas idéal Y comprendra que X a raison, et donc Y fera siennes les remarques de X. Il les intégrera en lui, et se corrigera donc.
Mais si Y a une combinaison étanche, qu’il est hermétique, alors X doit tenter de se débrouiller pour que Y ait un flash, et réalise tout seul que son comportement doit être corrigé.

Matot Massé 5783

« Vous débarrasserez le pays, et vous vous y installerez, car c’est à vous que J’ai donné le pays pour le posséder» (BAMIDBAR 33,53 ).


Le début de la paracha Matot traite des vœux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces vœux. Il faut comprendre que ce qui sort de la bouche est sacré. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israël dans la débauche.


La paracha Massé présente les différentes étapes des Bné Israel dans le désert. Et à chaque fois la Torah précise un point de départ et un point d’arrivée, qui se transforme en point de départ … etc. Le chemin qui mène à la terre promise.

Puis la Torah présente le cadeau que D. donne à son peuple : la Terre d’Israel. Celle-ci sera répartie entre les 12 tribus.
Du verset en entête, Ramban (Na’hmanide) enseigne qu’il y a une mitswa de s’installer en terre d’Israel.


A la lecture de la paracha, on comprend bien que D. a voulu que l’on nettoie la Terre d’Israel des idolâtries qui y avaient cours, pour que l’on s’y installe. Le but est clair : créer une société juste, croyante, exemplaire. En regardant ce pays on devra dire : qu’il est grand le D. de ce peuple !
 

De la même façon que le temple est la lumière de Jerusalem et symbolise la présence divine, Israel devra être la preuve que D. existe.
Habiter en Israel est donc un challenge. Comme dit le poète, la terre d’Israel est “Exigeante et bienfaisante”.

La terre d’Israel ne supportera pas la faute. Le peuple sera rejeté est exilé quand il se détournera des voies de D. Ce n’est pas simple d’habiter en Israel. D. a les yeux sur le pays du début de l’année à la fin de l’année… C’est comme être au premier dans une classe, on ne peut pas se permettre un écart, sinon, le professeur nous remet rapidement dans le droit chemin !
Alors certains diront, c’est mieux de s'asseoir au fond de la classe pour être tranquille ! Mieux vaut rester en France, c’est plus simple !

Pin’has 5783

 « Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).


Prendre la décision d’agir pour l’honneur de D. est terrible. Il faut être persuadé d’avoir raison… comme toute personne qui est persuadée d’agir pour le bien… Mais rares sont les personnes qui agissent en pensant obéir à leur moi… Quand on agit, on se trouvera toujours un bon prétexte qui nous permettra de vivre et garder sa bonne conscience… On sera facilement convaincu d’agir pour l’honneur de D., pour le bien de son prochain, ou pour le progrès de l’humanité.


Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».

Pin’has est l’exemple à ne pas reproduire, de celui qui a vraiment agi pour le Nom de D.

La Haftara, tirée du Livre des Rois I, nous présente un passage où Eliahou, le prophète, va dialoguer avec D.
Eliahou  dira “J’ai vengé pour [le Nom] de D.” (Mela’him I, 19,10). C’est le lien avec la paracha.

Le Rav Jonathan Zacks zal, nous propose une lecture particulièrement originale de la Haftara. Dans  Sig VeSia’h, son commentaire sur la paracha Pin’has commence par un rappel historique.

En 1165 la communauté juive du Maroc a vécu une situation terrible. Les Almohades ont pris le pouvoir, et ont laissé un choix “simple” aux juifs : la conversion à l’islam ou la mort. Certains ont préféré devenir des musulmans de façade, et rester juifs de coeur.
Ils se sont adressés à un Rav dont le nom nous est inconnu : peut-on rester un juif en vivant extérieurement comme un musulman dans une société musulmane ? Le Rav répondit, qu’il est impossible de se considérer comme juif, ou de faire partie de la communauté lorsque l’on est devenu un musulman (même extérieurement).
En clair, le Rav a rejeté ces “Anoussim” forcés de se convertir.

Le Rambam dans la lettre “Igueret Hachemad” a pris le contrepied de cette position. Il a expliqué, le comportement à suivre dans un environnement aussi hostile. Il faut en priorité tenter d’aller vivre ailleurs, dans un pays plus respectueux des différences. Mais, s’il n’y a pas le choix, alors, mieux vaut se convertir extérieurement et rester juif au fond de soi, en attendant des jours meilleurs. Toutefois, celui qui accepte la mort accomplit la mistwa de sanctification du nom de D.

