Behouqotay 5784

"Si dans Mes décrets vous marchez, et que vous gardez mes commandements, et que vous les fassiez …"
אִם-בְּחֻקֹּתַי, תֵּלֵכוּ; וְאֶת-מִצְו‍ֹתַי תִּשְׁמְרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם

(VAYIQRA 26, 3).

La paracha Behouqotay est un avertissement. D. nous dit si vous marchez dans mes décrets, alors vous aurez ….[une liste] de bénédictions, et si les Bné Israel ne respectent pas la volonté de D., la paracha présente aussi des malédictions.
Sur le verset en entête, le début de la paracha, Rashi rapporte le Torat Cohanim.
Rashi explique que "Si dans mes décrets vous marchez” signifie en fait “si vous consacrez des efforts à l'étude de la Torah”.
En effet, dit Rashi, la suite du verset parle de respecter les commandements divins, donc forcément le début du verset “marcher dans Mes décrets” fait référence à autre chose.

Mais pourquoi la Torah a-t-elle utilisé le mot “décret” [Houqa, BeHouQotay] pour parler de l’étude de la Torah.

Le Or Ha’hayim explique que la notion de décret est liée à l’étude de la Torah, car D. a créé l’oubli dans la nature, il faut donc étudier et encore étudier, recommencer,... c’est cela le décret (loi incompréhensible).

Le Or Ha’Hayim explique que la Torah a utilisé le pluriel dans “Be’houqotay” = “dans Mes décrets”, car c’est une allusion à la Torah écrite et à la Torah orale. Il faut se fatiguer pour étudier les 2.
Il continue en disant qu’il faut fixer un double temps d’étude : le jour et la nuit.


Le Kli Yaqar va dans la même direction. Il explique que le verbe aller/marcher n’est pas approprié aux décrets. Il nous dit donc que si la Torah nous demande de marcher dans les décrets, c’est forcément, autre chose que respecter les lois, c’est un cheminement, l'étude de la Torah.
Le Kli Yaqar explique que c’est une loi naturelle, il faut se fixer des moments pour étudier la Torah. En effet, étudier ne suffit pas. Il faut fixer des moments d’étude. Car en fixant des temps pour la Torah, on se crée une seconde nature. C’est cela le décret, la loi de la nature.
Ainsi, nous comprenons le verset 59 du Psaume 119
חִשַּׁבְתִּי דְרָכָי; וָאָשִׁיבָה רַגְלַי, אֶל-עֵדֹתֶיךָ
J’ai pensé à mes chemins, mais j’ai ramené mes pieds vers ton témoignage.
Ce verset du Psaume 119 est rapporté par le Midrach, en commentaire sur le premier verset de notre paracha (entête).

C’est le Kli Yaqar qui le rapporte. Le Roi David dit qu’il pense chaque jour à tel ou tel endroit, mais que c’est pieds le ramènent à la maison d’étude.
C’est la 2è nature dont parle le Kli Yaqar, le décret de la nature : il faut se créer des moments d'étude fixes afin que instinctivement, nos pieds nous mènent à la maison d’étude.

Mais le mot ‘Houqa pour parler de la Torah, reste malgré tout compliqué.

Traditionnellement on connait Michpat, la loi intelligible, celle que l’on comprend, que toute société doit mettre en place pour assurer son fonctionnement.
Face à la loi de type michpat, on a le décret, que l’on ne comprend pas.

Le Kouzari traduit michpat par ‘Houqim Si’hliim. Mais le Rambam n’aime pas cette formulation, car cela laisse entendre que les autres lois (les décrets) sont inintelligibles, que l’on ne peut pas les comprendre.

Le Rambam préfère dire qu’il existe des lois que toute société mettrait en place, même sans la Torah, comme ne pas tuer, ne pas voler, …
Mais il y a aussi des lois qui sans la Torah n’existeraient pas. Ces lois, nous n’aurions pas pu les inventer. Ne pas mélanger le lait et la viande est exemple de ce type de loi.
Mais malgré tout, ces lois sont intelligibles. Ces commandements nous ont été donnés pour une bonne raison. C’est à nous de chercher la motivation profonde de ces commandements qui pourraient à première vue être considérés comme des décrets absolus.

