Kedochim 5784

"Tu ne maudiras pas le sourd, et devant l’aveugle tu ne placeras pas d’embuche, et tu craindras D., Je suis D."
(VAYIQRA 19,14)


La paracha de la semaine commence par l'injonction formulée au peuple : « vous serez saints », puis elle enchaîne avec des lois « sociales ». Respecter ses parents, ne pas oublier le pauvre, ne pas se venger, ne pas faire d'iniquités dans la justice, …. voici un extrait des lois sociales que l'on trouve au début de Kedochim.

Le verset en entête nous demande de ne pas maudire le sourd. La guemara Sanhédrine 66a explique que le verset fait référence au malheureux, au pauvre : tu ne maudiras pas le malheureux.

Le Torah Temima précise que ce n’est pas que le “sourd” (= le malheureux) qu’il est interdit de maudire. Il est aussi interdit de maudire Le Roi (le dirigeant). Dans la paracha Michpatim, nous avons lu : “Tu ne maudiras pas Elokim (2 traductions envisagées, D. ou le juge), et le prince de ton peuple (Nassi) tu ne maudiras pas” (Chemot 22,27).

Le Torah Temima souligne donc que l’on a les 2 extrémités de l’échelle sociale: le malheureux et le Roi.
Notre verset utilise le mot “sourd” que la guemara traduit par le malheureux, car ce dernier se situe tellement bas dans la société, qu’il est devenu insensible aux insultes. Et pourtant, il est interdit de le maudire. Avec les 2 versets, on comprend donc qu’il est interdit de maudire tout homme : qu’il soit important, ou insignifiant, on n’a pas le droit de le maudire.

La Torah tente peut-être de nous faire comprendre que ce n’est pas tant le mal que l’on fait à l’autre qui importe en le maudissant. En effet, est-ce que le Roi est blessé quand un simple sujet le critique ? Est-ce que le malheureux n’est pas déjà vacciné avec tout ce qu’il endure ?

En fait, celui qui maudit s’abîme. Celui qui maudit tombe. Celui qui maudit, qui utilise des mots méchants ou vulgaires sur les autres se mutile : il se sépare de la société et se sépare de D.
Celui qui maudit a un problème, il a le cœur amer. Mais ce n’est pas une raison pour l’exonérer de sa responsabilité. Celui qui maudit / insulte se trouve toujours des bonnes raisons, c’est la faute de l’Autre.

A’hare Mot 5784

"Vous observerez Mes décrets et Mes lois, parce que l’homme qui les accomplit vivra par eux, Je suis D. "
(VAYIQRA 18,5)

Cette semaine nous lisons la paracha A’haré Mot. Elle est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.
Le verset en entête est cité dans dans la guemara Baba Qama 38a.
Une brayta nous enseigne, Rabbi Meir dit : d’où sait-on qu’un non-juif qui s’occupe de la Torah (= qui étudie et qui pratique) est comme un Cohen Gadol, parce que le verset parle de L’HOMME qui les accomplit (verset en entête). On ne parle pas de Cohanim, de Leviim, ou de Israelim, mais simplement d’HOMME. De là on apprend que même un non juif qui s’occupe de la Torah est comme un Cohen Gadol.

Pour comprendre que le mot homme, dans le verset, fait référence à tout individu, juif ou non juif, il suffit de regarder Tossefot de Baba Qama 38a.
Le Torah Temima explique clairement que le mot “homme” vient s’opposer à l’animal, donc tout individu, quels que soient ses gènes, est concerné.
Le Torah Temima continue en expliquant le rapport avec le Cohen Gadol. On dit que la Torah est “plus chère que les pierres précieuses”
יְקָרָה הִיא, מפניים (מִפְּנִינִים) Proverbes 3,15
La guemara fait le lien entre les pierres précieuses מִפְּנִינִים et le Cohen Gadol qui entrait à Yom Kippour à l’intérieur (LIFNIM) de l’endroit le plus saint du Temple.
La Torah rend donc celui qui l’étudie plus grand que le Cohen Gadol.