En résumé, le Rambam a tenté de rapprocher ceux qui ont été mis au ban de la communauté.

Le Rambam étaye sa thèse en rappelant que des grands de notre peuple ont été punis pour avoir parlé contre l’Assemblée d'Israël. Moshé, Eliahou, IsaÏe ont payé pour cette faute.. et ce sont des prophètes ! Alors nous, comment oserions-nous rejeter une partie du peuple, au nom de D. !

La Haftara de la semaine commence après le passage où Eliahou a montré au peuple la futilité des prophètes du Baal et de la Achera (idolâtries). Le peuple a ainsi compris où est la vérité. Ensuite, le peuple a massacré ces 400 prêtres de l’idolâtrie.
Au début de la Haftara Eliahou le prophète doit s’enfuir car A’hav et Izevel veulent le tuer. En effet, c’est à cause de lui que les prêtres du Baal ont été massacrés.

Eliahou arrive dans une caverne, et D. va s’adresser à lui.
D. demande : Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou répond : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Puis D. demande à Eliahou de sortir, et Eliahou a une vision avec une tempête, un vacarme, du feu. Mais le verset précise, D. n’est pas dans la tempête, ni dans le vacarme, ni dans le feu… mais D, on le perçoit dans le “doux et subtil murmure”.

Et D. repose la même question :
Comment vas-tu Eliahou ?
Eliahou apporte la même réponse : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance, ils ont détruit tes autels, ils ont fait passer tes prophètes par le glaive, et je suis resté seul …” (Mela’him I, 19,10)

Le Rambam cite le Midrach (Chir Hachirim Raba) sur le dialogue entre D. et Eliahou:

Eliahou : “J’ai vengé D., car les Bné Israel ont abandonné ton alliance”
D. : peut-être est-ce TON alliance ?

Eliahou : Ils ont détruit tes autels
D. : peut-être ce sont TES autels ?

Eliahou : Ils ont tué tes prophètes
D. : Mais tu es là !

Balaq 5783

“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Cette semaine, en Israel, nous lisons la paracha Balaq. En dehors d’israel, 2 parachiot sont lues : ‘Houqat et Balaq, ainsi le retard sera rattrapé. Pour ceux qui le souhaitent, voici un commentaire sur ‘Houqat.


BALAQ, c'est le nom du roi de Moav qui avait décidé de s'en prendre aux Bné Israel, dans le désert. Cependant, il avait remarqué que la manière forte ne fonctionne pas, puisque les Bné Israel gagnaient leurs guerres de manière surnaturelle.
Balaq décide donc de demander de l'aide à Bilaam, qui est un prophète des nations, et qui va être chargé de maudire les Bné Israel.
Mais Bilaam échouera dans sa mission : il ne parviendra pas à maudire les Bné Israel, au contraire, il les bénira.

Cette semaine, j’ai eu du mal à trouver de quoi écrire… Et ce matin, un ami avec qui j’étudie régulièrement, m’a présenté une idée qui m’a tout de suite intéressé.

Balaq mandate des émissaires qui devront recruter Bilaam. Que doivent-ils dire à Bilaam ?
“... Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit.” Bamidbar (22,6)

Ils reconnaissent que Bilaam a des dons. Il sait bénir et il sait maudire …. mais pourquoi vont-ils demander à Bilaam de maudire les Bné Israel ? Ils auraient pu plutôt lui demander de bénir le peuple de Moav !

Pourquoi lui demander d’intervenir pour faire chuter les autres, n’était-il pas plus efficace de demander une bénédiction protectrice pour soi-même ?

Le Siforno répond que Bilaam ne sit pas forcément bénir, il ne sait que maudire… ou calculer les moments propices à la malédiction. Si les envoYés lu dIsent qu’il sait bénir, C’est uniquement pour le flatter. C’est toujours plus facile de dire du mal que dire le bien !

On pourrait aussi comprendre que Bilaam sait bénir et sait maudire. Et pourtant, ils cHoisissent la malédiction sur les Bné Israel. La haine envers le peuple juif est trop forte. Balaq préfère abaisser l’Autre plutôt que de s’élever.

