Vaera 5785


«Le coeur de Pharaon s’endurcit et il ne les a pas écoutés, comme D. avait dit.» CHEMOT (7,13).


La paracha de la semaine expose le début du processus de la libération des Bné Israel d’Egypte.
Ainsi, dans Vaera nous trouvons les sept premières plaies (sur 10) qui ont frappé les Egyptiens, avant la fin de l’esclavage des Bné Israel.


Tout au long de la paracha, nous remarquons que la Torah insiste sur le coeur de Pharaon qui s’endurcit. Pour les 5 premières plaies, c’est Pharaon qui endurcit son coeur. Puis ce sera D. qui endurcira son coeur. Cela pose bien évidemment des questions sur le libre arbitre auxquelles de nombreux commentateurs ont répondu.

Je vais tenter de m'intéresser à cet organe, le coeur. La Torah nous dit que le coeur de Pharaon est devenu dur, et c’est pour cela qu’après chaque plaie, il refuse de libérer les Bné Israel. Cela veut donc dire que si Pharaon avait eu le coeur tendre il aurait laissé partir les Bné Israel. Mais peut-on imaginer que par pitié (le coeur tendre) Pharaon aurait libéré les Bné Israel ?
On voit bien que le coeur ne peut pas être considéré ici comme un symbole de sentiments. Si Pharaon refuse de libérer les Bné Israel, c’est une décision bien réfléchie. Et dans la paracha Bo, quand il renverra les Bné Israel, ce ne sera pas de la pitié, mais juste un arbitrage.


Le coeur de Pharaon, c’est donc l’intelligence. Lorsque nos maîtres nous parlent de coeur, cela signifie le lieu de résidence de l'intelligence.
En 5782, dans le commentaire sur la paracha Vayakhel,
https://limud.net/content/vayakhel-5782-chabbat-chekalim
j’avais expliqué que le coeur est considéré comme le centre de l’intelligence.

Lorsque le coeur de Pharaon s’endurcit, cela signifie que son cerveau devient rigide. Il a une idée en tête, il ne peut pas s’en défaire. Il ne veut pas perdre ses esclaves.
L’intelligence, c’est la capacité d’adaptation. Pharaon s’entête. Son coeur qui s’endurcit signifie qu’il ne veut pas changer d’avis. Il est persuadé d’avoir raison, il ne peutvdonc pas changer d’avis.

La Torah nous dit :
«Le coeur de Pharaon s’endurcit et il ne les a pas écoutés, comme D. avait dit.» CHEMOT (7,13).
Ensuite, on a :
“D. dit à Moshé : le coeur de Pharaon est lourd [kaved], il refuse de renvoyer le peuple” (Chemot 7,14).
Pharaon raisonne donc lourdement. Il a une inertie. Il ne veut pas changer. Kaved, c’est “lourd” mais c’est aussi “le foie”.

Le foie est probablement l’organe le plus lourd du corps humain.

Chemot 5785

“Ce fut, dans ces jours-là, Moshé grandit ; il alla parmi ses frères et vit leurs souffrances. Il vit un Égyptien qui frappait un Hébreu, un de ses frères. Il se tourna de côté et d'autre, il vit qu’il n’y avait pas d’homme, il frappa l'Égyptien et l'ensevelit dans le sable.“
 (Chemot 2, 11-12 )


Nous commençons cette semaine le livre de Chemot, l’Exode. Les Bné Israel sont en Egypte et sont devenus des esclaves.

Bien que ce soit Yossef qui fut à l'origine de la prospérité de l’Egypte, le nouveau Pharaon, va faire comme si on ne doit rien aux Bné Israel. Aucune reconnaissance. Avant Yossef, l’Egyptien haïssait déjà l’étranger, il représentait une abomination, on ne doit pas partager un repas avec un descendant d’Israel…
L’épisode de Yossef est donc vu comme un accident de l’histoire. Chassez le naturel et il revient au galop ! C’est une honte d’exprimer de la reconnaissance envers quelqu’un que l’on considère comme un sous-homme. Pharaon préfère faire comme si on ne doit rien aux enfants d’Israel. Les persécutions peuvent commencer.