En cherchant la raison des mitswot, je fais forcément me rapprocher de Celui qui nous a donné les mitswot.

On comprend donc pourquoi le mot ‘Houqa est associé à l’étude de la Torah. En étudiant, en approfondissant, je pourrai peut-être découvrir une partie de la raison des commandements divins. Ainsi, je me rapprocherai du Créateur.

Mais attention, je ne dois pas considérer la Torah comme une science. Lorsque j’étudie je dois peut-être tenter de découvrir la raison des commandements divins, mais cela ne suffit pas.
Comme le dit Rashi sur le verset en entête, je dois faire des efforts dans l’étude afin d’appliquer les mitswot. Je dois étudier pour appliquer.

Behar 5784

"Si ton frère s’appauvrit … Ne prends pas de lui d’intérêt et d’usure, et tu craindras ton D., et ton frère vivra avec toi. … Je suis D. qui vous ai fait sortir de la terre d’Egypte…"
(VAYIQRA 25, 35-38).


La paracha Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.

Un peu plus loin dans la paracha, on nous rappelle l’interdit du prêt à intérêt.

La guemara Baba Metsia présente en détail les lois du prêt à intérêt, dans le chapitre “Hezeou Neshe’h”.

A la page 61a de Baba Metsia Rava dit :
Pourquoi la Torah a-t-elle lié les lois du prêt à intérêt à la sortie d’Egypte? (versets en entête)

Rava répond que de la même façon que D. a distingué les premiers nés d’Egypte de ceux qui ne l’étaient, alors Il saura punir celui qui prête son argent avec intérêt en faisant croire que les fonds prêtés appartiennent à un non juif.

En effet, en Egypte, compte tenu de la dépravation des moeurs, dans une même maison, pour une seule mère, il pouvait exister plusieurs enfants premiers nés. Il suffit que la mère ait eu des relations extra-conjugales.

La Torah veut nous montrer que même si on pense rouler son prochain, et faire bonne figure, il y a un oeil qui voit tout, et une oreille qui entend tout.

Il est toujours compliqué de s’intéresser aux raisons des commandements de la Torah. Mais, comment comprendre l’interdit du prêt à intérêt ?

Si j’ai un appartement, j’ai le droit de le louer et de le récupérer à l’échéance. Pourquoi ne pourrai-je pas louer un capital de 10000 €, contre un loyer mensuel, et le récupérer le capital à l’échéance ?

La Torah par l’interdit du prêt à intérêt, veut nous pousser à être bon avec notre prochain. Elle veut nous apprendre à agir gratuitement, sans retour. D’ailleurs, on le comprend bien dans les versets en entête. La Torah nous parle du frère qui s’est appauvri. La Torah nous dit, et ton frère vivra avec toi.

La Torah veut nous inculquer le ‘Hessed, nous devons faire le bien, même si cela nous coûte.

La Torah ne veut pas du prêt à intérêt car il risque de pourrir la société. Le prêt à intérêt risque d’augmenter les inégalités. Le riche deviendra facilement plus riche … et le pauvre plus pauvre.
Le riche pourra s’enrichir en restant improductif. Il pourra dormir et voir son capital augmenter sans risque. Au bout du compte, le riche oubliera que c’est D. qui donne la bénédiction. Le prêteur à intérêt ne lèvera pas les yeux au Ciel pour demander des moyens de subsistance. Le prêteur à intérêt ne comptera plus que sur lui pour gagner sa vie. Il dira, je m’enrichis “par ma force et la puissance de ma main”. Le prêt à intérêt nous éloigne donc de la crainte du Ciel.

Le prêt à intérêt ressemble donc à la Terre d’Egypte. En Egypte, on ne prie pas pour la pluie. En Egypte, on compte sur le Nil et ses crues pour les récoltes. Pas besoin de prier ! Tout dépend de la force de travail.
La Torah veut donc nous apprendre la modestie :

Emor 5784

" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).