‘Houqat 5783

“Moshé leva sa main, il frappa le rocher avec le bâton à deux reprises, des eaux abondantes en sortirent …” Bamidbar (20,11)


La Paracha  'Houqat présente la vache rousse. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort), par une eau qui contient des cendres de la vache rousse qui a été sacrifiée.
Cette paracha est donc bien compliquée puisqu’elle présente des lois sur la pureté et l’impureté.

C’est aussi dans cette paracha que Moshé va frapper le rocher pour faire sortir de l’eau.

C'est donc La faute de Moshé, la raison pour laquelle il ne pourra pas entrer dans la terre d'Israël.

Quelle est cette faute?

L'explication la plus courante c'est de dire que Moshé a frappé le rocher, alors que D. a demandé de parler au rocher pour faire jaillir de l'eau (Rashi).

C'est donc une occasion manquée pour Moshé

Il avait l'occasion de sanctifier le nom de D. et il l'a manquée.

Mais pour une occasion manquée la punition est terrible. D. a demandé à Moshé de prendre le bâton, Moshé a mal compris et il a utilisé le bâton pour frapper le rocher…. Est-ce si terrible ? La punition ne semble-t-elle pas disproportionnée ?


D'autres diront que la faute de Moshé est de s'être adressé au peuple qui réclame de l'eau en disant : "écoutez les rebelles !"
Il est trop dur avec les bne Israël… c'est pour cela qu'il est puni et qu'il ne peut entrer en Israël. Comme le dit le Rambam dans les 8 chapitres, Moshé s’est mis en colère, alors qu’il ne fallait pas.
Mais, pourtant, les révoltés méritent le terme de rebelles : “Pourquoi nous avez vous fait monter d’Egypte pour nous amener dans cet endroit mauvais, … il n’y a pas d’eau à boire” (Bamidbar 20,5).
Ce sont vraiment des rebelles qui regrettent le temps de l’Egypte. Alors, est-ce vraiment si terrible pour Moshé d’avoir traité les Bné Israel de rebelles ? Moshé a perdu patience…. et il ne peut entrer en terre d’Israel. N’est-ce pas disproportionné ?


En fait, cette paracha est l’illustration que D. est plus exigeant avec les grands.

Qora’h 5783

"Ils se rassemblèrent contre Moshé et Aaron et leur dirent : c’est beaucoup pour vous, car toute l’assemblée, ils sont tous saints; et D. est parmi eux. Alors pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D."
(Bamidbar 14,1)

La Paracha de la semaine expose la révolte de Qora'h et de ses acolytes. Qora'h revendique le poste de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Il reproche à Moshé d'avoir injustement nommé Aaron, son frère, comme Cohen Gadol.
Ils se révoltent donc contre l'autorité de Moshé et par voie de conséquence contre D.
Ces révoltés finiront engloutis par la terre.

Rappelons que la Torah n’est pas un livre d’histoires. Si la Torah me raconte des évènements, c’est qu’ils me concernent. La Torah veut me faire comprendre que je ne dois pas devenir un Qora’h. La Torah veut de moi que je sois suffisamment clairvoyant pour éteindre le feu du petit Qora’h qui pourrait germer en moi.

Pour ce faire, il faut comprendre quels sont les ressorts de Qora’h. Pourquoi Qora’h qui a tout pour être heureux va-t-il tomber plus bas que terre ?

Qora’h était immensément riche. La guemara Pessa’him 119a nous raconte que Qora’h avait 300 mules blanches pour porter les clés de ses coffres à trésor. Qora’h était intelligent. Qora’h venait d’une bonne famille, de la
tribu des Lévi. Il avait tout pour être heureux… et pourtant, il va provoquer sa chute. Pourquoi ?
[Un proche m’a fait un cadeau exceptionnel. Il m’a donné le titre d’un livre que je me suis procuré. C’est un livre exceptionnel : “Découvrir un sens à sa vie, grâce à la logothérapie” de Viktor E. Frankl. Ce livre m’a poussé à réfléchir un peu plus sur Qora’h.]