C’est dans notre paracha que nous faisons la rencontre de Moshé, notre Maître.

Le Meche’h ‘Ho’hma, dans son introduction au livre Chemot, nous précise la dimension de la prophétie de Moshé.

Il explique que si l’on croit un prophète parce qu’il accomplit des miracles, alors cette croyance n’est pas parfaite. On ne peut pas faire dépendre la foi de miracles. La foi, c’est bien plus profond. Malgré tout, la Torah m’a demandé de croire en un tel prophète (à certaines conditions). La Prophétie de Moshé n’est pas de cet ordre. Tout le peuple a vu / compris que D. parlait à Moshé en face en face. Nous croirons donc en sa prophétie éternellement.

Pourquoi à Moshé a-t-il été choisi ?

Je serai loin d’être exhaustif dans le début de réponse formulé.

La Torah nous dit que “Moshé grandit” (Chemot 2, 11 - verset en entête). Rav Shimshon Rafael Hirsch nous rappelle les caractéristiques d’un prophète. Avant qu’il commence à prophétiser, il doit être fort, sage, riche, … pas de faiblesse (physique ou mentale), ne pas dépendre des autres …. (Guemara Nedarim 38a)

Quand on nous dit que Moshé grandit, la Torah nous explique qu’il a les qualités requises.  Rav Shimshon Rafael Hirsch vient donc préciser que la Torah répond à ceux qui qualifient la prophétie de Moshé d’illusions. Ils traitent le prophète comme un malade mental… Et bien non ! Moshé grandit, il est sain de corps et d’esprit.

Le verset suivant décrit Moshé qui voit l’Egyptien qui frappe l’Hébreu. Moshé regarde de chaque côté. Il voit qu’il n’y a pas d’homme, et il décide de tuer l’Egyptien.
Rav Shimshon Rafael Hirsch souligne que Moshé ne voulait pas être dénoncé. C’est la raison pour laquelle il regarde autour de lui avant de tuer l’Egyptien. Moshé a conscience qu’il faut aider / protéger l’Hébreu qui souffre, mais pas en prenant n’importe quel risque. Moshé réfléchit avant d’agir. Tuer l’Egyptien, ce n’est pas une impulsion, ou un acte d’héroïsme.

Moshé n’est donc pas quelqu’un qui prémédite

Vaye’hi 5785

“Les jours de Israel [Yaaqov] approchaient de la mort, il appela son fils Yossef, il lui dit … Ne m’enterre pas s’il te plaît en Egypte.“
 (BERECHIT 47,21 )


La paracha de la semaine conclut le livre de Béréchit. Le peuple des enfants d’Israel (Yaaqov) est à présent une entité à part entière, bien que résidant en Egypte.
Yaaqov, le troisième patriarche bénit, dans notre paracha, ses enfants, les 12 tribus, avant de rejoindre le monde de la Vérité.

Au début de la paracha Yaaqov demande à son fils Yossef de lui promettre de ne pas l’enterrer en Egypte. Il veut être enterré dans la caverne de Ma’hpela à Hevron.

Mais pourquoi est-ce si important ?

Alors on peut penser que Yaaqov ne voulait pas être transformé en idole post-mortem. Mais il y a peut-être autre chose.

Un proche m’a conseillé de regarder le Meche’h ‘Ho’hma, Paracha Be’houqotay, sur le verset Vayiqra (26,44). La Torah nous promet que malgré les exils que nous connaîtrons dans des pays d’ennemis, D. ne nous fera pas disparaître.

C’est la promesse que jamais le peuple juif ne s’assimilera au monde environnant. Alors, peut-être qu’une partie du peuple restera sur le bord de la route, mais le peuple juif vivra jusqu’à la fin des temps, malgré tous les aléas de l’histoire.