La paracha commence par des lois propres au cohanim. Emor, c'est aussi par la présentation des fêtes de la Torah.
A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer, au bout duquel nous fêterons Chavouot.


Voici une partie de ce qu’est j’ai pu comprendre d’une partie d’une dracha du Rav Avner Hazout.
Le Omer, c’est en fait une mesure (un volume). La première fois que l’on découvre ce terme dans la Torah, c’est dans la paracha Bechala’h. Les Bné Israel, sont sortis d’Egypte, ils ont traversé la Mer des Joncs. Mais, ils ont faim, ils se plaignent. Ils vont recevoir la Manne. Un omer par personne.
Cette manne, cette nourriture du désert, va permettre de préparer les Bné Israel au don de la Torah. La manne c’est le symbole du matériel. La quantité per capita de manne était limitée : un Omer. Je dois comprendre, que si je veux recevoir la Torah, de dois limiter l’importance du matériel. Je ne peux pas jouer sur les 2 tableaux.

Dans les Maximes des Pères, nous avons lu : “La jalousie, la recherche des plaisirs, et la poursuite des honneurs font sortir l’homme du monde”. La manne, c’est la nourriture magique. Avec la manne, finie la jalousie, tout le monde reçoit la même quantité (un omer). Avec la manne, finie la recherche des plaisirs, la manne est le pain spirituel qui satisfait tous les goûts. Avec la Manne, finie la recherche des honneurs. En effet, même celui qui stocke la manne, et qui veut se vanter face aux autres. On ne peut pas conserver la manne, celui qui veut stocker, voit la manne moisir.

Ce Omer de manne est donc le symbole de la préparation au don de la Torah. La Torah me montre le chemin.

La manne va s’arreter de tomber un peu avant que le peuple entre en Israel avec Yeochoua. Et la première fois que l’on apportera l’offrande Omer, c’est le 16 Nissan, après l’entrée du Peuple sur la Terre d’Israel. Cette offrande sera apportée à partir de ce qui pousse sur la terre (l’orge). On comprend ainsi que le rôle de la manne sera désormais tenu par l’offrande Omer. C’est cette offrande qui nous fera garder les pieds sur terre. C’est la préparation au Don de la Torah.

 

A partir d’ici, je reproduis un commentaire envoyé en 5781
Le Rav Zacks zal
relève plusieurs difficultés du passage de la paracha  (cité en entête) :

1/ La fête de Chavouot est une fête sans date. Elle dépend uniquement de Pessa’h. D’ailleurs, à l’époque où le calendrier était établi selon les témoins qui avaient vu la lune, Chavouot ne tombait pas toujours le 6 siwan, comme c’est le cas aujourd’hui.

2/ Le point de départ du compte des 49 jours n’est pas clairement précisé dans la Torah. On peut lire “le lendemain du chabbat”. Notre tradition, héritée des pharisiens, a traduit par le lendemain de Pessa’h. En revanche, les sadducéens ont préféré collé au texte. Ils commencent à compter le lendemain du chabbat… Aujourd’hui, chez les chrétiens, on a toujours le dimanche de Pâques, et celui de Pentecôte.

3/ Chavouot, c’est la fête de quoi ? La Torah qualifie Chavouot de la fête de la moisson. On y associe aussi les prémices, les premiers fruits. La dimension semble être essentiellement agricole. Alors que les 2 autres fêtes, Pessa’h et Soukot ont aussi une dimension historique, en plus de l’aspect agricole, on ne trouve pas dans la Torah la dimension historique de Chavouot.

Notre tradition identifie Chavouot à la fête du don de la Torah, la date de la révélation sur le Mont Sinaï. Toutefois, la référence de chavouot  au Don de la Torah n’est pas explicitement écrite.
C’est pourquoi, les sadducéens n’ont retenu que la dimension agricole de Chavouot. Les sadducéens, c’était un peu la classe dominante, les propriétaires terriens. Chavouot était donc une fête essentielle pour eux. Pessa’h symbolisait la sortie d’Egypte, le début du voyage. Soukot, c’est le voyage, les 40 ans dans le désert. Et pour les sadducéens, Chavouot, c’est la fête agricole, cela signifie que c’est la fin du voyage, l’arrivée en Israel, là où l’on vivra désormais du produit de la Terre et plus de la manne.