Le Torah Temima ramène aussi le Rambam :
“Je n’ai pas le moindre doute que tout celui qui parfait ses traits de caractères et sa capacité à tenter de comprendre / découvrir le Créateur Béni soit-Il méritera le monde futur. Et le Rambam cite les paroles de Rabbi Méir : même un non-juif qui s’occupe de la Torah est comme le Cohen Gadol”.


Tout humain, quels que soient ses gènes, peut donc s’approcher de D. et atteindre le même niveau que le Cohen Gadol.
Toutefois, le Torah Temima nous rapporte aussi une explication de la Guemara Sanhédrine 59a.

Pessa’h 5784


Nous sommes aujourd’hui veille de Pessa’h, la recherche du ‘Hamets est terminée. Alors pourquoi ne pas mettre par écrit ce que je dirai demain ?

Tout d’abord, je tenterai de rappeler que Pessah est la fête de la liberté… et certains de nos frères sont privés de liberté. Ils sont otages de sanguinaires qui ont déversé leur folie meurtrière il y a plus de 6 mois.

La Hagada que nous lirons commence par raconter le Gnay, la souffrance des Bné Israel en Egypte. Ainsi, ensuite, quand on parlera des miracles, et de la libération, le contraste sera flagrant, et nous ressentirons mieux la gratitude que nous devons avoir envers D.

Un peu avant la fin de première partie de hagada (avant le repas), juste avant de commencer le Hallel, les psaumes de louanges, nous dirons : “A chaque génération, tout homme doit considérer comme s’il était lui-même sorti d’Egypte”.

Alors aujourd’hui, le gnay, les souffrances, on a l’impression de les connaître. Plus de 6 mois de guerre, des otages, des morts civils et militaires, des blessés, des amputés, des orphelins…

Mais notre sortie d’Egypte, elle est où ? Nos miracles, ils sont où ?

Alors il faut se rappeler que les 4/5è du peuple ne sont pas sortis d’Egypte. Seuls 20% ont cru aux miracles et ont vu les miracles ! Peut-être que malgré les souffrances, et bien les miracles sont bien présents. Peut-être que le 14 avril dernier, le 6 nissan, c’était le grand soir. La peur était palpable. Et pourtant 100% de réussite pour les interceptions. Alors qu’il y a toujours un petit pourcentage d’échec, sur 300 projectiles…. il y aurait pu avoir des dommages terribles. Et bien non ! D. nous a protégés. Il a donné aux scientifiques et aux soldats la clairvoyance !

De même, on ne le voit peut-être pas, mais nous avons peut-être échappé depuis le mois d’octobre à quelque chose de terrible… et cela aussi c’est un miracle.

Alors le gnay on l’a vu. Les peurs, les angoisses, font de nous des esclaves. Mais le message de Pessa’h est clair. Nous devons nous libérer. Il est possible de voir la lumière, si nous le souhaitons vraiment.

Metsora 5784 - Chabbat Hagadol

"Et ce sera la loi du Metsora…"
(VAYIQRA 14,2)

Le verset en entête, est le début de la PARACHA METSORA. Volontairement, "Metsora" n'a pas été traduit car c'est la personne atteinte d’une maladie, que certains traduisent par "lèpre", mais qui est en fait une maladie inconnue de nos jours et qui a une cause spirituelle.
Ainsi, dans la guemara Ere’hine 15a, Rich Laqich explique le verset en entête. « Ce sera la loi du Metsora » = Motsi Ra’ = Celui qui fait sortir du mal… c’est la référence au Lachone Ara, la médisance. La tsaraat frappe l’auteur du Lachone Ara, celui qui utilise mal sa bouche, celui qui en fait sortir du mal.
La bouche est magnifique, lorsque les mots qui en sortent ne sont pas problématiques !

