A'hare Mot - Kedochim 5785

 

"Accomplissez Mes lois, et observez (Tichmerou) Mes décrets, pour marcher avec eux, Je suis l’Eternel votre D.
Vous observerez Mes décrets et Mes lois, que l’homme accomplira et vivra par eux, Je suis l’Eternel."
(VAYIQRA 18, 4-5)


Cette semaine nous lirons la paracha A’hare Mote ainsi que la paracha Quedochime.

La première paracha est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.
La paracha Quedochime présente beaucoup de lois sociales qui régissent les relations de l’homme envers son prochain.

A la fin de la paracha A’hare Mot, tout se passe comme si on trouve l’introduction de Kedochim, avec des lois sociales. La Torah nous dit que pour le bon fonctionnement de la société, les relations sexuelles entre certaines personnes sont interdites (inceste, aller avec une femme mariée, homosexualité, …).

Mais avant cette introduction, nous avons 2 versets qui semblent bien généraux et qui méritent notre attention :
"Accomplissez Mes lois, et observez (Tichmerou) Mes décrets, pour marcher avec eux, Je suis l’Eternel votre D.
Vous observerez Mes décrets et Mes lois, que l’homme accomplira et vivra par eux, Je suis l’Eternel." (VAYIQRA 18, 4-5)

Le Meche’h ‘Ho’hma nous éclaire sur la compréhension de ces 2 versets.

Voici quelques questions qui sautent aux yeux en les lisant :

  • Ces 2 versets se ressemblent énormément, la Torah semble se répéter, pourquoi ?
  • Pourquoi on distingue ici les lois (que l’esprit comprend) et les décrets ?
  • Pourquoi utilise-t-on 2 verbes pour présenter le respect de la Torah. On a “accomplisez = Taasou” et on a aussi “vous observerez = Tichmerou”.

Le Meche’h ‘Ho’hma commence par expliquer que l’objectif est que la Nation se comporte selon les Lois de la Torah et que D. soit son D.
Il nous dit que l’unité du nom divin ne se fait pas au niveau de l’individu, mais au niveau de la nation. L'individu, nous dit-il, n’est pas une fin en soi.

Il existe donc un concept de nation qui dépasse la simple somme arithmétique des individus.

Le comportement d’une nation, n’est pas identique au comportement des individus.

Ainsi, pour une nation, le respect des décrets est plus facile. Le décret qui ne se comprend pas, ce que l’on pourrait qualifier de religieux est souvent bien mieux appliqué au niveau de la nation que les lois sociales. On voit bien que Yichayaou a fait des réprimandes au peuple, avant que la destruction de Jerusalem sur le comportement vis-à -vis du prochain. Le Meche’h ‘Ho’hma nous rappelle que le peuple respectait les lois religieuses, les décrets, mais le comportement envers le prochain était vicié.

Au niveau de l’individu, ce sont les lois sociales qui sont plus faciles à respecter. Comme elles sont logiques, alors l’homme les accomplit plus simplement. Le respect des parents a une logique, il vient de la reconnaissance que l’on éprouve envers eux. Le principe est évident : tout ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas à ton prochain.

Au niveau de la nation, si on ajoute des lois sociales, si on fait des barrières à ce niveau là, on entre dans un problème, cela se fait au détriment de l’autre. Quand je donne de l’argent en plus à l’un, c’est que je l’ai enlevé de l’autre.

Maintenant, Le Meche’h ‘Ho’hma nous explique les versets.

Le premier verset (Vayiqra 18,4) est destiné à la Nation. On lui demande d’accomplir  les lois, en premier. Car c’est sur ce sujet qu’elle trébuche facilement. On ne le lui demande pas d’observer / garder, car on ne peut pas ajouter des lois sociales sans défavoriser les uns au profit des autres.
En revanche, pour les décrets de la Nation, on peut y mettre des barrières, et ainsi, au niveau de la nation on verra, l’unité de D. “Je suis l’Eternel votre D.”

Ensuite, le verset Vayiqra 18,5 s’adresse à l’individu. La Torah demande

Mestora 5785

"Et ce sera la loi du Metsora…"
(VAYIQRA 14,2)


Cette semaine nous lirons la paracha Tazria ainsi que la paracha Metsora
Ces parachiot sont essentiellement consacrées aux problèmes de pureté et d’impureté. Plusieurs types d’impureté sont présentés, entre autres :

- L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».

- L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.