Pour  les sadducéens, la dimension historique de Chavouot est donc claire : l’agriculture, c’est l’histoire. L’arrivée en Israel à l’époque de Josué, vivre du produit de ses propres mains, c’est cela la fête de Chavouot.
Il n’est pas étonnant que les sadducéens ont périclité après la destruction du Temple et l’exil. Si Chavouot est une fête nationale, comment la fêter si on a perdu la Terre ? Celui dont l’identité religieuse était fondée sur la terre, n’a pas pu survivre.

Kedochim 5784

"Tu ne maudiras pas le sourd, et devant l’aveugle tu ne placeras pas d’embuche, et tu craindras D., Je suis D."
(VAYIQRA 19,14)


La paracha de la semaine commence par l'injonction formulée au peuple : « vous serez saints », puis elle enchaîne avec des lois « sociales ». Respecter ses parents, ne pas oublier le pauvre, ne pas se venger, ne pas faire d'iniquités dans la justice, …. voici un extrait des lois sociales que l'on trouve au début de Kedochim.

Le verset en entête nous demande de ne pas maudire le sourd. La guemara Sanhédrine 66a explique que le verset fait référence au malheureux, au pauvre : tu ne maudiras pas le malheureux.

Le Torah Temima précise que ce n’est pas que le “sourd” (= le malheureux) qu’il est interdit de maudire. Il est aussi interdit de maudire Le Roi (le dirigeant). Dans la paracha Michpatim, nous avons lu : “Tu ne maudiras pas Elokim (2 traductions envisagées, D. ou le juge), et le prince de ton peuple (Nassi) tu ne maudiras pas” (Chemot 22,27).

Le Torah Temima souligne donc que l’on a les 2 extrémités de l’échelle sociale: le malheureux et le Roi.
Notre verset utilise le mot “sourd” que la guemara traduit par le malheureux, car ce dernier se situe tellement bas dans la société, qu’il est devenu insensible aux insultes. Et pourtant, il est interdit de le maudire. Avec les 2 versets, on comprend donc qu’il est interdit de maudire tout homme : qu’il soit important, ou insignifiant, on n’a pas le droit de le maudire.

La Torah tente peut-être de nous faire comprendre que ce n’est pas tant le mal que l’on fait à l’autre qui importe en le maudissant. En effet, est-ce que le Roi est blessé quand un simple sujet le critique ? Est-ce que le malheureux n’est pas déjà vacciné avec tout ce qu’il endure ?

En fait, celui qui maudit s’abîme. Celui qui maudit tombe. Celui qui maudit, qui utilise des mots méchants ou vulgaires sur les autres se mutile : il se sépare de la société et se sépare de D.
Celui qui maudit a un problème, il a le cœur amer. Mais ce n’est pas une raison pour l’exonérer de sa responsabilité. Celui qui maudit / insulte se trouve toujours des bonnes raisons, c’est la faute de l’Autre.

A’hare Mot 5784

"Vous observerez Mes décrets et Mes lois, parce que l’homme qui les accomplit vivra par eux, Je suis D. "
(VAYIQRA 18,5)

Cette semaine nous lisons la paracha A’haré Mot. Elle est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.
Le verset en entête est cité dans dans la guemara Baba Qama 38a.
Une brayta nous enseigne, Rabbi Meir dit : d’où sait-on qu’un non-juif qui s’occupe de la Torah (= qui étudie et qui pratique) est comme un Cohen Gadol, parce que le verset parle de L’HOMME qui les accomplit (verset en entête). On ne parle pas de Cohanim, de Leviim, ou de Israelim, mais simplement d’HOMME. De là on apprend que même un non juif qui s’occupe de la Torah est comme un Cohen Gadol.