A Pessa’h, nous parlerons le soir du Seder. Pessa’h = Pé Sa”h = la bouche qui parle. Nous utiliserons notre bouche, pour nous transformer et pour vivre une nouvelle fois la sortie d’Egypte.

Cette semaine, j’ai lu le 2è chapitre du Messilat Yecharim. Il traite de la Zehirout = la nécessité de faire attention à nos actes.

En voici quelques extraits :
Le prophète Yirmiyaou se désolait des travers de ses contemporains qui agissaient sans penser.
….כֻּלֹּה, שָׁב במרצותם (בִּמְרוּצָתָם), כְּסוּס שׁוֹטֵף, בַּמִּלְחָמָה
…Tous ils reprennent leur course,comme un cheval qui se précipite au combat
(Jérémie 8,6)

Le Messilat Yecharim explique que cela fait référence aux gens qui courent et ne se laissent pas de temps pour peser et analyser leurs actions. Ils tombent dans le piège du mauvais penchant, sans s’en rendre compte.

Le mauvais penchant nous pousse à courir toujours plus, à nous créer des occupations. Il nous ôte notre dimension humaine : nous arrêtons de penser.

Le Messilat Yecharim compare cette nature profonde qui nous pousse à la paresse intellectuelle, qui nous pousse à ne pas penser nos actes et agir comme des machines à la stratégie de Pharaon avec les Bné Israel en Egypte.
"תִּכְבַּד הָעֲבֹדָה עַל-הָאֲנָשִׁים…"

“Qu’on alourdisse la charge de travail sur les gens…” Chemot (5,9)

Pharaon avait l’intention de priver les Bné Israel de leur temps. Il ne fallait plus avoir ni temps, ni le goût de penser. Le danger vient de ceux qui pensent, et qui pensent avant d’agir. Pharaon ne veut que des esclaves … il fait tout pour que les Bné Israel ne se mettent pas à penser. Et c’est ainsi, que notre mauvais penchant agit.

A Pessa’h, nous tenterons de vivre la sortie d’Egypte. Nous devrons nous transformer. Nous devrons passer du statut d’homme esclave, qui ne pense pas ses actes, à celui qui décidera de penser ses actions.

L'effervescence que nous vivons dans les préparatifs de Pessa’h, les nombreuses tâches à accomplir… Avant Pessa’h, nous n’avons pas une minute à nous ! C’est la course !

Et si c’était aussi l’objectif ? Toute cette chasse au ‘Hamets… Toute la course pour préparer la fête, peut nous rabaisser au statut d’homme qui agit sans penser ses actes.

Mais c’est ainsi, que nous vivrons la délivrance le soir du Seder. Nous pourrons ainsi mesurer la différence entre un robot qui agit uniquement, et un rosot (non un roseau !) pensant ! Sortir d’Egypte, signifie aussi commencer à ne plus agir comme une machine !

Sortir d’Egypte c’est décider de grandir et de dépasser le confort artificiel de la non pensée!
Sortir d’Egypte c’est écouter le prophète Hagay “Faîtes attention à votre manière d’agir” (Hagay 1,5). PESER et PEnSER ses actes avant d’agir !

Chabbat Chalom
Pessa’H Cacher Ve Samea’h

Tazria 5784

« …Et le 8è jour, la chair de son prépuce sera circoncise »
(VAYIQRA 12,3 ).

Cette semaine nous lirons la paracha Tazria.
Elle est essentiellement consacrée aux problèmes de pureté et d’impureté. En particulier 2 types d’impureté sont présentés :
    • L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».
    • L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.

La Torah a donc fixé des lois propres à la femme qui a accouché. Rav Shimshon Rafael Hirsch nous explique que les lois de pureté et d'impureté ont un rôle éducatif : l'homme doit ainsi se détacher de la matérialité.