Le verset en entête, est le début de la PARACHA METSORA. Volontairement, "Metsora" n'a pas été traduit car c'est la personne atteinte d’une maladie, que certains traduisent par "lèpre", mais qui est en fait une maladie inconnue de nos jours et qui a une cause spirituelle.
Ainsi, dans la guemara Ere’hine 15a, Rich Laqich explique le verset en entête. « Ce sera la loi du Metsora » = Motsi Ra’ = Celui qui fait sortir du mal… c’est la référence au Lachone Ara, la médisance. La tsaraat frappe l’auteur du Lachone Ara, celui qui utilise mal sa bouche, celui qui en fait sortir du mal.
La bouche est magnifique, lorsque les mots qui en sortent ne sont pas problématiques !
Le Rav Sacks zal, dans Sig VeSia’h, Paracha Metsora, nous rappelle quelques fondamentaux.

Il cite le Rambam (Hala’hot Deot 7,3)  :
“Il y a 3 fautes pour lesquelles l’homme est puni dans ce monde, et en plus il n’aura pas de part dans le monde futur : l’idolâtrie, les rapports interdits, et verser le sang innocent. La médisance pèse autant que tous ces péchés.
Celui qui fait de la médisance, c’est comme s’il ne croyait pas en D.”

Et oui ! les dommages créés par la médisance sont terribles.

Le Rav Sacks rappelle ce qui s’est passé au 13è siècle à propos des livres du Rambam. Les partisans du Rambam voyaient en lui un des plus grands maîtres du Judaïsme. Ses détracteurs dénonçaient ses écrits qui contredisent la foi, et poussent à être renégats.

Le feu de la discorde s’est étendu. Chaque camp a tenté de convaincre les autres. Il a fallu dénigrer, il  a fallu colporter pour tenter de défendre sa thèse. Le judaïsme français et espagnol se sont enfoncés dans ce trou noir. En 1232, conséquence de ces luttes intestines, les moines dominicains ont brûlé les écrits du Rambam. Comment en est-on arrivé là ?
Si les chrétiens ont brûlé les livres du Rambam, il est certain que c’est parce que des juifs sont venus se plaindre auprès de ces moines de la dangerosité de ses écrits. La médisance ! le colportage !
Et nous nous sommes punis tout seuls. Environ 10 ans plus tard, à Paris, on a fait brûler tous les exemplaires du Talmud qu’on a trouvé : un des plus grands malheurs qui a touché le judaïsme au moyen âge.

Et qui a montré l’exemple ?

Chemini 5785

"Un feu sortit de devant D., les dévora, ils [Nadav et Avihou] moururent devant D.
(VAYIQRA 10,2)

La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert). On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.
Pourquoi Nadav et Avihou, les fils de Aaron, sont-ils morts ?
Les Maîtres ont proposé plusieurs explications sur les raisons de la mort des enfants de Aaron.

Le Kli Yakar rapporte plusieurs de ces explications pour expliquer la punition :

  • Ils sont entrés ivres,
  • Ils sont entrés servir sans se laver les mains et les pieds
  • Ils sont entrés sans vêtements convenables, pour servir dans le michkan
  • ils ont décidé de ne pas avoir d’enfants
  • ils ont décidé de ne pas se marier
  • ils ont dit une Loi en la présence de leur maître
  • Ils ont parlé de façon méprisante sur Moshé et Aaron. Ils ont dit : Quand les 2 vieux vont-ils mourir pour qu’on puisse prendre leur place

Et cette liste n’est pas exhaustive !

Mais le Kli Yakar demande : pourquoi tant de raisons alors que la Torah elle-même a donné l’explication : “Ils ont apporté devant D. un feu étranger” (Vayiqra 10,1)


Le Kli Yaqar explique que l’on ne peut pas expliquer le “feu étranger” au sens littéral. Il s’efforce donc de lier chaque raison à ce feu étranger.

Le vin est un feu étranger nous dit le Kli Yaqar. Ils avaient trop bu. Et même si l’interdiction de servir après avoir bu ne sera formulée qu’après la mort de Nadav et Avihou, ils auraient dû comprendre que logiquement on ne peut pas servir quand on est ivre.

De même, selon celui qui dit qu’ils ne se sont pas mariés, ils avaient en eux le feu des envies.

Le Meil, le manteau, qui fait partie des vêtements du Cohen est une expiation sur la médisance. Ils ont servi sans ce Meil, et ils ont fait du Lachone Ara sur Moshé et Aaron. La médisance, dans Tehilim est comparée aux braises brûlantes. Le Meil aurait pu expier leur faute (lachone ara). Mais ils n’avaient pas mis ce vêtement avec lequel ils doivent servir. Ils ont donc été brûlés… Mesure pour Mesure. La médisance, parler des autres, est un feu dévorant. Celui qui médit se fait du mal. Il se brûle de l’intérieur. Et ensuite, le feu se propage, et ravage.