Pour comprendre que le mot homme, dans le verset, fait référence à tout individu, juif ou non juif, il suffit de regarder Tossefot de Baba Qama 38a.
Le Torah Temima explique clairement que le mot “homme” vient s’opposer à l’animal, donc tout individu, quels que soient ses gènes, est concerné.
Le Torah Temima continue en expliquant le rapport avec le Cohen Gadol. On dit que la Torah est “plus chère que les pierres précieuses”
יְקָרָה הִיא, מפניים (מִפְּנִינִים) Proverbes 3,15
La guemara fait le lien entre les pierres précieuses מִפְּנִינִים et le Cohen Gadol qui entrait à Yom Kippour à l’intérieur (LIFNIM) de l’endroit le plus saint du Temple.
La Torah rend donc celui qui l’étudie plus grand que le Cohen Gadol.


Le Torah Temima ramène aussi le Rambam :
“Je n’ai pas le moindre doute que tout celui qui parfait ses traits de caractères et sa capacité à tenter de comprendre / découvrir le Créateur Béni soit-Il méritera le monde futur. Et le Rambam cite les paroles de Rabbi Méir : même un non-juif qui s’occupe de la Torah est comme le Cohen Gadol”.


Tout humain, quels que soient ses gènes, peut donc s’approcher de D. et atteindre le même niveau que le Cohen Gadol.
Toutefois, le Torah Temima nous rapporte aussi une explication de la Guemara Sanhédrine 59a.

Pessa’h 5784


Nous sommes aujourd’hui veille de Pessa’h, la recherche du ‘Hamets est terminée. Alors pourquoi ne pas mettre par écrit ce que je dirai demain ?

Tout d’abord, je tenterai de rappeler que Pessah est la fête de la liberté… et certains de nos frères sont privés de liberté. Ils sont otages de sanguinaires qui ont déversé leur folie meurtrière il y a plus de 6 mois.

La Hagada que nous lirons commence par raconter le Gnay, la souffrance des Bné Israel en Egypte. Ainsi, ensuite, quand on parlera des miracles, et de la libération, le contraste sera flagrant, et nous ressentirons mieux la gratitude que nous devons avoir envers D.

Un peu avant la fin de première partie de hagada (avant le repas), juste avant de commencer le Hallel, les psaumes de louanges, nous dirons : “A chaque génération, tout homme doit considérer comme s’il était lui-même sorti d’Egypte”.

Alors aujourd’hui, le gnay, les souffrances, on a l’impression de les connaître. Plus de 6 mois de guerre, des otages, des morts civils et militaires, des blessés, des amputés, des orphelins…

Mais notre sortie d’Egypte, elle est où ? Nos miracles, ils sont où ?

Alors il faut se rappeler que les 4/5è du peuple ne sont pas sortis d’Egypte. Seuls 20% ont cru aux miracles et ont vu les miracles ! Peut-être que malgré les souffrances, et bien les miracles sont bien présents. Peut-être que le 14 avril dernier, le 6 nissan, c’était le grand soir. La peur était palpable. Et pourtant 100% de réussite pour les interceptions. Alors qu’il y a toujours un petit pourcentage d’échec, sur 300 projectiles…. il y aurait pu avoir des dommages terribles. Et bien non ! D. nous a protégés. Il a donné aux scientifiques et aux soldats la clairvoyance !

De même, on ne le voit peut-être pas, mais nous avons peut-être échappé depuis le mois d’octobre à quelque chose de terrible… et cela aussi c’est un miracle.

Alors le gnay on l’a vu. Les peurs, les angoisses, font de nous des esclaves. Mais le message de Pessa’h est clair. Nous devons nous libérer. Il est possible de voir la lumière, si nous le souhaitons vraiment.