Le Meche’h ‘Ho’hma nous dit que c’est grâce aux grands qui nous ont précédés, et qui ont su construire des digues, que la nation juive a survécu.

Et le premier d’entre eux, c’est le patriarche Yaaqov. Il s’est installé en Egypte avec le peuple naissant. C’est le premier exil sur une terre étrangère. Il a demandé à ses enfants qu’ils conservent leurs habitudes vestimentaires. Il a demandé qu’ils conservent des noms juifs ! C’est ainsi que les enfants d’Israel sont restés un peuple à part entière.

Le Meche’h ‘Ho’hma ajoute que si Yaaqov avait été enterré en Egypte, le peuple aurait abandonné l’idée de retourner au pays Canaan, la terre promise à Israel.

Etre enterré en Egypte, signifie être une partie du patrimoine Egyptien. Le peuple serait devenu une composante du peuple Egyptien.

C’est pourquoi Yaaqov a demandé de toutes ses forces d’être enterré avec ses pères, en terre sainte. Ainsi, il a contribué à enraciner dans le coeur de chacun le lien naturel avec la terre d’Israel.

Yaaqov n’est pas descendu en Egypte pour s’y enraciner (Leichtaqea) mais pour y habiter (LaGouR). Il se considérera toujours comme un GueR, un étranger en terre d’Egypte. En ce sens, c’est un exemple pour tous ses descendants qui vivront en exil.

Je vous conseille vivement

Vayigach 5785

“Et le peuple [Egyptien], il [Yossef] le déplaça vers des villes d’un bout à l’autre de l’Egypte“
 (BERECHIT 47,21 )


La paracha de la semaine nous raconte le dévoilement de Yossef devant ses frères.

C'est dans cette paracha que les masques tombent. Les frères de Yossef étaient persuadés d'être dans le vrai. Ils s'étaient débarrassés de Yossef, et ils étaient sûrs d'avoir raison ! Ils en étaient tellement persuadés qu'ils ne pouvaient pas reconnaître leur frère qui était devant eux. Cela prouve vraiment qu'il est terriblement difficile de prendre du recul et d'analyser son comportement.

A la fin de la paracha, Yossef installe sa famille en Egypte dans la terre de Gochen. Yossef a aussi acheté toutes les terres des Egyptiens pour le compte de Pharaon.

Yossef décide de faire déménager tous les Egyptiens d’un bout à l’autre de l’Egypte.

Rashi explique que ce qui semble un détail, est en fait une louange pour Yossef. Il a fait bouger les Egyptiens pour que ses frères ne soient pas qualifiés d’exilés, ou d’immigrés. Toute l’Egypte est la même enseigne. Il n’y a plus d’autochtones, il y a juste des gens déplacés.

Le Kli Yaqar s’étonne un peu de la disproportion entre le risque (la honte des frères de Yossef, qualifiés d’exilés), et le fait de disperser tous les Egyptiens.
En plus, le Kli Yaqar précise que l’on se considère comme exilé si auparavant, on était propriétaire de terrain, ou d’exploitation. Mais nos ancêtres, Avraham, Yst’haq et Yaaqov, et les frères de Yossef, ne possédaient ni champs, ni vignes !
Par ailleurs, on dit que l’exil a commencé depuis la naissance de Yits’haq. La mesure de Yossef semble donc disproportionnée.

C’est pourquoi, le Kli Yaqar préfère mettre l’action de Yossef en regard du verset de la Torah “Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étranger en terre d’Egypte” (Devarim 10,19).

Car tout celui qui n’a pas été étranger, ne peut pas ressentir ce que ressent l’étranger.

Mais celui qui a vécu l’expérience, se comportera mieux avec l’étranger. Tout ce que l’on n’aime pas que l’on nous fasse, on le fait pas à l’autre.

La Torah avait promis aux descendants d’Avraham, qu’ils seraient étrangers dans une terre qui ne leur appartient pas (Berechit 15,13). Et bien ce sera une terre où personne ne se sent chez soi. Et ainsi, tout le monde y apprendra à ressentir ce que ressent l’étranger.