Du verset en entête, on apprend certaines lois de la brit mila. Elle repousse le chabbat. Ainsi si le 8è jour tombe un chabbat, malgré tout on procédera à la brit mila (Guemara Chabbat 132a).
Le Torah Temima explique que la Torah aurait pu économiser le mot “jour”, et dire simplement “au 8è”.
Pourtant, explique le Torah Temima, en général, du mot jour on exclut la nuit. On aurait dû apprendre la brit mila se fait le jour et pas la nuit. Mais, en fait, on savait déjà que la brit mila se fait le jour uniquement, à partir du verset de la paracha Le’h Le’ha “A 8 jour tout mâle sera circoncis …” Berechit (17,12).

La Guemara Bera’hot 12b nous présente aussi une michna qui interprète le mot “jour”. Cette michna est devenue célèbre puisqu’on la lit le soir de Pessa’h dans la Hagada.
La michna nous dit :
Il faut rappeler la sortie d’Egypte la nuit. Rabbi Eleazar ben Azaria dit : J’ai comme 70 ans, et je n’ai pas réussi à ce que l’on rappelle la sortie d’Egypte la nuit jusqu’à que Ben Zoma vienne et explique le verset :
לֹא-תֹאכַל עָלָיו חָמֵץ, שִׁבְעַת יָמִים תֹּאכַל-עָלָיו מַצּוֹת לֶחֶם עֹנִי: כִּי בְחִפָּזוֹן, יָצָאתָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם--לְמַעַן תִּזְכֹּר אֶת-יוֹם צֵאתְךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם, כֹּל יְמֵי חַיֶּיךָ
Devarim (16,3)
“.... Afin que tu te souviennes du jour de la sortie d’Egypte TOUS les jours de ta vie”


Les jours de ta vie = le jour (et pas la nuit)
TOUS les jours de ta vie = les nuits, selon l’explication de Ben Zoma.
C’est donc une illustration de ce que l’on disait pour le verset sur la brit mila, en général, du mot “jour” on exclut la nuit, et c’est seulement, ici, où la Torah précise TOUS les jours de ta vie, que l’on inclut la nuit.

Le Maharal, dans Guevourot Hachem (commentaire sur la Hagada) fait remarquer que le verset semble parler d’autre chose que de la mitswa de se souvenir de la sortie d’Egypte. En effet, le verset d’avant nous parle de l’agneau pascal. Mais le Maharal précise que grâce à l’agneau pascal, on se souviendra du JOUR de la sortie d’Egypte.


Car se souvenir de la sortie d’Egypte en général, ne suffit pas. Même le rappel de la sortie d’Egypte qui est inclus dans la lecture du Chema peut être vide de sens, si l’on ne se souvient pas du jour de la sortie d’Egypte.
C’est pourquoi le Maharal précise que c’est grâce à l’agneau pascal que l’on se souvient du JOUR de la sortie d’Egypte. Ainsi, en pensant au jour de l'événement, on revit l'événement. Ce n’est plus une simple idée, cela devient une expérience. Et en vivant cette expérience, on sera forcément encore plus reconnaissant, nos louanges seront des vraies louanges. Nous réalisons ce à quoi nous avons échappé, et nous valorisons notre situation.
A Pessa’h, dans moins de 2 semaines,

Chemini 5784 : vive la viande ?

“... voici les êtres vivants que vous mangerez, de parmi les animaux qui sont sur la terre.”
(Vayiqra 11,3)

La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert), plus précisément on y parle du service le jour de l’inauguration du michkan, le 1er nissan.
On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.

Le verset en entête introduit le passage qui présente les animaux autorisés à la consommation : à titre d’exemple, les ruminants qui ont les sabots fendus sont permis.
La Torah nous dit “voici les êtres vivants que vous mangerez…”, mais attention, ce n’est pas une obligation de manger de la viande ! Ce sont en fait les animaux que l’on pourra manger… si on le souhaite.

L’esprit mal tourné pourra traduire le verset par “il faut manger de la viande, et plus on mange, mieux c’est !” Et pourquoi ne pas se goinfrer de viande tant qu’à faire ?