Metsora 5784 - Chabbat Hagadol

"Et ce sera la loi du Metsora…"
(VAYIQRA 14,2)

Le verset en entête, est le début de la PARACHA METSORA. Volontairement, "Metsora" n'a pas été traduit car c'est la personne atteinte d’une maladie, que certains traduisent par "lèpre", mais qui est en fait une maladie inconnue de nos jours et qui a une cause spirituelle.
Ainsi, dans la guemara Ere’hine 15a, Rich Laqich explique le verset en entête. « Ce sera la loi du Metsora » = Motsi Ra’ = Celui qui fait sortir du mal… c’est la référence au Lachone Ara, la médisance. La tsaraat frappe l’auteur du Lachone Ara, celui qui utilise mal sa bouche, celui qui en fait sortir du mal.
La bouche est magnifique, lorsque les mots qui en sortent ne sont pas problématiques !

A Pessa’h, nous parlerons le soir du Seder. Pessa’h = Pé Sa”h = la bouche qui parle. Nous utiliserons notre bouche, pour nous transformer et pour vivre une nouvelle fois la sortie d’Egypte.

Cette semaine, j’ai lu le 2è chapitre du Messilat Yecharim. Il traite de la Zehirout = la nécessité de faire attention à nos actes.

En voici quelques extraits :
Le prophète Yirmiyaou se désolait des travers de ses contemporains qui agissaient sans penser.
….כֻּלֹּה, שָׁב במרצותם (בִּמְרוּצָתָם), כְּסוּס שׁוֹטֵף, בַּמִּלְחָמָה
…Tous ils reprennent leur course,comme un cheval qui se précipite au combat
(Jérémie 8,6)

Le Messilat Yecharim explique que cela fait référence aux gens qui courent et ne se laissent pas de temps pour peser et analyser leurs actions. Ils tombent dans le piège du mauvais penchant, sans s’en rendre compte.

Le mauvais penchant nous pousse à courir toujours plus, à nous créer des occupations. Il nous ôte notre dimension humaine : nous arrêtons de penser.

Le Messilat Yecharim compare cette nature profonde qui nous pousse à la paresse intellectuelle, qui nous pousse à ne pas penser nos actes et agir comme des machines à la stratégie de Pharaon avec les Bné Israel en Egypte.
"תִּכְבַּד הָעֲבֹדָה עַל-הָאֲנָשִׁים…"

“Qu’on alourdisse la charge de travail sur les gens…” Chemot (5,9)

Pharaon avait l’intention de priver les Bné Israel de leur temps. Il ne fallait plus avoir ni temps, ni le goût de penser. Le danger vient de ceux qui pensent, et qui pensent avant d’agir. Pharaon ne veut que des esclaves … il fait tout pour que les Bné Israel ne se mettent pas à penser. Et c’est ainsi, que notre mauvais penchant agit.

A Pessa’h, nous tenterons de vivre la sortie d’Egypte. Nous devrons nous transformer. Nous devrons passer du statut d’homme esclave, qui ne pense pas ses actes, à celui qui décidera de penser ses actions.

L'effervescence que nous vivons dans les préparatifs de Pessa’h, les nombreuses tâches à accomplir… Avant Pessa’h, nous n’avons pas une minute à nous ! C’est la course !

Et si c’était aussi l’objectif ? Toute cette chasse au ‘Hamets… Toute la course pour préparer la fête, peut nous rabaisser au statut d’homme qui agit sans penser ses actes.

Mais c’est ainsi, que nous vivrons la délivrance le soir du Seder. Nous pourrons ainsi mesurer la différence entre un robot qui agit uniquement, et un rosot (non un roseau !) pensant ! Sortir d’Egypte, signifie aussi commencer à ne plus agir comme une machine !

Sortir d’Egypte c’est décider de grandir et de dépasser le confort artificiel de la non pensée!
Sortir d’Egypte c’est écouter le prophète Hagay “Faîtes attention à votre manière d’agir” (Hagay 1,5). PESER et PEnSER ses actes avant d’agir !

Chabbat Chalom
Pessa’H Cacher Ve Samea’h

Tazria 5784

« …Et le 8è jour, la chair de son prépuce sera circoncise »
(VAYIQRA 12,3 ).

Cette semaine nous lirons la paracha Tazria.
Elle est essentiellement consacrée aux problèmes de pureté et d’impureté. En particulier 2 types d’impureté sont présentés :
    • L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».
    • L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.