La volonté de puissance
Qora’h en veut toujours plus, il a tout, mais il lui manque encore quelque chose. Alfred Adler a expliqué que l’homme a un besoin croissant de se valoriser. C’est cela qui le pousse toujours. Cela peut être positif, ainsi l’homme va créer, inventer, grandir. Mais cela peut être aussi négatif, si cette volonté de puissance (terme emprunté à Nietzsche) s’exprime au détriment des autres.
Pour Qora’h c’est maladif. C’est la névrose. Il est prêt à tout pour dépasser Aaron et Moshé et assouvir ses besoins de grandeur.
Alfred Adler explique que cette volonté de puissance est la compensation d’un sentiment d’infériorité. Le sujet se sent inférieur aux autres, alors il va se disputer avec eux, il va mal leur parler, il veut les écraser.
Dans le verset en entête, on a le symptôme qui est clair : “pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D.”
Les révoltés font un complexe d’infériorité, alors ils vont exprimer cette volonté de puissance !


La recherche d’un sens
Viktor Frankl est un rescapé des camps. Son livre fait le lien entre son expérience des camps et sa théorie (la logothérapie). Il développe la nécessité pour l’humain de trouver un sens à ses actions et à sa vie. En l’absence de sens, c’est la chute, la dépression.
Qora’h a tout, mais il lui manque du sens. Il cherche le pourquoi. Le verset nous dit “pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté de D.”
En cherchant un sens à sa vie, il va se persuader qu’il a une mission bien plus grande qui l’attend. Il doit devenir le Cohen Gadol. Il n’est pas le seul à chercher un sens à sa vie. 250 personnes ont apporté de l’encens pour concourir. Chacun y croit. Chacun est persuadé de devenir le Cohen Gadol.
Leur vie est tellement vide de sens qu’ils croient que le sens se trouve chez l’autre.
Si l’homme est persuadé que sa vie n’a pas de sens, et qu’il le cherche au mauvais endroit, alors c’est la dépression, la chute assurée, on termine englouti par la terre.


Le remède
Que l’on analyse le problème comme la volonté de puissance, ou comme la quête d’un sens, la Torah nous donne la solution.
Moshé a très bien compris le problème.

Chela’h 5783

"Toute l’assemblée leva et donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)


La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent avec de terribles nouvelles. Ils vont médire sur la terre d’Israel.

Le comportement du peuple lors de ce moment peut nous apprendre beaucoup sur la psychologie humaine en général.

Quels sont les symptomes ?
"Toute l’assemblée leva et  donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)

Le peuple pleure. C’est la crise de nerf. Le peuple est désemparé. Pourquoi le peuple pleure ? Une angoisse terrible le prend. Il y a un grand écart entre la situation vécue, et ce que l’on croit vouloir. D’où l’angoisse, et les pleurs. On ne sait pas comment agir, face à la réalité, alors on pleure.

“Ils murmurèrent contre Moshé et Aaron … si seulement nous étions morts en Egypte…” (Bamidbar 14,2)
Quand il y a mal être, angoisse, après les pleurs, une autre réaction “naturelle” (quand on n’est pas maître de soi) c’est la colère. Le peuple s’en prend à Moshé et Aaron. Si on se sent mal, c’est de votre faute ! C’est toujours plus facile de mettre la faute sur les autres ! C’est la nature humaine !


“Et pourquoi D nous amène-t-il vers ce pays pour tomber par le glaive ? … N’est-il pas mieux pour nous de retourner en Egypte ?” (Bamidbar 14,3)
C’est toujours la faute des autres ! Et là, on met la faute sur l’Autre par excellence. Si je pleure, et que je ne me sens pas bien, c’est toujours plus confortable de ne pas se remettre en question  et de se convaincre que les autres sont la cause de nos malheurs.

Et de surplus, on est persuadé que c’était mieux avant. L’Egypte, la terre où nous étions esclaves, est préférable à l’enfer ressenti avant d’entrer en Israel.
La nostalgie, le c’était mieux avant est clairement le signe d’un problème.


Les symptômes sont donc clairs : mal être, colère, révolte, pleurs, accuser les autres, idéaliser le passé ….


Mais POURQUOI le mal-être ?
La situation change. Les Bné Israel ont été esclaves pendant 210 ans. Ils viennent de sortir d’Egypte, nous sommes dans les premiers mois de la 2è année de la sortie d’Egypte. En effet, nos maîtres nous disent, que le jour où le peuple pleure, au retour des explorateurs, c’est le 9 av de la 2è année.
Les Bné Israel ont peur du changement. Ils sont psycho-rigides. La réalité va forcément changer, on va passer d’un peuple d’assistés, en Egypte ou dans le désert, à un peuple autonome, qui doit se prendre en main.
Le peuple n’est pas capable de s’adapter.