Le feu est aussi un symbole de l’orgueil. Le Feu monte, comme l’orgueilleux qui se met au-dessus des autres. Ils ont dit une Loi en la présence de leur maître. Ils ont une trop haute idée d’eux-mêmes.

Enfin, il convient de noter que c’est pendant le service divin que les fils d’Aaron ont été punis.

En fait, servir D., n’est pas facile, c’est risqué.

Pessa’h 5785

Chabbat, nous lirons la paracha Tsaw. Puis à la fin de chabbat, samedi soir, nous commencerons Pessa’h, et ferons le Seder.

La première partie de ce commentaire est un texte écrit par un ami, Chabtay Dvach,  avec qui j’étudie quasiment tous les jours.

"ולקחו מן הדם ונתנו על שתי המזוזות ועל המשקוף על הבתים אשר יאכלו אותו בהם" [ שמות יב , ז ]
" Ils (les Bné Israël) en  prendront le sang ( celui du sacrifice pascal) et en étaleront  sur le linteau et les montants des maisons dans lesquelles ils mangeront."

" והיה הדם לכם  לאת על הבתים אשר אתם שם וראיתי את הדם ופסחתי עליכם ולא יהיה בכם נגף למשחית בהכותי במצרים  [ שמות יב, יג ]
 "Le sang sera pour vous un signe, dans les maisons où vous vous trouverez. Je verrai le sang et passerez au-dessus de vous, afin que le fléau vous épargne, lorsque Je frapperai le pays d'Egypte."

    La  Mekhilta, rapportée par Rachi,  commente ainsi ce verset. Nous aurions  pu croire que le sang devait être placé à l'extérieur. Et bien non !  Le sang sera pour vous un signe : pour vous et pas pour les autres. Par conséquent, le sang devait être étalé à l'intérieur.

Nous aurions pu penser que pour mériter leur sauvetage miraculeux,  les Bné Israel devaient témoigner d'un remarquable courage pour  se désigner, par le sang enduit sur leurs portes,  comme des Hébreux révoltés contre la tyrannie, braver les Egyptiens et se rappeler ainsi à la miséricorde divine.  Il n'en est rien. D-ieu n'avait aucun besoin d'une marque extérieure de reconnaissance  pour les épargner.
Alors de quoi l'étalage du sang  devait-il être le signe ?

La Mekhilta répond qu'il s'agissait d'une recommandation à usage interne. Les Bné Israël devaient à l'instant le plus déterminant de leur libération prendre conscience en observant le sang. Mais prendre conscience de quoi ?

Le sang sur les portes renvoie au sang qui macula la tunique de Yossef, vendu par ses aînés, une tunique maquillée destinée à circonvenir leur père.
En ce moment crucial où la mort fauche des myriades d'Egyptiens, les Bné Israël devaient se souvenir des raisons de l'exil. C'est le poison de la haine entre Yossef et ses frères qui a provoqué la descente des enfants de Yaaqov en Egypte. Pour la première fois de l'histoire, l'épreuve de l'exil a soudé les Hébreux, les a constitués en peuple.  Les Bné Israël devront se souvenir lorsqu'ils vivront ensemble, dans leur pays, des dégâts causés par la discorde et ne pas verser dans les travers qui les ont menés à devenir étrangers sur une terre étrangère. Cette dernière leçon, juste avant la fin de l'exil, était tellement importante qu'elle devint le préalable au miracle qui se produisit pendant la mort des premiers-nés.

Avons-nous intégré le message ?
Combien de fois, réunis sur notre terre, avons-nous cédé au démon de la désunion ? Combien de dissensions devrons-nous  encore vivre pour apprendre la leçon ? L'exil fut un mal nécessaire. En Egypte ou ailleurs, il nous signale tous aux autres comme des Juifs. Nous voici de nouveau livrés à la vindicte des nations, maltraités mais enfin connivents. L'exil n'a  d'autre but que de réactiver notre cohésion, de nous réunir, parce que nous n'avons d'autre choix que de nous aimer pour y subsister.
La solidarité, la fraternité, qui nous ont sauvés en exil, ne doivent pas s'évaporer pendant que nous bâtissons notre propre pays.
C'est l'avertissement donné par D-ieu aux Bné Israel, lorsqu'ils quittent l'Egypte.  Deux millénaires après la destruction du Temple, il résonne encore plus fort, aujourd'hui.
(fin du copié/collé du texte de Chabtay Dvach)

“Par hasard”, avec un autre ami, j’ai étudié cette semaine, un passage du Maharal, Guevourot Hachem sur un passage de la Hagada :
Raban Gamliel dit tout celui qui n’a pas dit 3 choses, ne s’est pas acquitté de ses obligations. Les voici : Pessa’h, Matsa, et Maror (les herbes amères).