La Torah a donc fixé des lois propres à la femme qui a accouché. Rav Shimshon Rafael Hirsch nous explique que les lois de pureté et d'impureté ont un rôle éducatif : l'homme doit ainsi se détacher de la matérialité.

Du verset en entête, on apprend certaines lois de la brit mila. Elle repousse le chabbat. Ainsi si le 8è jour tombe un chabbat, malgré tout on procédera à la brit mila (Guemara Chabbat 132a).
Le Torah Temima explique que la Torah aurait pu économiser le mot “jour”, et dire simplement “au 8è”.
Pourtant, explique le Torah Temima, en général, du mot jour on exclut la nuit. On aurait dû apprendre la brit mila se fait le jour et pas la nuit. Mais, en fait, on savait déjà que la brit mila se fait le jour uniquement, à partir du verset de la paracha Le’h Le’ha “A 8 jour tout mâle sera circoncis …” Berechit (17,12).

La Guemara Bera’hot 12b nous présente aussi une michna qui interprète le mot “jour”. Cette michna est devenue célèbre puisqu’on la lit le soir de Pessa’h dans la Hagada.
La michna nous dit :
Il faut rappeler la sortie d’Egypte la nuit. Rabbi Eleazar ben Azaria dit : J’ai comme 70 ans, et je n’ai pas réussi à ce que l’on rappelle la sortie d’Egypte la nuit jusqu’à que Ben Zoma vienne et explique le verset :
לֹא-תֹאכַל עָלָיו חָמֵץ, שִׁבְעַת יָמִים תֹּאכַל-עָלָיו מַצּוֹת לֶחֶם עֹנִי: כִּי בְחִפָּזוֹן, יָצָאתָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְמַעַן תִּזְכֹּר אֶת-יוֹם צֵאתְךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, כֹּל יְמֵי חַיֶּיךָ
Devarim (16,3)
“.... Afin que tu te souviennes du jour de la sortie d’Egypte TOUS les jours de ta vie”


Les jours de ta vie = le jour (et pas la nuit)
TOUS les jours de ta vie = les nuits, selon l’explication de Ben Zoma.
C’est donc une illustration de ce que l’on disait pour le verset sur la brit mila, en général, du mot “jour” on exclut la nuit, et c’est seulement, ici, où la Torah précise TOUS les jours de ta vie, que l’on inclut la nuit.

Le Maharal, dans Guevourot Hachem (commentaire sur la Hagada) fait remarquer que le verset semble parler d’autre chose que de la mitswa de se souvenir de la sortie d’Egypte. En effet, le verset d’avant nous parle de l’agneau pascal. Mais le Maharal précise que grâce à l’agneau pascal, on se souviendra du JOUR de la sortie d’Egypte.


Car se souvenir de la sortie d’Egypte en général, ne suffit pas. Même le rappel de la sortie d’Egypte qui est inclus dans la lecture du Chema peut être vide de sens, si l’on ne se souvient pas du jour de la sortie d’Egypte.
C’est pourquoi le Maharal précise que c’est grâce à l’agneau pascal que l’on se souvient du JOUR de la sortie d’Egypte. Ainsi, en pensant au jour de l'événement, on revit l'événement. Ce n’est plus une simple idée, cela devient une expérience. Et en vivant cette expérience, on sera forcément encore plus reconnaissant, nos louanges seront des vraies louanges. Nous réalisons ce à quoi nous avons échappé, et nous valorisons notre situation.
A Pessa’h, dans moins de 2 semaines,

Chemini 5784 : vive la viande ?

“... voici les êtres vivants que vous mangerez, de parmi les animaux qui sont sur la terre.”
(Vayiqra 11,3)

La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert), plus précisément on y parle du service le jour de l’inauguration du michkan, le 1er nissan.
On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.

Le verset en entête introduit le passage qui présente les animaux autorisés à la consommation : à titre d’exemple, les ruminants qui ont les sabots fendus sont permis.
La Torah nous dit “voici les êtres vivants que vous mangerez…”, mais attention, ce n’est pas une obligation de manger de la viande ! Ce sont en fait les animaux que l’on pourra manger… si on le souhaite.