Et le Kli Yaqar continue en soulignant que c’est peut-être ce que voulait nous faire comprendre Rashi.

Enfin le Kli Yaqar propose une autre explication. Si toute l’Egypte a été déplacée, on ne pourra pas s’en prendre aux Bné Israel qui résident en terre de Gochen (en Egypte). Si plus tard un roi se lève, et veut vérifier les droits de propriétés des habitants, tous seront à égalité. Les Bné Israel ne seront pas mis à l’index car ils n’ont pas le droit ancestral de résider à Gochen. Ils seront comme tous les Egyptiens, des anciens déplacés.

Après l’exil qui a duré 2000 ans, le peuple d’Israel retourne depuis le siècle dernier

Miqets 5785

“Pharaon dit à ses serviteurs, est-ce que l’on pourrait trouver un homme tel que celui-ci (Yossef) qui à le souffle de D. en lui ? “
 (BERECHIT 41,38)


La paracha de la semaine nous raconte l'ascension surnaturelle de Yossef dans la société égyptienne. Il était dans une obscure prison à la fin de la paracha Vayechev (Chabbat dernier), et voici qu'il va devenir vice-roi d'Egypte.

Cette promotion sociale vient du fait que Yossef saura expliquer le rêve de Pharaon. En prison, déjà il avait expliqué le rêve du préposé au vin (Sar Hamachqim) de Pharaon.

A cause de la famine, les frères de Yossef vont venir acheter de la nourriture, en Egypte. C’est Yossef qui va les accueillir … froidement. Yossef les reconnaît, mais eux pensent que Yossef n’est plus. Ils n’imaginent pas qu’ils font face à leur frère.


Le verset en entête parle du choix de Yossef comme vice-roi d’Egypte.

Pharaon a bien compris que Yossef est l’homme de la situation. Il a su interpréter les rêves et a immédiatement proposé une stratégie pour anticiper la famine qui sévira en Egypte.

Mais, pourquoi Pharaon a-t-il besoin de demander à ses serviteurs l’autorisation de nommer Yossef (verset en entête). En effet, Pharaon doit se justifier, et il doit faire comprendre à ses serviteurs, qu’on ne peut pas trouver chez les Egyptiens un tel homme ?
“Pharaon dit à ses serviteurs, est-ce que l’on pourrait trouver un homme tel que celui-ci (Yossef) qui à le souffle de D. en lui ? “
 (BERECHIT 41,38)


On peut très bien penser que Pharaon est habile politiquement, et qu’il veut éviter les jalousies envers Yossef. Avant de recruter quelqu’un de l’extérieur, il convient d’expliquer à ses conseillers actuels qu’il n’a pas trouvé d’équivalent en Egypte.

Le Ramban va plus loin. Sur le verset en entête, il nous dit que les Hébreux étaient détestés des Egyptiens. Un Egyptien ne pouvait pas manger ce qui avait été touché par un Hébreu. Les Égyptiens considéraient les Hébreux comme impurs, une source de souillure. C’était donc un sacrilège de nommer Yossef à un tel poste. Pharaon se doit donc de demander l’avis de ses serviteurs.
C’est seulement après que les serviteurs de Pharaon aient accepté, que Yossef est nommé vice-roi d’Egypte.

Le Ramban semble donc bien connaître les rouages de la classe dirigeante en Egypte. Cela rappelle la condition du Dhimmi dans le monde musulman. Un proche m’a prêté un livre, paru en 1980, référence à ce sujet “Le Dhimmi”. L’auteur est Bat Yeor, la préface de Jacques Ellul.

