Pessa’h 5785
Chabbat, nous lirons la paracha Tsaw. Puis à la fin de chabbat, samedi soir, nous commencerons Pessa’h, et ferons le Seder.
La première partie de ce commentaire est un texte écrit par un ami, Chabtay Dvach, avec qui j’étudie quasiment tous les jours.
"ולקחו מן הדם ונתנו על שתי המזוזות ועל המשקוף על הבתים אשר יאכלו אותו בהם" [ שמות יב , ז ]
" Ils (les Bné Israël) en prendront le sang ( celui du sacrifice pascal) et en étaleront sur le linteau et les montants des maisons dans lesquelles ils mangeront."
" והיה הדם לכם לאת על הבתים אשר אתם שם וראיתי את הדם ופסחתי עליכם ולא יהיה בכם נגף למשחית בהכותי במצרים [ שמות יב, יג ]
"Le sang sera pour vous un signe, dans les maisons où vous vous trouverez. Je verrai le sang et passerez au-dessus de vous, afin que le fléau vous épargne, lorsque Je frapperai le pays d'Egypte."
La Mekhilta, rapportée par Rachi, commente ainsi ce verset. Nous aurions pu croire que le sang devait être placé à l'extérieur. Et bien non ! Le sang sera pour vous un signe : pour vous et pas pour les autres. Par conséquent, le sang devait être étalé à l'intérieur.
Nous aurions pu penser que pour mériter leur sauvetage miraculeux, les Bné Israel devaient témoigner d'un remarquable courage pour se désigner, par le sang enduit sur leurs portes, comme des Hébreux révoltés contre la tyrannie, braver les Egyptiens et se rappeler ainsi à la miséricorde divine. Il n'en est rien. D-ieu n'avait aucun besoin d'une marque extérieure de reconnaissance pour les épargner.
Alors de quoi l'étalage du sang devait-il être le signe ?
La Mekhilta répond qu'il s'agissait d'une recommandation à usage interne. Les Bné Israël devaient à l'instant le plus déterminant de leur libération prendre conscience en observant le sang. Mais prendre conscience de quoi ?
Le sang sur les portes renvoie au sang qui macula la tunique de Yossef, vendu par ses aînés, une tunique maquillée destinée à circonvenir leur père.
En ce moment crucial où la mort fauche des myriades d'Egyptiens, les Bné Israël devaient se souvenir des raisons de l'exil. C'est le poison de la haine entre Yossef et ses frères qui a provoqué la descente des enfants de Yaaqov en Egypte. Pour la première fois de l'histoire, l'épreuve de l'exil a soudé les Hébreux, les a constitués en peuple. Les Bné Israël devront se souvenir lorsqu'ils vivront ensemble, dans leur pays, des dégâts causés par la discorde et ne pas verser dans les travers qui les ont menés à devenir étrangers sur une terre étrangère. Cette dernière leçon, juste avant la fin de l'exil, était tellement importante qu'elle devint le préalable au miracle qui se produisit pendant la mort des premiers-nés.
Avons-nous intégré le message ?
Combien de fois, réunis sur notre terre, avons-nous cédé au démon de la désunion ? Combien de dissensions devrons-nous encore vivre pour apprendre la leçon ? L'exil fut un mal nécessaire. En Egypte ou ailleurs, il nous signale tous aux autres comme des Juifs. Nous voici de nouveau livrés à la vindicte des nations, maltraités mais enfin connivents. L'exil n'a d'autre but que de réactiver notre cohésion, de nous réunir, parce que nous n'avons d'autre choix que de nous aimer pour y subsister.
La solidarité, la fraternité, qui nous ont sauvés en exil, ne doivent pas s'évaporer pendant que nous bâtissons notre propre pays.
C'est l'avertissement donné par D-ieu aux Bné Israel, lorsqu'ils quittent l'Egypte. Deux millénaires après la destruction du Temple, il résonne encore plus fort, aujourd'hui.
(fin du copié/collé du texte de Chabtay Dvach)
“Par hasard”, avec un autre ami, j’ai étudié cette semaine, un passage du Maharal, Guevourot Hachem sur un passage de la Hagada :
Raban Gamliel dit tout celui qui n’a pas dit 3 choses, ne s’est pas acquitté de ses obligations. Les voici : Pessa’h, Matsa, et Maror (les herbes amères).