L’esprit mal tourné pourra traduire le verset par “il faut manger de la viande, et plus on mange, mieux c’est !” Et pourquoi ne pas se goinfrer de viande tant qu’à faire ?

On pourrait se dire, la Torah me permet la viande, alors, allons jusqu’au bout des choses ! mangeons de la viande, et encore de la viande ! Peut-être faut-il décider de vivre pour manger de la viande ?
J’ai ici grossi les traits, mais l’idée est claire : ce n’est pas parce que la Torah autorise quelque chose, qu’il faut exagérer.

En ce moment c’est la guemara Baba Metsia qui est étudiée dans le cadre du daf Hayomi. La michna qui se trouve à la page 33a nous dit :
Celui qui a la possibilité de récupérer un objet perdu de son père, ou son propre objet perdu, alors il choisira son propre objet. Même chose si on a le choix entre son propre objet et celui de son rav, il faudra choisir de récupérer son propre objet.

La Guemara demande : d’où sait-on [que l’on doit donner la priorité à ses propres objets perdus] ? Rav Yehouda cite le verset “A la vérité ! Il n’y aura pas de pauvres chez toi” (Devarim 15,4). Il faut faire les efforts pour ne pas devenir pauvre. La Torah nous demande donc de donner la priorité à ses propres objets plutôt que de tenter de récupérer ceux des autres.

Mais la guemara continue avec Rav Yehouda, qui précise : Attention, celui qui systématiquement donne priorité à ses propres biens, finira par devenir pauvre. En effet, on pourrait très bien penser : “ j’ai raison de ne m’occuper que de mes biens, c’est la Torah, qui me le demande”... Mais à force de ne penser qu’à soi, on se rend pourri. La Torah nous donne la loi stricte, ce qui est possible… mais Rav Yehouda nous précise l’esprit de la loi. Il faut savoir être large et penser à l’autre. Sinon, à force de ne donner la priorité qu’à soi-même, on rate sa vie.

A force d’être persuadé d’avoir raison, même si c’est la loi stricte de la Torah, je peux aller droit dans le mur. Rav Yehouda nous conseille donc :

Tsaw 5784

Voici l'offrande qu'Aaron et ses fils présenteront devant D., chacun au jour de son onction: un dixième d'êpha de fleur de farine, comme offrande, régulièrement [Tamid]; la moitié le matin, l'autre moitié le soir…
(Vayiqra 6,13)

Tsaw est la seconde paracha du 3è livre de la Torah, le lévitique. Cette paracha, comme la plupart des parachiot du Lévitique, est consacrée au service du Temple.

Le verset en entête parle de l’offrande végétale (min’ha) que tout Cohen apporte le jour de son intronisation.

Rashi nous apprend que le verset précise que le Cohen Gadol, apporte cette offrande tous les jours : moitié le matin et moitié l’après midi.

Dans Hagot beparachiot Hatorah, j’ai trouvé l’idée que je tente de présenter ici.
Le Sefer Ha’hinou’h (mitswa 136) explique le pourquoi de l’offrande quotidienne du Cohen Gadol.
 

Le Cohen Gadol est le représentant du public. Il doit donc se sentir partie prenante du peuple. De la même façon que chaque jour on apporte un sacrifice (animal) le matin et l’après midi, pour le public, le Cohen Gadol doit faire sa propre offrande quotidienne.

Quand on est associé à un sacrifice, c’est bien. Mais lorsque l’on apporte soi-même le sacrifice, l’implication est bien plus grande.
 

Plus généralement, participer, apporter sa pierre à l’édifice, permet de se rapprocher.

Ainsi, lorsque un homme fait un cadeau à son épouse, ou lui adresse un mot gentil, il se sentira encore plus près de son épouse.

Lorsqu’un homme accomplit les commandements divins, il se rapproche de D.
L’action conditionne l’attachement que l’on porte.

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