On pourrait se dire, la Torah me permet la viande, alors, allons jusqu’au bout des choses ! mangeons de la viande, et encore de la viande ! Peut-être faut-il décider de vivre pour manger de la viande ?
J’ai ici grossi les traits, mais l’idée est claire : ce n’est pas parce que la Torah autorise quelque chose, qu’il faut exagérer.

En ce moment c’est la guemara Baba Metsia qui est étudiée dans le cadre du daf Hayomi. La michna qui se trouve à la page 33a nous dit :
Celui qui a la possibilité de récupérer un objet perdu de son père, ou son propre objet perdu, alors il choisira son propre objet. Même chose si on a le choix entre son propre objet et celui de son rav, il faudra choisir de récupérer son propre objet.

La Guemara demande : d’où sait-on [que l’on doit donner la priorité à ses propres objets perdus] ? Rav Yehouda cite le verset “A la vérité ! Il n’y aura pas de pauvres chez toi” (Devarim 15,4). Il faut faire les efforts pour ne pas devenir pauvre. La Torah nous demande donc de donner la priorité à ses propres objets plutôt que de tenter de récupérer ceux des autres.

Mais la guemara continue avec Rav Yehouda, qui précise : Attention, celui qui systématiquement donne priorité à ses propres biens, finira par devenir pauvre. En effet, on pourrait très bien penser : “ j’ai raison de ne m’occuper que de mes biens, c’est la Torah, qui me le demande”... Mais à force de ne penser qu’à soi, on se rend pourri. La Torah nous donne la loi stricte, ce qui est possible… mais Rav Yehouda nous précise l’esprit de la loi. Il faut savoir être large et penser à l’autre. Sinon, à force de ne donner la priorité qu’à soi-même, on rate sa vie.

A force d’être persuadé d’avoir raison, même si c’est la loi stricte de la Torah, je peux aller droit dans le mur. Rav Yehouda nous conseille donc :

Tsaw 5784

Voici l'offrande qu'Aaron et ses fils présenteront devant D., chacun au jour de son onction: un dixième d'êpha de fleur de farine, comme offrande, régulièrement [Tamid]; la moitié le matin, l'autre moitié le soir…
(Vayiqra 6,13)

Tsaw est la seconde paracha du 3è livre de la Torah, le lévitique. Cette paracha, comme la plupart des parachiot du Lévitique, est consacrée au service du Temple.

Le verset en entête parle de l’offrande végétale (min’ha) que tout Cohen apporte le jour de son intronisation.

Rashi nous apprend que le verset précise que le Cohen Gadol, apporte cette offrande tous les jours : moitié le matin et moitié l’après midi.

Dans Hagot beparachiot Hatorah, j’ai trouvé l’idée que je tente de présenter ici.
Le Sefer Ha’hinou’h (mitswa 136) explique le pourquoi de l’offrande quotidienne du Cohen Gadol.
 

Le Cohen Gadol est le représentant du public. Il doit donc se sentir partie prenante du peuple. De la même façon que chaque jour on apporte un sacrifice (animal) le matin et l’après midi, pour le public, le Cohen Gadol doit faire sa propre offrande quotidienne.

Quand on est associé à un sacrifice, c’est bien. Mais lorsque l’on apporte soi-même le sacrifice, l’implication est bien plus grande.
 

Plus généralement, participer, apporter sa pierre à l’édifice, permet de se rapprocher.

Ainsi, lorsque un homme fait un cadeau à son épouse, ou lui adresse un mot gentil, il se sentira encore plus près de son épouse.

Lorsqu’un homme accomplit les commandements divins, il se rapproche de D.
L’action conditionne l’attachement que l’on porte.

Vayiqra 5784 - Za'hor - POURIM

 Pourim - La fête de l'Amour !