Le Maharal explique longuement ce que symbolise le Pessa’h, l’agneau pascal. Cette agneau est le symbole du Un, de l’unité.

L’agneau devait être grillé entier. On ne le coupait pas pour faciliter sa cuisson. Au bout du compte, il était présenté entier. C’est le UN.

Le sacrifice était consommé dans une seule maison, un seul groupe. On ne se sépare pas pour consommer l’agneau pascal.

Cet agneau devait être tout jeune, un agneau d’un an, et pas de 2 ans !

Le Maharal continue. C’est un agneau d’un an que l’on apporte, et pas un veau d’un an. Car un agneau est frêle. Le peuple d’Israel est comparé à un agneau, nous dit le Maharal. Si un agneau prend un coup, il est tellement frêle qu’il a mal partout. Et bien si en Israel, on a un seul fauteur, c’est tout le peuple qui paie. On l’a vu pour pour A’han (Yeochoua Chap 7).
Je rajouterai, si un seul juif prend un coup, c’est tout le peuple qui a mal. Même si ce juif vit à l’autre bout du monde.

Le Maharal continue en disant que cet agneau doit être parfait / entier “Tamim”. C’est encore un symbole d’unité.

Par ailleurs, l’agneau ne doit pas être cuit mais grillé. En effet, quand on cuit, l’agneau se disloque (voir le msouki). Quand on le grille, l’agneau durcit, est symbolise encore mieux l’unité.

De la même façon, la Torah nous demande de ne pas briser les os de l’agneau Pascal… sinon, nous nous éloignons de l’unité.

Pessa’h, c’est donc la fête de l’Unité. C’est en sortant d’Egypte que nous sommes devenus UN peuple. Mais alors comment faire pour retrouver cette unité?

C’est toujours facile de critiquer l’autre qui ne pense pas comme moi, l’autre qui se trompe, l’autre qui n’a pas les mêmes valeurs, l’autre qui ne sert pas D. comme il faut le faire !
Alors comment faire pour retrouver cette unité ?

J’ai beau réfléchir, mais quand je vois les fractures dans le peuple, j’ai du mal à percevoir le début d’un chemin qui nous mènerait à cette unité.
Mais il y a néanmoins un prérequis pour se diriger vers cette unité. Elle devra ressembler à l’agneau pascal. L’unité est un sacrifice / une offrande. Je dois forcément sacrifier une partie de moi-même, et cela peut faire mal, afin d’avancer vers l’unité.

Je terminerai en rapportant une partie de la fin de la dracha du Rav, chabbat dernier.

Pourquoi commence-t-on la Hagada par “Ha Lahma Ania”, “voici le pain de misère que mangeaient nos pères” ?

Le rav a expliqué que Pessa’h est la fête de la liberté, c’est la fin de l’esclavage.

Quelles sont les caractéristiques d’un esclave ?

Un esclave ne peut pas témoigner. L’esclave a peur, il est donc prêt à mentir. On ne peut pas accepter son témoignage.
La Hagada commence en criant que nous ne sommes plus esclaves : “Voici le pain de misère” = Nous témoignons, donc nous ne sommes plus esclaves !

Un esclave n’a pas de Yi’hous, pas de lignée. Un esclave ne fait pas hériter ses enfants biologiques. Il n’y a pas de liens traditionnels du mariage chez l’esclave. Pourquoi ? Parce que l’esclave ne possède rien. Il ne peut pas donner. Et quelqu’un qui ne peut pas donner, ne peut pas se marier.
Dans “Ha Lahma Ania”, nous crions que nous ne sommes plus esclaves. Nous clamons, que tout celui qui est dans le besoin vienne et mange avec nous. Désormais, nous ne sommes plus esclaves, nous donnons !

Un esclave est exempt des commandements qui dépendent du temps. Car un esclave n’est pas maître de son temps. Il n’a pas de passé. Il ne peut pas planifier, penser à un futur. Il vit dans l’instant : il obéit et tente de survivre.
Dans “Ha Lahma Ania”, nous crions que nous ne sommes plus esclaves. Nous faisons des plans. Cette année,

Vayiqra 5785 - Bientôt Pessa'h

 "Parle aux enfants d'Israel en disant : quand une personne fautera par inadvertance … "
(VAYIQRA 4,2)


Remerciements :
à un proche qui m’a rappelé / rapporté plusieurs idées de ce commentaire, en citant le Rav Sacks, et le Rav Benchetrit.

Nous commençons cette semaine, le troisième livre de la Torah, le livre de Vayiqra, appelé "Le Lévitique", car il a pour thème principal le service de D. (au Temple ou dans le Michkan ) qui était effectué par la tribu des Lévi. Cette tribu inclut les Léviim mais aussi les Cohanim.