Le Maharal explique longuement ce que symbolise le Pessa’h, l’agneau pascal. Cette agneau est le symbole du Un, de l’unité.
L’agneau devait être grillé entier. On ne le coupait pas pour faciliter sa cuisson. Au bout du compte, il était présenté entier. C’est le UN.
Le sacrifice était consommé dans une seule maison, un seul groupe. On ne se sépare pas pour consommer l’agneau pascal.
Cet agneau devait être tout jeune, un agneau d’un an, et pas de 2 ans !
Le Maharal continue. C’est un agneau d’un an que l’on apporte, et pas un veau d’un an. Car un agneau est frêle. Le peuple d’Israel est comparé à un agneau, nous dit le Maharal. Si un agneau prend un coup, il est tellement frêle qu’il a mal partout. Et bien si en Israel, on a un seul fauteur, c’est tout le peuple qui paie. On l’a vu pour pour A’han (Yeochoua Chap 7).
Je rajouterai, si un seul juif prend un coup, c’est tout le peuple qui a mal. Même si ce juif vit à l’autre bout du monde.
Le Maharal continue en disant que cet agneau doit être parfait / entier “Tamim”. C’est encore un symbole d’unité.
Par ailleurs, l’agneau ne doit pas être cuit mais grillé. En effet, quand on cuit, l’agneau se disloque (voir le msouki). Quand on le grille, l’agneau durcit, est symbolise encore mieux l’unité.
De la même façon, la Torah nous demande de ne pas briser les os de l’agneau Pascal… sinon, nous nous éloignons de l’unité.
Pessa’h, c’est donc la fête de l’Unité. C’est en sortant d’Egypte que nous sommes devenus UN peuple. Mais alors comment faire pour retrouver cette unité?
C’est toujours facile de critiquer l’autre qui ne pense pas comme moi, l’autre qui se trompe, l’autre qui n’a pas les mêmes valeurs, l’autre qui ne sert pas D. comme il faut le faire !
Alors comment faire pour retrouver cette unité ?
J’ai beau réfléchir, mais quand je vois les fractures dans le peuple, j’ai du mal à percevoir le début d’un chemin qui nous mènerait à cette unité.
Mais il y a néanmoins un prérequis pour se diriger vers cette unité. Elle devra ressembler à l’agneau pascal. L’unité est un sacrifice / une offrande. Je dois forcément sacrifier une partie de moi-même, et cela peut faire mal, afin d’avancer vers l’unité.
Je terminerai en rapportant une partie de la fin de la dracha du Rav, chabbat dernier.
Pourquoi commence-t-on la Hagada par “Ha Lahma Ania”, “voici le pain de misère que mangeaient nos pères” ?
Le rav a expliqué que Pessa’h est la fête de la liberté, c’est la fin de l’esclavage.
Quelles sont les caractéristiques d’un esclave ?
Un esclave ne peut pas témoigner. L’esclave a peur, il est donc prêt à mentir. On ne peut pas accepter son témoignage.
La Hagada commence en criant que nous ne sommes plus esclaves : “Voici le pain de misère” = Nous témoignons, donc nous ne sommes plus esclaves !
Un esclave n’a pas de Yi’hous, pas de lignée. Un esclave ne fait pas hériter ses enfants biologiques. Il n’y a pas de liens traditionnels du mariage chez l’esclave. Pourquoi ? Parce que l’esclave ne possède rien. Il ne peut pas donner. Et quelqu’un qui ne peut pas donner, ne peut pas se marier.
Dans “Ha Lahma Ania”, nous crions que nous ne sommes plus esclaves. Nous clamons, que tout celui qui est dans le besoin vienne et mange avec nous. Désormais, nous ne sommes plus esclaves, nous donnons !
Un esclave est exempt des commandements qui dépendent du temps. Car un esclave n’est pas maître de son temps. Il n’a pas de passé. Il ne peut pas planifier, penser à un futur. Il vit dans l’instant : il obéit et tente de survivre.
Dans “Ha Lahma Ania”, nous crions que nous ne sommes plus esclaves. Nous faisons des plans. Cette année,