C’est cela le grand écart entre la réalité et les souhaits du peuple. C’est celà la nostalgie. Avant c’était mieux. Je ne veux pas changer, je préfère donc que le monde qui m’entoure soit immobile. C’est la facilité que le peuple recherche. Mais ce n’est pas possible, l’environnement change. Donc le peuple doit changer.


Le Résultat : la punition

Beaalote'ha 5783

"Et  la populace [assafsouf] qui était parmi eux a entretenu un désir. Ils retournèrent et pleurèrent, et les bné Israel aussi et dirent : qui va nous donner de la viande ? Nous nous souvenons du poisson que nous mangions en Egypte, …."
(Bamidbar 11, 4-5)


La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches.
Puis, la paracha expose les lois de Pessa’h Cheni (le rattrapage de pessa’h), certains déplacements des Bné Israel dans le désert orchestrés par les colonnes de nuées le jour, et de feu la nuit. Ensuite, nous assistons à une révolte d’une partie du peuple, qui demande de la viande à manger. Le dernier sujet est celui de la Médisance de Myriam, sur son frère Moshé. Elle sera punie par une mise en quarantaine de 7 jours.

Le passage qui commence avec le verset en entête suscite beaucoup d’interrogations :

  • Comment les bné Israel peuvent-ils se révolter pour avoir de la viande ?
  • Est-il si triste de vivre sans viande au point de se mettre à pleurer (verset en entête) ?
  • Comment peut on regretter l’Egypte, le pays de l’esclavage, et le faire passer pour l’hôtel en pension complète ?
  • Pourquoi la punition divine a-t-elle été si dure ?
  • Pourquoi la Torah a-t-elle besoin de commencer le passage en mettant la faute sur le dos du assafsouf = ceux qui se sont collés au bné Israel à la sortie d’Egypte ? Bien évidemment, c’est vrai, tout est parti du assafsouf, mais si je veux faire progresser les Bné Israel, est-ce bien pédagogique d’introduire le passage par c’est la faute des autres peuples qui nous ont contaminés ?

Pour tenter de répondre à ces questions il faut rappeler d’abord que les Bné Israel étaient bien nourris dans le désert. La manne, la nourriture céleste, tombait du ciel chaque jour. En théorie, ils n’avaient donc pas besoin de viande !

Mais le peuple pleure. Le peuple ne triche pas, le peuple souffre du manque de viande. Tous ces révoltés souffrent, même Assaf souffre ! Alors on pleure. On ne se sent pas bien. Le peuple ne veut plus de la nourriture céleste. C’est trop dur de manger de la manne… Car la manne, c’est la nourriture qui vient directement de D. C’est le cadeau du ciel.

Le peuple ne veut plus être redevable vis-à-vis de D. Il veut couper les ponts. C’est tellement vrai que le peuple regrette l’Egypte, le temps de la souffrance… mais au moins on n’y ressentait pas la dépendance vis à vis de D.

On comprend maintenant pourquoi la punition divine est si terrible. Les révoltés doivent mourir, car ils refusent le cadeau divin. Tout se passe comme si le papa fait un cadeau à son fils. Et non seulement le fils ne dit pas merci, mais en plus il crache sur le cadeau.

L’homme se sent diminué quand il est redevable. L’orgueil en prend un coup. Les révoltés ne veulent pas se rabaisser à dire merci.

Aujourd’hui le Rav a rapporté une histoire :
Rav Ra’hamim Naouri a raconté que son Rav était très riche. Un jour, l’homme le plus riche de la ville vint voir le rav. Traditionnellement, cet homme, étant très riche, ne faisait jamais partie de ceux qui demandent. Mais, cette fois, l’homme traversait une période difficile, il avait besoin d’emprunter de l’argent au Rav. Bien évidemment, le Rav lui prêta la somme importante. Mais ce n’est pas tout, le Rav demanda à l’emprunteur : maintenant que je t’ai prêté ce que tu voulais, donne moi une gifle ! L’homme demanda : pourquoi ? Le Rav répondit, maintenant que tu m’es redevable, tu vas forcément me détester, alors donne moi d’ores et déjà la gifle ….

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