Le Dhimmi est donc un citoyen de seconde zone, qui est toléré, et qui doit payer des taxes pour avoir le droit  de vivre dans de piètres conditions. L’auteur nous dit que l'exclusion du Dhimmi de la fonction publique se fonde sur de très nombreux versets coraniques (Coran III, 27, 113 ; V,56) et des Hadith. Un infidèle ne peut exercer une autorité sur un musulman.
L’auteur nous dit qu’au Moyen Age la nomination de Dhimmi à des hautes fonctions administratives provoquait souvent des émeutes : Grenade 1066, Fez 1275 et 1465, Egypte sous les Mamlouks (1250-1517).

On dit souvent que le juif était heureux en terre d’Islam, grâce à son statut de protégé, Dhimmi. Mais si on a besoin de le protéger, c’est que naturellement on veut s’en prendre à lui.

Pharaon a eu la même appréhension pour Yossef, il savait que la population a une haine profonde envers l’étranger, envers l’Hébreu, il doit donc prendre des pincettes pour nommer cet hébreu qui souille ce qu’il touche.

Maintenant, je comprends mieux ce qui se passera quelques générations plus tard. L’Egypte “oubliera” d’être reconnaissante envers Yossef, et ses descendants. Les Egyptiens vont asservir les bné Israel. Mais comment est-ce possible, les Egyptiens doivent leur existence et leur prospérité à Yossef !

Vayechev 5785

“Voici les descendants de Yaaqov, Yossef était âgé de dix sept ans … “
 (BERECHIT 32,11)


La paracha de la semaine nous rapporte le triste épisode de la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.
Le Mi’htav MeEliahou, ‘Heleq 2, Paracha Vayechev, souligne que le 1er verset de la paracha (entête), nous présente Yossef comme l’héritier de Yaaqov.

Il explique que tout humain vient sur terre avec une mission, pour participer au dévoilement de la Présence Divine.
Pour remplir la mission, on lui donne des moyens matériels, intellectuels, spirituels…. Parfois la mission ne peut pas être accomplie, et souvent, le fils doit reprendre le flambeau pour continuer la mission inachevée du père.

Cela justifie les lois de l’héritage. On avait donné des moyens matériels au père pour accomplir sa mission (pour s’accomplir). La mission n’est pas terminée, les moyens passent à ceux qui doivent continuer l’oeuvre du père.

On apprend de ce passage du Mi’htav MeEliahou entre autres que chaque humain a une mission. Chaque homme, chaque femme a donc un potentiel.

Le but de la vie est de transformer ce potentiel en réel. Ainsi, l’homme se réalise.

Pour ce faire, il faut être en mesure de comprendre sa mission, de mesurer son potentiel…. et de ne pas gâcher !

Que D. nous aide à comprendre que nous sommes tous uniques, et exceptionnels.

Vayichla’h 5785

«Je suis plus petit que tous les bienfaits et que toute la vérité que Tu as faits avec Ton serviteur…»
 (BERECHIT 32,11)


Au début de la Paracha Vayichla’h, Yaaqov se prépare à retrouver son frère Esaw. Rappelons la façon dont ils s’étaient séparés dans la paracha Toledot : Esaw voulait tuer son frère Yaaqov suite à l’épisode de la bénédiction d’Isaac.
Cette paracha présente donc la rencontre entre Yaaqov et Esaw. Puis ce sera l'épisode de Dina avec Che'hem, le fils de 'Hamor. A la 6è montée, on trouve la naissance. Yaaqov le nomme car  Ra'hel décède en accouchant.

Le Gaon de Vilna est connu non seulement pour sa Torah mais aussi pour son immense modestie. Un jour, un des élèves lui demanda :
Est-ce que notre maître n’exagère pas au sujet de la modestie ? Dans la guemara Sota 5a, on trouve : un talmid ‘ha’ham doit avoir en lui 1/8è dans le 8è d’orgueil. Rashi explique un petit peu d’orgueil [est nécessaire pour le talmid ‘ha’ham].

Le Gaon répondit à son élève :
Regarde bien les paroles de la guemara, il est écrit 1/8è dans le 8è en alternant le féminin et le masculin pour le 8è
אחד משמונה שבשמינית
Cela fait référence au 8è verset de la 8è paracha du livre Bérechit.

