" Il (D.) dit … s’il y avait parmi vous des prophètes de D., c’est par une vision que Je me ferais connaître à lui, c’est dans un rêve que Je lui parlerai."
(Bamidbar 12,6).
La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches. Elle termine par le passage de la médisance de Myriam et Aaron sur Moshé.
C’est D. qui intervient pour expliquer que Moshé n’est pas un prophète comme les autres. D. se révèle aux prophètes dans des visions, lors de rêves. Mais avec Moshé D. se révèle sans énigme… Il se révèle en “face à face”.
La fin de la guemara Bera’hot traite des rêves.
A la page 65b on a :
Shmouel, quand il voyait un mauvais rêve, citait le verset de Ze’haria “Les rêves sont de vaines paroles”. Quand il voyait un bon rêve il disait : est-ce que les rêves sont de vaines paroles ? Non ! il est écrit “C’est dans un rêve que je lui parlerai” (verset en entête).
La guemara insiste pour nous faire comprendre que les rêves dépendent de la façon dont on les interprète.
Il faut raconter son rêve pour lui trouver un bon sens. En psychanalyse, une part importante est consacrée aux rêves et à leur sens.
Ce qui est intéressant c’est que la guemara nous raconte des rêves et leurs interprétations.
Parfois le rêve représente sous forme de symbole autre chose. Ainsi un saducéen a demandé à Rabbi Ychmael (berara’hot 65b) : j’ai vu des colombes autour de mon lit. Rabbi Ychmael a répondu, c’est que tu as impurifié de nombreuses femmes. Les colombes représentent donc les femmes. C’est un symbole.
Mais parfois le rêve doit être expliqué en analysant les mots, et leurs déclinaisons. Ainsi, le saducéen a dit à Rabbi Ychmael : “J’ai vu en rêve qu’on me disait, ton père t’a laissé des biens à Kapodkaya”. Rabbi Ychmael lui a demandé : Tu as des biens à Kapodkaya ? Il répond non !
Ton père est déjà allé à Kapodkaya ? Il répond non. Alors Rabbi Ychmael comprend que Kapodkaya n’est pas la ville qu’il pensait. Il coupe le mot Kapodkaya en deux pour expliquer que c’est Kapa = une poutre, et Dika = Dix. Cela fait référence à la 10è poutre de sa maison qui cache un trésor.
Cette fois-ci c’est le rêve s’explique en jouant sur les mots.
Comme en psychanalyse, parfois le rêve est un symbole, parfois le rêve doit être décodé en jouant avec les mots.
La guemara Bera’hot 66a rapporte l’histoire de Bar Hédya. Il savait interpréter les rêves. A celui qui payait, Bar Hédya donnait une interprétation favorable. A celui qui ne payait pas, Bar Hédya donnait une interprétation néfaste.
Ainsi pendant presque une page entière, on raconte les rêves de Abayé et de Rava. Les deux faisaient les mêmes rêves. Abayé payait Bar Hédya et recevait une interprétation heureuse. Rava ne payait pas et ne recevait que de mauvais présages.
A la fin Rava découvre que tout dépend de l'interprétation … et je vous invite à voir comment va finir Bar Hédya.
En tout état de cause, on se rend compte ici de la force de la parole. C’est la parole qui va donner un sens au rêve… C’est aussi par la parole que je prie… C’est aussi par la parole que je peux tuer (la médisance), même quelqu’un qui se trouve à l’autre bout du monde.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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