La première paracha du Lévitique, Vayiqra, est consacrée aux offrandes/sacrifices. En effet, il n’y a pas de mots en français pour traduire le concept de « korbane ».
Dans le désert avec le Michkan, puis plus tard avec le Temple, on apportait des offrandes.

Le verset en entête nous parle d'une faute par inadvertance : 'HeTH. A titre d'exemple, celui qui profane chabbat de façon intentionnelle, sans témoins, aura la peine de retranchement. Il se coupe du peuple : KaReTe. C'est le Ciel qui punit.
En revanche, celui qui profane chabbat par inadvertance devra apporter un sacrifice 'HaTaTe (à l'époque du Temple). Ainsi, celui qui cuit une viande pendant chabbat, alors qu'il pensait qu'on était dimanche faute par inadvertance. De même celui qui presse des raisins pour en faire du vin pendant chabbat, alors qu'il ne savait pas que c'était interdit, faute par inadvertance.

Comment se fait-il que l’on doit demander pardon à D., et que l’on doit apporter une offrande pour une faute non intentionnelle ?

Rav Jonathan Sacks zal l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni dans son livre Sig Ve-Sia’h, rapporte quelques explications.

1/ Le Rav Shimshon Rafael Hirsch nous dit que nul n’est censé ignorer la loi. Si je ne connais pas la loi, je suis déjà négligent, il faut donc payer pour cela.

2/ Abrabanel nous dit que cette offrande est dissuasive. Elle doit me forcer à faire plus attention, dans le futur. Si je paie lorsque je ne fais pas exprès, alors, la prochaine fois, je penserai mes actions.

3/ Le Ramban explique que la faute même non intentionnelle abîme l’âme du fauteur. Il faut donc réparer.

Le Rav Sacks explique que la Torah veut nous faire comprendre que l’homme doit être responsable. On ne peut pas se déconnecter de ses actes. Même si je n’ai pas fauté de façon intentionnelle, je dois assumer. C’est trop facile de dire, ce n’était pas moi, je ne voulais pas …. L’homme est infiniment responsable de ses actes. L’offrande vient lui rappeler.

Je suis aussi responsable de mon inconscient. Certains parleraient « d'actes manqués ».
Un homme doit être suffisamment maître de lui pour que, en pleine conscience, il puisse devenir maître de son côté animal enfoui en lui.

Un ami m’a rapporté une explication sur la matsa et le ‘hamets. Toute l’année, nous mangeons du pain (levé). A Pessa’h, ce qui était permis, devient interdit. Nous ne mangerons que de la matsa. Le quotidien, les habitudes sont tellement forts qu’il faut savoir faire un break. Chaque chabbat je peux faire une mitswa en mangeant du pain. A Pessa’h, ce qui était une mitswa, devient une faute.
Peut-être que la Torah veut m’expliquer que la routine, qu’agir sans penser est préjudiciable. Pessa’h sera un temps privilégié pour décider de devenir maître des actes. C’est cela la liberté.

En Egypte, les Bné Israel ne sont pas devenus subitement des esclaves. C’était progressif, comme le goût, lorsque l’on mange les herbes amères. Les Bné Israel ont commencé par aider Pharaon… et petit à petit, ils sont devenus les esclaves de l’Egypte.

De même celui qui commence à utiliser un smartphone pense le faire de façon consciente et réfléchie. Mais après quelques mois, combien sont tombés dans le piège ? Qui reste le patron de son téléphone ? Qui devient l’esclave de son téléphone ?
Bien évidemment, le smartphone est utile. Mais je dois penser son utilisation.

A Pessa’h, je devrai me poser la question : “C’est qui le Patron ?”

Pekoude 5785 - Ha’Hodech

 " Voici les comptes du Michkan, le Michkan du témoignage, qui ont été comptés sur l’ordre de Moshé ; service des Lévites, sous la direction de Itamar fils d’Aaron le Prêtre"
(CHEMOT 38,21)

Commentaire largement inspiré de celui qui a été envoyé en 5776.

Nous lirons cette semaine la paracha Pekoudé. Moshé présente la comptabilité mise en place pour expliquer le financement de la construction du Michkan (le Temple démontable du désert).

Le Michkan est qualifié de Michkan de Témoignage. Le midrach Tan’houma explique que Le Michkan est le témoignage du pardon de D. envers les Bné Israel suite à la faute du veau d’or.

Le Midrach Raba, quant à lui, explique que le mot témoignage est relatif à Moshé. C’est le témoignage que Moshé a été choisi par D. pour construire Sa résidence parmi nous.