C’est le verset en entête : Je suis plus petit que tous les bienfaits…

Yaaqov considère que tous les bienfaits dont D. l’a comblé, il ne les mérite pas. Yaaqov pense que c’est trop pour lui. Il est modeste.

Le Gaon de Vilna explique donc : ⅛ du 8è nous dirige vers ce verset “je suis plus petit…” Le message est clair, un talmid ‘ha’ham doit se faire petit.

Yaaqov donne une leçon de vie, non seulement au talmid ‘ha’ham, mais aussi à tout un chacun. Celui qui veut être heureux, doit considérer la vie comme un bonus. On ne me doit rien… je n’exige rien de la société, des autres, ou de mes proches….

C’est cohérent avec le comportement de Yaaqov face à Esaw.

Esaw dit “j’ai beaucoup”. Il possède beaucoup… mais il veut plus. Il n’est donc pas satisfait.

Vayetse 5785

«Achève la semaine de celle-ci, et nous te donnerons aussi celle-là, en échange du travail que tu feras avec moi encore 7 autres années.»
 (BERECHIT 29,27)

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents : aller chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée à savoir Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin).


Dans le cadre du daf Hayomi, nous étudions en ce moment le dernier chapitre de la guemara Baba Batra. Cela traite des contrats, et de la façon de les mettre en forme afin d’éviter les risques de falsification.

Nous comprenons ainsi que nos sages ne sont pas nés de la dernière pluie ! Ils connaissent la nature humaine, et souhaitent mettre en place des procédures qui limiteront les tricheries.

Un ami du cours a dit : c’est vraiment un sujet d’actualité. En effet, la paracha Vayetse, nous présente Lavane et ses tromperies.

Yaaqov veut épouser Ra’hel, mais Lavan lui donne Léa. Lavan se présente comme hospitalier avec son neveu Yaaqov, mais en fait il va l’exploiter 20 ans.

Même à partir du moment où Lavan autorise Yaaqov à travailler pour son propre compte, il reviendra 100 fois sur le mode de répartition du bétail !

En fait, la Torah nous fait comprendre que Lavan (traduction : blanc) a JUSTE LE BLANC dans son nom. Tout le reste est loin d’être blanc.

Avant de revenir au cours du Daf Hayomi, nous avons enchaîné sur un autre grand hypocrite. Nous l’avons découvert la semaine dans la paracha Toledot : Esaw.
Le Rav a souligné que la lecture littérale de la paracha de la semaine dernière peut nous amener à un énorme contresens.
En effet, le mauvais rôle c’est Yaaqov qui le tient :
c’est lui qui profite de la faiblesse de Esaw pour lui acheter le droit d’aînesse
c’est lui qui va se déguiser pour voler la bénédiction

Esaw semble être le juste, mais cette fois ci il n’est pas blanc, il est rouge ! [Esaw, s’appelle Edom, le rouge].

Ce sont nos sages, qui nous montrent qu’Esaw est un meurtrier. La Torah nous le présente sans défaut apparent, pour que l’on comprenne que la caractéristique de Esaw c’est l’hypocrisie !

Yaaqov qui représente la Vérité, l’homme simple, complet, assidu dans l'étude de la Torah a montré le chemin pour ses descendants.
Il a dû faire face à l'hypocrisie du monde de Esaw, et la roublardise du monde de Lavan. C’est un exemple pour tous ses descendants jusqu’à aujourd’hui. Les apparences sont souvent trompeuses. Et même si on ne comprend pas pourquoi, nombreux sont les ennemis qui veulent faire disparaître les enfants de Yaaqov en les affrontant ouvertement, ou parfois sous des apparences bienveillantes.

