" D. parla à Moshé en disant : Parle à Aaron et à ses fils en disant, ainsi vous bénirez les enfants d’Israel…"
(Bamidbar 6, 22-23)
“Que D. lève Sa face vers toi, et qu’Il mette sur toi la paix.”
(Bamidbar 6,26)
Cette semaine, nous lirons Nasso. La paracha Nasso présente de nombreux sujets :
• Le compte des Léviim
• Le traitement des personnes impures (Zav ou tsaraat)
• Ce que l’on doit faire si quelqu’un a commis un détournement en profitant d’un objet consacré au service divin
• La femme sota qui est soupçonnée car elle s’est isolée avec un autre homme que son mari
• Le nazir, celui qui fait un certain vœu pour se rapprocher de son Créateur
• La bénédiction de Cohanim
• L’inauguration du Michkan (Temple du désert), et les princes des tribus qui apportent pendant 12 jours 12 offrandes identiques.
Intéressons-nous au dernier verset de la birkat kohanim :
“Que D. lève Sa face vers toi, et qu’Il mette sur toi la paix.”
(Bamidbar 6,26)
Dans la guemara Bera’hot 20b, Rav Avira a enseigné que les anges ont demandé à D. :
Il est écrit dans la Torah à propos de D. “Il ne fait pas de favoritisme et ne prend pas de présent corrupteur” (Paracha Eqev, Devarim 10,17). Et pourtant on trouve dans Birkat Kohanim “Que D. lève Sa face vers toi….” (Bamidbar 6,26).
C’est la même expression “lever la face” = Yissa Panim = favoriser.
D. a répondu, comment ne pas favoriser Israel ? La Torah demande de bénir D. après avoir mangé, et être rassasié, et eux les Bné Israel bénisse même en consommant la taille d’une olive ou d’un oeuf !
Le Torah Temima s’intéresse à une guemara ressemblante dans Nida 70b.
Tossefot questionnent : dans le verset de Birkat Kohanim, il n’est pas écrit “Que D. lève TA face”, et dans un tel cas cela signifierait que D. te favorise (D. favorise l’homme). Il est écrit : “Que D. lève Sa face vers toi…” (Bamidbar 6,26)
Donc, nous dit le Torah Temima, nous ne comprenons pas très bien la contradiction que soulève la guemara. La Torah, ne nous a jamais dit que D. favorise Israel. La Torah a juste dit que D. lève Sa face vers nous, pour nous donner la Paix.
Le Torah Temima propose donc une autre explication du verset. Il n’est pas question ici de favoriser qui que ce soit, ou de récompenser celui qui ne le mérite pas.
Le Torah Temima explique que lorsque l’on est en colère, avec quelqu’un on s’adresse à lui sans le regarder. Regarder quelqu’un dans les yeux, quand on lui parle, est une marque d'amour et d’affection.
On doit relire ainsi le guemara qui oppose le verset de Eqev et celui de Birkat Kohanim.
Dans Eqev, on nous dit que D. ne lève pas Sa face, à savoir, qu’Il ne montre pas de marques d’affection, en nous parlant. Dans Birkat Kohanim, la Torah dit que D. lève Sa face vers nous, à savoir, qu’Il nous montre de l’affection, en nous parlant, il nous regarde.
C’est cohérent, nous dit le Torah Temima, avec le Sifri sur le verset de la fin de Birkat Kohanim : “Que D. lève Sa face vers toi” (Bamidbar 6,26) = Que D. enlève Sa colère de toi. C’est d’ailleurs le commentaire que Rashi a cité.
Et pourquoi cette différence de traitement ? Pourquoi méritons-nous parfois un regard bienveillant, et parfois la colère ?
Tout simplement, nous dit le Torah Temima, parce que nous faisons le birkat Hamazon même sur des petites quantités. Nous appliquons ce qui est écrit dans la Paracha Behouqotay : “Vous mangerez votre pain en étant rassasié” (Vayiqra 26,5). Nos sages expliquent que même avec de petites quantités, nous serons rassasiés.
En bénissant sur des petites quantités, nous croyons en D. Nous avons la emouna que la bera’ha promise va se réaliser. Et pour cela nous méritons le regard bienveillant.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN