A’hare Mot Quedochim 5783 - Aimer

" Tu aimeras ton prochain comme toi-même: je suis l'Éternel."
(VAYIQRA 19,18)

Cette semaine nous lirons la paracha A’hare Mote ainsi que la paracha Quedochime.

La paracha Quedochime présente beaucoup de lois sociales qui régissent les relations de l’homme envers son prochain.

Intéressons au célèbre verset : Tu aimeras ton prochain comme toi même, Je suis D.
Quel est le rapport entre aimer son prochain, et “Je suis D.”.

J’ai essayé de comprendre le Meche’h ‘Ho’Hma… j’espère que je dirai pas de bêtises.

Exceptionnellement le Meche’h ‘Ho’Hma sur le verset en entête, est très long, et utilise un langage très imagé (poétique ?)

Il commence par expliquer que le vêtement est le témoignage de l’oeuvre du tailleur, l’immeuble témoigne de l’existence du bâtisseur.

Le monde est le témoignage de l’existence du Créateur. L’ordre parfait, les manques à gauche, qui sont comblés par des surplus à droite… tout se complète. L’idiot dira que tout est l’oeuvre du hasard. Le sage verra la grandeur de D.

Mais ce n’est pas tout, D. a créé aussi l’homme à Son image. Le Meche’h ‘Ho’Hma explique que cela signifie que l’homme a le libre arbitre. Ce n’est pas parce qu’il s’est bien comporté hier, qu’il se comportera bien demain. Etre un homme bien est un choix permanent. Chaque jour je dois décider de quoi sera fait mon avenir.

Même si l’homme est libre, le Meche’h ‘Ho’Hma souligne que cette liberté va de paire avec la Providence Divine, qui nous protège. Le peuple juif a erré pendant 2000 ans. Même si aujourd’hui nous avons retrouvé la Terre de nos ancêtres, la terre tant désirée, même si aujourd’hui nous pouvons vivre à Jérusalem que nous mentionnons dans nos prières depuis des siècles, le peuple juif vit encore aux quatre coins du monde. Et le Meche’h ‘Ho’Hma souligne que même au bout du monde, les juifs s’installent, forment des communautés, s’entraident … c’est la preuve de la présence de D.
Après des siècles d’exil, voir des juifs qui appliquent la mitswa d’aimer son prochain aux quatre coins du monde, c’est la preuve que D. existe. C’est la preuve de la Providence Divine. C’est cela le “Je suis D.” de la fin du verset.

Le Meche’h ‘Ho’Hma explique aussi que l’homme a 2 types de désir : celui qui provient des sens et celui qui provient de l’intellect.
L’homme simple sera aux ordres de ses sens : la vue, par exemple. Il va voir une femme et la désirer.
Le sage va désirer l’objet de son intellect. Le sage ne voit pas D., et pourtant il Le désire. Il désire s’en rapprocher.
Lorsque le juif aime son prochain, même s’il ne le connaît pas, lorsque le juif aide son frère qu’il ne connaît pas uniquement parce qu’il fait partie du même peuple, il aime avec son intellect et pas avec ses yeux. C’est la signification du “Je suis D.” de la fin du verset. En aimant l’autre que l’on ne connaît pas (uniquement avec l’intellect), on apprend à aimer D. que l’on ne peut pas voir.

Le Meche’h ‘Ho’Hma explique aussi qu’il y a 2 types d’amour. L’amour intéressé, celui où l’on attend quelque chose en retour, et l’amour qui vient de la ressemblance.

L’amour intéressé vient quand il y a un grand écart entre le celui qui donne et celui reçoit.
Lorsque le riche donne au pauvre, le riche attend souvent un merci, un regard. Lorsque le savant enseigne à l’ignorant, le savant a la satisfaction du merci, de la reconnaissance de l’autre. Ce n’est pas vraiment l’amour de l’autre, c’est plutôt l’amour de soi-même.

Aimer son prochain, c’est comprendre qu’on est l’égal du prochain, on ne lui est pas supérieur. “Tu aimeras ton prochain COMME TOI même”. Ton prochain est comme toi, vous êtes égaux. Donc il n’y a rien à attendre en retour. C’est l’amour gratuit. Si on ressent que l’autre est notre égal, et non pas inférieur à nous, on n’attend plus la reconnaissance. Avec l’Autre, on se ressemble, on l’aime donc.

Le “Je suis  D.” de la fin du verset, nous montre donc comment aimer D. Aimer l’autre parce qu’on lui ressemble, ainsi je vais tenter d’aimer D. parce que je vais Lui ressembler. En appliquant les commandements divins, je vais ressembler à D., et ainsi, je pourrai aimer D., non pas en attendant un retour, mais uniquement pour D.


Chabbat Chalom


Stéphane Haim COHEN