"Pour les juifs il y avait de la lumière et de la joie, de l'allégresse et de l’honneur …"
לַיְּהוּדִים, הָיְתָה אוֹרָה וְשִׂמְחָה, וְשָׂשֹׂן, וִיקָר

(Esther 8,16)

Nous commençons cette semaine, le troisième livre de la Torah, le livre de Vayiqra, appelé "Le Lévitique", car il a pour thème principal le service de D. (au Temple ou dans le Michkan) qui était effectué par la tribu des Lévi. Cette tribu inclut les Léviim mais aussi les Cohanim.

La première paracha du Lévitique, Vayiqra, est quant à elle consacrée aux offrandes/sacrifices. En effet, il n’y a pas de mots en français pour traduire le concept de « korbane ».

Cette semaine, c'est aussi le chabbat Za'hor « Souviens toi ». Nous avons l'obligation d'écouter ce passage de la Torah : nous avons la mitswa de nous souvenir de ce qu'a fait Amaleq, quand nous sommes sortis d'Egypte.
« Souviens-toi de ce que t'a fait Amaleq, dans le chemin, lorsque vous êtes sortis d'Egypte »
(Fin de la paracha Ki Tetse Devarim 25,17-19)


Nous lisons ce passage le chabbat qui précède Pourim car Aman, qui a voulu exterminer le peuple juif, est un descendant de Amaleq.

Le Rav Dessler, dans le 2è tome du Mi’htav Meeliahou (page 123), nous parle de Pourim.


Il demande : pourquoi le mois de Adar est-il associé à la joie ? Et pourquoi cette joie grandit de jour en jour jusqu’à pourim ? Il demande aussi pourquoi le Ari zal nous dit que la sainteté de Pourim est plus grande que celle de Yom Kippour. Pourquoi dit-on que Yom à HaKipourim, est comme Pourim “Ki-Pourim”. En clair, Kippour atteint presque le niveau de Pourim.
Rav Dessler explique que l'amour naît du don : en donnant, on se rapproche de l’autre, et l’on va développer l’amour envers celui qui reçoit.
Il continue : donner n’est possible que pour l’homme libre. On ne peut pas donner en étant contraint… en tout cas ce n’est pas ce type de don qui développera l’amour. C’est pourquoi, les anges ne connaissent que la dimension crainte. Pour donner et donc aimer, il faut être libre. Les anges n’ont pas de libre arbitre.

Lorsque les Bné Israel ont reçu la Torah, ils ont perdu le libre arbitre. Les miracles étaient tels qu’ils n’ont eu d’autres choix que de recevoir la Torah. Le Rav Dessler cite le Maharal  : leur intellect les contraignait à recevoir la Torah. Lorsque l’on dit que les Bné Israel ont retrouvé le niveau de Adam, le premier homme, avant la faute, c’est la même idée. La faute a donné à Adam la connaissance du bien et du mal. Avant la faute, Adam n’était pas aussi libre qu’après la faute.

A l’époque de Pourim, les Bné Israel ont reçu la Torah par Amour.

En effet, seuls les humains, qui connaissent le libre arbitre, peuvent ressentir pleinement la joie de la punition des méchants. L’homme qui est libre, et qui connaît le le concept de mal, peut ressentir, l’atteinte que l’on porte au nom de D., lorsque l’on porte atteinte à son peuple.

A Pourim, lorsque s’inverse subitement le cours de l’histoire, lorsque la potence prévue pour Morde’hai se transforme en potence pour Aman le méchant, la reconnaissance et la joie s’emparent du peuple juif. Le peuple ressent la joie en assistant à “la vengeance divine” (ce sont les mots du Rav Dessler). Et la joie mène à l’envie de donner (accomplir les mitswot ?), et le don mène à l’amour de D.
Ainsi le peuple commence à servir D. par amour. C’est le sens de la supériorité de Pourim sur Kipourim. Servir D. par amour est plus grand que de servir D. par crainte à Kippour.