Toledot 5785


 «Yits’haq aimait Esaw car il chassait avec sa bouche, et Rivka aimait Yaaqov» Berechit (25,28)


La paracha Toledot nous raconte une partie de la vie de Isaac et de sa femme Rivka. Au début de la paracha, Rivka met au monde des jumeaux : Esaw et Yaaqov. Ces derniers sont complètement différents : Esaw est un chasseur, un guerrier ; Yaaqov est un homme de Torah.

Dans cette paracha, Yaaqov achète le droit d’aînesse qu’Esaw dédaigne et méprise. A la fin de Toledot, grâce à la clairvoyance de Rivka, Yaaqov obtient toutes les bénédictions de son père Yts’haq, la bénédiction sur l’aspect matériel, puis celle du spirituel.

Le Rav Dessler, dans Mi’htav MeEliahou, Tome B, page 206, s’intéresse à la bénédiction de Yits’haq.

Rappelons que Yaaqov, sur les conseils de sa mère, va se déguiser en Esaw, pour recevoir la bénédiction de son père.

Le Rav Dessler pose plusieurs questions. Comment fonctionne le principe de la bénédiction ? Comment la bénédiction peut-elle être effective si celui qui bénit se trompe de personne ? La bénédiction est forcément destinée à celui à qui pense l’auteur de la bénédiction !
Comment Yits’haq peut-il aimer Esaw (verset en entête) ? Ne sait-il pas qu’Esaw est un mauvais ?

Remarque : je ne reprends pas ici l’intégralité des questions et des réponses du Rav Dessler. Je vous invite à vous plonger dans le texte complet… cela vaut le détour.


Le Rav Dessler explique que la bénédiction  est un type de prière. Celui qui bénit sait très bien que c’est D. qui va envoyer la bénédiction. Et c’est pourquoi celui qui bénit va se rapprocher de D., va annuler son moi, devant D.
Et c’est grâce à celui qui est béni que celui qui bénit va pouvoir ainsi se rapprocher de D. Paradoxalement, celui qui est béni est au service de celui bénit et l’aide à se rapprocher de D.


Il existe deux façons pour que le bien et les bonnes choses soient déversées en ce monde.

On les envoie au Juste intègre, celui qui agit depuis son for intérieur en l’honneur de D.
Le Ciel lui apporte les moyens pour se développer encore plus, et accomplir plus de mitswot. Il entre dans le cercle vertueux. Accomplir une mitswa l’aide à commencer la mitswa suivante.

Il y a aussi les bontés qui sont accordées à ceux qui accomplissent des mitswot qui sont en fait extérieures. Ces mitswot ne viennent pas de l’intériorité de la personne, ce sont des mitswot pour l’apparence. Malgré tout, ces mitswot sont récompensées.

Les bienfaits qui arrivent pourront peut-être permettre à celui qui les reçoit de s’en servir comme outil pour grandir, et faire techouva, servir D. depuis son for intérieur.
Toutefois, ces bienfaits peuvent aussi être utilisés du mauvais côté, car la personne qui les reçoit est superficielle. Dans ce cas, ces bienfaits serviront à payer le crédit de l’auteur de la mitswa, ainsi, il ne lui restera que des débits pour le monde futur.


Yits’haq représente la rigueur, la justice. De ce point de vue, le Ciel ne doit pas aider le juste (intègre) à être encore plus juste et à faire plus de mitswot. Le Ciel n’a pas à intervenir pour donner de meilleures conditions au juste ! Ce n’est pas juste ! Le juste doit grandir par ses efforts. Le juste doit devenir plus blanc uniquement par ses efforts.

Yits’haq ne veut donc pas bénir Yaaqov, car il considère Yaaqov comme un Juste, intègre, qui ne doit pas recevoir de coup de pouce divin.

En revanche, il sait que son fils Esaw est superficiel. Il décide donc de l’aider et de le bénir. Il pense que les biens matériels qu’il recevra lui serviront peut-être à revenir dans le droit chemin. C’est un pari. Yits’haq donne donc plus à Esaw. Et c’est la raison pour laquelle Yist’haq aime Esaw. Yits’haq donne beaucoup à son fils. Et quand on donne, alors l’amour grandit.