On peut donc clairement considérer le Michkan comme le symbole de la proximité de l’homme avec D.
Mais on peut aussi considérer le Michkan comme le nécessaire éloignement de l’homme vis à vis de D.

En effet, les croyances païennes, idolâtres voyaient un ou plusieurs dieux partout. Les hommes avaient besoin de sentir leur dieu. Parfois, il y en avait plusieurs afin de mieux ressentir la divinité.

La Torah nous dit, il y aura le Michkan. Un endroit auquel on accède peu, car il faut être pur. Au sein même du Michkan, et plus tard du Temple, il y a plusieurs zones. Certaines sont réservées aux gens purs, d’autres, uniquement aux Cohanim aptes au travail, ….
Et enfin, le Saint des Saints est un endroit inaccessible … seul le Cohen Gadol y entre une fois par an par Yom Kippour.

En clair, le Michkan veut nous faire comprendre qu’on ne doit pas chercher à tout prix à ressentir la présence divine. On doit chercher d’autres moyens pour se rapprocher de D.

Ce n’est pas par un lieu, que l’on peut appréhender D.
Aussi beau soit-il, aussi grandiose soit-il, un lieu, un endroit n’est pas suffisant pour me rapprocher de D. Au contraire, en m’éloignant de ce lieu, je vais faire des efforts intellectuels pour grandir.

Cette semaine, nous lirons en plus la paracha qui commence par “Ha’hodech” = Le mois. C’est l’ordre divin de sanctifier le mois. C’est peut être un clin d’oeil. Plus que sanctifier le lieu, nous devons sanctifier le temps. Un lieu est extérieur à l’homme. Même si le lieu peut parfois créer un lien avec D., c’est un lien pauvre. En revanche, en sanctifiant le temps, en devenant maître du temps, je vais peut-être vivre le présent intensément, pas comme une machine. Ainsi, je me rapprocherai de D.

Vayakhel 5785

« Durant 6 jours le travail sera fait, et le 7è jour sera saint pour vous..»
(CHEMOT 35,2)


Cette semaine, nous lirons la paracha Vayakel. Avant de re-présenter la construction du sanctuaire (Michkan = Temple démontable du désert), la Torah nous souligne encore une fois l'importance du chabbat.
En effet, nous apprenons que le chabbat prime sur la construction du Michkan, le Temple démontable du désert.
Les 39 travaux interdits le chabbat (et leurs dérivés), sont ceux qui ont permis la construction du Michkan.

J’ai tenté de réfléchir au pourquoi de ce lien si fort entre la construction du Michkan et le chabbat? J’espère que je ne dirai pas de bêtises.

Le Michkan, c’est le lieu que nous consacrons à D. sur terre. C’est un lien avec le divin. En construisant le Michkan, je me rapproche de D.
Et bien Chabbat est aussi une construction. Le Chabbat est le pilier du foyer juif. C’est par le chabbat que l’on construit une famille épanouie. C’est une étape nécessaire, mais pas toujours suffisante. Chabbat et le temps de prédilection pour transmettre le judaïsme à ses proches.
Chabbat me permet de devenir propriétaire de mon temps. Chabbat c’est la liberté. Et seul  l’homme libre peut se rapprocher de D.

Le Michkan est une construction physique. Et comme toute construction, il faut un ordre, une planification, un financement. La moindre imprécision se paie par des retards et des défauts de construction. Construire le michkan est donc exigeant. Je ne peux pas m’improviser bâtisseur. C’est peut-être la raison pour laquelle la Torah présente à 5 reprises la construction du michkan.
Pour le chabbat, c’est pareil. Je ne peux pas l’improviser. D’abord parce que si je ne l’étudie pas, alors il est certain que je le profanerai.
Chabbat doit aussi être planifié. Si je veux passer un bon chabbat, je dois le préparer avant. Celui qui s’est fatigué la veille de chabbat, pourra manger chabbat !
Et celui qui est prêt pour chabbat bien avant chabbat passera un bien meilleur chabbat.

Ki Tissa 5785


«… Le peuple se rassembla autour de Aaron, ils lui dirent, Fais nous des dieux qui marcheront devant nous….» CHEMOT (32,1).

La Paracha Ki Tissa est marquée par l'épisode du veau d'or et sa conséquence : la destruction des premières Tables de la Loi.
En effet, Moshé, après la révélation du 6 siwan « monte » pour recevoir la Torah. A la fin des 40 jours, D. lui dit de descendre. Le peuple s’est corrompu.
Le peuple a l’impression que Moshé n’est plus. Le peuple demande à Aaron de lui fabriquer des dieux (verset en entête). C’est un veau d’or qui va sortir.