Pekoude 5784

«Moshé a vu tout le travail [accompli], et voici, ils l’ont fait comme D. l’avait ordonné, ainsi ils ont fait. Moshé les a bénis. » CHEMOT (39,43).

Nous lirons cette semaine la paracha Pekoudé. Moshé présente la comptabilité mise en place pour expliquer le financement de la construction du Michkan (le Temple démontable du désert). Il veut probablement éviter la suspicion… quant à l’utilisation des fonds.

Comme la semaine dernière, je vous propose un petit commentaire, inspiré du Rav Jonathan Sacks zal l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni. Mais cette fois-ci, je n’oublie pas de citer la source : Son livre Sig Ve-Sia’h. Il a été traduit en Français : LES VOIX DE L'ALLIANCE.

Le Rav Sacks souligne que nous terminons le livre de Chemot, comme nous avons commencé le livre de Berechit.
Dans Berechit, la genèse, la Torah nous raconte la création du monde, qu’elle conclut de la sorte (kidouch du vendredi soir) :
וַיְכֻלּוּ הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, וְכָל-צְבָאָם. וַיְכַל אֱלֹהִים בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי, מְלַאכְתּוֹ אֲשֶׁר עָשָׂה; וַיִּשְׁבֹּת בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי, מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ אֲשֶׁר עָשָׂה. וַיְבָרֶךְ אֱלֹהִים אֶת-יוֹם הַשְּׁבִיעִי, וַיְקַדֵּשׁ אֹתוֹ: כִּי בוֹ שָׁבַת מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ, אֲשֶׁר-בָּרָא אֱלֹהִים לַעֲשׂוֹת
 Berechit (2,1-3).
Les cieux furent TERMINES … D. a TERMINE … le 7è jour son TRAVAIL …. D. a BENI le 7è jour….

Dans notre paracha, nous avons le parallèle.
וַתֵּכֶל--כָּל-עֲבֹדַת, מִשְׁכַּן אֹהֶל מוֹעֵד; וַיַּעֲשׂוּ, בְּנֵי יִשְׂרָאֵל--כְּכֹל אֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה, כֵּן עָשׂוּ
Chemot (39,32)
Le TRAVAIL (l’oeuvre) fut TERMINE…

 וַיַּרְא מֹשֶׁה אֶת-כָּל-הַמְּלָאכָה, וְהִנֵּה עָשׂוּ אֹתָהּ--כַּאֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה, כֵּן עָשׂוּ; וַיְבָרֶךְ אֹתָם, מֹשֶׁה.
Chemot (39,43)
….Moshé les a BENIS.

On trouve donc les mêmes concepts : Le travail accompli, et la bénédiction.
Dans Berechit, c’est l’oeuvre de D., la création du monde, dans Chemot, c’est la construction du Michkan, l’oeuvre de l’homme.


Le Michkan est un rappel qui nous fait ressentir la présence de D. parmi nous. C’est la métaphore de la présence de D. dans le monde.
Malgré les multiples péripéties des Bné Israel dans le désert, malgré les révoltes, malgré le veau d’or, le peuple montre, avec le michkan, qu’il peut être l’associé dans la création du monde.

Le rav Sacks explique aussi l’importance de la bénédiction pour clore la construction du Michkan. Moshé bénit les bné Israel car il veut les encourager à continuer dans la bonne direction. Moshé montre au peuple qu’il est capable d’atteindre des sommets, et qu’il faut persévérer. Fêter un évènement est le fondement du succès de demain.

Encourager est salvateur. C’est l’énergie qui permet de transformer le potentiel en mouvement dans la bonne direction

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

Vayakhel 5784 - Constuire

«Moshé rassembla toute la communauté des enfants d’Israel …» CHEMOT (35,1).

Cette semaine, nous lirons la paracha Vayakel.