Haye Sarah 5785

 «Et les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)


La paracha de la semaine peut être synonyme de nombreux pincements au coeur… des événements tristes.

  • Sarah meurt.
  • Avraham doit se battre pour acheter sa dernière demeure. Il va acheter la caverne de Ma’hpela. C’est à Kiriat Arba, la ville de Hevron (Berechit 23,2). Bien que D. ait promis la terre d’Israel aux descendants à Avraham et à sa descendance (Yits’haq), pour acheter un caveau, il doit négocier. Et cette dernière demeure, il la paie cher : 400 sicles d’argent en monnaie acceptée par tous. En fait, de nos jours les choses n’ont pas changé. Acheter un morceau de terre pour après 120 ans, n’est pas une chose simple. Et la terre d’Israel est très demandée… les prix sont élevés !
  • Un peu plus tard dans cette paracha, c’est aussi Avraham qui disparaît à l’âge de 175 ans.


Plus généralement, cette paracha nous fait penser au temps qui passe, et aux angoisses qui vont de paire.

Déjà au début de la paracha on compte les années de Sarah, Cent ans, Vingt Ans et Sept ans.

Le Kli Yaqar s’interroge sur le verset en entête. La Tora nous dit que les “ les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)

Pourquoi pour 100 ans et 20 ans, la Torah utilise le mot Chana = Année (au singulier) alors que pour les 7 dernières années, c’est Chanim (au pluriel) qui est utilisé ?

Le Kli Yaqar explique que les dernières années de la vie sont parfois des années de détresse, de peine. Kohelet (12,1) (l’Ecclésiaste) nous dit “Les années arriveront  où tu diras je n’en ai plus goût [à ces années]. La Torah utilise donc le pluriel pour les 7 dernières années, car ces années sont longues, … elles passent lentement.
En revanche, les 100 ans, et les 20 ans, sont au singulier (Chana) pour nous dire qu’elles sont vite passées.


Jusqu’à présent, le tableau de la paracha que j’ai présenté est donc assez anxiogène… Mais ce n’est pas fini ! Comme dirait le Rav Benchetrit, il faut décider de ne pas mourir de son propre vivant !

On peut aussi lire la paracha autrement.

1/ Le Kli Yaqar donne une autre explication pour Chana / Chanim du premier verset de la paracha. En fait, les justes, bien que tous leurs jours soient remplis, à la fin de leur vie, ils tendent vers la plénitude. Ils se rapprochent, par leur sagesse de la lumière éternelle. Tout devient plus clair.
La vieillesse n’est donc plus un moment d’angoisse.
Jacques Brel chante :
Les vieux ne parlent plus, ou alors seulement, parfois, du bout des yeux
Même riches, ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux

Mais le Kli Yakar nous dit le contraire : Le ‘Ha’ham qui vieillit voit de plus en plus clair. Il comprend tout.


2/ L’épreuve qu’est de trouver une dernière demeure peut aussi être vue autrement.

On y découvre l’amour de Avraham pour la terre d’Israel. Il connaît l’endroit. C’est là que sont enterrés Adam et ‘Hava. C’est là qu’on enterrera Avraham et Sarah, Yits’haq et Rivka, Yaaqov et Leah !
L’argent ne compte pas. Il montre l’exemple à sa descendance. Il aime la terre d’Israel ! Comme le dit la chanson “Je vais chanter pour toi Terre de beauté [je ne sais pas comment traduire ‘Hemda] Ta poussière je désire !”


3/ Enfin, la paracha nous montre que la vieillesse peut être vécue pleinement, surtout quand les enfants continuent dans l’exemple tracé par les parents.
Ainsi nous apprenons par la paracha que Ychmael a fait Techouva.
Avraham voit aussi Yits’haq choisir une épouse exceptionnelle. Yist’haq et Rivka continueront le chemin initié par Avraham et Sarah.

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