Ce veau d’or est l’idole par excellence, c’est l’archétype de toutes les idolâtries. La Torah nous montre ici que l’idolâtrie peut frapper partout, n’importe quand, et même ceux qui sont proches de D.

Ce soir c’est le 14 adar, c’est Pourim ! Il y a un grand point commun entre la paracha de la semaine et Pourim.
A Pourim, comme nous l’avons expliqué la semaine dernière, D. est caché. Tout semble naturel, et pourtant l’enchaînement des événements est surnaturel. Le travail de Pourim est de nous apprendre à ouvrir les yeux pour découvrir la main de D.

Dans la paracha Ki-Tissa, tout se passe comme si D. se cache. Même Moshé, qui est monté pour recevoir la Torah semble avoir disparu. Le peuple, pour la première fois depuis la sortie d’Egypte, doit faire face à ce qui s’apparente à de la solitude. Il n’y a plus de guide.


A travers la faute du veau d’Or, la Torah souhaite peut-être nous apprendre comment chaque individu doit trouver son chemin. Moshé s’est absenté 40 jours. Le peuple n’est plus en contact avec le divin. Le peuple doit faire face à une alternative : trouver un remplaçant, ou tenter de retrouver l’original.


La solution de facilité, c’est l’idolâtrie. Il faut une divinité pour m’empêcher de réfléchir. Il faut un guide, grâce auquel j’oublie mon moi.


En juillet 1912, durant les derniers jours de la vie de l’Empereur Meiji, des milliers de japonais se sont réunis autour du palais pour prier pour son rétablissement. Des hommes, des femmes, des enfants se sont donnés la mort pour demander aux dieux de la religion shintoïste d’échanger leur vie contre celle de Meiji…. sans succès.
En fait, la Torah ne veut pas que l’on sacrifie l’individu sur l’autel de la religion, de D., ou du guide. Moshé s’efface pendant 40 jours. D. n’est plus présent. C’est un avant goût de l’histoire du peuple juif. On pourra très bien croire que D. est absent. Mais c’est tout le contraire. Le divin se retire pour donner à l’homme l’opportunité d’aller lui-même découvrir le divin.
Dans Ki Tissa, l’essai fut un échec. Nous sommes tombés dans le piège de l’idolâtrie. L’homme recherche souvent ce qui est facile et agréable… d’où l'idolâtrie. Plus besoin de réfléchir ! Plus besoin de faire des efforts !


A Pourim, même si nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe,

Tetsawe 5785 - Chabbat Za’hor - Pourim

« Tu feras des vetements saints pour Aaron, ton frère, en gloire et en majesté »
(CHEMOT 28,2)

La Paracha Tetsawe est la suite logique de la Paracha de la semaine dernière (Terouma). Après avoir expliqué la construction du Michkan, le sanctuaire, la Torah présente le Cohen qui y travaillera. La Torah insiste donc sur les habits du Cohen, et sur les tâches que ce dernier accomplira.


Ce chabbat, nous lisons aussi le passage de Za’hor, l’obligation de se souvenir de ce que nous a fait Amaleq. En effet, ce passage est lu le chabbat qui précède Pourim.

Notre paracha présente une particularité. C’est la seule paracha de la Torah, depuis Chemot, qui ne cite pas le nom de Moshé. Moshé est caché dans cette paracha. De même dans la Meguila d' Esther que l’on lira à Pourim, le nom de D. n’apparaît pas. D. se cache.
Esther, est construit aussi sur la même racine que le mot niSTaR = caché.
Les vêtements cités dans le verset en entête sont aussi un moyen de cacher l'intériorité.


Cette semaine, j’ai étudié avec un ami le Mi’htav MeEliyahou sur Pourim, au sein du volume 2. Cela m’a fait du bien. J’ai eu l’impression de vivre Pourim… bien mieux qu’en se saoulant, ou en faisant des blagues.
Le Mi’htav MeEliyahou nous présente un chapitre sur le Miracle Caché, je vous le recommande vivement.
Il s’inspire beaucoup du Or ‘Hadach du Maharal (qu’il cite très souvent). Le Mi’htav MeEliyahou demande pourquoi la guemara Meguila 16, insiste tant sur l’offrande du Omer qui a contrebalancé la volonté de Aman d’exterminer le peuple juif. L’étude de Morde’hay des lois de l’offrande du Omer (1ere récolte d’orge de l’année) a vaincu les 10000 pièces d’argent donnés par Aman pour exterminer les juifs. Quel rapport entre l’offrande du Omer et Pourim ?