Moshé rassemble le peuple pour expliquer la sacralité du chabbat. Puis nous enchaînons sur un nouveau descriptif du Michkan, le temple démontable du désert.
Nous apprenons que le chabbat prime sur la construction du Michkan. Les 39 travaux interdits le chabbat (et leurs dérivés), sont ceux qui ont permis la construction du Michkan.

Le Rav Jonathan Sacks zal l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni, nous présente un commentaire intéressant sur notre paracha, au regard de l’évolution de nos sociétés.

Le Rav Sacks nous raconte comment il a fait la connaissance de Tony Blair. C’était lors d’un voyage en avion, en revenant d’Israel, après l’enterrement de Yist’haq Rabin, le 6 novembre 1995.

Le rav Sacks était assis à côté de Tony Blair. Tout près d’eux, séparés par le couloir de l’avion, le prince Charles (Roi aujourd’hui), les a écoutés attentivement. Le Rav Sacks étudiait le Mikraot Guedolot, et a ainsi présenté les grands commentateurs de la Torah à Tony Blair. C’est ainsi qu’une amitié est née.

Le Rav Sacks n’était pas encore Grand Rabbin d’Angleterre, et Tony Blair n’est pas encore 1er ministre. Tony Blair a confié à son interlocuteur que chaque soir avant de dormir, il lisait un passage de la bible. Dès lors, à chacune de leurs rencontres, ils ne se quittaient pas sans avoir échangé sur le passage qu’avait lu Tony Blair la veille.

Un jour, Tony Blair dit au Rav Sacks : “Je suis arrivé au passage ennuyant”
Rav Sacks : “Quel est ce passage ennuyant ?”
Tony Blair : “La fin du livre de Chemot, celui où on ne cesse de décrire la construction du michkan”.
Rav Sacks : “Pour la création du monde, la Torah consacre seulement 34 versets, mais pour la construction du Michkan environ 500 versets”...

Le Rav Sacks explique que pour D., c’est facile de créer le monde, un lieu de résidence pour l’homme, donc on en parle peu. Mais  pour l’homme, construire un lieu de résidence, pour D., ce n’est pas une tâche aisée. La Torah, n’est pas un livre de l’homme qui traite le sujet de D., la Torah est le livre de D. pour l’humanité. Il est donc logique de beaucoup plus s’attarder sur la construction (humaine) du michkan.
Ainsi s’est terminée la conversation avec Tony Blair.

Mais Rav Sacks, dans son livre, va plus loin, et demande : pourquoi traite-t-on de la construction du Michkan dans le livre de Chemot, le livre de la naissance du peuple juif ? Quel est le lien entre le Michkan et la construction de la nation ?

Le Rav Sacks nous précise que notre société est marquée par le développement du multi-culturalisme. Il ne faut plus de culture dominante dans un pays, tout se vaut. Paradoxalement les tensions ethniques n’ont pas diminué. Ainsi, le Rav Sacks explique qu’au Royaume Uni ces tensions se sont exacerbées. Les fossés se creusent entre les différentes cultures / communautés. Ce n’est pas ainsi que l’on construit une nation.

Moshé a récupéré un peuple d’esclaves. Un peuple a un passé commun. Moshé doit en faire une nation. Une nation a un futur commun. Le peuple ne forme pas une entité. Il y a 12 tribus, il y a le erev rav, de gens qui ont décidé de se joindre aux bné Israel, mais qui sont loin d’être intégrés. Il faut que tous ces individus forment la nation naissante. Et pour cela, il faut un projet.


Le Rav Sacks explique que ce ne sont pas les évènements qui nous touchent qui créent une identité, une responsabilité, ce sont nos actions qui vont nous faire grandir.


La construction du Michkan, c’est LE projet qui va unir le peuple. Alors qu’à plusieurs reprises le peuple s’est plaint pour de l’eau, de la nourriture, des postes à pourvoir … Ici pour le Michkan, pas de plaintes ! Bien que des contributions financières soient requises, le peuple est uni, et court pour participer.


Pages

Souscrire à Limud - Paracha de la semaine RSS