Le Mi’htav MeEliyahou explique que les miracles ne peuvent pas créer la foi en D.
Comme le dit le Rambam dans le Chapitre 8 de Yesodé Hatorah, celui qui croit en D. grâce aux miracles a une foi imparfaite. D’ailleurs tout dépend de celui qui voit les miracles. La génération de la tour Babel a vu le déluge qui a sévi au temps de Noa’h comme une simple catastrophe naturelle qui se produit toutes les X années.
Tout le monde n’a pas forcément la capacité de voir dans la nature la main de D.
Le Omer, l’offrande d’Orge étudiée par Morde’hay est le symbole du sacrifice venant de la nature. On  devait aller chercher de beaux épis, les premiers de l’année pour les sanctifier. C’est une offrande écologique, qui vient de la nature.


Cela nous permet de décerner la présence de D. dans la nature. Le midrach Raba de Vayiqra / Emor nous l’explique. Combien de miracles ont eu lieu avant de pouvoir récolter ces épis ! D. a envoyé du vent, des nuages et de la pluie au bon moment, au bon endroit. Des pousses sont sorties de la terre. Des épis se sont formés….
Le Maharal explique qu’à l’époque où on ne voit pas de miracles dévoilés, à l’époque où l’on pense que le monde avance selon des lois immuables, le Omer doit nous permettre de déceler la main de D. au dessus de ce que l’on perçoit comme des lois naturelles. Et en décelant, l’intervention divine dans ce qui est caché, on a le mérite d’assister à des interventions divines, un peu moins cachées. C’est ce qui s’est passé à l’époque de de Pourim. Tous les événements semblent naturels. Le nom de D. n’apparaît pas dans la Méguila. Le Omer étudié par Morde’hai, à savoir la volonté de chercher D. dans la nature, dans le quotidien qui semble insignifiant, a contribué à apporter la délivrance.


En ouvrant les yeux, on découvre l’ampleur des miracles de Pourim. Aman a été pendu le 16 nissan, le jour où l’on apportait l’offrande du Omer au Temple. Le fait que tout se soit inversé,

Terouma 5785

« Parle aux enfants d'Israel qu'ils prennent pour Moi un prélèvement [=Terouma] de tout homme que son cœur rendra généreux. Vous prendrez Mon prélèvement.»
(CHEMOT 25,2)

La paracha de la semaine est consacrée à l’explication de la construction du Michkan (= Temple démontable utilisé dans le désert) et à celle des ustensiles qui y étaient utilisés (l’Arche, la Ménora, la Table …). La paracha commence par exposer le financement de cette construction.


Le Michkan, puis le Beit Hamiqdach, c’est le lieu que nous devons construire, pour accueillir la Présence Divine sur terre.

Le Rav Yonathan Zacks zal s’intéresse à la traditionnelle question. Comment est-il possible de concevoir que l’homme doit construire un espace fini pour accueillir la présence divine infinie ?

Je vous invite à étudier ses commentaires sur la paracha, dans Sig Ve Sia’h, qui existe aussi en français.

On pourrait compléter la question sur le pourquoi du michkan, par le pourquoi du financement ? Pourquoi la Torah nous demande de donner pour D. ?

En fait, tout ce qui a trait au service divin ne doit pas être conçu comme un service que je rends à D. (D. préserve). Servir D., c’est grandir.
Ainsi, la Torah veut que je donne pour D. parce qu’en donnant je vais grandir. C’est un moyen pour me rapprocher de D.

Dans un mariage, les époux doivent donner à leur conjoint, c’est ce qui constituera la base de l’édifice qu’ils construiront. En donnant, je vais me rapprocher de l’autre, et forcément, je vais l’aimer.

D’ailleurs l’amour et le don sont liés. Le verset en entête nous dit que c’est le généreux de coeur qui donne. Celui qui aime donne, et celui qui donne aime.
Les parents aiment forcément les enfants, parce qu’ils donnent à leurs enfants depuis leur naissance. Et cette relation n’est pas forcément symétrique. Les enfants n’aiment pas autant leurs parents, que les parents aiment leurs enfants. C’est naturel. C’est la raison pour laquelle, on a vu aujourd’hui dans le Daf Hayomi, Sanhédrine 72b, que la loi concernant le voleur qui s’introduit dans une maison, et qui se rend passible de mort pendant le délit, n’est pas la même si le voleur est le fils ou le père du propriétaire.

Quand les enfants grandissent, on leur apprend à donner, c’est ainsi, qu’ils apprendront à aimer les autres.

Quand un enfant entre dans la crise d’ado, il risque de s’enfermer. Il rejette ses parents qui ne le comprennent pas. Donner est essentiel. L’adolescent doit recevoir l’amour gratuit de ses parents, pour lui montrer que l’on peut aimer sans rien attendre en retour. Et pour tenter de renouer des liens avec l’ado, il faut essayer de se débrouiller pour qu’il donne.

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